Fêler = fendre un objet sans que les parties se séparent. Être fêlé = avoir le cerveau fêlé, être un peu fou.
« La parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles » (Gustave Flaubert).
« Habiter la terre, enfin. Accepter d’être là, enfin. Revenir de tous nos ailleurs, de nos fugues. Revenir de nos refus. Cesser de réclamer des comptes à la vie, de lui donner des ordres, ne rien exiger d’elle. Renoncer au marchandage, l’acquitter de toute dette, la délivrer de nos impératifs. Acquiescer à la vie telle qu’elle se donne. Dans tout ce que nous ne pouvons pas changer, dans tous de que nous ne pouvons pas choisir, il y a cela que nous pouvons : dire « oui » à ce qui est. Consentir sans raison. Faire le saut de consentir, à tout. Elle est si étroite la cellule où nos exigences nous enferment. Déplions nos mains et laissons se défaire la corde qui nous suspend hors de la vie. Laissons-nous déposer au sol de la vie telle qu’elle est. Ce n’est pas dans le vide que nous allons tomber. Ce n’est pas dans la boue amère de la résignation. C’est dans l’infinie terre aimante de Dieu » (Marie-Laure Choplin, Un cœur sans rempart).
« Je ne sais pas où je suis né ni ne sais qui je suis. Je ne sais pas d’où je suis venu ni ne sais où je vais. Suis branche d’un arbre détachée qui ne sait où elle est tombée. Où peuvent bien être mes racines ? De quel tronc suis-je un rameau ? » (chanson populaire de Colombie).
Dans le Larousse, infobésité = surabondance d’informations imputée aux chaînes d’information en continu, aux nouvelles technologies de la communication (Internet, téléphones portables, messageries, réseaux sociaux) et à la dépendance qu’elles créent chez l’utilisateur.
« Le froid est un être subtil : il mord, coupe, pénètre ou pique. Le chaud est une brute qui se contente d’assommer » (Sylvain Tesson, Aphorismes sous la lune et autres pensées sauvages).
Écharde : ce que devient mon écharpe quand il fait un froid piquant !
Un meurtre de sang froid : un nice crime ou une ice cream ?
Voici un poème qui use et abuse de l’imparfait du subjonctif :
« Oui, dès l’instant que je vous vis, Beauté féroce, vous me plûtes ; De l’amour qu’en vos yeux je pris, Sur-le-champ vous vous aperçûtes ; Mais de quel air froid vous reçûtes Tous les soins que pour vous je pris ! Combien de soupirs je rendis ! De quelle cruauté vous fûtes ! Et quel profond dédain vous eûtes Pour les vœux que je vous offris ! En vain je priai, je gémis : Dans votre dureté vous sûtes Mépriser tout ce que je fis. Même un jour je vous écrivis Un billet tendre que vous lûtes, Et je ne sais comment vous pûtes De sang-froid voir ce que j’y mis. Ah ! fallait-il que je vous visse, Fallait-il que vous me plussiez, Qu’ingénument je vous le disse, Qu’avec orgueil vous vous tussiez ! Fallait-il que je vous aimasse, Que vous me désespérassiez, Et qu’en vain je m’opiniâtrasse, Et que je vous idolâtrasse Pour que vous m’assassinassiez ! » (Alphonse Allais, Complainte amoureuse).
NB : Alphonse Allais est l’expert des vers holorimes :
Yannis Ritsos, Notre pays : « Nous sommes allés sur la colline pour voir notre pays : quelques pauvres terrains, des pierres, des oliviers, des vignes qui descendent le long de la mer. Près de la charrue, fume un petit feu. Les habits du grand-père, nous en avons fait un épouvantail pour les corneilles. Nos journées s’en vont leur chemin pour un peu de pain et beaucoup de lumière. Sous les peupliers, brille un chapeau de paille, l’oiseau sur la clôture, la vache dans le jaune. Comment se fait-il que d’une main de pierre nous ayons pu aménager nos maisons, notre vie ? Sur les chambranles de nos portes, il y a encore la fumée des cierges de Pâques, de toutes petites croix noires tracées, d’année en année, par les morts qui venaient de fêter la Résurrection. On l’aime beaucoup, ce pays, avec patience, avec fierté. Toutes les nuits, du puits asséché, les statues sortent avec précaution et montent sur les arbres. »
Histoire juive : deux personnes en litige plaident leur cause devant le rabbi. Après que le premier ait parlé, le rabbi lui dit : « Tu as raison ». Après que le deuxième se soit exprimé, le rabbi lui dit aussi: «Tu as raison». Un des élèves du Rabbi s’exclame : « Rabbi, il n’est pas possible que les deux aient raison ». Alors le rabbi, après un moment de réflexion : « C’est vrai, toi aussi, tu as raison ».
Distinguer soigneusement la vérité subjective des personnes où chacune a raison, sans que l’autre ait tort, de la vérité objective de la situation (que personne n’a le droit à s’approprier, que seul le groupe peut définir de manière juste). La vérité subjective des personnes évolue sur la planète de la communication vraie, sincère, authentique, où chacun.e a ses raisons, goûts, perceptions, vécus, valeurs propres…
« Pour atteindre la vraie profondeur, il faut suivre des sentiers pleins de méandres, longer des bosquets riches de secrets. Il y a encore par-delà les feuillages, l’humble étang avec des libellules qui l’effleurent, des fleurs de lotus qui l’abritent. Sauras-tu t’asseoir près de cet étang, prêter l’oreille à ce qui y murmure, prêter le coeur à ce qui y palpite ? » (François Cheng, L’éternité n’est pas de trop).
« Quand vous écrivez une phrase, vous ne la réussissez pas au premier jet. Il s’agit alors de la reprendre jusqu’à ce qu’elle passe de quelque chose de mécanique à quelque chose d’organique » (Christophe Claro).
« Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Échoue encore, échoue mieux » (Samuel Beckett, Cap au pire, 1991).
À l’école et à l’unif, jusqu’à 21 ans, j’ai été un matheux à 100 %, ma famille regorgeant d’ingénieurs. Progressivement, de décennie en décennie, je découvre les joies de la poésie !…