Travailleurs obéissants de la consommation ludique

« Il est important d’observer autour de nous à quel point notre société mobilise toutes les ressources de l’intellect pour persuader l’homme de masse, le « travailleur de la consommation », comme dit Günter Anders, de la valeur suprême des objets de la frivolité. C’est un travail de sape constant que de miner l’essentiel avec du superficiel.

Il engage tout d’abord de la part du sujet un type de perception hypnotique, qui substitue le réflexe à la réflexion. Il suppose le sabotage de tout ce qui comporterait ne serait-ce que l’ébauche d’une prise de conscience, l’évitement constant du sérieux par la dérision, le détournement systématique de la critique à des fins qui ramène encore et encore vers le profit. L’art de laisser croire à chacun qu’il dispose de son libre arbitre, tout en l’empêchant systématiquement de l’exercer » (Serge Carfantan).

Peut être une image de texte

Pour aller plus loin, je vous invite à lire sa réflexion sur
http://www.philosophie-spiritualite.com/cours/exist5.htm
qui déconstruit les discours de conditionnement aptes à
produire un consommateur obéissant et une ambiance
légère de convivialité ludique de consommation.

Bonheur des navetteurs à vélo

Ce WE, un pont cyclable a été placé pour enjamber le large ring, à hauteur de Zaventem, et ainsi finir l’ ‘autoroute à pied et à vélo’ qui relie Leuven à Bruxelles, sur 25 kilomètres. Fin mars, elle sera ouverte aux cyclistes, qui pourront alors avancer quasiment toujours en site propre, sans être ralentis par les carrefours et les feux rouges.
C’est le bonheur
des navetteurs…
Vive leur santé au grand air,
dans ce bien meilleur R.E.R. !

Les arbres, poèmes vivants

« Les arbres sont des sanctuaires. Quiconque sait comment leur parler, et sait comment les écouter, peut apprendre la vérité » (Hermann Hesse).

« Fermer le livre, se lever,
marcher le long du temps,
regarder la fleur, prêter l’oreille au mystère,
courir jusqu’au fin fond de l’Être,
se faire anéantir par le parfum de la terre
et atteindre le lieu où se rencontrent l’arbre et Dieu.
S’asseoir au seuil de l’expansion,
au lieu de l’extase et de la révélation » 
                                (Sohrab Sepehri).

« L’arbre, c’est à la fois le mystère de la verticalisation, de la prodigieuse croissance vers le ciel, de la perpétuelle régénération ; c’est non seulement l’expansion de la vie, mais encore la constante victoire sur la mort ; c’est l’expression parfaite du mystère de la vie qui est la réalité sacrale du cosmos » (Gérard de Champeaux).

Avoir la main de la mort sur la gorge 

« De mon cœur, exerçant son métier de vivant,
s’élève un feu qui ne sait brûler qu’en toi.
Lorsque la nuit a tiré, l’une après l’autre,
les poignées d’alarme des visages,
la rue s’arrête de marcher entre ses berges
et je ne suis plus contre toi qu’une forme blanche.
Les lampes deviennent autant de vivants,
morts en gardant les yeux ouverts
sur une ville où ton souffle est
le seul rythme qui convienne au silence.
Il me faut aller vite dans tous les sens
parce que partout autour de moi,
des femmes qui vont mourir se donnent
à des hommes dont la mort est pour demain.
Je dépense sans compter l’or de l’amour,
je goûte à ton corps comme à un verre
dont je n’ai pas le temps d’achever le contenu
parce que j’ai la main de la mort sur la gorge »
(Lucien Becker, 1911-1984).

En forêt

« Lorsque vous entrez dans une forêt, souvenez-vous qu’une multitude de créatures sont là qui vont et viennent, occupées à différentes activités, et qu’elles vous voient. Essayez de vous mettre en relation avec elles, et même adressez-leur la parole pour leur montrer que vous appréciez leur travail.

Approchez-vous d’un chêne, d’un sapin… Appuyez votre main sur son tronc et dites-lui : « Que tu es beau ! Que tu es fort ! Donne-moi un peu de ta solidité et de ta résistance… Et je te charge aussi d’un message pour tous les autres arbres de la forêt. Dis-leur qu’ils sont magnifiques et que je les aime. Salue chacun de ma part, transmets-leur mon baiser », et vous embrassez l’arbre. Les entités qui l’habitent vont alors s’empresser de transmettre votre amour à toute la forêt et tandis que vous continuez à vous promener, les autres entités qui ont reçu votre message sortent des arbres pour vous saluer, elles dansent sur votre passage. Quand vous retournerez chez vous, vous serez heureux, comme si vous aviez rencontré des amis » (Omraam Mikhaël Aïvanhov).

Source, Souffle, Lumière

En tous temps, en tous lieux, tous les vivants célèbrent leur source, leur souffle, leur lumière.

La Bible honore ces fondamentaux du Vivant :
« En toi, est la source de vie ;
c’est par ta lumière que nous
‘soufflons’ la lumière » (Ps 35,10).

« La prière est le souffle de l’âme, l’oasis de paix où nous pouvons puiser l’eau qui irrigue notre vie spirituelle et illumine notre existence » (Benoit XVI, L’âme de la prière, p. 297).

Dans les bras de la mère qui engendre la vie, porteuse du souffle vital, fils et père, réunis, se réjouissent. Cette dynamique du Vivant court sur toute la terre, à l’image et à la ressemblance du Créateur, qui partage sa plénitude de communion. Bienheureux qui se laisse combler de sa joie légère à chaque inspire et qui, à chaque expire, y prend part de tout son être…

Peupliers peu pliés

« L’arbre ne retire pas son ombre, même au bûcheron » (Proverbe indien).

« L’ombre du frêne,
venin n’entraîne » (Proverbe français). 

« Le filao est un arbre pionnier, capable de coloniser des sols très pauvres en éléments minéraux :
Aimes-tu mieux la nuit? Sous les filaos grêles,
où l’ombre a fait tarir le chant des tourterelles,
des rayons filtreraient sur nous comme des pleurs »
(Paul-Jean Toulet, Vers inédits, 1920, p. 5).

Ce n’est pas une crise mais une gigantesque mutation

« Une crise est un dérèglement provisoire dans un système. Donc, ce qu’on appelle “la fin de la crise” est un retour à la normale. Si vous avez une crise de foie et que vous guérissez, vous êtes à nouveau en bonne santé, comme avant. Mais on ne reviendra jamais au monde d’hier.
Nous sommes non pas en train de vivre une crise, mais une gigantesque mutation. En fait, nous vivons plusieurs mutations : géopolitique, spirituelle, technologique, génétique, économique. Elles portent en elles autant de promesses que de menaces. Ça veut dire qu’elles attendent de nous qu’on les prenne en main. Notre devoir de citoyens est de tout faire pour conjurer ces menaces et faire advenir les promesses. Voir les choses sous cet angle redonne l’envie d’agir, nous réveille… » (Jean-Claude Guillebaud, Tout est encore possible. Manifeste pour un optimisme réaliste).

« Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre » (Hans Jonas, Le Principe responsabilité, 1979, p. 30).

« L’union fait la force » (devise de la Belgique).

Je prédis des fleurs… Car je viens d’en planter

« J’ai décidé de moins râler contre les maux de la société, mais de prendre juste ma part de responsabilité. J’ai réalisé que c’était plus important pour moi d’être ok avec moi-même que de donner des leçons aux autres » (Laurent Gounelle).

Ostende et le poète Carl Norac

« Nous entrons dans une ville comme on pénètre dans une musique : par la vibration, avant la mélodie. Il faut pouvoir explorer ses tissus, ses ourlets, ses laines, ses fibres, avant de prétendre s’en vêtir. On n’habite pas une ville avant d’en être habité, pas avant que l’odeur de ses murs ne vienne sous les ongles, pas avant que ses ombres, la nuit découpée, ne contiennent l’allongement de nos pas, nos instants de fuite, pas avant que son bord de route ou de mer ne soit le jeu de fermer les yeux, imprudemment, pour traverser une avenue, un coin de vague. La ville commence en nous comme une chanson, un peu sourde, l’aigu des coquillages sous les pieds, l’âpreté de l’asphalte. Mais ensuite, même si le couplet manque encore, la mer vient, au large puis plus près, sans aucun bruit de clé et nous submerge par cette vibration. Ainsi, pour dire vrai, sans connaître la langue d’ici sinon sur ma peau, il semblerait bien que déjà, je fredonne Ostende » (le poète belge Carl Norac, qui aime faire des photographies verbales, ici inspiré par la ville côtière d’Ostende, où il a choisi de vivre).

Photo : Ostende il y a 120 ans.