Voici des vers holorimes de Victor Hugo : Ô, fragiles Hébreux ! Allez, Rebecca, tombe ! Offre à Gilles zèbre, œufs. À l’Érèbe hécatombe !
Et ma blême araignée, ogre illogique et las Aimable, aime à régner, au gris logis qu’elle a.
Un dernier verre, pour la route, de Jacques Prévert : Dans ces bois automnaux, graves et romantiques, danse et bois aux tonneaux, graves et rhums antiques.
Prévert, Hugo ? Prés verts, hue ! go, préfère Ugo…
Dans des vers holorimes, la rime court sur l’ensemble du vers ; ce sont des vers entièrement homophones. Le plus bel exemple est, sans doute, le sonnet de Jean Goudezki, entièrement constitué d’holorimes :
Je t’attends samedi, car Alphonse Allais, car À l’ombre, à Vaux, l’on gèle. Arrive. Oh ! la campagne ! Allons — bravo ! — longer la rive au lac, en pagne ; Jette à temps, ça me dit, carafons à l’écart.
Laisse aussi sombrer tes déboires, et dépêche ! L’attrait (puis, sens !) : une omelette au lard nous rit, Lait, saucisse, ombre, thé des poires et des pêches, Là, très puissant, un homme l’est tôt. L’art nourrit.
Et, le verre à la main, — t’es-tu décidé ? Roule Elle verra, là mainte étude s’y déroule, Ta muse étudiera les bêtes ou les gens ! Comme aux dieux devisant, Hébé (c’est ma compagne)… Commode, yeux de vice hantés, baissés, m’accompagne… Amusé tu diras : « L’Hébé te soûle, hé ! Jean !
« Leshana haba’a yiheyou koulanou beYerushalayim » = Que l’année prochaine, nous puissions tous être à Jérusalem ! Tel est le souhait que s’échangent tous les Juifs de la diaspora, dans le rêve collectif d’un retour à la montagne de Sion.
Le désir d’unité est si profond en chacun.e de nous. Dans la Communauté du Chemin Neuf, nous prions chaque jour pour l’unité des chrétiens en chantant le psaume 121 :
Quelle joie quand on m’a dit : « Nous irons à la maison du Seigneur ! »
Maintenant notre marche prend fin devant tes portes, Jérusalem ! Jérusalem, te voici dans tes murs : ville où tout ensemble ne fait qu’un !
C’est là que montent les tribus, les tribus du Seigneur, là qu’Israël doit rendre grâce au nom du Seigneur. C’est là le siège du droit, le siège de la maison de David.
Appelez le bonheur sur Jérusalem : « Paix à ceux qui t’aiment ! Que la paix règne dans tes murs, le bonheur dans tes palais ! »
Pour l’amour de mes frères et de mes amis, Laisse-moi dire : « Paix sur toi ! » Pour la maison du Seigneur notre Dieu, je désire ton bien, je prie pour ton bonheur.
Début du message du Pape François, en cette Journée mondiale de la paix, 1er janvier 2022 :
Le dialogue entre générations, éducation et travail : des outils pour construire une paix durable.
« Comme ils sont beaux, sur les montagnes, les pas du messager qui annonce la paix » (Is 52, 7). « Pourquoi donc, Israël, pourquoi es-tu exilé chez tes ennemis, vieillissant sur une terre étrangère, souillé par le contact des cadavres, inscrit parmi les habitants du séjour des morts ? » (Baruch 3, 10-11). Pour ces gens, l’avènement du messager de paix signifiait l’espérance d’une renaissance sur les décombres de l’histoire. Aujourd’hui encore, la clameur des pauvres et de la terre ne cesse de s’élever pour implorer justice et paix. À chaque époque, la paix est à la fois un don du ciel et le fruit d’un engagement commun. Il y a, en effet, une “architecture” de la paix, dans laquelle interviennent les différentes institutions de la société, et il y a un “artisanat” de la paix qui implique chacun de nous personnellement. Chacun peut collaborer à la construction d’un monde plus pacifique : à partir de son propre cœur et des relations au sein de la famille, dans la société et avec l’environnement, jusqu’aux relations entre les peuples et entre les États. Je voudrais proposer trois voies pour construire une paix durable. Tout d’abord, le dialogue entre les générations comme base pour la réalisation de projets communs. Deuxièmement, l’éducation en tant que facteur de liberté, de responsabilité et de développement. Enfin, le travail pour une pleine réalisation de la dignité humaine. Ces trois éléments sont essentiels pour “l’élaboration d’un pacte social”, sans lequel tout projet de paix est inconsistant.
Toi, dont l’amour se penche Jusqu’à mon cœur d’enfant, Dont l’aile douce et blanche Me couvre et me défend, Quand je fais ma prière, Le soir et le matin, Au ciel, à notre Père, Oh ! répète-la bien. On dit qu’à l’âme pure, Tu parles quelquefois. Rends-moi, je t’en conjure, Attentif à ta voix. Pour garder l’innocence Je fuis mes ennemis. Oh ! sois mon espérance, Ange du paradis. Quand, sur l’étroite route Qui mène l’homme au bien, Mon pied se lasse ou doute, Tends-moi vite la main ! Ah ! de notre demeure Éloigne la douleur, Et si ma mère pleure, Que ce soit de bonheur ! Que par ta vigilance, Conservent leur fraîcheur Les lis de l’innocence, Sur mon front, sur mon cœur. Des pas de mon jeune âge Céleste conducteur, Qu’un jour mon cœur partage Ton éternel bonheur (H. Gauthier).
« Pressentiez-vous qu’un jour ma voix, assemblant vos rires, vos plaintes, ferait de vos doux désarrois une flamme jamais éteinte ? » (Anna de Noailles, Les Forces éternelles, 1920, p. 202, s’adressant à ses « poétiques grand’mères »).
« Vous croyez en votre Bon Dieu pour vous rassurer. Vous tranquillisez ainsi vos peurs existentielles… » ai-je entendu un jour de quelqu’un qui dénonçait la « religion, opium du peuple ». C’est vrai, dans notre élan spontané de religiosité, nous créons nos dieux à l’image de nos propres projections, cela nous rassure.
Par contre, quand nous sommes visités et mis en route par Celui qui est dans cette crèche et finira sur la croix, nous ne prions plus pour qu’Il agisse, mais parce qu’Il est en train d’agir, et ce bien différemment de nos projections !
Chaque appel dans ma vie m’a fait sortir de ma zone de confort et de mes sécurités, pour oser l’audace de la foi et le don de soi, jusqu’à en mourir… (de cette bonne mort qui vous fait entrer un peu plus dans la Vie véritable de l’Amour).
Pour approfondir, lire l’éclairant François Varone, Ce Dieu absent qui fait problème, Cerf, 1981
+ écouter Christiane Singer dans la précieuse vidéo qui s’ouvre par un athéisme sain : https://www.youtube.com/watch?v=98kOHBhCn6A « rien ne nous est donné pour nous écraser, il y a une force d’apprentissage dans chaque réalité qui nous visite. Souvent, c’est le mal-être qui va nous mettre en chemin, qui va nous faire obliquer, nous faire partir dans une direction qui sera plus véritable, qui répondra davantage à notre appel, à notre désir profond. Quelqu’un sans crise risque de flotter à la surface des choses, quelqu’un qui n’a jamais été confronté à une maladie, à une difficulté, il lui manquera quelque chose. […] Tout ce qui nous rencontre a un visage secret, a un message. Même ce qui nous fait le plus souffrir nous délivrera un jour son vrai visage. Cette assurance nous donne de ne pas être perdu dans la souffrance du premier degré, d’entrer dans la tension de ce qui va se révéler derrière ».
L’histoire se passe à Bethléem à l’aube de ce jour qui changea les couleurs du monde. L’étoile vient de disparaître, le dernier pèlerin a quitté l’étable et s’est endormi l’enfant paisible dans la paille, l’improbable sauveur plus démuni qu’eux-mêmes.
Doucement la porte s’ouvrit, poussée, eût-on dit, par un souffle plus que par une main, et une femme parut sur le seuil, couverte de haillons, si vieille et si ridée que, dans son visage couleur de terre, sa bouche semblait n’être qu’une ride de plus.
En la voyant, Marie prit peur, comme si ç’avait été quelque mauvaise fée qui entrait. Heureusement Jésus dormait ! L’âne et le bœuf mâchaient paisiblement leur paille et regardaient s’avancer l’étrangère sans marquer plus d’étonnement que s’ils la connaissaient depuis toujours. La Vierge, elle, ne la quittait pas des yeux. Chacun des pas qu’elle faisait lui semblait long comme des siècles.
La vieille continuait d’avancer, et voici maintenant qu’elle était au bord de la crèche. Grâce à Dieu, Jésus dormait toujours. Mais dort-on la nuit de Noël ?Soudain, il ouvrit les paupières, et sa mère fut bien étonnée de voir que les yeux de la femme et ceux de son enfant étaient exactement pareils et brillaient de la même espérance.
La dernière visiteuse est une très vieille femme. Elle se pencha alors sur la paille, tandis que sa main allait chercher dans le fouillis de ses haillons quelque chose qu’elle sembla mettre des siècles encore à trouver. Marie la regardait toujours avec la même inquiétude. Les bêtes la regardaient aussi, mais toujours sans surprise, comme si elles savaient par avance ce qui allait arriver.
Enfin, au bout de très longtemps, la vieille finit par tirer de ses hardes un objet caché dans sa main, et elle le remit à l’enfant. Après tous les trésors des Mages et les offrandes des bergers, quel était ce présent ? D’où elle était, Marie ne pouvait pas le voir. Elle voyait seulement le dos courbé par l’âge, et qui se courbait plus encore en se penchant sur le berceau. Mais l’âne et le bœuf, eux, le voyaient et ne s’étonnaient toujours pas.
Cela encore dura bien longtemps. Puis la vieille femme se releva, comme allégée du poids très lourd qui la tirait vers la terre. Ses épaules n’étaient plus voûtées, sa tête touchait presque le chaume, son visage avait retrouvé miraculeusement sa jeunesse. Et quand elle s’écarta du berceau pour regagner la porte et disparaître dans la nuit d’où elle était venue, Marie put voir enfin ce qu’était son mystérieux présent.
Ève (car c’était elle) venait de remettre à l’enfant une petite pomme, la pomme du premier péché (et de tant d’autres qui suivirent !) Et la petite pomme rouge brillait aux mains du nouveau-né comme le globe du monde nouveau qui venait de naître avec lui. Et il la tendit au soleil revenu comme on offre le monde aux enfants à venir…
« Les rois mages nous apprennent à lire les chemins des étoiles. Nous devrions vivre étoilés. Quand les mages sortent de cette étable, – ce lieu infréquentable pour des rois et pour un Dieu –, leur étoile s’est arrêtée au ciel sur la terre. Car elle n’allait pas plus loin ; elle reste là immobile (mais scintillante), défiant, comme le soleil de Josué, toutes les lois de Newton, toutes les lois monotones et de simple raison. Un vieux diptyque du Moyen Âge nous montre l’enfant dans l’étoile. Une fois que nous aurons appris à regarder notre grandeur et notre preuve, et dans une étoile et dans une étable, comme les mages nous partirons ou repartirons « par un autre chemin ». […] « À qui donc l’avez-vous fait ressembler ? » (cf. Is 40, 18). Ne nous trompons pas de Dieu : le Dieu sauveur nous permet d’entrer dans notre rêve et dans notre propre vérité » (Adolphe GESCHÉ, Dieu, preuve de l’homme, dans NRT, 1990, p. 9 et 11).
Merci à chaque passeur de Vie qui a ensemencé ma vie par une friandise éclatant en nuée de joies, par une pincée d’humour qui a aidé ma tête à ne pas se prendre trop au sérieux, par une poignée de rires ensemble jusqu’au bonheur de s’abandonner…
Joyeux Noël, ouvrons nos ailes !
Un grand éclair embrase les collines : Une musique d’ange aux bords du ciel, Un vent de Paradis ! Et les bergers, tirés de leur sommeil, Contemplent, éblouis ce qui était caché dès l’origine Le sourire de Dieu Dans les yeux d’un enfant.
Son premier cri étonne les ténèbres, Comme le cri du Père au premier jour, Disant : « Cela est bon ! » Nul n’était là pour écouter l’Amour Chanter sa création, Mais aujourd’hui le monde peut entendre L’allégresse de Dieu Dans la voix d’un enfant.
Prêtons l’oreille au signe des étoiles, Car leur silence appelle vers l’endroit Où l’homme s’accomplit ! Tout l’univers, en marche avec les rois, Tressaille sous l’Esprit Pour adorer, offerte et vulnérable, L’humanité de Dieu Dans le corps d’un enfant.
« L’amour n’est ni un conte de fées ni un livre. L’amour n’est ni une signature sur un papier ni ce qu’un couple se dit. L’amour est un arbre avec des branches allant bien au-delà du temps dans l’éternité, et des racines profondément ancrées dans la vie éternelle » (Rûmi).
Aimer à perdre la raison Aimer à n’en savoir que dire À n’avoir que toi d’horizon Et ne connaître de saisons
Que par la douleur du partir Aimer à perdre la raison
Ah c’est toujours toi que l’on blesse C’est toujours ton miroir brisé Mon pauvre bonheur, ma faiblesse Toi qu’on insulte et qu’on délaisse Dans toute chair martyrisée
La faim, la fatigue et le froid Toutes les misères du monde C’est par mon amour que j’y crois En elles, je porte ma croix Et de leurs nuits, ma nuit se fonde
(Louis Aragon, Aimer à perdre la raison, chanté par Jean Ferrat).