« La vérité était un miroir entre les mains de Dieu.
Il tomba et se cassa en mille morceaux,
Chacun en prend un fragment et le regarde,
en pensant avoir trouvé la vérité » (Rûmî).
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La bibliothèque d'Étienne Chomé
Jeux du "je" jusqu'au coeur du coeur
« La vérité était un miroir entre les mains de Dieu.
Il tomba et se cassa en mille morceaux,
Chacun en prend un fragment et le regarde,
en pensant avoir trouvé la vérité » (Rûmî).
Je rends hommage ici à Bruno Latour qui est décédé ce dimanche 9/10, Il a dit : « Agir signifie faire venir son existence du futur vers le présent » (Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique). Et j’ajoute :
À chaque tournant de l’évolution, le vivant semble s’adapter non pas tant à partir de conditionnements passés qu’à partir d’une intelligence du futur. C’est parce qu’il représente un atout dans le futur qu’est retenu un comportement qui a réussi dans le passé. Ainsi, la logique de l’Évolution semble être de préparer l’avenir sur base des leçons du passé ; un changement advient parce qu’il est utile à préparer l’avenir.
Ces deux derniers siècles, les scientifiques avaient recherché la cause des adaptations successives des espèces dans l’origine, dans le passé. De nos jours, on la cherche aussi dans cette sorte de logique téléologique du vivant. L’exemple le plus frappant d’une telle vision m’a été donné par le Dr Jean Lerminiaux, à qui j’exprime ma profonde gratitude : un poisson échoué sur la berge développe un cancer des reins en vue de sa survie. Le cancer des reins augmente ses chances de survie, en lui donnant plus de temps pour attendre la vague salvatrice qui le ramènera dans l’eau.
Le nouveau paradigme, dont Teilhard de Chardin n’est pas loin, est apparu dans le champ des idées en même temps que la préoccupation nouvelle qu’a entraîné le pouvoir d’annihiler l’humanité et la planète. Ce pouvoir conduit à la lourde responsabilité d’organiser un futur viable à notre descendance, selon le slogan en vogue : « nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants ». Les choses ne sont plus seulement pensées en tant que résultats du passé mais bien en tant que « réalisées en vue de quelque chose », en fonction d’un futur.
Le défi contemporain est nouveau quant aux périls nucléaire et écologique mais, en fait, il n’a rien de nouveau dans le principe : survivre a été, est et sera le moteur de l’Évolution. Le vivant développe depuis toujours une série de processus lui permettant de survivre, en surmontant les difficultés rencontrées à chaque étape. Le vivant s’adapte perpétuellement aux situations nouvelles en instaurant des mécanismes d’autocorrection.
La préoccupation de l’avenir peut être vue à la base même de l’Évolution. La recherche scientifique ne consiste plus seulement à expliquer le présent à partir du passé, elle est de mettre en lumière « en vue de », « pour quoi » les évolutions se font. Ce nouveau paradigme qui considère le futur des choses et donne de l’importance au temps à venir peut profondément modifier divers champs, dont notre façon de concevoir la persistance et le changement à travers le temps, le fonctionnement biologique, la neurologie, l’épigénétique, la pathologie (la maladie vue comme un moindre mal, cadeau de l’Évolution), le rôle de l’émotion (qui permet une économie de temps en préparant au futur possible), les sciences de l’éducation…
« Il veut des sons et des couleurs.
Il a des cris, il a des pleurs
et des colères.
Mais ses fureurs d’enfant gâté,
comme les orages d’été,
sont passagères »
(Eugène Manuel, La chose ailée, 1907, p. 15).
« Les filles étaient précoces, aux fosses. Il se rappelait les ouvrières de Lille gâtées dès quatorze ans, dans les abandons de la misère » (Zola, Germinal,1885, p. 136).
« Les plus cruels critiques des poètes sont encore les imitateurs : ils se mettent, comme les mouches, sur l’endroit gâté et le dessinent » (Sainte-Beuve, Tableau historique et critique de la poésie française,1828, p. 101).
« Un homme âgé n’est qu’une chose misérable, à moins que son âme chante » (Frère Luc, moine trappiste de Tibhirine, chanté par Michael Lonsdale).
Il est des rencontres délicieusement bénies
car lumineuses de fluidité et de simplicité,
où l’ici et maintenant d’une tasse de thé
partagée, entièrement suffit !
Merci, l’Esprit ;
tu ne manques pas d’esprit !
Ci-dessous, je commente (à ma manière holorimique) la sculpture de Johann August Nahl sur Marie-Madeleine et Jésus au tombeau.
Tu penses que j’attends de mourir…
Mais j’attends d’être trouvée.
Je suis un trésor
Je suis une carte
Et ces rides sont
Les empreintes
de mon voyage…
Samantha Reynolds
« On résiste à l’invasion des armées.
On ne résiste pas à l’invasion des idées »
(Victor Hugo, L’Histoire d’un Crime).
« À mesure que nous avançons dans l’avenir, le paradoxe deviendra plus clair, clair et obscur, obscurément clair. Plus nous savons, moins nous savons » (William Boyd, L’Attente de l’aube).
N’aie pas peur du doute.
Ne le vois pas comme un signe de faiblesse,
ou d’échec spirituel.
Il faut un grand courage pour douter;
pour continuer à regarder
quand tout autour de toi
hurle ses certitudes;
pour rester curieux, fasciné,
quand tout le monde autour de toi
semble si sûr de soi.
Reste proche de ton doute.
C’est une porte vers le mystère
et la plus profonde sorte d’humilité.
Ton doute te maintient ouvert et jeune d’esprit,
et finalement te sauve
de la douleur d’avoir raison,
de la honte d’avoir tort,
et de l’arrogance des conclusions prématurées.
Au-delà des limites de l’esprit,
au-delà des frontières du vrai et du faux,
il y a ceci, le cœur indubitable.
Jeff Foster
« La conscience est comme le soleil. Quand elle brille sur les choses, elles sont transformées » (Thich Nath Hanh).
« Or la loi de l’âme est radicale : si je ne suis pas proche de moi, je ne le serai de personne et personne ne pourra, impunément m’approcher ! Car l ‘autre reçoit, aussitôt, et même si je crois l’aimer, le reflet radioactif de ma haine de moi – même. L’amour de soi, qui est le fondement de l’amour est une expérience bouleversante, ontologique et mystique. Il ne s’agit pas de l’amour porté à cette personnalité que j’ai réussi à construire. C’est une grande sympathie que j’éprouve pour elle, tout au plus. Non l’amour s’ancre ailleurs. Il s’ancre, d’abord dans la stupéfaction d’être vivant et étrangement dans l’expérience du corps.
Je vous invite à l’instant à frôler cette qualité. Laissez-vous saisir de la stupeur d’être dans un corps, d’être un corps.
Accordez-vous, un instant, de peser de tout votre poids, sans la moindre esquive, de sentir la densité de la matière qui vous constitue, sa concentration, sa secrète dilatation après chaque inspire. À peine j’entre, entière, dans cette sensation qu’une incroyable qualité de présence m’envahit. Surtout ne me croyez pas. Continuez, seulement, de laisser respirer ce qui respire, de sentir le poids de votre corps, Jusqu’à ce que vous ayez rejoint ce qui vous habite.
Il n’y a que le saisissement qui livre passage à l’essentiel. (…) Cette puissance, infiniment supérieure à l’homme et qui, mystère vertigineux, n’est agissante sur terre qu’à travers l’homme qui l’accueille ou le corps qui l’incarne, cette puissance ou mieux cette présence ineffable et fragile, c’est l’amour qui nous fonde » (Christiane Singer, N’oublie pas les chevaux écumants du passé).
‘M’as-tu-vu’ = personne prétentieuse, ostentatoire, qui a une haute opinion de soi, qui aime le montrer et se montrer ; vient de l’expression utilisée par les acteurs : « m’as-tu vu hier soir dans tel rôle ? ».
« Que renaisse le temps des morts bouffis d’orgueil,
l’époque des m’as-tu-vu-dans-mon-joli-cercueil ! »
(Georges Brassens, Les Funérailles d’antan, 1960).
« Sa force vitale est impressionnante mais c’est vraiment un m’as-tu-vu. C’est en montant sur le plus grand cheval qu’il a décroché le pompon » (Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy est un « m’as-tu-vu » », dans Libération, 28 janvier 2009).