« Par-dessus toute chose, soyez bon ; la bonté est ce qui ressemble le plus à Dieu et ce qui désarme le plus les hommes. Vous en avez des traces dans l’âme mais ce sont des sillons que l’on ne creuse jamais assez. Vos lèvres et vos yeux ne sont pas encore aussi bienveillants qu’ils pourraient l’être et aucun art ne peut leur donner ce caractère que la culture intérieure de la bonté. Une pensée aimable et douce à l’égard des autres finit par s’empreindre dans la physionomie et par lui donner un cachet qui attire tous les cœurs » (Henri Lacordaire).
« Connais-moi si tu peux, ô passant, connais-moi ! Je suis ce que tu crois et suis tout le contraire : La poussière sans nom que ton pied foule à terre Et l’étoile sans nom qui peut guider ta foi. Je suis et ne suis pas tel qu’en apparence :
Forte comme en plein jour une armée en bataille Qui lutte, saigne, râle et demeure debout; Qui triomphe de tout, risque tout, souffre tout, Silencieuse et haute ainsi qu’une muraille… Faible comme un enfant parti pour l’inconnu Qui s’avance à tâtons de blessure en blessure Et qui parfois a tant besoin qu’on le rassure Et qu’on lui donne un peu la main, le soir venu…
Connais-moi ! Connais-moi ! Ce que j’ai dit, le suis-je ? Ce que j’ai dit est faux – et pourtant c’était vrai ! – L’air que j’ai dans le cœur est-il triste ou bien gai ? Connais-moi si tu peux. Le pourras-tu ?… Le puis-je ?…
Ô passant, quand tu verrais Tous mes pleurs et tout mon rire, Quand j’oserais tout te dire Et quand tu m’écouterais, Quand tu suivrais à mesure Tous mes gestes, tous mes pas, Par le trou de la serrure… Tu ne me connaîtras pas!
Et quand passera mon âme Devant ton âme un moment Éclairée à la grand-flamme Du suprême jugement, Et quand Dieu comme un poème La lira toute aux élus, Tu ne sauras pas lors même Ce qu’en ce monde je fus…
Tu le sauras si rien qu’un seul instant tu m’aimes ! »
Dans Le Porche du Mystère de la deuxième vertu, « Charles Péguy a raconté, à la troisième personne, « l’histoire du plus grand acte de foi de sa vie ». « Un homme (et nous savons que cet homme, c’était lui), avait trois enfants et, un jour maudit, ils tombèrent malades, tous les trois ensemble. Il prit alors une décision audacieuse : aller à pied en pèlerinage de Paris à Chartres pour mettre ses trois enfants malades dans les bras de Maman Marie. Après cela, tout alla bien, naturellement, car c’était la Sainte Vierge qui s’en occupait ». C’est curieux que tous les chrétiens ne fassent pas de même. C’est tellement simple, mais on ne pense pas à ce qui est simple » (Raniero Cantalamessa).
« Oui il est grand temps de révéler à nos enfants – de nous révéler à nous-mêmes – l’autre versant du monde, celui où, jour après jour, s’invente la vie : les mille gestes d’amour, de compassion, de tendresse, les multiples mains qui bénissent, caressent, plantent, sèment, rêvent, se joignent pour prier, jour après jour, sans se lasser. Car le monde doit de tenir debout à cette conspiration de l’amour, à cette clandestinité de la tendresse et de la louange » (Christiane Singer).
« Qu’ils louent son nom avec des danses. Qu’ils le célèbrent avec le tambourin et la harpe » (Psaume 149).
« Ne t’y trompe pas mon cher : tu es fou aussi ; tous les hommes le sont. Veux-tu savoir, maintenant, pourquoi ceux-là ne sont pas moins fous que toi, qui te traitent de fou ? Celui qui se croit plus sage et se moque de toi a lui-même des choses suspendues derrière le dos dont tu peux rire à ton tour. Le fardeau de l’homme est une besace double : et la partie qui pend dans son dos est celle dans laquelle nous cachons tous nos vices ; l’autre, qui pend sur la poitrine, c’est celle dans laquelle nous avons l’œil sur les vices d’autrui. Aussi vrai que nous ne voyons pas nos propres vices, de même nous ne sommes pas capables de voir ce qui nous pend dans le dos. Tu ne peux t’en libérer qu’en acceptant de le reconnaître. Cela s’appelle aussi déposer les valises » (d’après Horace).
« Ceux qui s‘aiment par l’Esprit ne cesseront jamais de s’aimer. […] Ainsi, le sentiment de l‘amour, au lieu de s’arrêter en eux et de s’y endormir, ne fait que s’accroître et embraser leur cœur d’une flamme nouvelle. Ils s’élèvent toujours en s‘aimant jusqu’à Dieu » (Antoine Blanc de Saint-Bonnet, De l’unité spirituelle, 1845).
« J’ai accepté de tuer pour renverser le despotisme. Mais derrière ce que tu dis, je vois s’annoncer un despotisme qui, s’il s’installe jamais, fera de moi un assassin alors que j’essaie d’être un justicier » (Albert Camus, Les Justes, 1952).
« L’Amour ne paraît plus essentiel aux mortels. C’est peut-être pour cela qu’ils restent mortels ! » (Jacqueline Kelen).