Chapitre extrait de Chomé Étienne, Violence et Bible, 2015.
Jésus démystifie et démythifie la violence sacrificielle, que Satan fait passer pour fondatrice de l’ordre social. La pensée de René Girard
Les grands prêtres et les Pharisiens tinrent conseil (Jn 11,47). Caïphe, le Grand Prêtre cette année-là (Jn 11,49) prit solennellement la parole : « Il vaut mieux qu’un seul homme meure plutôt que de laisser périr toute la nation » (Jn 11,50). Ils décidèrent alors de mettre à mort Jésus pour que la paix et l’ordre reviennent dans la communauté (Jn 11,52-53). Ces versets ont particulièrement résonné chez René Girard, qui a consacré sa vie à étudier ce qui fait passer un groupe de la crise de tous contre tous à un « tous contre un » : « Ce que les hommes peuvent faire de mieux dans l’ordre de la non-violence, c’est l’unanimité moins un de la victime émissaire[1]. » Pour saisir la spécificité de la mort sacrificielle de Jésus, il convient d’abord d’exposer brièvement la théorie de Girard, qui offre un puissant modèle de compréhension de la violence et du sacré, à partir d’un point de vue anthropologique.
§ 1 : Dans les mythes et les religions, la violence sur le bouc émissaire fonde la paix sociale, les sacrifices célèbrent l’unité retrouvée
Dès le début des années 1960, dans ses premières études comparées en littérature occidentale, Girard avance l’hypothèse que la violence s’origine dans la rivalité mimétique[2] : « le désordre et la violence sont la même chose que la perte des différences[3]». On se dispute un même objet mais, en réalité, on ne désire que ce que l’autre désire. Ce désir mimétique, imitation du désir du rival, est un faussaire déguisé en promesse de bonheur. Girard étudie ensuite les cultures non occidentales et les cultures archaïques ; il y retrouve les mêmes mécanismes de mimétisme, à la base des conflits humains[4]. Il formule sa théorie du bouc émissaire, dans La Violence et le sacré (1972) et dans Des choses cachées depuis la fondation du monde (1978). L’ordre social est fondé sur la différence : chacun, dans la société, tient une place et un rôle. Le désir mimétique crée l’« indifférenciation » des rôles et met le groupe en crise. La violence menace de le détruire, dès lors que le conflit mimétique se transforme en antagonisme généralisé, en « guerre de tous contre tous », pour reprendre le slogan de Hobbes. Or, les sociétés archaïques ont produit, avec une étonnante constance, des récits mythiques de fondation qui s’achèvent par un « lynchage originel ». Plus tard, des tragédies grecques mettent en scène un sacrifice humain. À chaque fois, leur fonction, nous dit Girard, est de canaliser la violence, en focalisant les haines sur la victime. Elle devient le réceptacle de toutes les frustrations puis l’exutoire des démons qui affectent les membres du groupe. C’est parce qu’ils se compromettent ensemble dans la mise à mort d’un tel innocent sans défense que le processus a l’exceptionnelle vertu de mettre fin au cycle infernal des vengeances, refaire l’unité du groupe et rétablir l’ordre social.
Girard s’intéresse particulièrement au mode de désignation du bouc émissaire, qui porte systématiquement une différence. Pour l’essentiel, retenons que plus la victime est désignée de manière divine et aussi plus le groupe la croit coupable, meilleure sera la catharsis, la purgation des passions et aussi plus la faute est renvoyée dans le domaine du sacré. Le soulagement soudain et surprenant que procure le lynchage confirme que la victime désignée était bel et bien coupable, qu’elle avait mérité son exécution ; et, en même temps, ce soulagement invite à l’honorer pour le miracle de la paix retrouvée. On en fait un héros ou un dieu ; elle devient sacrée. Girard y voit la genèse du religieux archaïque : le sacrifice rituel régulier de nouvelles victimes humaines ou animales est l’occasion pour la communauté de rejouer la sortie de crise fondatrice. Les rites religieux sont la répétition de l’événement originaire ainsi que du mythe qui en fait le récit. Le sacré est dépositaire du pouvoir prodigieux de déchaîner la crise comme de ramener la paix. Les interdits religieux ont pour rôle d’empêcher le retour de la crise mimétique. Est interdit par exemple l’accès aux objets à l’origine des conflits qui ont dégénérés en violence. Le titre de son ouvrage de 1972 La Violence et le sacré souligne le lien structural que le sacré entretient avec la violence : « le jeu du sacré et celui de la violence ne font qu’un ». Le mot « sacrifice » (sacri-facere : faire sacré) dit bien son rôle : sacraliser le mécanisme du bouc émissaire. Le sacrifice religieux transfigure la violence indifférenciatrice en sacré, c’est-à-dire en violence différenciatrice, laquelle alors instaure un nouvel ordre culturel. La violence joue ainsi, d’après Girard, un rôle déterminant aux origines de la culture. La violence peut détruire le groupe mais elle peut aussi le sauver, une fois qu’au paroxysme de la crise intervient le processus sacrificiel salvateur. Une fois ritualisé, celui-ci offre l’expulsion en toute innocence de la violence par la violence, au moyen d’institutions religieuses qui l’encadrent solidement. Girard pense que la violence victimaire était pour les sociétés archaïques une étape nécessaire dans l’apprentissage de la vie en société, avant l’apparition d’un appareil judiciaire dépersonnalisé et dépolarisant. La religion, en tant qu’art de célébrer l’unité du groupe, est l’invention d’un mode de gestion des conflits, d’un mécanisme de régulation et de limitation de la violence. Elle est un puissant outil de cohésion sociale, le sacrifice religieux étant la solution la moins violente de sortie de crise. « Si la pensée religieuse primitive se trompe quand elle divinise la violence, elle ne se trompe pas quand elle refuse d’attribuer au vouloir des hommes le principe de l’unité sociale […]. Le religieux, même le plus grossier, détient une vérité qui échappe à tous les courants de la pensée non religieuse[5]. »
§ 2 : La Passion de l’Innocent met à nu l’œuvre de Satan.
Sa Résurrection nous sauve de son emprise et du cycle infernal des violences
La clé de lecture fondamentale de Girard semble s’appliquer à merveille au tragique destin de Jésus : la victime-dieu a été lynchée par la foule et ce sacrifice originel engendre un nouvel ordre culturel et religieux : le christianisme. L’événement est remémoré dans le rite de l’Eucharistie qui actualise l’unique sacrifice du Christ. Mais, à y regarder de plus près, Jésus n’est pas une victime comme les autres. Il s’est avancé de plein gré, marchant résolument jusqu’à Jérusalem, sans fuir cette épreuve. Il est libre et exprime une conscience aigüe des enjeux et de la portée de son geste : « Ma vie, nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne » (Jn 10,18), par amour, dans une rupture radicale avec toute violence et toute haine. Or, dans le mécanisme traditionnel que Girard pense déceler partout, personne n’est conscient ni responsable, pas même le bouc émissaire. Il y a « mécanisme » précisément parce que le processus ne dépend de personne et qu’il découle de la fascination mimétique elle-même.
Autre différence : Tous sont d’habitude unanimes sur la culpabilité de la victime, tandis que, dans l’affaire « Jésus », personne n’est dupe : l’accusé est d’une exceptionnelle innocence[6]. Et c’est ainsi que la crucifixion de l’Innocent avec un grand I enraie le mécanisme : la violence sacrificielle y apparaît dans toute son horreur, sa légitimation en sort radicalement ébranlée. « Représenter la violence collective de façon exacte, comme le font les Évangiles, c’est lui refuser la valeur religieuse positive que lui accordent les mythes, c’est la contempler dans son horreur purement humaine, moralement coupable[7]. » « Entre le sacrifice du Christ et le sacrifice archaïque, la distance est si grande qu’on ne peut pas en imaginer de plus grande […]. Ce n’est pas pour jouer le jeu sacrificiel que le Christ se voue au sacrifice, c’est pour y mettre fin à la façon dont la théorie mimétique permet de l’appréhender[8]. »
Pour Girard, « Satan ne fait qu’un avec les mécanismes circulaires de la violence, avec l’emprisonnement des hommes dans les systèmes culturels ou philosophiques qui assurent leurs modus vivendi avec la violence[9] ». De même que le serpent était derrière Ève dans l’Eden, de même le père du mensonge se cache derrière la violence fondatrice de la paix mondaine. Il est l’auteur premier de l’ordre sacrificiel sur lequel repose l’équilibre des sociétés. C’est sur l’autel de la violence sacrificielle qu’il obtient des êtres humains la plus sacrée des allégeances et qu’il inféode leurs cultures jusque dans leurs fondements : l’idéologie de la violence légitime et nécessaire les tient captifs et aveugles depuis la fondation du monde. Or, « c’est pour détruire les œuvres du diable que s’est manifesté le Fils de Dieu » (1Jn 3,8). Sur la croix, est mis à nu son mensonge fondamental : sortir de la violence par la violence n’est pas rédempteur. Par sa non-violence active jusque dans sa Passion, le Christ démasque au grand jour l’entourloupe diabolique : en vérité, rédemption et violence sont des antipodes[10].
« On lit dans l’Écriture : « Voici que je pose en Sion une pierre angulaire, une pierre choisie et de grande valeur. […] La pierre éliminée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle »,
une pierre sur laquelle on bute, un rocher qui fait tomber » (1Pierre 2, 6-7). À ses disciples, Jésus avait enseigné « le savoir de la violence et de ses œuvres[11] », afin qu’ils sortent de son emprise. L’évangéliste Matthieu précise que « Jésus ne disait rien aux foules sans paraboles, afin que s’accomplisse ce qui avait été dit par le prophète : J’ouvrirai la bouche pour dire des paraboles, je proclamerai des choses cachées depuis la fondation du monde » (Mt 13,34-35). La plus importante des choses cachées que Jésus dévoile concerne la fondation de l’ordre du monde sur le meurtre et il fournit l’antidote par une radicale non-violence : lui qui est vrai Homme et vrai Dieu, il offre sa vie par amour pour tous, dans une parfaite obéissance à son Père, dans une totale confiance filiale. Les évangiles synoptiques répètent les annonces qu’il allait souffrir et mourir. En voici la première chez Marc : « Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit mis à mort et que, trois jours après, il ressuscite. Il tenait ouvertement ce langage. Pierre, le tirant à part, se mit à le réprimander. Mais lui, se retournant et voyant ses disciples, réprimanda Pierre ; il lui dit : « Retire-toi ! Derrière moi, Satan, car tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ». Puis il fit venir la foule avec ses disciples et il leur dit : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive ». En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile, la sauvera. Et quel avantage l’homme a-t-il à gagner le monde entier, s’il le paie de sa vie ? Que pourrait donner l’homme qui ait la valeur de sa vie ? » (Mc 8,31-37). Dans le régime traditionnel, sous la coupe de Satan, le groupe sacrifie l’innocent. Dans le salut apporté par Jésus, le sacrifice devient don de sa propre vie par amour des autres du groupe. Le premier nous amène à prendre la vie, le deuxième à donner la vie. Jésus avait longuement préparé ses disciples à cette révolution. Il avait pris du temps pour qu’ils comprennent que sa Passion, échec apparent, fait échouer en réalité l’emprise de Satan sur chaque vie humaine[12]. « Tout est accompli » (Jean 19,30) dans le mystère pascal, sur le mont Golgotha. Le vaccin contre la violence est fabriqué et inoculé dans l’humanité pendant ce passage de la vie à la mort et de la mort à la Vie. Les œuvres de Satan y perdent leur pouvoir mortel (1Jn 3,8). Le dard de la mort est enlevé. Voilà pourquoi l’Histoire bascule à partir de là. Le jeu diabolique au cœur du sacré est désormais connu et peut être déjoué, sa mascarade entretenue par les mythologies magico-religieuses est éventée.
Le soir de son arrestation, au mont des Oliviers, Jésus dit aux « grands prêtres, chefs des gardes du temple et anciens » : « Quand j’étais avec vous chaque jour dans le temple, vous n’avez pas mis la main sur moi ; mais c’est maintenant votre heure, c’est le pouvoir des ténèbres » (Lc 22,53) [13]. Et à Golgotha, ce fut « l’heure des ténèbres » (Mt 27,45 ; Mc 15,33 ; Lc 23,44). Jean le dit ainsi : « C’est maintenant le jugement de ce monde, maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors » (Jn 12,31). « Jésus leur répondit : « La lumière est encore parmi vous pour un peu de temps. Marchez pendant que vous avez la lumière, pour que les ténèbres ne s’emparent pas de vous : car celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va » (Jn 12,35). « Moi, la lumière, je suis venu dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres » (Jn 12,46). « Le Paraclet, par sa venue, confondra le monde en matière de péché, de justice et de jugement (Jn 16,8). « En matière de jugement : le prince de ce monde a été jugé » (Jn 16,11). « Lorsque viendra l’Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité tout entière » (Jn 16,13). La lumière du Messie crucifié et ressuscité révèle par contraste toutes les sombres violences qui maculent la fenêtre du monde. Dans le regard johannique, à la fin des temps, plutôt qu’un « Grand Soir », son jugement sera un grand matin, la levée du jour qui efface la nuit. Sa lumière fera voir la consistance des œuvres bonnes et éblouira ceux qui resteront accrochés aux zones de ténèbres. En attendant la Parousie, voilà deux mille ans que le germe de la destruction du système sacrificiel devient progressivement un arbre…
« En Jésus Christ, vous qui jadis étiez loin, vous avez été rendus proches par le sang du Christ. C’est lui, en effet, qui est notre paix : de ce qui était divisé, il a fait une unité. Dans sa chair, il a détruit le mur de séparation : la haine » (Eph 2,13-14). « Le Christ, nous dit Edouard Herr, en paraphrasant Saint Paul, libère ainsi l’humanité de la haine et de ses divisions et permet de réconcilier l’humanité en lui. […] Non seulement il y a dévoilement, mais il y a salut, libération et réconciliation qui éclatent dans la résurrection. L’homme est destiné à la filiation divine. Or la violence consiste à refuser ce statut de « créature-filiation » et à vivre, soit comme esclave, impuissant, soit comme maître, tout-puissant. La libération se trouve dans la conversion à la condition de fils et de filles, cette conversion rend la violence impossible. Ou, si l’on traduit en termes philosophiques : il y a dépassement de la dialectique maître-esclave, et de la polarité violente entre toute-puissance et impuissance[14]. »
§ 3 : Le Dieu de Jésus-Christ est du côté de la victime
et le christianisme est la religion de la sortie de la religion
Girard tient l’inversion du rapport d’innocence et de culpabilité entre victimes et bourreaux comme la pierre d’angle de l’inspiration biblique[15]. Cette attitude nouvelle atteint son sommet dans les textes chrétiens qui donnent le point de vue de la victime et non plus celui des persécuteurs. « Le rapport entre Dieu et l’homme, écrit André Dumas, est un rapport conflictuel, non pas d’entente préalable, mais de mise à mort préliminaire. […] Il s’agit d’une violence que Dieu se laisse infliger au lieu de l’infliger à l’homme. […] Il y a renversement, retournement de la violence coupable à la violence infligée à l’innocent. Elle est une violence non pas commise mais soumise. Si le juge devient la victime, le procès de la violence répercute sur celui qui détient l’autorité. Mais ce retournement fondamental ne supprime pas la réalité de la violence qui, dans l’inversion de ses effets, conserve l’évidence de sa réalité. Ainsi la christologie ne nie pas la violence, mais elle la rend terriblement manifeste[16]. »
Devant ce Dieu de Jésus-Christ qui se place du côté de la victime, meurent sur la croix le dieu violent que servent les sacrifices humains et le modèle du Dieu-César tout-puissant. Girard l’exprime en refrain dans Les choses cachées depuis la création du monde : « ce Dieu étranger à toute vengeance est désireux de voir les hommes renoncer à la vengeance » (p. 206), « l’idée d’une violence divine n’a aucune place dans l’inspiration évangélique » (p. 213), « les dieux de la violence sont démonétisés » (p. 218) ; « c’est l’élimination complète pour la première fois du sacrificiel, c’est la fin de la violence divine » (p. 223-224). Jésus ne fuit pas la mort mais il « n’obéit pas à une exigence incompréhensible de sacrifice, il s’agit de mourir parce que continuer à vivre signifierait la soumission à la violence » (p. 237).
Voilà pourquoi Girard considère les Évangiles comme les textes les plus subversifs de l’Histoire. « Le dernier souffle du mourant devient le souffle animateur de la nouvelle création[17]. » En Jésus-Christ, se produit une rupture fondamentale avec les religions que les humains ont produites en tous temps et en tous lieux. Le christianisme est la religion de la sortie de la religion, comme dit Marcel Gauchet[18]. Il a été le moteur historique de la sécularisation du monde, en particulier de la sécularisation de la violence et aussi de l’émergence d’une gestion des conflits qui soit non-violente et profane. Cette laïcité s’enracine dans cette révolution en Jésus-Christ, vrai Homme et vrai Dieu, comme le formule bien Edouard Herr : « L’Incarnation du Verbe (vrai Dieu) suscite, au lieu d’abolir, l’autonomie de l’homme (l’homme véritable) et ouvre à l’humanité tous ses domaines d’action, notamment le politique. Être chrétien ne supprime pas l’appartenance politique, mais au contraire en provoque la nécessité. La violence est atteinte à l’homme comme liberté incarnée, et donc la christologie qui révèle que Dieu s’unit à l’humanité pour amener celle-ci à sa pleine liberté, est radicalement opposée à la violence. Dieu veut l’homme debout, l’homme libre et responsable dans l’ensemble de ses champs d’action. » Les travaux de Jean Rigal approfondissent ce sillon : Jésus de Nazareth a accompli une véritable révolution religieuse, en ouvrant aux hommes une autre voie d’accès à Dieu que celle du sacré religieux, à savoir la voie « profane » de la relation au prochain[19]. Cette révolution a d’extraordinaires conséquences en ecclésiologie, dans notre manière de vivre en Église.
[1] Girard René, La Violence et le sacré, Paris, Grasset, 1972, p. 356-357.
[2] Cf. Valadier Paul, Bouc émissaire et Révélation chrétienne selon René Girard, dans Etudes, août-septembre 1982, p. 251-260.
[3] Girard René, Mensonge romantique et vérité romanesque, 1961, p. 160.
[4] « Une rivalité n’est pas le fruit d’une convergence accidentelle des deux désirs sur le même objet. Le sujet désire l’objet parce que le rival lui-même le désire » (Girard René, Des choses cachées depuis la fondation du monde, Grasset, 1983, p. 15 et p. 16).
[5] Girard René, La Violence et le sacré, op. cit., p. 356-357.
[6] « J’ai péché en livrant un sang innocent », dit Judas en Mt 27,4. Pilate n’est pas dupe non plus, nous dit Lc 23,14. Cf. aussi 1 P 2,19-23 et He 7, 26.
[7] Girard René, Je vois Satan tomber comme l’éclair, Grasset, 1999, p. 17-18.
[8] Girard René, Celui par qui le scandale arrive, p.76.
[9] Girard René, Des choses…, op. cit., p. 165. Ce thème est repris et développé dans Je vois Satan…, op. cit..
[10] De très nombreuses publications commentent et prolongent la lecture girardienne. Outre-Atlantique, cf. Bailie Gil, Violence Unveiled. Humanity at the Crossroads, 1997 ; Wallace Mark I. & Smith Theophus H., Curing Violence. Essays on Rene Girard, 1994 ; Swartley Willard M., Rene Girard, Violence Renounced, dans Biblical Studies and Peacemaking, 2000.
[11] Girard René, Des choses…, op. cit., p. 232.
[12] « La mort de Jésus sur la croix, et le fait qu’il ait subi cette mort volontairement, est ce qu’il y a de plus choquant dans la religion chrétienne : « scandale pour les Juifs, et folie pour les païens », elle l’est aussi pour les musulmans, et on sait que les premiers chrétiens en avaient souvent honte, parce que le supplice de la croix était le plus infâmant chez les Romains » (Schwager Raymund (1935-2004), Brauchen wir ein Sündenbock ? Gewalt und Erlösung in den biblischen Schriften, traduit de l’allemand par Éric Haeussler et Jean-Louis Schlegel : Avons-nous besoin d’un bouc émissaire ? Violence et rédemption dans la Bible (postface de René Girard), Paris, Flammarion, 1994.
[13] En 1992, Christian Renoux écrivait lucidement : « « C’est maintenant votre heure, c’est le pouvoir des ténèbres », conclut Jésus avant que les gardes le saisissent (Lc 22,53). Les intentions sataniques de ses adversaires sont désormais trop évidentes et la violence va devoir aller jusqu’au bout : la mise à mort de Jésus crucifié entre deux malfaiteurs […]. La volonté de Jésus d’être compté parmi les criminels est donc parachevée sur la croix, lieu de victoire apparente de la violence qui devient par la résurrection le lieu de la révélation de la nature satanique et de la défaite de cette violence » (Jésus, les glaives et le Royaume, dans Cahiers de la Réconciliation, n° 2, 1992, p. 29-30).
[14] Herr Edouard, Identités, religions et politique, dans Revue Projet, n° 281, juillet 2004, p. 26.
[15] Thème repris et déployé dans Le sacrifice, 2003.
[16] Dumas André, Bible et violence, p. 13. « Dans cette perspective, il s’agit essentiellement de la transformation de la violence des hommes en violence subie ; par sa Passion, le Christ prend sur lui un ensemble de violences auquel il est livré comme victime – violence des autorités juives [ou] de la puissance d’occupation, violence gratuite des bourreaux – et, par sa résurrection, remporte la victoire définitive sur la mort, cette violence suprême faite à l’être humain. » (Gibert Pierre, L’espérance de Caïn : la violence dans la Bible, Paris, 2002, p. 223.
[17] Jaubert Annie, Lecture de l’Évangile selon saint Jean, dans Cahiers Évangile, n° 17, 1976, p. 70.
[18] Gauchet Marcel, Le désenchantement du monde, Paris, Gallimard, p. 133.
[19] Cf. Rigal Jean, Je crois autrement, Éditions Karthala, 2014.