Prendre le temps pour ce passage de 2023 à 2024

Sous les festivités de surface,
je choisis de passer de 2023 à 2024
en prenant un temps de retraite.
Regarder ce passé proche, repérer
ce qui intoxique, dont il est bon de me débarrasser ;
ce qui est mort, dont il est bon de faire le deuil :
lâcher, accepter la perte ;
mes illusions que je peux regarder et laisser se consumer…
 
Prendre le temps de respirer dans un espace aéré,
admirer les pousses naissantes au ras de ma terre quotidienne ;
s’ouvrir aux renouveaux qui pointent
sous les décombres de mes morts ;
accueillir le neuf qui en vaut la peine et la priorité,
aligné à ma vérité profonde…

Sur-naturel ?

« Avec son air très naturel,
le surnaturel nous entoure »
(Jules Supervielle).

« La notion de l’infini dans le monde, j’en vois partout l’inévitable expression. Par elle, le surnaturel est au fond de tous les coeurs. L’idée de Dieu est une forme de l’idée de l’infini » (Louis Pasteur, dans son Discours de réception à l’Académie française, 27 avril 1882).

« Le bleu profond attire l’homme vers l’infini, il éveille en lui le désir de pureté et une soif de surnaturel. C’est la couleur du ciel tel qu’il nous apparaît dès que nous entendons le mot ciel » (Wassily Kandinsky).

Bonne fête à tous les
É tienne que pourra…
Hip hip hip hourra !…

La vulnérabilité de Dieu

« Noël c’est le moment où nous embrassons la vulnérabilité de Dieu »
(Soeur Mary Leddy).

Voici une phrase pour le moins énigmatique et une injonction insolite : embrasser la vulnérabilité de Dieu ? Le besoin de protection et la vulnérabilité se manifestent le plus souvent dans des situations extrêmement brutales. Les images d’Ukraine, d’Israël/Palestine et de nombreux autres endroits du monde ne cessent de nous en faire prendre conscience. Le message que transportent ces images est que les victimes ont besoin de protection, de sécurité, ce qui se traduit au quotidien par des bombes, des chars, des obus, des murs et des frontières. Mais sommes-nous capables de voir autre chose, quand nous sommes confrontés à ces images ? Sommes-nous capables de percevoir cet autre message : cessez enfin de vouloir nous protéger par les armes qui provoquent tant de souffrance et de destruction et qui suscitent invariablement la riposte, violente elle aussi.

Des parents israéliens qui ont perdu un enfant dans des attentats terroristes du Hamas palestinien et des parents palestiniens dont les enfants ont été tués par des soldats israéliens expriment ensemble leur blessure morale, leur deuil. Ils ont fondé l’organisation Parents Circle. Leur message : mettez fin à la haine ! Elle ne fera pas revivre nos enfants. Notre responsabilité commune est de rompre ce cycle infernal de la violence et de la contre-violence !

Ce message-là, l’enfant dans la crèche nous le fait entendre. Regardez : voici un être humain, un petit enfant qui a besoin des autres. Protégez cet enfant, protégez chaque être humain et tout particulièrement ceux qui sont les plus faibles et les plus vulnérables.

La vulnérabilité de Dieu est l’antithèse des systèmes de sécurité militaires et de la course mondiale aux armements qui engloutit chaque année des sommes colossales et fait grimper toujours plus haut la spirale de la haine, des menaces, des attaques et de la vengeance. « En Jésus-Christ, Dieu s’est désarmé », dit la théologienne évangélique Dorothee Sölle.

C’est le grand défi que nous lance son existence marquée par la vulnérabilité : celui de prendre le risque de notre propre vulnérabilité. Celle-ci nous accompagnera tout au long de notre vie, malgré tous les systèmes de sécurité. Si nous acceptons de reconnaître notre commune vulnérabilité et notre besoin de protection, nous deviendrons de plus en plus responsables, non seulement envers nous-mêmes, mais aussi envers l’autre, l’étranger, et nous nous encouragerons mutuellement à coopérer plutôt qu’à nous affronter, à aller les uns vers les autres plutôt qu’à ériger des murs entre nous.

Je vous adresse toutes mes salutations, en ces temps si sombres, avec les paroles d’un choral de l’Oratorio de Noël de Jean-Sébastien Bach :
Apparais, ô lumière du matin,
Et laisse poindre le ciel !
Vous, les bergers, n’ayez pas peur,
Car l’ange vous dit
Que ce faible petit garçon
Sera notre réconfort et notre joie,
En plus il contraindra Satan
Et apportera la paix – enfin !
Au nom du Conseil d’administration,
Antje Heider-Rottwilm, présidente de Church and Peace
https://www.church-and-peace.org/fr/2023/12/embrasser-la-vulnerabilite-de-dieu-a-noel/

L’émergence du Self

Je retrouve un mot que j’ai écrit un jour à une personne que j’accompagnais en IFS depuis 2 ans :

« Comme il est beau de t’accompagner sur ce chemin, où, pas après pas, émerge ta personne véritable, authentique, qui peut dire proprement « je suis qui je suis ». Beauté de te voir déployer ton Self leadership sur toute ta petite famille intérieure… Joie de ton rayonnement grandissant : chaque fois que quand une part de toi s’inquiète (parfois jusqu’à la panique), tu lui offres avec toujours plus d’assurance ce socle de sécurité qui existe en toi et tu lui permets de goûter à cette paix qui habite le coeur de ton cœur et, avec douceur, tu la fais entrer dans ta plus large perspective. C’est ce déploiement, cette émergence du Self qui compte car tout le reste en découlera de manière organique, avec considération de chacune en toi… »

Nous salons : Avent, c’est épicé

« Ce que la force ne gagne pas, souvent peut le gagner la persévérance » (Anne Barratin).

L’Avent, serait-ce restaurer « l’habilité qu’ont tout naturellement les enfants, les mystiques et le poètes, d’aller et venir d’un versant du monde à l’autre, de se faire pèlerins des deux mondes, danseurs sur les crètes, relieurs de bergers, constructeurs de passerelles » (Christiane Singer).

L’Avent, serait-ce prendre le temps de lever le nez pour repérer l’étoile qui brille dans mon ciel ? la reconnaître et la suivre fidèlement avec persévérance, malgré les obstacles et les épreuves sur la route ?…

Bonne étoile !

Nu dis t’es

« À ne regarder que tes failles, tes faiblesses et
tes chutes, tu te centres encore trop sur toi-même.
Et tu restes prisonnier de tes failles !
[…] Je suis l’Esprit Créateur, ne l’oublie pas.
Je crée ! Je mets la vie ! Je donne
le souffle ! Je suis l’Artiste !
[…] Viens te glisser au creux de
mes mains paternelles et maternelles.
Laisse-toi pétrir entre mes doigts d’artiste.
Abandonne-toi longuement à mon travail de potier.
Expose-moi tes fêlures, tes brisures, tes cassures !
J’aime faire du neuf »
(Charles Péguy).

Duo violon piano

« Quelque explorateur de l’invisible arrive à capter la phrase de la sonate, à l’amener, du monde divin où il a accès, briller quelques instants au-dessus du nôtre. […] Il y avait là d’admirables idées que Swann n’avait pas distinguées à la première audition et qu’il percevait maintenant, comme si elles se fussent, dans le vestiaire de sa mémoire, débarrassées du déguisement uniforme de la nouveauté. Swann écoutait tous les thèmes épars qui entreraient dans la composition de la phrase, comme les prémisses dans la conclusion nécessaire, il assistait à sa genèse. « Ô audace aussi géniale peut-être, se disait-il, que celle d’un Lavoisier, d’un Ampère, l’audace d’un Vinteuil expérimentant, découvrant les lois secrètes d’une force inconnue, menant à travers l’inexploré, vers le seul but possible, l’attelage invisible auquel il se fie et qu’il n’apercevra jamais ! » Le beau dialogue que Swann entendit entre le piano et le violon au commencement du dernier morceau ! La suppression des mots humains, loin d’y laisser régner la fantaisie, comme on aurait pu croire, l’en avait éliminée ; jamais le langage parlé ne fut si inflexiblement nécessité, ne connut à ce point la pertinence des questions, l’évidence des réponses. D’abord le piano solitaire se plaignit, comme un oiseau abandonné de sa compagne ; le violon l’entendit, lui répondit comme d’un arbre voisin. C’était comme au commencement du monde, comme s’il n’y avait encore eu qu’eux deux sur la terre, ou plutôt dans ce monde fermé à tout le reste, construit par la logique d’un créateur et où ils ne seraient jamais que tous les deux : cette sonate. Est-ce un oiseau, est-ce l’âme incomplète encore de la petite phrase, est-ce une fée, invisible et gémissant, dont le piano ensuite redisait tendrement la plainte ? Ses cris étaient si soudains que le violoniste devait se précipiter sur son archet pour les recueillir. Merveilleux oiseau ! le violoniste semblait vouloir le charmer, l’apprivoiser, le capter. Déjà il avait passé dans son âme, déjà la petite phrase évoquée agitait comme celui d’un médium le corps vraiment possédé du violoniste. Swann savait qu’elle allait parler une fois encore. Et il s’était si bien dédoublé que l’attente de l’instant imminent où il allait se retrouver en face d’elle le secoua d’un de ces sanglots qu’un beau vers ou une triste nouvelle provoquent en nous, non pas quand nous sommes seuls, mais si nous les apprenons à des amis en qui nous nous apercevons comme un autre dont l’émotion probable les attendrit » (Marcel Proust, À la recherche du temps perdu. Du côté de chez Swann, p. 180).

Nous entraider à repérer les idéologies va-t’en-guerre…

« 90 % de l’argent que les Américains ont soi-disant donné à l’Ukraine, a été dépensé aux États-Unis, en allant dans les poches de leur propre complexe militaro-industriel. C’est ça, le secret de la guerre »  (Alexandre Orlov, ancien ambassadeur russe en France, interviewé sur Europe 1 ce 10 décembre 2023). 

« La crise en Ukraine n’a été qu’un prétexte pour imposer des sanctions à la Russie. Même sans la Crimée et l’Ukraine, les États-Unis et leurs alliés auraient inventé autre chose pour freiner les opportunités croissantes de la Russie » (Poutine lors d’un discours devant l’aréopage des chambres réunies du Parlement à Moscou, 3 décembre 2014).

Idéologies va-t’en-guerre respectives, déversées
au sein de vos augustes aréopages respectifs,
quand vous nous tenez sous votre emprise,
comme il est difficile de faire arrêt sur image ?!…

Radis pas radin

« C’est une vérité subtile :
tout ce que tu aimes, tu l’es » (Rûmi).

Le radis est un bol d’énergie,
riche en vitamines B et C, en
zinc, phosphore et sodium,
particulièrement bon pour
l’organisme des séniors,
à portée de toutes
les bourses.
Qu’on se le dise !

Au paradis, on n’aura pas un radis
mais les amis de nos amis seront admis.
Au paradis, on n’aura que son bonheur.
Auparavant, on aura tout mis dans son coeur.

(Merci, l’amie Fanny)