Fin de mon bain aux pays des mille collines et au printemps éternel. Ce climat agréable provient d’une combinaison unique de montagnes (nous sommes dans la fraîcheur de l’altitude) et de l’équateur (la fraîcheur est habitée chaleureusement par une forte présence du soleil, dont l’inclinaison est verticale). En outre, la Région des Grands Lacs est une terre volcanique d’une grande fécondité…
J’ai donné des sessions au Rwanda, au Burundi et à l’Est-Congo, principalement une de 7 jours plein, à l’ISPR, Institut Supérieur pour la Paix et la Réconciliation, avec 18 participants venant de ces 3 pays. Nous avons pu célébrer dans nos corps + cœurs et nos esprits l’unité de destin que vivent tous les peuples de cette région du monde.
Aux funérailles de mon papa, Robert Chomé, un Rwandais m’a révélé une chose que je n’avais jamais réfléchie : « par les outils de communication vraie que nous donnent tes sessions, tu prolonges le travail de ton père qui nous a donné les postes de radio MERA permettant dans les années 60 tant de belles émissions, notamment celles animées par ta marraine, Vénéranda Hategekimana, apportant par exemple de si bonnes pratiques d’hygiène à toutes les femmes en train de travailler aux champs ».
Dans tout projet auquel je participe en Afrique, je suis très attaché à l’autofinancement. En 30 ans de carrière, je n’ai sollicité qu’une fois quelques personnes amies pour un soutien financier de mes partenaires africains. Je le refais ici, après que nous ayons activé toutes les possibilités locales de solidarité.
Nous avons besoin d’un coup de pouce sous la forme du parrainage de Burundais pour qu’ils puissent participer à une session de 7 jours que je vais animer à Bukavu, du 1 au 7 septembre 2021. Elle rassemblera des acteurs-clé dans la gestion des conflits, venant du Rwanda, du Burundi et de l’est du Congo (Butembo-Béni, Goma et Bukavu). C’est une formation de formateurs qui, pour la plupart, ont déjà suivi une session avec moi les années passées et qui y ont donné une suite, d’abord par une transformation personnelle concrète, ensuite en montrant une compétence et une disponibilité à diffuser autour d’eux ces ressources en communication, négociation et structuration d’un cadre de droit. Plus de précisions sur le contexte en Post-Scriptum et ici :
Nous limitons le groupe à 18 personnes, avec une répartition équilibrée entre Rwanda, Burundi et Est-Congo. La session est entièrement autofinancée par la contribution de chacun de nous. Chaque participant a à trouver les ressources pour payer ses frais de voyage et de participation (repas et logements : 150 $ + matériel pédagogique : 40 $). Tous (sauf 1) rencontrent de grosses difficultés à rassembler cet argent, qui représente pour eux une grosse somme. Les candidats burundais sont les plus en difficulté (le Franc burundais connaît une très forte dévaluation).
Nous cherchons donc quelques parrains prêts à faire un don (déjà 10 € ou 20 € sera très précieux pour nous), vis-à-vis desquels je m’engage à la transparence, par un compte-rendu de l’utilisation des dons. Si le donateur le souhaite, il est aussi possible de vivre un parrainage personnalisé : je le mettrai alors en contact avec son parrainé qui lui donnera directement des nouvelles des fruits portés en lui.
Voici le n° de compte sur lequel verser les dons en euros : BE52 9799 3168 5409 (Banque Argenta de Wavre ; titulaires du compte : CHOMÉ – FOUARGE : mon épouse et moi). Ce compte est spécialement et uniquement consacré à ce projet. (Pour un don en Roupies mauriciennes, compte MCB : 000448517876 ; préciser en communication Nord-Kivu solidarité.)
Bienvenue et merci à qui sentira l’appel à nous soutenir dans cette magnifique mission de renforcer les tissus sociaux de nos sociétés, ici et là-bas.
Et nous sommes à l’écoute de toute question, remarque, suggestion…
Passionnément engagés dans l’amélioration des relations par une communication toujours plus vraie et authentique, Sincèrement, Étienne avec Christine Chomé-Fouarge CommunicActions ASBL www.etiennechome.site www.communicactions.eu et www.communicactions.org chome@communicactions.org Tél. : +32 10 39 13 23 Mobile : +32 472 366 912 Cour du Cramignon 21 1348 Louvain-la-Neuve Belgique
PS : Pour qui est prêt à lire davantage, voici plus de précisions sur le contexte : je pars le 12/8 à Kigali puis le 23/8 à Bujumbura. Je donnerai dans ces deux capitales des sessions pour large public, avant d’arriver à Bukavu. La session du 1 au 7/9 est une amorce qui prépare une session élargie à +/- 60 participants qui seront répartis en sous-groupes de +/- 8 personnes, pour les partages de vie (relier les outils de la méthode à ses réalités personnelles) et les mises en pratique des outils transmis. Les groupes de +/- 8 seront constitués dans la perspective qu’ils puissent prolonger la session par des dynamiques autogérées de mise en pratique, en se stimulant les uns les autres. L’étape suivante est que j’accompagne les formateurs dans l’organisation, sur ce modèle éprouvé, d’autres sessions décentralisées, dans les divers endroits-clé de la Région des Grands Lacs.
Ci-dessous les annonces des sessions au Rwanda et Burundi. L’invitation est adressée à toute personne sur place intéressée. Merci de la transmettre largement à vos contacts liés à ces deux pays aux mille collines.
La fausse vie est épuisante, la vraie vie est inépuisable.
« L’incapacité du Conseil de sécurité à se réinventer face à un monde qui change a pour conséquence une perte de légitimité qui, bien qu’unanimement reconnue, reste sans solution. En 1963, a eu lieu la seule et unique réforme de la composition du Conseil de sécurité, en réaction à l’augmentation des membres de l’ONU, passés de 51 en 1945 à 113 cette année-là, augmentation qui nécrosait son fonctionnement. […] Les États se sont rassemblés en groupes plus ou moins conséquents, sur base de leurs intérêts communs. Chacun d’eux a proposé son projet, traitant tantôt des catégories des membres, tantôt de leur nombre ou encore du droit de veto. En fin de compte, ces travaux n’ont pas permis de débuter la moindre réforme. […] Une lueur d’espoir existe en ce que tous les États sont d’accord sur deux points : l’amélioration des méthodes de travail, qui ne nécessite pas de révision formelle de la Charte, et l’augmentation des membres non permanents. […] Pour que la réforme aboutisse, les États doivent user de la méthode classique de droit international public qu’est la négociation sur base d’un texte. […] On procèderait à la réforme petit à petit, question par question, en ne la mettant en route qu’une fois qu’une majorité se serait dégagée pour chacune des questions. […] Si le veto est le droit le plus controversé du Conseil, il est évident qu’il n’y sera pourtant apporté aucun changement, c’est-à-dire ni extension, ni limitation, ni a fortiori suppression pure et simple. Il faudra donc se contenter des assouplissements qu’il connaît déjà, tels que la méthode du consensus, l’abstention, le silence ou l’absence. […] Lorsque les intérêts divergent et que le besoin de coopération se fait impérieux, aucune sortie de crise n’est envisageable sans souplesse. Une négociation avec 193 parties autour de la table est sans précédent » (Tau Yory, La réforme du Conseil de sécurité et le droit de veto, Université de Liège, juin 2020).
Ce samedi 10 juillet 2021, le G20 a consolidé l’accord sur « une architecture fiscale internationale plus stable et plus équitable », qui instaure un impôt mondial d’au moins 15 % sur les bénéfices des multinationales. Bravo aux diplomates qui ont œuvré dans l’ombre avec constance pour parvenir à cette avancée majeure dans notre village devenu planétaire.
Autre avancée à y faire : la réforme du droit de veto des 5 Grandes Puissances au Conseil de sécurité des Nations unies. Sa composition et son fonctionnement qui reflètent la Realpolitik au sortir de la Seconde Guerre mondiale, ne reflètent pas la Société internationale contemporaine.
Parmi les propositions de réforme, celles qui impliquent davantage chaque continent dans le fonctionnement du Conseil et qui responsabilisent les différents groupes géographiques dans le maintien de la paix et de la sécurité internationale. Dans cette perspective davantage inclusive, les États les plus importants de ces groupes pourraient occuper des mandats à long terme renouvelables.
À partir de leurs intérêts immédiats, à courte vue de myopes, les Grandes Puissances nucléaires sont tentées de s’accrocher à leurs droits acquis du passé et de bloquer cette indispensable réforme pour une meilleure gouvernance mondiale. Aidons nos amis de ces 5 pays, notamment les Français et Britanniques, à intelligemment comprendre leurs intérêts durables, en acceptant ces changements en temps de paix, sous peine de les subir, contraints et forcés, après des conflits mal gérés, voire après une guerre : ce serait le pire des scénarios… Ensemble, tirons les leçons de l’Histoire, apprenons des 2 Guerres mondiales du siècle dernier. Faisons mieux que la Société des Nations érigée en 1919 et l’ONU érigée en 1946.
Dans The Open Society and ItsEnemies, publié en 1945, Karl Popper pense que « la tolérance illimitée mène à la disparition de la tolérance. Si nous étendons la tolérance illimitée même à ceux qui sont intolérants, si nous ne sommes pas disposés à défendre une société tolérante contre l’impact de l’intolérant, alors le tolérant sera détruit, et la tolérance avec lui. »D’où son paradoxe : au nom de la tolérance, nous devons revendiquer le droit de ne pas tolérer l’intolérant !
Ce dernier mot « l’intolérant » désigne-t-il l’acte intolérant ou l’individu intolérant ? C’est là une dangereuse ambiguïté à lever : nous avons le double devoir de 1) ne pas tolérer l’acte intolérant et 2) comprendre en profondeur la personne intolérante. C’est par cette distinction que le modèle que j’ai mis au point clarifie comment une société en bonne santé surmonte le paradoxe de Popper.
Voici le commentaire de ce schéma.
On est enfermé dans ce paradoxe tant que le débat porte sur un seul axe (mettre plus ou moins de limite à la tolérance, avec une confusion entre acte et individu intolérant ; à l’extrême gauche du schéma : tolérance zéro ; à l’extrême droite du schéma : tolérance illimitée).
On quitte ce paradoxe en distinguant nettement le registre des personnes et des actes : profonde compréhension des personnes intolérantes dans leurs fondements (motivations, intentions positives, besoins frustrés…) articulée à un cadre de droit réussissant toujours mieux à faire reculer les comportements intolérants par de performantes législation et sanction des actes délictueux.
À propos de la création d’une « École de guerre » destinée à la formation continue des policiers en France, les membres du réseau francophone de Church and Peace ont rédigé une lettre destinée aux Églises de France. Extrait :
« Pour nous, les policiers sont des gardiens de la paix, qui ne peuvent pas être formés dans une école de guerre, et nous jugeons très dangereux le développement d’une telle rhétorique guerrière qui installe l’idée de la possibilité ou de l’existence d’une guerre à l’intérieur de notre pays.
Nous avons conscience que les policiers sont régulièrement confrontés à diverses formes de violence dans l’exercice de leur fonction, qui exige du sang-froid et un grand professionnalisme, et nous considérons qu’il est par conséquent souhaitable qu’ils puissent recevoir une formation initiale et continue de grande qualité qui leur permette de pouvoir agir en toutes circonstances dans le respect des quatre principes de légitimité, de nécessité, de précaution et de proportionnalité. La multiplication ces derniers mois de violences policières avérées montre la nécessité de renforcer et d’améliorer cette formation des policiers afin qu’ils ne recourent pas à un usage excessif et illégal de la force mais qu’ils puissent apprendre et mettre en œuvre des techniques de désescalade et de désamorçage de situations de violence.
Il nous semble qu’une des priorités des pouvoirs politiques devrait être de garantir cette formation de qualité, pour renforcer les liens de confiance entre la police et la population, et non de développer une rhétorique guerrière à ce propos.
Nous souhaitons résister à une telle rhétorique de la peur qui conduit trop souvent à une escalade de la violence et qui peut fonctionner comme une prophétie auto-réalisatrice. Pour cela, nous voulons d’abord désarmer nos esprits et notre vocabulaire. Nous voulons également soutenir une éducation et une formation à la culture de paix et de non-violence tout au long de la vie. »
Sagesse d’investir dans les ressources existantes en temps de paix. Inconscience de reporter cet investissement à plus tard. Car un conflit se dénoue d’autant plus facilement que le nœud ne s’est pas encore serré, pire qu’il ne s’est pas encore transformé en boule pleine de nœuds.
La violence est le stade dégénéré d’un conflit qui tourne mal. Avant de basculer dans la violence, la confrontation a connu plusieurs phases, avec des signaux d’alerte croissants, comme un cyclone tropical qui a d’abord été onde, perturbation puis dépression, avant de devenir tempête.
Dans les contrées cycloniques, les hommes se sont dotés de mécanismes d’alerte (de la classe 1 à la 4, alertes jaune, orange, rouge, puis violette) invitant la population à prendre les bonnes dispositions, à mesure que le cyclone prend de l’ampleur. À chaque stade, correspond une liste des consignes à respecter, d’autant plus vigilantes que le niveau d’alerte est élevé. N’attendons pas que notre conflit soit passé en alerte de classe 4 pour nous donner les moyens de bien le gérer. Faisons le nécessaire dès le bulletin météo « alerte de classe 1 » !
Les ressources existent, l’investissement en vaut la peine, le temps et l’argent.
Texte et illustration extraits de Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain, 2009, p. 39.
Emmanuel Macron qui avait martelé « nous sommes en guerre » il y a un an, a récemment annoncé la création d’une « École de guerre » à Montpellier pour la formation continue des policiers. Il fut suivi par le Ministre de l’Intérieur français, ce 10 mai 2021 : « La lutte contre le trafic de stupéfiants partout sur le territoire national s’apparente à une guerre, cette guerre nous la menons grâce à des soldats et ces soldats sont les policiers et les gendarmes de France ». Cette rhétorique guerrière cherche-t-elle à renforcer la force de frappe de la Force publique ?
Ma thèse de doctorat portait sur le défi de sortir de la violence. En voici un point crucial : les initiatives les plus à même de sortir de la violence sont d’un autre ordre que la violence, tant par leur point de départ que par leur finalité, tant par leur consistance que par leur esprit, tant par leur énergie que par leur intention. Ces initiatives vont éteindre les feux de la violence précisément parce qu’elles ne contiennent pas en elles-mêmes de produits inflammables violents.
Une déclaration d’état de guerre en temps de paix est source de confusions : les normes éthiques ne sont pas les mêmes en temps de paix et en temps de guerre. Cette déclaration est pire encore si elle sert à excuser plus de violences répressives : elle nourrit alors une escalade va-t-en-guerre, elle est alors du côté du problème et non de la solution. Les policiers n’ont pas vocation de va-t-en-guerre mais de gardien de la paix.
Ci-dessous : l’illustration de ‘se tirer une balle dans le pied’ à l’envers.
« La paix se gagne pas à pas, bien avant que ne retentissent les tambours de mobilisation. Il y a pire que le bruit des bottes : le silence des pantoufles car c’est celui-ci qui rend celui-là un jour irrémédiable. Les chrétiens sont régulièrement invités à « tout donner comme le Christ ». Qu’est-ce que cela signifie en matière de guerre et paix ? Sommes-nous capables de nous sacrifier pour la paix comme nos arrières grands-parents se sont sacrifiés pour la guerre ? Sommes-nous prêts à mettre le prix ?
Le Pape François souligne que l’indifférence de l’humanité à l’égard des problèmes de notre temps est l’une des menaces principales contre la paix dans le monde : « Gagne sur l’indifférence et remporte la paix » (Journée mondiale de la paix, 1er janvier 2016). L’indifférence ne peut être vaincue qu’en faisant face ensemble à ce défi. La paix est une conquête, nous dit le Pape François. Un tel bien ne s’obtient pas sans plusieurs choix lucides et courageux aujourd’hui. L’essentiel d’une bonne gestion des conflits se joue en amont de la violence : c’est aujourd’hui que nous sommes en train de perdre ou de gagner la paix de demain. Résister à la violence, c’est travailler à ne pas lui laisser le champ libre, alors même que nous disposons de nombreuses marges de manœuvre » (Chomé Étienne, La non-violence évangélique et le défi de la sortie de la violence, p. 300).