Hommage à ma différence

« Aujourd’hui, je veux rendre hommage à ma différence. Précisément à cette partie de moi si loin des autres.

À cet ennui qui vient quand tout le monde applaudit. À ce sentiment de ne pas être à ma place. À mes cellules rebelles et révolutionnaires, vraies.

Être différent est un signe d’authenticité. C’est ainsi qu’on découvre artistes, poètes, pèlerins de l’âme : par leurs diversités dont ils ne peuvent se passer. C’est le rythme de leur cœur. Un rythme souvent incompréhensible à l’entour.

Ce battement les conduit à des actions étranges, des pensées variantes, des vies mouvementées mais harmoniques, selon leurs propres lois intérieures…

Quant à moi, les masses m’effraient, m’immobilisent, m’assoupissent. Je préfère les bizarres, les fous, les sauvages de l’esprit. Ceux qui parviennent à s’écouter malgré tout le bruit du monde. Vivent ceux qui ne se laissent pas distraire, ceux qui continuent à marcher sur le chemin de leur âme, malgré les blessures, les chaînes qui retiennent, les voix qui envoûtent. Les victorieux sont ceux qui n’éteignent pas leur voix intérieure » (Elena Bernabè).

‘Oom’ en Afrique du Sud est un mot employé pour saluer un homme âgé, avec respect et affection.

‘Difé’ = du feu, dans plusieurs créoles des îles. 

L’économie au service du bien commun

« L’économie n’est ni au service de la propriété privée et des intérêts individuels, ni au service de ceux qui voudraient utiliser l’État pour imposer leurs valeurs ou faire prévaloir leurs intérêts. Elle récuse le tout-marché comme le tout-État. L’économie est au service du bien commun, elle a pour objet de rendre le monde meilleur. À cette fin, elle a pour tâche d’identifier les institutions et les politiques qui promouvront l’intérêt général. Dans sa recherche du bien-être pour la communauté, elle englobe les dimensions individuelle et collective du sujet. Elle analyse les situations où l’intérêt individuel est compatible avec cette quête de bien-être collectif et celles où au contraire il constitue une entrave » (Jean Tirole, Économie du bien commun, 2016).

Je souhaite à chacun.e de nous du discernement dans cette tâche d’identifier et de contribuer aux institutions et aux politiques, autour de nous, qui rendent davantage l’économie au service du bien commun. Bon choix de vote présidentiel aux Français !

Travailleurs obéissants de la consommation ludique

« Il est important d’observer autour de nous à quel point notre société mobilise toutes les ressources de l’intellect pour persuader l’homme de masse, le « travailleur de la consommation », comme dit Günter Anders, de la valeur suprême des objets de la frivolité. C’est un travail de sape constant que de miner l’essentiel avec du superficiel.

Il engage tout d’abord de la part du sujet un type de perception hypnotique, qui substitue le réflexe à la réflexion. Il suppose le sabotage de tout ce qui comporterait ne serait-ce que l’ébauche d’une prise de conscience, l’évitement constant du sérieux par la dérision, le détournement systématique de la critique à des fins qui ramène encore et encore vers le profit. L’art de laisser croire à chacun qu’il dispose de son libre arbitre, tout en l’empêchant systématiquement de l’exercer » (Serge Carfantan).

Peut être une image de texte

Pour aller plus loin, je vous invite à lire sa réflexion sur
http://www.philosophie-spiritualite.com/cours/exist5.htm
qui déconstruit les discours de conditionnement aptes à
produire un consommateur obéissant et une ambiance
légère de convivialité ludique de consommation.

Le vent d’orage lointain

Qu’est-ce qui relie
‘onde gravitationnelle’ 
                 et
‘le vent d’orage lointain’
?
Si tu n’as pas trouvé, la réponse se trouve en bas de ce texte.

« Au lieu que je me réapproprie mon passé, c’était lui
qui s’emparait de mon présent, et alors même que je croyais échapper au
champ magnétique du temps, je fonçais telle une fusée dans son noyau secret » (Philip Roth, Pastorale américaine). 

Partout où on va, on emporte un peu de son paysage intérieur d’origine.
On ne peut pas totalement s’échapper de soi, dixit Nicolas Mathieu,
qui termine   ainsi son roman Leurs enfants après eux :

« Anthony préférait ne pas voir ça. Il enfourcha la Suzuki et regagna très vite la Départementale. Dans ses mains, il retrouva la trépidation panique du moteur, ce sentiment d’explosion imminente, le bruit infernal, le délicieux parfum des gaz d’échappement. Et une certaine qualité de lumière, onctueuse, quand juillet à Heillange retombait dans un soupir et qu’à la tombée du jour, le ciel prenait un aspect ouaté et rose. Ces mêmes impressions de soirs d’été, l’ombre des bois, le vent sur son visage l’exacte odeur de l’air, le grain de la route familier comme la peau d’une fille. Cette empreinte que la vallée avait laissée dans sa chair. L’effroyable douceur d’appartenir. »

Ce qui les relie ? Ce sont des anagrammes !
Merci, mon cher homonyme, Étienne Klein.

La cinquantaine

La cinquantaine ?

Période de vie descendante : on sent qu’on vieillit, on prend soin de ses vieux parents (ascendants qui descendent aussi) et les deuils se multiplient, des proches nous quittant les uns après les autres, avec un rythme d’enterrements croissant. 

ET en même temps période de vie ascendante : on prend soin de ses enfants qui deviennent des adultes (descendants qui montent en force) et qui virent leur cuti, on cherche comment se faire pardonner pour leurs blessures d’enfance, on fait le deuil des modes de fonctionnement parent-enfant surannés pour créer une relation nouvelle d’adulte à adulte, avant de devenir grands-parents ! 

Merci, cher Desmond Tutu, pour cette clé essentielle :
« Nous sommes capables d’aimer autrui – avec ses faiblesses –
lorsque nous cessons de nous détester – pour nos faiblesses ».

La tradition des crêpes à la Chandeleur

Bon-jour / bour-jon / bourgeons !
C’est encore l’hiver, certes,
mais si l’on pénètre à l’intérieur,
sous l’écorce, là où la sève s’active,
elle est déjà là, la vie qui va gicler
et, dans moins de deux mois,
nous éclater en pleine face…

La Chandeleur
chante l’heure
des bourgeons
en gestation,
sortant très bientôt
de l’incognito,
émergeant du chaos,
célébrant l’inchoatif
du vivant hâtif,
à poils ou à tifs…

Chaleureuse fête de la Chandeleur
aux gens de l’hémisphère nord !
Et bonne traversée des Mauriciens et Réunionnais
des pluies et des vents du cyclone Batsirai, en pleine été…
Je vous rejoins dans 12 jours !
Signé : É tienne Chauds-mets

C’est dans ma relation avec l’autre que j’existe

Dans la littérature romanesque, René Girard est frappé d’un point
commun : le héros est manipulé par le désir de l’autre, il est accroché par un désir qu’il a attrapé chez l’autre. Ce désir imité, il va l’appeler désir mimétique. « Le désir, c’est ce qui arrive à nos besoins quand ils sont imités. Donc, l’homme est un être qui a des désirs mais qui n’a pas de désir en propre comme il a des besoins. Il a des désirs parce qu’il vit en société. La relation à l’autre précède le ‘moi’. Ce n’est pas vous qui avez une relation avec quelqu’un d’autre, c’est dans la relation à l’autre que vous vous construisez vous-même » (Christine Orsini, dans le documentaire d’Yves Bernanos : René Girard. La vérité mimétique).

Pour le philosophe Charles Pépin, résolument sartrien sur ce point, le moi ne préexiste pas. C’est par nos contacts avec l’extérieur que nous existons à l’intérieur. Le moi en tant que noyau d’être ne lui parle pas, l’âme vue comme identité fixe et immuable ne veut rien dire, c’est une illusion selon lui.

Dans mes propres expériences, l’Autre, avec un grand A, me préexiste et est le lieu-Source de mon être. Il est bien là, au cœur de mon cœur, avant toute relation extérieure, avant toute démarche ex et ad / de et vers. C’est dans ma relation avec cet Autre que j’existe d’abord à l’intérieur. Et finalement, la magie de mon être advient jour après jour, dans cette étonnante alliance très inégale entre Lui et moi, au point que « Dieu réside en moi en tant que moi » (conclusion du film Mange, prie, aime, présentant la longue quête de l’héroïne, jouée par Julia Roberts).

Jeux / je, à suivre dans mes posts de demain après-demain (à demain, à deux mains puis à quatre mains…).

‘je’ & ‘tu’ s’engendrent mutuellement

« « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Deutéronome 6,6). Dans ce « comme toi-même », nous sommes à la recherche d’un droit à l’amour de nous-même ; c’est la première pulsion éthique. Je peux me percevoir moi-même comme une histoire de vie qui a de la valeur, qui mérite d’exister…

Le souci d’autrui, deuxième composante de l’exigence morale, est un point sans doute plus évident. Mais je ne peux vraiment le formuler que si j’ai droit au premier. Parce que, respecter autrui –  « traiter autrui comme une fin en soi, disait Kant, et non pas seulement comme un moyen » – c’est vouloir que ta liberté ait autant de place sous le soleil que la mienne. Je pense que toi aussi, comme moi, tu agis, tu penses, tu es capable d’initiative, de donner des raisons pour tes actes, de faire des projets à longue distance, de composer le récit de ta propre vie.

Par conséquent, le ‘je’ et le ‘tu’ s’engendrent mutuellement. Je ne pourrais pas tenir autrui pour une personne si je ne l’avais fait d’abord pour moi-même. L’estime de soi et le respect de l’autre se produisent réciproquement, et c’est là le premier socle de l’éthique » (Paul Ricoeur, L’éthique, la morale et la règle, dans Autres Temps, 1989, p. 54).

Honore ton père et ta mère

« Souvenez-vous que sans vos parents vous ne seriez point né, et faites tout pour eux comme ils l’ont fait pour vous. Un père et une mère sont nos premiers partenaires dans la vie, ils sont les mortels à qui nous devons le plus » (Benjamin Delessert, Le guide du bonheur, 1839).

« La dépendance est dans l’ordre de la nature. L’humain vient au monde faible et nu ; à sa naissance, c’est un pauvre petit enfant qui a besoin de tout. Si on l’abandonnait à lui-même, il mourrait infailliblement. Mais il ne meurt pas, il a une mère qui le nourrit de son lait après l’avoir nourri de son sang, un père qui travaille pour subvenir aux dépenses qu’il nécessite. À l’aide de ce double appui, l’enfant se développe, grandit, devient fort. Le voilà donc redevable envers son père et sa mère du bienfait de la vie. Comment les en récompensera-t-il ? Par le respect, la reconnaissance et l’amour. Enfants, n’oubliez donc jamais ce que vous devez à vos pères et mères, et pour ne pas l’oublier, pensez à vos premières années » (Alfred Auguste Pilavoine, Pensées, mélanges et poésies, 1845).

« On ne peut jamais s’acquitter envers ses parents » (Aristote, Éthique à Nicomaque, IVe s. av. J.-C.).

Ce n’est pas une crise mais une gigantesque mutation

« Une crise est un dérèglement provisoire dans un système. Donc, ce qu’on appelle “la fin de la crise” est un retour à la normale. Si vous avez une crise de foie et que vous guérissez, vous êtes à nouveau en bonne santé, comme avant. Mais on ne reviendra jamais au monde d’hier.
Nous sommes non pas en train de vivre une crise, mais une gigantesque mutation. En fait, nous vivons plusieurs mutations : géopolitique, spirituelle, technologique, génétique, économique. Elles portent en elles autant de promesses que de menaces. Ça veut dire qu’elles attendent de nous qu’on les prenne en main. Notre devoir de citoyens est de tout faire pour conjurer ces menaces et faire advenir les promesses. Voir les choses sous cet angle redonne l’envie d’agir, nous réveille… » (Jean-Claude Guillebaud, Tout est encore possible. Manifeste pour un optimisme réaliste).

« Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre » (Hans Jonas, Le Principe responsabilité, 1979, p. 30).

« L’union fait la force » (devise de la Belgique).