Nu dis t’es

« À ne regarder que tes failles, tes faiblesses et
tes chutes, tu te centres encore trop sur toi-même.
Et tu restes prisonnier de tes failles !
[…] Je suis l’Esprit Créateur, ne l’oublie pas.
Je crée ! Je mets la vie ! Je donne
le souffle ! Je suis l’Artiste !
[…] Viens te glisser au creux de
mes mains paternelles et maternelles.
Laisse-toi pétrir entre mes doigts d’artiste.
Abandonne-toi longuement à mon travail de potier.
Expose-moi tes fêlures, tes brisures, tes cassures !
J’aime faire du neuf »
(Charles Péguy).

Duo violon piano

« Quelque explorateur de l’invisible arrive à capter la phrase de la sonate, à l’amener, du monde divin où il a accès, briller quelques instants au-dessus du nôtre. […] Il y avait là d’admirables idées que Swann n’avait pas distinguées à la première audition et qu’il percevait maintenant, comme si elles se fussent, dans le vestiaire de sa mémoire, débarrassées du déguisement uniforme de la nouveauté. Swann écoutait tous les thèmes épars qui entreraient dans la composition de la phrase, comme les prémisses dans la conclusion nécessaire, il assistait à sa genèse. « Ô audace aussi géniale peut-être, se disait-il, que celle d’un Lavoisier, d’un Ampère, l’audace d’un Vinteuil expérimentant, découvrant les lois secrètes d’une force inconnue, menant à travers l’inexploré, vers le seul but possible, l’attelage invisible auquel il se fie et qu’il n’apercevra jamais ! » Le beau dialogue que Swann entendit entre le piano et le violon au commencement du dernier morceau ! La suppression des mots humains, loin d’y laisser régner la fantaisie, comme on aurait pu croire, l’en avait éliminée ; jamais le langage parlé ne fut si inflexiblement nécessité, ne connut à ce point la pertinence des questions, l’évidence des réponses. D’abord le piano solitaire se plaignit, comme un oiseau abandonné de sa compagne ; le violon l’entendit, lui répondit comme d’un arbre voisin. C’était comme au commencement du monde, comme s’il n’y avait encore eu qu’eux deux sur la terre, ou plutôt dans ce monde fermé à tout le reste, construit par la logique d’un créateur et où ils ne seraient jamais que tous les deux : cette sonate. Est-ce un oiseau, est-ce l’âme incomplète encore de la petite phrase, est-ce une fée, invisible et gémissant, dont le piano ensuite redisait tendrement la plainte ? Ses cris étaient si soudains que le violoniste devait se précipiter sur son archet pour les recueillir. Merveilleux oiseau ! le violoniste semblait vouloir le charmer, l’apprivoiser, le capter. Déjà il avait passé dans son âme, déjà la petite phrase évoquée agitait comme celui d’un médium le corps vraiment possédé du violoniste. Swann savait qu’elle allait parler une fois encore. Et il s’était si bien dédoublé que l’attente de l’instant imminent où il allait se retrouver en face d’elle le secoua d’un de ces sanglots qu’un beau vers ou une triste nouvelle provoquent en nous, non pas quand nous sommes seuls, mais si nous les apprenons à des amis en qui nous nous apercevons comme un autre dont l’émotion probable les attendrit » (Marcel Proust, À la recherche du temps perdu. Du côté de chez Swann, p. 180).

Nous entraider à repérer les idéologies va-t’en-guerre…

« 90 % de l’argent que les Américains ont soi-disant donné à l’Ukraine, a été dépensé aux États-Unis, en allant dans les poches de leur propre complexe militaro-industriel. C’est ça, le secret de la guerre »  (Alexandre Orlov, ancien ambassadeur russe en France, interviewé sur Europe 1 ce 10 décembre 2023). 

« La crise en Ukraine n’a été qu’un prétexte pour imposer des sanctions à la Russie. Même sans la Crimée et l’Ukraine, les États-Unis et leurs alliés auraient inventé autre chose pour freiner les opportunités croissantes de la Russie » (Poutine lors d’un discours devant l’aréopage des chambres réunies du Parlement à Moscou, 3 décembre 2014).

Idéologies va-t’en-guerre respectives, déversées
au sein de vos augustes aréopages respectifs,
quand vous nous tenez sous votre emprise,
comme il est difficile de faire arrêt sur image ?!…

Radis pas radin

« C’est une vérité subtile :
tout ce que tu aimes, tu l’es » (Rûmi).

Le radis est un bol d’énergie,
riche en vitamines B et C, en
zinc, phosphore et sodium,
particulièrement bon pour
l’organisme des séniors,
à portée de toutes
les bourses.
Qu’on se le dise !

Au paradis, on n’aura pas un radis
mais les amis de nos amis seront admis.
Au paradis, on n’aura que son bonheur.
Auparavant, on aura tout mis dans son coeur.

(Merci, l’amie Fanny)

Alliées plus qu’ennemies

Je viens de lire « À la mémoire de Thérèse qui a perdu son combat contre le cancer, à 85 ans ». « Perdre son combat contre… » ? Cette mise en mots ne correspond pas à la sagesse que la vie m’enseigne par rapport à la maladie et à la mort.

Voici ce qui sonne juste en moi, du point de vue biologique, puis psychique.

Dans la toute grande majorité des cas, les bactéries, virus et microbes (qui sont plus nombreux sur notre peau que les cellules humaines) cohabitent en symbiose et en collaboration avec notre organisme.

Plutôt que de lutter contre la maladie, la sagesse m’invite à l’écouter avec soin comme un utile signal d’alerte, en ce sens qu’à travers elle, s’expriment les membres de mon corps et de mon équipe intérieure, m’indiquant ce dont j’ai à prendre soin prioritairement, ici et maintenant. Pour aller plus loin, cf. mon post https://etiennechome.site/le-processus-naturel-de-guerison-devant-une-attaque-externe/

Et plutôt que de lutter contre la mort, la sagesse me prie d’accueillir le sens profond de ma vie et les étapes de mon pèlerinage sur le chemin de la Vie véritable.

J’ajoute, en outre, un point de vue biblique.

a) En Matthieu 5,38-39, le mot « contre » (ἀντί) est répété trois fois coup sur coup pour nous avertir du piège de « se battre contre ». À tous les niveaux, Jésus nous prie de sortir du piège mimétique de la violence. Et la violence commence déjà en ‘nous’-même, contre ce que ‘nous’ n’aimons pas en ‘nous’-même (il est intéressant d’accueillir ces 3 ‘nous’ différents…).

b) L’Apocalypse nous révèle qu’à la fin des temps, la bataille finale entre les Forces du Bien et du Mal sera aussi simple qu’un lever de soleil, dissipant les ténèbres, dans une totale asymétrie : la clarté du jour vient dissiper l’obscurité de la nuit. Il n’y aura aucune lutte contre mais bien l’avènement de la Vérité authentique. Pour en savoir plus à ce propos, cf. https://etiennechome.site/5387-2/.

Bonne fête d’Hanoucca, la fête juive des lumières (durant huit jours, chaque soir, chaque chaumière allume les lumières de Hanoucca).

Vivre un retour à soi, sentir à l’intérieur

Un pèlerin en chemin vers Compostelle, une petite corne tenue en bandoulière, s’arrête à chaque croisement pour prendre une large inspiration et faire alors résonner la corme devant lui. C’est sa manière originale de prendre la mesure des différents chemins qui s’offrent à lui et de vivre un retour à soi, pour sentir à l’intérieur, avant d’assumer le choix à prendre à l’extérieur : telle voie et non telle autre…

Deutéronome 30,15.19 : « Vois, je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. Je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance ».

Écouter, sentir et admirer

« Écouter ce que dit le vent quand il ne dit plus rien
mais reprend souffle et se souvient
d’avoir été si haletant après sa course
sa course de vent qui court après le vent

Que dit le vent quand il se tait ?
Que dit le silence du vent ?
Écouter ce que dit pluie
quand un instant elle fait halte
et cesse l’espace de trois mesures
de tambouriner ses doigts d’eau
sur le toit et sur les carreaux
Que dit la pluie quand elle se tait ?
Que dit le silence de la pluie ?

Écouter ce que dit la mésange
nonnette quand elle suspend ses roulades
et que son chant dans le matin clair
reste en filigrane dans l’air
Que dit l’oiseau quand il se tait ?
Que dit le silence de la mésange ?

Le silence dit que le silence écoute
couler la source du chant »
(Claude Roy).

À lire au rythme du slam

Voici les paroles de la chanson «Autoreflet»
par Grand Corps Malade, à écouter ici : https://www.youtube.com/watch?v=_fCh4Mj3Bsg).
À lire au rythme du slam, ça décoiffe :
« Je vois un père de famille, je vois un homme amoureux
Je commence par l’essentiel, en auteur rigoureux
J’ai grandi en banlieue, je l’ai chanté a cappella
Et cet autoreflet pourrait même s’arrêter là

Je suis devenu un peu poète, pas vraiment écrivain
J’ai laissé quelques textes utiles et beaucoup d’écrits vains
J’ai les rimes à l’air libre, la silhouette un peu bancale
Pour garder l’équilibre, je m’accroche aux cordes vocales

Discipline inclassable, alors disons parolier
Une carrière improbable, quelquefois parodiée
Inspiration inflammable, optimisme affamé
Des histoires honorables de quartiers mal famés

De la fibre artistique, j’avais pas vu les signaux
C’est plus tard, prolifique, que j’ai pris les stylos
J’ai tutoyé l’idée que mes poèmes se baladent
J’écris donc je suis, et je suis Grand Corps Malade

Je suis un peu poète mais je connais peu les classiques
J’ai trouvé mes modèles dans l’industrie discographique
Je n’ai pas ouvert beaucoup de recueils de poèmes
Mais j’ai ouvert mes oreilles dans des ambiances de bohème

J’ai contribué sans l’prévoir à populariser le slam
Cet art oratoire dans les bars qui caresse l’âme
J’ai écrit comme une urgence des centaines de quatrains
J’ai écrit sur mes souffrances pour faire taire le chagrin

Les victoires en tournois, oubliant les sournois
C’est pour moi, c’est pourquoi j’ai su miser sur moi
J’ai posé mes textes partout, j’ai eu la voix tenace
Dans des bars de bobos, dans des squats dégueulasses

J’ai rencontré des musiciens qui ont mis sans façon
Des notes sur mes paroles, on a fait des chansons
De la recherche du trac, je suis devenu esclave
Et j’ai envie de la scène comme t’as envie de bédave

J’aime le stress de mes concerts, pas le strass de mes confrères
Ce que le succès confère, souvent, je préfère le contraire
Du showbiz naissent des pratiques qui ne seront pas mon choix
Je ne cracherai pas dans la soupe mais j’en prendrai pas deux fois

J’écris quand je me sens bien, j’écris quand je me sens mal
Quand la vie me déçoit un peu et quand tout est normal
Je n’écris que pour les autres, je veux être entendu
J’écris pour comprendre le monde surtout quand il est tendu

La musique est un art collectif très individuel
J’écris sur mon reflet comme un duo et un duel
Mes écrits sont optimistes, je n’ai pas à me forcer
Mais mon côté clair et mon côté sombre n’ont pas divorcé

J’ai souvent l’œil enjoué, j’ai parfois le regard triste
Dans la norme ou hors-piste, est-ce le sort de l’artiste ?
Artiste… j’sais toujours pas vraiment si je connais c’terme
Je me sens comme un cowboy encore surpris par son western

J’écris sur le présent, très peu souvent sur l’avenir
Mais sans être oppressant, parfois le passé m’inspire
Je le remercie à la césure, avec ses airs de magie
Je fais rimer mon présent avec ma nostalgie

J’écris des vers joyeux et des rimes déprimantes
J’ai vidé tant de stylos et de cartouches d’imprimantes
J’ai quelques cheveux couleur cendre mais l’inspi incandescente
Malgré les rides sur mon front j’ai la plume adolescente

J’écris dans mon téléphone, des poèmes en chorale
Dans des cahiers, des carnets et puis j’écris à l’oral
J’ai écrit moins que certains mais bien plus que la moyenne
Et j’espère garder ce rythme quand ma plume sera la doyenne

J’écris sur des sentiments et des pensées intimes
J’écris sur la société quand ça me semble légitime
Sur notre France parfois fatiguée et cernée
Quand le pouvoir se fout des gens, mon encre est concernée

J’écris aussi sur l’enthousiasme et les beaux potentiels
Sur les lumières du ciel, les valeurs essentielles
J’suis curieux, j’aime les gens, je vois le verre à moitié plein
Ce n’est pas une légende, je vois le rêve à portée de main

De ma vie en banlieue, j’ai gardé une sorte d’éthique
De ma vie de sportif, j’ai gardé l’esprit d’équipe
J’ai quelques existences dont chaque jour je me rappelle
De ma vie d’imprudence, j’ai gardé des séquelles

À l’époque par pudeur ou pour pas croire au désespoir
J’ai géré ma tristesse et pleuré loin des regards
Je crois que je ne voulais pas ajouter du drame au drame
Là j’suis pas insensible mais j’ai épuisé mon quota de larmes

Dans cette vie je suis venu, j’ai perdu, j’ai vaincu
Et je suis ce que je suis grâce à ce que j’ai vécu
Je compense mentalement les absences musculaires
J’remercie totalement les quartiers populaires

J’ai côtoyé les pauvres, les bobos, les blindés
Les sourires déglingués, les saluts distingués
Je préfère les écorchés, les rebelles, les bizarres
Je peux vivre sans ma banlieue mais pas sans mes banlieusards

C’est avec eux que j’ai golri, réfléchi et grandi
Je me sens plus assagi, je suis pas non plus Gandhi
Mais j’observe autour souvent, le silence comme armure
Et j’prends tellement de recul que j’ai souvent le dos contre le mur

De ma jeunesse mouvementée j’ai gardé l’art de la vanne
J’essaie souvent de me retenir car tout le monde n’est pas fan
J’ai sûrement un peu mûri mais pour dire la vérité
J’ai toujours un petit problème avec trop d’autorité

J’ai tellement de projets que j’aurai pas assez d’une vie
Faudrait me réincarner pour combler toutes mes envies
Je veux aller visiter l’autre côté de l’arc-en-ciel
Mais en même temps j’veux me faire chier car l’ennui porte conseil

J’ai 20 ans dans ma tête, 120 ans dans mon corps
Mais les deux heureusement se mettent souvent d’accord
Pour ouvrir les yeux, les oreilles et les mains
Trouver un rythme commun et tracer mon chemin

Je garde mes yeux d’enfant face à tout ce qu’il m’arrive
Et pour garder cette chance je m’applique et m’active
Un privilège énorme, sans qu’la lumière déforme
Je le sens dans chaque hormone, j’ai un métier hors norme

Mais même au Zénith, je ferai pas le fanfaron
Tu l’as compris, mon vrai premier métier c’est daron
Mes deux fils et ma femme, c’est ma première passion
Les voir rire à mes vannes, c’est la plus belle ovation

Je vois un père de famille, je vois un homme amoureux
Je finis par l’essentiel, en auteur rigoureux
J’ai grandi en banlieue, je l’ai chanté a cappella
Et cet autoreflet va vraiment s’arrêter là. »

ma lettre mal-être

Je t’écris un message, convaincu que tu as à l’entendre.
Une part de moi y crie ‘help, au secours, à moi’.
À vrai dire, c’est faute de trouver en moi
un Self leader, capable d’entendre ce cri.

Finalement, je ne t’enverrai pas ce message à toi ;
je prends un temps pour lui donner le droit d’être en moi,
et me laisser inspirer la petite initiative
qui me remet dans le flow de la Vie…
Et merci à Ouistiti (ma part jeu de mot), qui y contribue par ses acrobaties de branche en branche (qui me rebranchent à la vie).

Cou ci cou là

« Nous essayons de nous entourer d’un maximum de certitudes, mais vivre, c’est naviguer dans une mer d’incertitudes, à travers des îlots et des archipels de certitudes sur lesquels on se ravitaille… » (Edgar Morin).

« Avoir la foi, c’est monter la première marche, même quand on ne voit pas tout l’escalier » (Martin Luther King).

En Avent, en avant…