Indécence quand un des sens seulement…

« Il est difficile de traduire la Bible. L’Ancien Testament est écrit en hébreu ancien, qui ne comporte pas de voyelles et qui comprend peu de mots par rapport à nos langues, si bien que la polysémie y est très importante, avec bon nombre d’énantiosèmes, c’est-à-dire de mots comportant la coprésence de sens opposés. En outre, le système des temps verbaux est très complexe, ne comportant pas les présent, passé et futur de nos langues. L’hébreu ancien est la langue de l’éternité en quelque sorte. Par exemple le tétragramme JHWH qui est le nom de Dieu peut signifier « Je suis » ou « je serai », et donc il peut vouloir dire aussi « je deviens ».  […] La parole biblique abonde en paradoxes souvent rejetés parce que déstabilisant ; pourtant, des ébranlements successifs sont nécessaires à toute évolution, qu’elle soit d’ordre intellectuel, psychologique ou spirituel. […] Les paradoxes favorisent un changement de registre. […] Mircea Eliade analyse les paradoxes des textes sacrés comme une destruction du système de référence habituelle : cela conduit à briser l’univers profane pour accéder à un univers spirituel » (Josette Larue-Tondeur, Traductions bibliques opposées, dans Cahiers Sens public, 2010/1-2, p. 229 à 237).

Photo : P. Horalek (reprenant plusieurs images d’une éclipse solaire totale au-dessus du Chili), en écho à cette éclipse solaire totale de ce 8 avril 2024, qui a été visible en Amérique et qui a eu lieu en même temps que la nouvelle lune.

Accueillir cette fraîcheur nouvelle

« Chantez, terres lointaines, fleuves et plaines, déserts et montagnes… Chantez le Seigneur de la vie qui sort du tombeau, plus brillant que mille soleils.

Peuples brisés par le mal et meurtris par l’injustice, peuples sans place, peuples martyrs, chassez en cette nuit les chantres du désespoir. L’homme des douleurs n’est plus en prison : il a ouvert une brèche dans la muraille, il se hâte de venir à vous. Que le cri inattendu s’élève dans les ténèbres : il est vivant, il est ressuscité !

Et vous, frères et sœurs, petits et grands…, vous qui êtes dans la misère, vous qui vous sentez indignes de chanter, une flamme nouvelle traverse votre cœur, une fraîcheur nouvelle imprègne votre voix. C’est la Pâque du Seigneur, c’est la fête des vivants » (frère Jean-Yves Quellec, moine de Clerlande, dans son livre de 1998 Dieu face Nord ; ce passage vient d’être repris par le pape François dans son homélie du Samedi Saint).

Photo : trésors d’Éthiopie = un être humain au cœur large et à l’âme pure, avec une bible de 800 ans.

La lune priait…

« Il dort, dit la lune.
Et lentement, elle commença
à égrener un chapelet d’étoiles.
Les étoiles se plaignaient doucement.
La comète qui servait de pendentif
brillait de mille feux.
Et je me demandais
combien de temps encore
durerait cette incantation.
La lune priait !
Les étoiles une à une pâlissaient
et le matin blêmissait mes tempes »
(Robert Desnos, La liberté ou l’amour, 1927).

La valeur du silence et de l’amitié

« J’ai rencontré le vieil homme le soir de la tempête. Il sortait de la bergerie dans son bleu de travail décoloré. Quand il me vit, grelottant de froid et de peur, il m’invita à me réchauffer dans le grand salon du manoir, au cœur du domaine d’Hermeline. À la fois châtelain et jardinier, cet homme gardait un trésor » (Olivier Terlinden, Au-delà du vieux mur ; c’est son premier roman qui sort en avril 2024 : oublié des hommes, le domaine d’Hermeline dort en bordure du village. Dans ce royaume où vit un vieillard solitaire, un enfant apprend à aimer la terre. Il y découvre la valeur du silence et de l’amitié. Esquisse d’un monde effacé qui, peut-être, quelque part, existe encore).

Vibromasseurs ?

Quand un tambour ou un diapason vibre, s’il y a, à ses côtés, sur la même fréquence, un compère / confrère (on est entre pairs), celui-ci se mettra à résonner. Nous faisons de même entre nous et avec le monde à chaque instant ! Osons entre nous jouer notre rôle de vibromasseurs, ma sœur …et mon frère !

« Plus nous sommes en cohérence cardiaque, plus notre champ magnétique est cohérent. Cela a un impact sur l’entourage, cela élève l’énergie des autres » (Rollin McCraty, du HeartMath Institute). Ce chercheur le montre avec, à l’appui, des courbes de synchronisation que des instruments de mesure en laboratoire objectivent : impressionnante visualisation de l’impact de nos fréquences vibratoires. Voir mon post de demain sur les ‘ondes & résonance de Schumann’…

Give thanks for what He has done

« Exaucer la Trinité =
nous ouvrir à ce don
qu’Elle EST en permanence »
(Maurice Zundel, Un autre regard sur l’homme).

Que les cailloux sur le chemin soient reçus comme des cadeaux pour accéder à l’Amour véritable.

Que les obstacles dans les relations soient accueillis comme des opportunités.
C’est dans nos tombeaux que le cadeau de la Résurrection peut être déballé.

Bon accueil de la grâce de Pâques…

Give thanks for what He has done:

Passion

En ce Vendredi Saint :

Quel que soit le souci que ta jeunesse endure,
laisse-la s’élargir, cette sainte blessure,
que les séraphins noirs t’ont faite au fond du cœur.
Rien ne nous rend si grands qu’une grande douleur
mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète,
que ta voix ici-bas doive rester muette.

Les plus désespérés sont les chants les plus beaux
et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots.

Lorsque le pélican, lassé d’un long voyage,
dans les brouillards du soir, retourne à ses roseaux,
ses petits affamés courent sur le rivage,
en le voyant au loin s’abattre sur les eaux.

Déjà, croyant saisir et partager leur proie,
ils courent à leur père avec des cris de joie
en secouant leurs becs sur leurs goitres hideux.
Lui, gagnant à pas lent une roche élevée,
de son aile pendante abritant sa couvée,
pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.

Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte.
En vain, il a des mers fouillé la profondeur. 
L’océan était vide et la plage déserte.
Pour toute nourriture, il apporte son cœur.
Sombre et silencieux, étendu sur la pierre,
partageant à ses fils ses entrailles de père,
dans son amour sublime, il berce sa douleur.
Et, regardant couler sa sanglante mamelle,
sur son festin de mort, il s’affaisse et chancelle,
ivre de volupté, de tendresse et d’horreur.
Mais parfois, au milieu du divin sacrifice,
fatigué de mourir dans un trop long supplice,
il craint que ses enfants ne le laissent vivant.
Alors, il se soulève, ouvre son aile au vent,
et, se frappant le cœur avec un cri sauvage,
il pousse dans la nuit un si funèbre adieu,
que les oiseaux des mers désertent le rivage,
et que le voyageur attardé sur la plage,
sentant passer la mort, se recommande à Dieu.

Poète, c’est ainsi que font les grands poètes.
Ils laissent d’égayer ceux qui vivent un temps.
Mais les festins humains qu’ils servent à leurs fêtes
ressemblent la plupart à ceux des pélicans.
Quand ils parlent ainsi d’espérances trompées,
de tristesse et d’oubli, d’amour et de malheur,
ce n’est pas un concert à dilater le cœur.
Leurs déclamations sont comme des épées :
elles tracent dans l’air un cercle éblouissant.
Mais il y pend toujours quelque goutte de sang.

Alfred de Musset, Le Pélican, dans le recueil La Nuit de Mai, 1835).

Algorithme

Un algorithme est une succession d’instructions qu’on demande à un ordinateur d’enchaîner dans un ordre précis pour résoudre un problème ou pour atteindre un objectif. L’algorithme offre une méthode systématique qui conduit résolument au résultat.

En 2013, la NASA offrit 30.000 dollars (dont 10.000 au gagnant) à ceux qui trouvent un algorithme optimisant la position des panneaux solaires de l’ISS pour obtenir le maximum d’exposition au soleil tout en créant le moins d’ombre possible sur la station.

Un algorithme, c’est comme une recette de cuisine qui systématise la procédure des ingrédients jusqu’au plat recherché, en passant par les séquences dans le bon ordre. L’idéal, c’est le blender dans lequel je mets tous les ingrédients de ma soupe et il fait tout le reste, sans que je ne doive plus m’en soucier. Le but est d’évacuer la pensée de la procédure, afin de la rendre exécutable automatiquement par une machine. 

On n’a pas attendu l’ordinateur pour mécaniser la résolution d’un problème. La méthode facilitant le calcul du PGCD que propose Euclide (c’est l’ἀνθυφαίρεσις / anthyphairesis = la soustraction réciproque) est déjà un algorithme doux ? / une algue aux rythmes d’où ?…