Les véritables leviers de sécurité durable

« Face à l’accélération des investissements militaires en Belgique et en Europe, osons poser un regard critique sur l’urgence prise pour réorienter les priorités budgétaires en matière de défense et relancer le débat public sur les conditions réelles d’une sécurité durable : plutôt que d’une ‘culture de la sécurité’, s’engager à fond dans le développement d’une ‘culture de paix’ fondée sur l’éducation, le respect des droits fondamentaux, la gestion non violente des conflits et la participation active de la population dans la construction du vivre ensemble. Ces engagements patients et de long terme pour la paix sont les véritables leviers de sécurité durable. Hélas, leurs budgets stagnent, quand ils ne reculent pas » (extraits de la carte blanche de Quentin Hayois, secrétaire général de la Commission Justice & Paix, dans Le Soir, 26/03/2025 : https://www.lesoir.be/664254/article/2025-03-26/parler-de-paix-en-temps-de-guerre-rearmer-leurope-et-la-paix)

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https://www.youtube.com/watch?v=xYfuK88jOFg).

L’arbre de vie, la mère de la forêt

Dans des zones désertiques d’Afrique, j’ai eu l’honneur de vivre des séjours à côté de baobabs, capables d’aller trouver de l’eau à plus de 200 mètres sous le sol… Impressionnant cet « arbre de vie » (c’est son nom, vu sa résistance et sa longévité). À la différence de beaucoup d’arbres qui filent vers le ciel et déploient la plus belle des ramures possible, le baobab, lui, privilégie l’ancrage par le bas, une ramure cachée à nos yeux qui se trouve dans son système racinaire exceptionnel : des racines larges qui sont expertes en stockage d’eau,  profondément ancrées et s’étendant sur une surface bien plus vaste que les ramures dans le ciel. Quelle solidité structurelle qui lui permet de résister aux vents violents, aux conditions extrêmes, dont les sécheresses prolongées.

En outre, son écorce, ses feuilles, ses fruits (le fameux « pain de singe ») et même son bois sont utilisés pour des médicaments, des aliments et des matériaux. L’arbre de vie dans sa version non pas de voltige altière dans la cour des pères mais bien dans sa version de sage matrice ancrée dans la Terre-mère.

Les images d’illustration montrent des baobabs de Madagascar (« la mère de la forêt », disent les Malgaches), qui ont une ramure céleste particulièrement développée, grâce à un climat généreux en pluies… D’où leur beauté majestueuse doublement ancrée : dans la terre d’abord et aussi dans le ciel !

mieux répartir la richesse

Extraits/résumés de l’émission ARTE, Pourrait-on mieux répartir la richesse ? 42 – La réponse à presque tout :

Tandis que certains dépensent des millions pour jouer les touristes dans l’espace ou pour marier leur fils (plus de 600 millions pour la famille Ambani à Mumbay), d’autres doivent survivre avec quelques pièces par mois dans des bidonvilles insalubres ; un contraste d’autant plus choquant que notre époque est celle d’une prospérité jamais inégalée dans l’histoire : la richesse mondiale a fortement augmenté ces 30 dernières années et pourtant les inégalités extrêmes persistent. Les 10 % les plus fortunés de la planète possèdent 76 %  de la richesse mondiale ; la moitié de la population mondiale la plus pauvre en possède 2 %. Ces inégalités n’étaient pas aussi marquées au sortir de la deuxième guerre mondiale et, pendant les 30 glorieuses de l’État-providence, les fruits de la croissance étaient plus largement partagés. Dans sa politique de rattrapage des inégalités, la mesure la plus décisive fut d’instaurer l’impôt progressif. Les revenus de 95 % de la population ont triplé, davantage que le 1 % des plus riches. Il y a eu un tournant avec le néolibéralisme de Margaret Thatcher et de Donald Reagan qui jugeaient les impôts néfastes, en pesant sur l’économie : moins d’impôt pour les entreprises et pour les plus fortunés allait doper l’économie et ainsi créer de nouveaux emplois bénéficiant aux moins nantis. Mais une étude publiée en 2020 sur la croissance économique de 18 pays industrialisés au cours des 50 dernières années conclut que les politiques néolibérales n’ont eu aucune incidence significative sur la croissance ; seule la répartition de la richesse a changé au profit des plus riches. Le seul effet durable du néolibéralisme est l’augmentation des inégalités.

Faut-il revenir à  l’État-providence de l’après-guerre ? Un impôt de 2 % sur les grandes fortunes (qui s’appliquerait au-delà d’1 milliard de patrimoine) concernerait moins de 3000 personnes dans le monde et rapporterait 250 milliards d’euros, selon une étude de 2024. Cette somme pourrait doubler si les multinationales étaient elles-mêmes taxées sur leur profit de la même manière que les entreprises nationales. Seules des instances supranationales fortes pourraient assécher leurs paradis fiscaux.

Sur le plan local, une possibilité pour changer le système est d’avoir des sociétés aux actifs liés : les profits ne sont pas reversés à chaque actionnaire, ils restent au sein de l’entreprise qui peut alors réaliser de nouveaux investissements et créer de nouveaux emplois pérennes. Ce système n’est pas une utopie : le Danemark a des milliers d’entreprises de ce type tout à fait compétitives, rentables sans instrumentaliser leur capital humain et avec une meilleure cohésion sociale : tous travaillent pour la finalité de l’entreprise sans enrichir des actionnaires, sans devoir maximiser les gains de ces profiteurs externes.

Plusieurs études menées dans les pays scandinaves qui sont depuis longtemps en tête des pays les plus égalitaires prouvent que, dans les sociétés avec une forte égalité, les personnes fortunées aussi sont plus heureuses. Répartir équitablement la richesse, c’est donc plus de bonheur pour tous !

Illustration : dessin d’une jeune Slovène

sur la paille

Une personne sur 10 sur cette terre vit avec moins de 2,15 dollars par jour (= le seuil de pauvreté extrême, selon les catégories du Fonds Monétaire International).

« Le chômage et la grande pauvreté sont devenus un état permanent qui touche plusieurs générations, et non plus un accident de la vie. Neuf millions de gens survivent sous le seuil de pauvreté en France » (Alexandre Jardin,  Révoltons-nous).

Oeuvrer pour la paix, c’est ouvrir des voies, tu vois ?

L’objectif de l’Union européenne est de « promouvoir la paix, ses valeurs et le bien-être de ses peuples ». C’est pourquoi, selon le CA de Church and Peace, il est irresponsable de déclarer une situation de ’pré-guerre’ et de légitimer ainsi un réarmement massif, d’autant plus que le risque d’une prophétie auto-réalisatrice menace. Face à l’abandon imminent par les États-Unis de leurs alliés européens, ces derniers ne semblent plus voir d’autres solutions que le réarmement militaire et occultent le fait que, même sans les États-Unis, l’OTAN possède face à la Russie un nombre multiple de systèmes d’armes militaires de grande envergure prêts à l’emploi.

À la menace de la spirale de l’armement, Church and Peace oppose l’espoir de la paix biblique, en rappelant que des processus de paix ont été couronnés de succès malgré l’absence supposée de perspective. Il s’en tient à la vision de stratégies et de processus non-violents qui mènent à la paix, malgré la propagande actuelle sur l’absence de perspectives. Si nous interprétons l’histoire comme une succession inéluctable de haine et de violence, nous nous privons de la capacité d’y discerner et d’en exploiter les témoignages d’opportunités sans cesse renouvelées. C’est pourquoi le CA de Church and Peace appelle à considérer la situation actuelle comme une situation de ‘pré-paix’ et à agir en conséquence !

Au lieu de se lancer dans une course à l’armement démesurée aux conséquences imprévisibles pour la cohésion sociale et démocratique de nos sociétés, il faudrait par exemple encourager en Europe les initiatives de la société civile contre les tendances autoritaires et d’extrême droite mobilisées par la Russie et les États-Unis. De même, l’Europe devrait investir stratégiquement beaucoup plus dans les instruments de prévention civile et de l’intervention civile des crises, de la promotion de la paix, ainsi que dans les systèmes de sécurité inclusifs comme l’OSCE, l’ONU et dans la reconnaissance des tribunaux internationaux et de la police internationale au lieu d’investir dans la politique de sécurité militaire.

Le CA vous invite à la prochaine conférence de Church and Peace qui aura lieu à Herrnhut (Allemagne de l’Est, à côté des frontières polonaise et tchèque) du 24 au 26 octobre 2025 sur le thème : « Toi, ne te laisse pas endurcir en ces temps si durs… Résister – Réconcilier – Transformer ».


Pour lire toute cette déclaration du CA de Church and Peace :
https://www.church-and-peace.org/fr/2025/03/face-aux-evenements-actuels-church-and-peace-appelle-a-une-orientation-claire-vers-la-justice-et-la-paix/, disponible aussi en anglais et en allemand.

Poison d’avril

Le lendemain du 1er avril où l’on est en droit de faire des poissons d’avril, Trump a fait fort :

« On n’a jamais vu ça », « c’est historique », « j’ai eu cette idée », « c’était mon intuition », « j’étais jeune, très beau »… « Ce que vous allez voir, c’est une transformation totale de la nation. » « Si je n’avais pas agi, il n’y aurait plus de travail aux États-Unis. » « En 100 jours, on a accompli plus que n’importe quelle administration de toute l’histoire. »

Ruddy Demotte (qui a présidé le gouvernement wallon et la Communauté française de Belgique) a posté une fine analyse de cette « dramaturgie égocentrée et quasi messianique de ce sauveur qui ressuscite le pays, redonne la fierté, fait pleuvoir les milliards, passant d’une attaque contre le lait canadien à une anecdote sur Shinzo Abe, glissant sans transition d’un graphique à une déclaration d’amour à sa ministre de l’Agriculture, évoquant sa beauté juvénile dans la même respiration qu’une menace de prison pour fraude douanière. Make Confusion Great Again : récit d’un ego en roue libre !…  »

Dans les quatre hémisphères !

Les hémisphères Nord et Sud sont distingués par l’équateur.
Les hémisphères Ouest et Est sont distingués
par l’antiméridien 180° dit de Greenwich.
Un seul pays se trouve présent dans les quatre hémisphères,
étant à cheval sur l’équateur et aussi sur l’antiméridien 180°.

Ce pays est pluriel : les Kiribati sont un État archipélagique de l’océan Pacifique ; seulement 811 km2 de terres émergées (selon ce critère, c’est l’un des plus petits pays du monde) mais 32 atolls + 1 île volcanique tellement dispersés que ce pays a la taille de toute l’Union européenne (3 550 000 km2), à la fois en Polynésie et en Micronésie, sur 3 fuseaux horaires.

Au deuxième millénaire, les Kiribati étaient à cheval sur deux jours : il était dimanche à l’ouest quand il était déjà lundi à l’est. Juste avant l’an 2000, on a unifié la République. Ainsi les Kiribati furent les premiers à entrer dans l’an 2000 puis, l’année suivante, dans le nouveau siècle et le nouveau millénaire. Certains qui auraient du être les derniers à quitter le deuxième millénaire devinrent sur le fil des premiers à le quitter !

Le soleil surfant sur les vagues dans leur drapeau est digne de Janus, dont le double visage regarde à la fois le passé et l’avenir.

Hélas, au rythme où va la montée des eaux, les Kiribati (au centre de la croix) font partie des terres émergées en voie de disparition. Leur Passion sera-t-elle suivie par une Résurrection ? Suite au prochain numéro…

Amazing Lonely Planet!

Conventions / qu’on vend Sion ?

Qui a dit que le Nord est en haut de la carte ?

Qui a dit que l’Europe est au centre ?

Qui a dit qu’on roule à droite ?

Qui a décidé qu’on lève le pouce pour marquer son approbation et on lève son doigt pour demander la parole ?

Qui a dit que dix est l’unité de mesure ?

Qui a dit quatre-vingt-dix et non nonante ? Ça, j’y ai répondu dans mon post d’hier, sur le système vicésimal, adoptant vingt comme unité de mesure (bin oui, logique, c’est notre nombre de doigts et d’orteils !)…

Qui a dit chez nous qu’on écrit de gauche à droite et chez les arabes et hébreux qu’on naît-cris (n’est gris ? n’aigris ?) de droite à gauche ?

Qui a dit « une heure, c’est 60 minutes et non 100 » ? Ça, je sais, ce sont les Babyloniens qui utilisaient une base 60, nettement moins performant que le système décimal qui nous faciliterait énormément nos comptages horaires !

Quel est le zozo qui a fixé l’orthographe d’oiseau ainsi ? Quel waou-sot ?!

Qui a dit que, dans les bureaux ovale et rectangles, il faut porter une cravate pour être « professionnel » ? Qui a dit que chez nous, on serre la main, chez eux, côté soleil levant, on s’incline ?

Qui a décidé qu’on lève le pouce pour marquer son approbation et on lève son doigt pour demander la parole ?

Qui a mis des piments d’office dans les épices du masala ?  Ma bouche en feu aimerait lui dire deux mots…

aux tomates isthmes

« L’histoire n’est pas finie. Les sociétés présentes, divisées entre les convictions spontanées faute desquelles elles se dissoudraient et la connaissance objective d’elles-mêmes, inséparable de leur nature propre, hésitent à se définir par un but ou par un idéal. Elles interrogent l’avenir et en attendent une réponse. Mais l’avenir ne nous répond pas, ou plutôt il nous renvoie, sous une autre forme, les questions que nous lui avons posées » (Raymond Aron, Les désillusions du progrès).

« Notre vie se perd en détails… Simplifiez, simplifiez » (Henry David Thoreau).

« La Terre fournit suffisamment pour satisfaire les besoins de chaque homme, mais pas la cupidité de chaque homme » (Gandhi).