pipe représentée n’est pas fumée

Vive le surréalisme doué pour
créer des jeux de sens,
perturber les perceptions,
ouvrir des espaces hors sentiers battus,
subvertir des sens communs trop communs,
introduire des éléments irrationnels,
absurdes, fantastiques, à même
d’ouvrir de nouvelles perspectives… 
De quoi déstabiliser nos certitudes,
les écorner, les interroger,
déployer des illusions non pour tromper
mais pour accéder aux inconscients et
réalités plus profondes que la surface.

« Ceci n’est pas une pipe » est l’un des tableaux les plus célèbres du Belge René Magritte : « La Trahison des images » peint en 1929.

Entends l’appel et tends la pelle

Le 18 juin 1940, depuis Londres, le général Charles de Gaulle lance « l’Appel du 18 juin » sur les ondes de la BBC demandant aux Français de refuser la défaite face à l’Allemagne nazie et de poursuivre le combat : « La France a perdu une bataille ! Mais la France n’a pas perdu la guerre ! ».

Savez-vous que le discours original du 18 juin 1940 a été entendu par très peu de personnes et que son enregistrement a été perdu ? Du coup, de Gaulle l’a refait le 22 juin. Ce second message est plus structuré, plus long et il a été diffusé à plusieurs reprises. C’est ce discours du 22 juin qui est connu comme « l’Appel du 18 juin ». L’Histoire nous roule la pelle, non ?

Nombres palindromes

À côté des mots palindromes (comme radar, rotor, kayak, été, ici, tôt, rêver, réifier, ressasser, Bob, Nattan, malayalam (nom d’une langue en Inde)), connaissez-vous la loi mathématique suivante ?

En additionnant un nombre avec son symétrique
et en répétant l’opération, on finit toujours
par obtenir un palindrome.
Exemple en 1 seule étape :
1234 + 4321 = 5555.
Exemple en deux étapes :
149 + 941 = 1090 ;
1090 + 0901 = 1991 !

Il existe quelques rares exceptions à cette règle :
elle ne fonctionne pas pour 196, 295, 394, 493,
592, 689, 691, 788, 790, 879, 887, 978, 986…
(ce sont les nombres de Lychrel !).

Il y a le roi roi y a le

La reine des abeilles est seule capable de donner la vie dans la ruche. Quand elle meurt, les abeilles ouvrières choisissent une larve qui aurait normalement dû devenir une simple ouvrière comme elles. Pour le coup, tout à coup, son destin change du tout au tout. Nourrie désormais exclusivement de la gelée royale, la larve se développe différemment : son corps grandit et se fortifie bien plus ; sa durée de vie est multipliée par près de vingt ; ses ovaires deviennent actifs. 

Les abeilles ouvrières et la reine partageant le même code génétique, ce n’est pas leur ADN qui détermine leur destin distinct mais bien leur nutrition et les soins prodigués, à partir d’un choix qui donne une pérennité à toute la colonie. Ruchement well done, isnt it?!…

Comme il est bon que chacune de nos communautés entoure de soins ses futurs leaders politiques, qui ont besoin d’être nourris et fortifiés par nos soutiens et nos visions !

cacahuète est dans arachide

À l’île Maurice, on parle de pistache pour désigner la cacahuète (ou cacahouète ; les deux orthographes sont valables. Le mot provient de la langue aztèque et y signifie : « cacao de la terre »). La cacahuète est le petit fruit recouvert d’une pellicule brun rougeâtre de l’arachide, qui désigne le tout : la gousse beige réticulée qui contient deux ou trois fruits ou graines.

Il y a confusion entre cacahuètes et arachides, car pas mal de monde emploie l’une pour l’autre…

Autre confusion / caca-chouette classique : la botanique ne classe pas cette plante dans la famille des noix. Hé non, c’est une légumineuse proche des haricots, pois et lentilles, de la famille des Fabacées. Fables assez donc !…

Calendrier bissextile et poisson d’avril

Le calendrier julien a été introduit par Jules César en 46 avant J.-C. pour remplacer le calendrier romain républicain de plus en plus décalé par rapport aux saisons. Ce nouveau calendrier a été conçu par l’astronome grec Sosigène d’Alexandrie qui proposa l’année bissextile (366 jours) tous les quatre ans par l’ajout du 29 février, afin de compenser le décalage avec l’année solaire réelle. Et nous voici avec une année solaire de 365,25 jours, divisée en 12 mois ; beau !

Ce système a donc permis de stabiliser le calendrier et de mieux aligner les dates avec les saisons. MAIS, comme l’année solaire réelle est plus précisément de 365,2422 jours, le calendrier julien a finalement accumulé en 16 siècles un décalage de dix jours ! En 1582, l’équinoxe de printemps tombait autour du 10 mars au lieu du 21 mars. Damned… Du coup, Christophorus Clavius, un jésuite allemand, et autres savants ont proposé au pape Grégoire XIII une réforme : 1) corriger le décalage en supprimant 10 jours du calendrier (et hop, le lendemain du 4 octobre 1582 a été 15 octobre 1582 ; ils ont tous vieilli de 10 jours, officiellement mais non biologiquement !) ; 2) affiner le système des années bissextiles : le calendrier julien donnait la règle que toutes les années divisibles par 4 sont bissextiles, ce qui ajoute trop de jours sur le long terme. Du coup, on affina la règle : les années divisibles par 100 ne sont pas bissextiles, sauf si elles sont aussi divisibles par 400. Par exemple, 1900 n’était pas bissextile, mais 2000 l’était.

Ce n’est pas fini, Voici la cerise sur le gâteau ! Avant 1582, l’année commençait le 1er avril : l’équinoxe de printemps fait vivre un renouveau ! Dans le nouveau calendrier, l’année va commencer le 1er janvier. Mais beaucoup de régions et d’individus refusèrent ce changement et continuèrent à célébrer la nouvelle année côté 1er avril. C’est dans cette confusion que sont nés les bouts de nez des boutonnés bourdonnés bedonnés « poissons d’avril ». Les poissons étaient le cadeau le plus fréquent du Nouvel An de printemps (après le carnaval et en carême). Pendant le long temps mis à adopter le Nouvel An d’hiver, on continua les cadeaux de poisson au 1er avril mais les poissons devenaient toujours moins réels.

De nos jours, les blagues du 1er avril ajoutent-elles à la confusion des  Fake news quotidiens ?… Ou, pour le dire autrement, dans un « monde post-vérité », serait-ce tous les jours 1er avril ?…

partir avant de lasser ET lacer avant de partir

Sujet de la dissertation =
La vérité absolue existe-elle ?

J’y ai répondu en peu de mots :
Toute vérité a-t-elle son exception ?
C’est chose sûre
qu’il vaut mieux partir avant de lasser !
Mais il y a exception à tout (l’atout & la toux) :
les chaussures sont à lacer avant de partir !

À l’unif, notre quatrième enfant a réussi sa première sess avec distinction mais ce fut l’enfer / l’envers dans le secondaire : les profs attendaient des réponses scolaires (la réponse doit contenir tel et tel et tel élément) et lui avait l’art d’aller d’emblée plus loin que ce qui lui paraissait trop basique et banal…

Pour suivre dans l’image :
le mot « toll », en anglais,
a un double sens : péage et bilan.

Flipper

Définition de flipper ​​​= être déprimé, être angoissé, avoir peur.
C’est un anglicisme venu des USA : « to flip » signifie secouer, agiter.
« To flip one’s lid » = faire sauter le couvercle.
« To flip one’s wig » = s’exciter, perdre la tête.

Dans les années 1970, flipper c’est d’abord être exalté sous l’effet d’une drogue psychédélique, ensuite être abattu et déprimé, car en manque de drogue : la pente et la côte, les deux aspects, montant et descendant, du flip !

Dans son livre ‘Les mots du bitume’, Aurore Vincenti montre les acceptions très larges du terme : du billard électrique (frapper, renvoyer la bille) au pétillant « Flipper le dauphin » (désignant sa nageoire). De quoi flipper !?

Strike ? C’est un autre trip !

Dans les quatre hémisphères !

Les hémisphères Nord et Sud sont distingués par l’équateur.
Les hémisphères Ouest et Est sont distingués
par l’antiméridien 180° dit de Greenwich.
Un seul pays se trouve présent dans les quatre hémisphères,
étant à cheval sur l’équateur et aussi sur l’antiméridien 180°.

Ce pays est pluriel : les Kiribati sont un État archipélagique de l’océan Pacifique ; seulement 811 km2 de terres émergées (selon ce critère, c’est l’un des plus petits pays du monde) mais 32 atolls + 1 île volcanique tellement dispersés que ce pays a la taille de toute l’Union européenne (3 550 000 km2), à la fois en Polynésie et en Micronésie, sur 3 fuseaux horaires.

Au deuxième millénaire, les Kiribati étaient à cheval sur deux jours : il était dimanche à l’ouest quand il était déjà lundi à l’est. Juste avant l’an 2000, on a unifié la République. Ainsi les Kiribati furent les premiers à entrer dans l’an 2000 puis, l’année suivante, dans le nouveau siècle et le nouveau millénaire. Certains qui auraient du être les derniers à quitter le deuxième millénaire devinrent sur le fil des premiers à le quitter !

Le soleil surfant sur les vagues dans leur drapeau est digne de Janus, dont le double visage regarde à la fois le passé et l’avenir.

Hélas, au rythme où va la montée des eaux, les Kiribati (au centre de la croix) font partie des terres émergées en voie de disparition. Leur Passion sera-t-elle suivie par une Résurrection ? Suite au prochain numéro…

Amazing Lonely Planet!

L’origine de soixante-dix supplantant septante

Quand quelqu’un compte en utilisant tous ses doigts ET orteils, il peut aller jusqu’à 20 (deux fois mieux que 10) ! D’où le comptage ‘vicésimal’ (= ayant vingt pour unité de mesure ; système vigésimal est aussi correct) : on compte alors par paquet de vingt : vingt-dix (30), deux vingts (40), deux vingt-dix (50), trois vingts (60), trois vingt-dix (70), quatre vingts (80), quatre vingt dix (90). On trouve ce système chez plusieurs peuples préhistoriques et encore chez les Mayas et Aztèques, les Celtes (en usage aujourd’hui encore chez les Danois, les Basques…). Au Moyen-Âge, ce système par 20 est le principal à être utilisé dans plusieurs régions de la future Nation française (une trace = l’hôpital des Quinze-Vingts à Paris, fondé au XIIIe siècle pour accueillir 300 aveugles = 15 x 20).

À la fin du Moyen-Âge, les échanges et commerces internationaux augmentent en flèche. Les marchands italiens, les espagnols aussi, fonctionnent dans le système décimal (comptage de dix en dix), au point que le lexique décimal (trente, quarante, cinquante, soixante, septante, octante, nonante ; logique latine) supplante le système vicésimal.

Au tout début de l’Académie française (fin du XVIIe siècle), deux de ses premiers membres, les Sieurs dénommés Vaugelas et Ménage (dépeint par Molière comme un plagiaire et un pédant) ont insisté pour qu’en France, on dise soixante-dix, quatre-vingts et quatre-vingt-dix et non septante, octante et nonante. On se serait dit dans les papotes des pap-potes (potes-mouches à caca tournant autour du roi-soleil) que Louis XIV mal à l’aise de vieillir préférait qu’on parle de l’âge en termes de soixante-dix plutôt que septante (où on entend le 7 de la mortelle décennie). Quoi qu’il en soit, voilà que tous les pédants de la Cour royale, pour briller de culture poudrée, au lieu des trois formes décimales, se sont mis à adopter ces trois exceptions ‘vicésimales’, qui furent aussi retenues dans les premiers dictionnaires en train d’apparaître…

Et, quelques générations plus tard, les Parisiens, suivis par toute la France, se mirent à railler les « septante, octante/huitante et nonante » des voisins francophones à accent (bien sûr, ce sont eux qui ont un accent) de la Suisse romande. Spécialistes du compromis, voilà que les petits Belges & Luxembourgeois ont mixé : « septante, quatre-vingts et nonante », sans échapper à l’accent, bien sûr ! Quant aux pays du monde colonisés par la grande France, ils se sont bien sûr pliés à ces 3 fadaises vicésimales.

Et bien, sachez, mes bons Messieurs de la grande France qui continuez à nous railler avec nos septante (bien pratiques pourtant quand on transcrit au vol un numéro de téléphone dicté) que

1) « septante, octante et nonante » ont malgré tout été conservées dans toutes les éditions du Dictionnaire de l’Académie française, n’en déplaise aux poudrés fardés de la Cour de Versailles, qui cherchèrent à péter plus haut que les Britanniques levant le petit doigt lorsqu’ils tiennent leur cup of tea…

2) Certaines régions de France ont résisté aux 3 fadaises vicésimales : régions de l’Est et du Midi de la France, Acadie au Canada…

3) Last but not least, au sortir du traumatisme guerrier, en 1945, les Instructions officielles de la République française, toujours en vigueur, ont conseillé l’emploi des trois formes décimales et de laisser là les trois formes vicésimales, dans le but de — dixit la note officielle — « faciliter l’apprentissage du calcul ».

Qu’on se le dise !…

Vaugelas, dans ses Remarques sur la langue française, 1647,
préconise l’usage des soixante-dix, quatre-vingts, quatre-vingt-dix
car plus faciles pour le calcul mental !

Rappel des accords grammaticaux (repris de https://www.caminteresse.fr/culture/pourquoi-les-francais-disent-quatre-vingts-et-pas-huitante-comme-en-suisse-11165971/) :
L’accord de « quatre-vingts » suit une règle grammaticale précise qui remonte à la fin du XVIIe siècle. Le mot « vingt » prend un « s » uniquement lorsqu’il est multiplié (comme dans « quatre-vingts ») et qu’il n’est pas suivi d’un autre adjectif numéral. Ainsi, on écrira « quatre-vingts personnes », « quatre-vingts euros », car dans ces cas, « vingt » est multiplié par quatre et n’est pas suivi d’un autre nombre. En revanche, dès qu’un autre nombre suit « quatre-vingt », le « s » disparaît : « quatre-vingt-trois », « quatre-vingt-dix », « quatre-vingt-quinze ».

Cette règle s’applique également devant les noms « million », « milliard » et « millier » qui, contrairement à ce qu’on pourrait penser, ne sont pas des adjectifs numéraux mais des noms communs. On écrira donc « quatre-vingts millions d’euros », « quatre-vingts milliards de dollars ».

Une exception notable concerne l’utilisation de « quatre-vingt » comme adjectif ordinal, notamment dans les dates ou les numéros de page. Dans ce cas, on n’ajoute pas de « s » : « page quatre-vingt », « l’année mille neuf cent quatre-vingt », « les années quatre-vingt ». Cette règle peut sembler complexe, mais elle reflète l’évolution historique de notre système de numération, qui mêle les bases décimale et vigésimale héritées de différentes influences linguistiques.

Le mot « vingt » utilisé seul suit des règles d’accord bien précises. En règle générale, « vingt » reste invariable lorsqu’il est employé seul pour désigner le nombre 20 (exemple : « vingt euros », « vingt personnes »). Il ne prend un « s » que dans deux cas spécifiques : lorsqu’il est multiplié par un nombre et qu’il n’est pas suivi d’un autre adjectif numéral. Par exemple, on écrira « quatre-vingts ».

En revanche, « vingt » reste invariable lorsqu’il est suivi d’un autre nombre, comme dans « vingt-deux », « vingt-trois », etc. Cette règle s’applique également lorsque « vingt » est utilisé comme adjectif ordinal pour indiquer un rang ou une position (exemple : « le vingtième chapitre », « la vingt et unième page »). Dans les dates ou les années, « vingt » reste également invariable (« l’an vingt »).