« T’écouter avec curiosité, c’est comme l’art du jardinier qui, avant de semer, aère la terre comprimée : il lui donne de l’espace pour qu’elle respire. T’écouter avec curiosité, c’est m’intéresser si bien à ce que tu dis que ta propre écoute vers tes entrailles se déploie et te donne de la joie à explorer, en amont des mots, ce qui te fait vivre et vibrer, tes fondements, motivations, intentions profondes… » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, p. 241, disponible en français et en anglais et les sessions organisées par le réseau CommunicActions (www.communicactions.eu et www.communicactions.org).
« Véritable nouvelle naissance, le jour où j’ai réalisé que je ne pouvais pas te changer et où j’ai décidé de changer en moi ce qui pouvait l’être. […] Je ne peux pas changer l’autre mais sa capacité à changer est étonnante lorsque j’utilise mes forces à me changer, moi » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, p. 234).
À gauche de la photo : un ficus / banian d’Éthiopie.
« Fâchée avec mon Dieu imaginaire qui avait rompu sans préavis mon contrat inconscient de protection, je manquais de secours spirituel. Je ne trouvais pas de prière qui puisse être autre chose qu’une immense contradiction, une négociation régressive avec la peau morte d’un Dieu qui ne tenait pas.
Pourtant, lorsque je caressais, du bout des doigts, le visage bleu et enflé de cet enfant presque étranger, dans le roulis devenu rassurant de l’oxygène qui lui parvenait machinalement, j’étais parfois saisie par une sérénité démente. Il arrive que l’impuissance ouvre sur des paysages singuliers.
La détresse m’avait dilatée et, en quelque sorte, elle avait élargi ma surface d’échange avec la vie. Et près de ce petit corps, se superposait à ma supplication muette pour qu’il vive, la conviction profonde que, ‘quoi qu’il arrive’, ce qui était incroyable et sublime, c’était qu’il fût né. Et que cela, jamais, ne pourrait être retiré à quiconque. Ni à lui, ni à moi, ni au monde, ni à l’histoire.
Je mis du temps à comprendre que cette clairvoyance fulgurante était peut-être la première véritable prière de ma vie.
[…] En dépit des relents de superstition qui me saisissent parfois, en dépit de mon petit négoce intérieur qui n’en finira jamais tout à fait de marchander avec un Dieu imaginaire, j’ai entrevu un Autre Dieu qui ne se porte pas garant de ma sécurité, mais de la pugnacité du vivant à laquelle il m’invite à participer » (Marion Muller-Colard, L’autre Dieu).
Pour creuser : https://etiennechome.site/pour-que-ou-parce-que/
Ho’oponopono est un mot qui signifie en hawaïen « réparer », « faire la paix ».
Ho’oponopono est une vieille pratique hawaïenne, reconnue en tant que « trésor vivant » du pays (placé dans la Constitution d’Hawaï en 1993).
Sa version popularisée est très simplifiée = 4 phrases à répéter :
Je suis désolé.e.
S’il te plaît, pardonne-moi.
Merci.
Je t’aime.
À vrai dire, la pratique complète stimule des initiatives qui contribuent à la guérison et à la réconciliation, à partir de la paix intérieure : sagesse traditionnelle et universelle d’admettre, demander pardon et libérer, remercier et envoyer de l’amour.
« Je ne suis jamais nostalgique du passé. Je suis nostalgique de l’infinie possibilité de commencer » (Marion Muller-Colard, Le petit théâtre de Hannah Arendt).
« Il est difficile de traduire la Bible. L’Ancien Testament est écrit en hébreu ancien, qui ne comporte pas de voyelles et qui comprend peu de mots par rapport à nos langues, si bien que la polysémie y est très importante, avec bon nombre d’énantiosèmes, c’est-à-dire de mots comportant la coprésence de sens opposés. En outre, le système des temps verbaux est très complexe, ne comportant pas les présent, passé et futur de nos langues. L’hébreu ancien est la langue de l’éternité en quelque sorte. Par exemple le tétragramme JHWH qui est le nom de Dieu peut signifier « Je suis » ou « je serai », et donc il peut vouloir dire aussi « je deviens ». […] La parole biblique abonde en paradoxes souvent rejetés parce que déstabilisant ; pourtant, des ébranlements successifs sont nécessaires à toute évolution, qu’elle soit d’ordre intellectuel, psychologique ou spirituel. […] Les paradoxes favorisent un changement de registre. […] Mircea Eliade analyse les paradoxes des textes sacrés comme une destruction du système de référence habituelle : cela conduit à briser l’univers profane pour accéder à un univers spirituel » (Josette Larue-Tondeur, Traductions bibliques opposées, dans Cahiers Sens public, 2010/1-2, p. 229 à 237).
Photo : P. Horalek (reprenant plusieurs images d’une éclipse solaire totale au-dessus du Chili), en écho à cette éclipse solaire totale de ce 8 avril 2024, qui a été visible en Amérique et qui a eu lieu en même temps que la nouvelle lune.
« Chantez, terres lointaines, fleuves et plaines, déserts et montagnes… Chantez le Seigneur de la vie qui sort du tombeau, plus brillant que mille soleils.
Peuples brisés par le mal et meurtris par l’injustice, peuples sans place, peuples martyrs, chassez en cette nuit les chantres du désespoir. L’homme des douleurs n’est plus en prison : il a ouvert une brèche dans la muraille, il se hâte de venir à vous. Que le cri inattendu s’élève dans les ténèbres : il est vivant, il est ressuscité !
Et vous, frères et sœurs, petits et grands…, vous qui êtes dans la misère, vous qui vous sentez indignes de chanter, une flamme nouvelle traverse votre cœur, une fraîcheur nouvelle imprègne votre voix. C’est la Pâque du Seigneur, c’est la fête des vivants » (frère Jean-Yves Quellec, moine de Clerlande, dans son livre de 1998 Dieu face Nord ; ce passage vient d’être repris par le pape François dans son homélie du Samedi Saint).
Photo : trésors d’Éthiopie = un être humain au cœur large et à l’âme pure, avec une bible de 800 ans.
« Il dort, dit la lune. Et lentement, elle commença à égrener un chapelet d’étoiles. Les étoiles se plaignaient doucement. La comète qui servait de pendentif brillait de mille feux. Et je me demandais combien de temps encore durerait cette incantation. La lune priait ! Les étoiles une à une pâlissaient et le matin blêmissait mes tempes » (Robert Desnos, La liberté ou l’amour, 1927).
« J’ai rencontré le vieil homme le soir de la tempête. Il sortait de la bergerie dans son bleu de travail décoloré. Quand il me vit, grelottant de froid et de peur, il m’invita à me réchauffer dans le grand salon du manoir, au cœur du domaine d’Hermeline. À la fois châtelain et jardinier, cet homme gardait un trésor » (Olivier Terlinden, Au-delà du vieux mur ; c’est son premier roman qui sort en avril 2024 : oublié des hommes, le domaine d’Hermeline dort en bordure du village. Dans ce royaume où vit un vieillard solitaire, un enfant apprend à aimer la terre. Il y découvre la valeur du silence et de l’amitié. Esquisse d’un monde effacé qui, peut-être, quelque part, existe encore).