Toi qui pâlis au nom de Vancouver,
tu n’as pourtant fait qu’un banal voyage.
Tu n’as pas vu la Croix du Sud, le vert
des perroquets ni le soleil sauvage.
Tu t’embarquas à bord de maint steamers.
Nul sous-marin ne t’a voulu naufrage.
Sans grand éclat tu servis sous Stürmer,
pour déserter tu fus toujours trop sage.
Mais qu’il suffise à ton retour chagrin
d’avoir été ce soldat pérégrin
sur les trottoirs des villes inconnues,
Et, seul, un soir, dans un bar de Broadway,
d’avoir aimé les grâces Greenaway
d’une Allemande aux mains savamment nues
(Marcel Thiry, Toi qui pâlis au nom de Vancouver, 1924).
Catégorie : Temps
La véritable liberté d’ordre intérieur
« Il est évidemment souhaitable d’être libre de ses mouvements sur le plan physique, mais considérez que cette liberté-là est secondaire. La véritable liberté à laquelle il vaut la peine d’aspirer est d’ordre intérieur. Car à quoi cela vous servira-t-il de pouvoir aller librement où vous voulez, si vous transportez en vous des pensées et des sentiments qui vous empoisonnent, qui vous ligotent et qui finiront un jour par vous clouer au lit ? » (Omraam Mikhaël Aïvanhov).
Levé de bonheur dans la douce heure
« « C’est quoi l’herbe ? », m’a posé la question un enfant, les mains pleines de touffes. Qu’allais-je lui répondre ? Je ne sais pas davantage que lui. Peut-être que c’est le drapeau de mon humeur, tissé d’un tissu vert espoir. Peut-être que c’est le mouchoir de Notre Seigneur, laissé sciemment à terre par lui, cadeau parfumé pour notre mémoire, portant la marque de son propriétaire, dans un coin, bien visible, pour que nous demandions « À qui est-ce ? ».
Ou bien l’herbe, qui sait, est peut-être aussi une enfant, la toute dernière-née de la végétation ? Ou bien, pourquoi pas, une livrée hiéroglyphique, qui veut dire : « je pousse indifféremment partout, zones larges ou étroites, je pousse aussi bien chez les Noirs que chez les Blancs, Kamuck, Tuckahoe, Congressistes, Cuff, tout le monde aura la même chose, tout le monde y a droit sans distinction. »
Et puis je me dis, tout à coup, que c’est peut-être la splendide et folle chevelure des tombes. En moi, un caresseur de vie où qu’elle bouge, où qu’elle vire, avant, arrière, attentif aux coins reculés, secondaires, ne faisant l’impasse sur personne, sur rien, absorbant tout, très au fond de moi, pour mon chant » (Walt Whitman).
Valse des continents : l’Afrique en gestation
Près de Goma, le volcan Nyiragongo vient encore de cracher sa lave liquide. Situez-vous dans quelle valse des continents ses éruptions fréquentes s’inscrivent ? Il se trouve le long de la faille du Grand Rift, s’étirant de l’Érythrée jusqu’au Mozambique, en passant par les grands lacs africains, avec une largeur de 40 à 60 kms. Cette faille tectonique s’écarte au rythme de +/- 1 cm par an, déchirant peu à peu l’Afrique en deux. L’ouverture se fait à partir du nord : la fermeture-éclair d’Afar en Éthiopie s’ouvre au rythme de 2 cms par an. À ce rythme, cette zone d’accrétion fera une largeur de 20 kms dans un million d’années et de 200 kms dans dix millions d’années. Elle sera envahie par l’eau de mer, créant ainsi un sous-continent africain à l’est. La petite bande de terre du triangle d’Afar (à cheval entre l’Éthiopie, Djibouti et l’Érythrée) va se détacher de l’Afrique et s’éloigner avec la plaque arabe. L’Arabie se sépare de l’Afrique déjà depuis 20 millions d’années, à une moyenne de 15 millimètres par an. Au milieu, la Mer rouge s’agrandit. Bientôt (à l’échelle des temps géologiques), elle formera avec le Golfe d’Aden un vaste océan !
L’Arabie remonte aussi vers le nord, en se détachant du Sinaï, à une vitesse supérieure que celle du Grand Rift, ce qui crée la faille gigantesque du Levant. À vrai dire, c’est toute l’Afrique qui remonte vers le nord, au rythme de 2 cms par an. Sa collision avec l’Europe déjà commencée est la plus perceptible à Gibraltar : 600 victimes à Al-Hoceima lors du dernier tremblement de terre, le 24/2/2004. Le détroit de Gibraltar se referme peu à peu et, dans 50 millions d’années, la Méditerranée aura quasi disparue… L’Afrique et l’Europe ne formeront plus qu’un seul continent. Dans cette valse des continents, où en seront les humains alors ?
Voir aussi https://etiennechome.site/la-constitution-geologique-de-leurope/
Chômer le dimanche : origine et sens
Le mot « chômer » provient du latin populaire du XIIIe siècle, repris en Occitan : « caumare », lui-même dérivé du grec ancien « καυμα » (kauma) signifiant « chaleur ». Chômer, c’est se reposer ou laisser reposer une activité pendant la chaleur.
À la Révolution française, mon aïeul, le Marquis de Chaume, a quitté en 1789 son domaine en Île-de-France et refit sa vie à Anvers. Pour ne pas avoir la tête coupée, il a coupé son nom : de Chaume est devenu Chomé ! Il a choisi ce nom qui avait, à son époque, une excellente aura car l’augmentation des temps chômés, c’est-à-dire des temps de repos, représentait un grand progrès pour l’humanité : libération des durs labeurs. La plaie du chômage que nous connaissons aujourd’hui n’est venue qu’après, avec la révolution industrielle, laquelle d’ailleurs a cherché à faire travailler même le sacrosaint jour du dimanche (dies Dominici : le jour du Seigneur).
Fêter le travail le 1er mai par un jour chômé : quelle belle mise à pied pour prendre son pied ! Vivent nos temps chômés qui nous offrent congé
et tiennent chaud met / Étienne Chomé…
Passé, présent et avenir main dans la main
« L’homme ne peut se dire vraiment heureux
que lorsque le passé, le présent
et l’avenir promettant
concourent ensemble à son bonheur »
(Cécile Fée).
« La science de ton passé est ton passeport pour l’avenir »
(Christine de Suède).
« Songe au passé quand tu consultes,
au présent quand tu jouis,
à l’avenir quant tu agis
(Joseph Joubert).
« Il est bon de prévoir et de se souvenir,
un œil dans le passé, et l’autre vers l’avenir »
(Publilius Syrus).
De l’Amour, nous venons. Vers l’Amour, nous tendons
« Ton âme est faite pour aimer avec la pureté et l’ardeur des anges » (Victor Hugo).
« Ma nature est Feu. Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le Feu au monde entier ! » (Sainte Catherine de Sienne, qui en faisait des…).
« Pour moi, la plus belle des choses, c’est de voir quelqu’un aimer quelqu’un » (Σαπφώ / Sapphṓ, poétesse grecque).
Haute voltige
« Haute Voltige : tige qui pousse en Haute-Volta » (Marc Escayrol).
« La mode est cette dictature de l’éphémère qui s’exerce sur les transfuges de l’éternel. Les engouements collectifs se succèdent sans laisser de traces : la feuille morte voltige d’un lieu à l’autre, mais tous les lieux se valent pour elle, car son unique patrie est dans le vent qui l’emporte » (Gustave Thibon, L’équilibre et l’harmonie, 1976).
Miss-ti-gris âgée
« Un mistigri couleur de charbon trottait sur la balustrade, à la recherche d’une bonne fortune dotée de grandes oreilles roses et d’une queue de rat » (Frédéric Lenormand, Le diable s’habille en Voltaire, Éditions Jean-Claude Lattès, 2013).
Une maison sans mistigri, serait-ce comme un moine sans sa bure ou un Basque sans son béret ?
Arriver comme des figues après Pâques
En Flandre, on utilise souvent l’expression ‘vijgen na Pasen’ : « arriver comme des figues après Pâques », c’est arriver trop tard. La figue fraîche est un produit de saison, disponible seulement d’octobre à mars. Et elle avait, de ce fait, le rare privilège de faire partie des aliments sucrés autorisés par l’Église pendant le carême. D’où son succès comme friandise en pleine période de jeûne. D’où la fin de son succès dès le jour de Pâques, à la fin des restrictions !…
Autres expressions avec le même sens :
arriver à la fumée des cierges,
arriver comme le marquis de Couille-Verte
(comme Grouchy à la bataille de Waterloo),
arriver après la bataille,
arriver comme les carabiniers :
« Nous sommes les carabiniers,
la sécurité des foyers.
Mais par un malheureux hasard,
au secours des particuliers,
nous arrivons toujours trop tard »
(carabiniers de l’opéra bouffe ‘Les Brigands’,
musique de Jacques Offenbach, 1869). Et j’ajoute :
Le bruit de nos bottes sur le pavé,
et les voilà déjà détalés !