« Le sens de l’humour est l’attitude humaine la plus proche de la grâce de Dieu. Pour moi, la joie va très bien avec le sens de l’humour. Un chrétien qui n’en a pas manque de quelque chose. Je récite depuis quarante ans la ‘prière pour avoir le sens de l’humour de saint Thomas More’, ce saint anglais du XVIe siècle réputé pour ses traits d’esprit et sa gaieté » (pape François, Gaudete et exsultate + Dieu est joie).
Catégorie : Poétique, vers métriques
Notre axe de lumière
« L’Amour est une Flamme vivante qui se transforme en chacun en Lumière et cette alchimie si subtile ne saurait se codifier » (Paule Salomon).
Automne pas monotone
Par la fenêtre ouverte, entraient des lueurs d’or.
Le soleil si triste pleurait ses rayons morts.
Les arbres se pliaient, à volonté du vent.
Les oiseaux ne chantaient plus, intrigués du tourment.
Le vent murmurait la ballade de l’été,
en remuant ses lèvres exquises à satiété.
Les chants des cigales, habituellement si gais,
devenaient une plainte râleuse et monotone.
Il est temps de partir, voici venir l’automne…
Annick Elle
Poésie plus que belle : rebelle
« La violence commence « là où cède le langage ». En corollaire, elle peut donc finir là où il s’installe. Bruno Bettelheim souligne la fonction thérapeutique des contes de fées chez l’enfant angoissé et blessé par ses parents : le Roi et la Reine du récit incarnent leur part bonne, la marâtre, la sorcière et l’ogre, leur part méchante et frustrante. L’enfant est ainsi davantage capable de mettre des mots sur ses maux et faire la part entre le réel et le fantasme. Plusieurs études ont mis en évidence que la violence physique est inversement proportionnelle à la capacité de développer un discours intérieur. « Un jeune de banlieue qui dispose de 500 mots de vocabulaire au lieu des 3000 mots utilisés par un bachelier moyen, compense par du bruit et de la violence », explique un éducateur de jeunes. Paul Claudel avait dit : « Tout ce bruit en train de devenir une parole, c’est peut-être intéressant après tout ».
Les liens entre violence et déficit de langage ont été étudiés par le linguiste franco-algérien Alain Bentolila : la manipulation idéologique des groupes extrémistes qui prêchent la violence fonctionne chez des jeunes que ‘l’impuissance linguistique’ marginalise culturellement et socialement. L’alphabétisation est l’antidote de base incontournable : « Seuls les mots organisés apaisent une pensée sans cela chaotique et tumultueuse, qui se cogne aux parois d’un crâne jusqu’à l’insupportable et qui finit par exploser dans un acte incontrôlé de violence ». L’initiation au langage fait une brèche dans la violence grâce à des mots pour laisser une trace de soi-même sur l’intelligence des autres » (Chomé Étienne, Le nouveau paradigme de non-violence, p. 77).
« La poésie n’est pas que belle, elle est rebelle » (Julos Beaucarne).
Cantique des Cantiques
« L’homme : Tel un lis des vallées entre les épines, ma grande amie entre les filles. La femme : Tel un pommier entre les arbres d’une forêt, mon bien-aimé entre les hommes. J’ai désiré son ombre et m’y suis assise. Et son fruit a été doux à mon palais. Il m’a menée dans la salle du festin. Et la bannière qu’il déploie sur moi, c’est l’AMOUR. Soutenez-moi par des gâteaux de raisins. Fortifiez-moi par un lit de pommes car je suis malade d’amour. Son bras gauche est sous ma tête et sa droite m’embrasse »
(Cantique des Cantiques 2,1-6 : le livre biblique dans lequel une voix masculine et surtout une voix féminine s’entrelacent et se célèbrent mutuellement).
Vivent quelques graines de vie, saupoudrées de grains de folie
« Lorsque nous étions réunis à table et que la soupière fumait, maman disait parfois :
– Cessez un instant de boire et de parler. Nous obéissions.
– Regardez-vous, disait-elle doucement.
Nous nous regardions sans comprendre, amusés.
– C’est pour vous faire penser au bonheur, ajoutait-elle.
Nous n’avions plus envie de rire.
– Une maison chaude, du pain sur la nappe, des coudes qui se touchent, voilà le bonheur, répétait-elle à table. Puis, le repas reprenait tranquillement. Nous pensions au bonheur qui sortait des plats fumants et qui nous attendait dehors au soleil et nous étions heureux.
Papa tournait la tête comme nous, pour voir le bonheur jusque dans le fond du corridor. En riant, parce qu’il se sentait visé, il disait à ma mère :
– Pourquoi est-ce que tu nous y fais penser à c’ bonheur ?
Elle répondait :
– Pour qu’il reste avec nous le plus longtemps possible »
(Félix Leclerc, Pieds nus dans l’aube, 1969).
Elle se sent enfin chez elle
Elle s’est enfin éveillée pour prendre son élan. Elle en a eu assez de vivre sa vie à travers les yeux des autres. Elle a fait tomber tous les masques, et a commencé, doucement, à retirer les couches de ce qu’elle croyait être. Et elle a abandonné toute résistance.
Elle s’est alors relevée, nue, face au monde et a crié : “C’est ma vie ! et je suis maintenant libre d’être la femme que j’aurais toujours dû être !”.
Elle a commencé à voir sa vraie beauté à travers ses propres yeux.
Elle n’était pas parfaite aux yeux des autres, et elle n’avait pas à l’être.
Elle aimait la femme qu’elle devenait.
Elle ne s’est jamais retournée …
Et a continué à avancer avec une telle détermination …
que rien ne pouvait l’arrêter.
Elle s’est parée d’Amour, de pardon …
Elle a trouvé son courage …
Elle se sentait enfin chez elle …
dans son Cœur et dans son Âme …
Et elle a ouvert ses ailes !
(vu sur le blog de Myriam Moon)
L’amour pour toujours
De mémoire de rose
On n’a vu mourir un jardinier
Si rien qu’une pause ne peut vous suffire
Madame laissez
Le temps s’est tiré sans le maudire
Patientez
Laissez-vous glisser dans le vent léger
Patience, patientez…
Si l’amour s’envole ne t’en prends qu’à toi
Tu as fui l’école pour le lit d’un roi
Si sa voile blanche n’est plus que brouillard
Te pends pas à la branche
Dès qu’il fera noir
Te pends pas à la branche
Dès qu’il fera noir
Car…
De mémoire de rose
On n’a vu mourir un jardinier
Si rien qu’une pause ne peut vous suffire
Madame laissez
Le temps s’est tiré sans le maudire
Patientez
Laissez-vous glisser dans le vent léger
Patience, patientez…
Garde tout au fond tout au fond de toi
Un vide un endroit
Derrière les fêtes
Ou poser la tête
Dans le vent du soir
Bercer ses vieux rêves
Même s’il fait noir
Bercer ses vieux rêves
Même s’il fait noir
Car…
De mémoire de rose
On n’a vu mourir un jardinier
Si rien qu’une pause ne peut vous suffire
Madame laissez
le temps s’est tiré sans le maudire
Patientez
Laissez-vous glisser dans le vent léger
Patience, patientez
Julos Beaucarne, De mémoire de rose
20 octobre 2021
Comme un écureuil qui plonge sur l’arbre de la vie
Quand vous serez au milieu de la grande vie paysanne
Au milieu d’un champ, dans les loin
Ou au cœur d’une forêt en automne
Vous comprendrez qu’il y a loin de vous au cœur du monde
Qu’il y a loin de votre coupe aux lèvres de l’éternel
Et vous écouterez bruire l’automne
Et vous entendrez les feuilles tomber, de vos arbres intérieurs
Vous entendrez la voix de la terre
Et le présent vous sautera aux yeux
Comme un écureuil qui plonge sur l’arbre de la vie
Croyez en l’extase des nuages
Qui traversent les grands horizons
Au petit vent du soir
Au cœur de l’été chaud
Croyez à la douceur d’une amitié
Ou d’un amour
à la main qui serre votre main
Car demain, mais n’y pensez pas
Demain éclateront peut-être les nuages
et l’orage emportera vos amours
Tenez-les serrés
Ne vous endormez pas sur un reproche non formulé
Endormez-vous réconciliés
Vivez le peu que vous vivez, dans la clarté.
Julos Beaucarne
Le sagouin de Mauriac
« Vous m’en bouchez un coin » signifie « vous me rendez muet d’étonnement ». Exemple : « Et elle finit entre haut et bas sur une expression triviale que jamais la baronne n’avait entendue. […] « Ça vous en bouche un coin ». Oui c’est cela qu’elle avait dit » (François Mauriac, Le Sagouin, 1951).
Un sagouin est un ouistiti ou une personne sale, un enfant malpropre. Dans le roman de Mauriac, c’est d’abord un enfant, nommé Guillaume, mal aimé et rejeté par sa mère, qui finira par se suicider avec son père, lequel porte les mêmes blessures et souffrances.
Mauriac : la tragédie humaine à l’état brut, dans un récit bref, d’un rythme ascendant, sans concession à l’accessoire. L’action est intérieure, tout se déduit des sentiments, emmêlés dans le jeu des passions humaines…
Mauriac, romancier à la baguette magique, par « son verbe éblouissant, son style poétique, dont le frémissement laisse deviner l’âme sensible de l’homme, ses émois, ses déchirements et sa curiosité toujours anxieuse » (Sculfort).