La mort passe par le feu qui nous consume comme une bûche : montez, flammes + descendre des cendres

« La plupart des gens se protègent du feu. Ils finissent pourtant en lui » (Rumi, 1207-1273).

« Les querelles d’Amour : des copeaux pour faire repartir le Feu » (Anne Barratin, De vous à moi, 1892).

« Il arrive toujours un moment où l’autre chute de son piédestal et où la relation nous déplaît. Est-ce grave ? Pas nécessairement ! Nous pouvons profiter de cette étape pour quitter nos illusions et commencer à voir l’autre dans toute sa réalité et lui dévoiler aussi la nôtre. Cela peut transformer le lien et le rendre plus dense, plus profond. Mais, bien sûr, tout dépend de notre capacité à voir les choses en face, à faire preuve de lucidité. C’est souvent là que les échanges s’enveniment et que les rancœurs apparaissent. Pour certaines personnes, il n’est pas possible de passer le cap et la relation ne tient pas « l’épreuve du Feu ». Elle se désagrège parce que nous refusons d’y intégrer des éléments plus ambivalents, désagréables ou « négatifs ». […]

On pourrait souvent avoir la tentation de réduire l’Amour à une notion très pure, très lumineuse, uniquement synonyme de bienveillance, de joie et de sérénité. Ce serait lui enlever toute sa profondeur, sa puissance de Feu, sa dynamique évolutive. Ce serait tenter de soumettre un sujet explosif et volatile à une lecture rassurante, certes, mais incomplète. Ce serait risquer de perdre la véritable finalité de ce qui se joue pour chacun de nous lorsqu’il vient à notre rencontre. Car l’Amour est initiatique. À chaque fois, il nous met face à l’essentiel : ce à quoi nous aspirons au plus profond de notre âme et comment nous pouvons progresser, de plus en plus, vers la Lumière » (Juliette Allais).

L’indécence de la souffrance < > l’un des sens de l’amour

L’indécence de la souffrance qui conduit à la mort et

l’un des sens de l’amour qui sauve notre humanité.

Par son amour qui demeure au cœur de l’épreuve, qui traverse la souffrance de part en part, qui transfigure la mort et la colore d’un sens nouveau , le Christ a ouvert une porte que personne, jamais, ne pourra refermer.

C’est par cette petite porte qu’il nous attire encore,

pour vivre nos petites morts, et la grande aussi.

Ce noyau infracassable, divin, qui, au cœur de notre coeur, exhale l’Un

« Quelque chose en moi sait que rien ne peut m’arriver, que rien ne peut me détruire. C’est ce noyau infracassable en nous, ce noyau infracassable du divin en nous. Alors la peur cesse, et quand la peur cesse, il y a un drôle de morceau de moins d’horreur sur la terre !
Parce que la peur est la plus grande créatrice de réalités qui existe. Ce dont nous avons peur, nous le créons presque irrémédiablement. C’est quelque chose d’effarant. Vous avez dû le remarquer dans votre vie. La peur a le pouvoir d’engendrer images et réalités. Dans l’univers d’épouvante dans lequel nous vivons, tout tient par la peur.  Il faut y répondre en congédiant en nous la peur, en reprenant contact avec ce noyau infracassable qui nous habite » (Christiane Singer).

Il a « fallu » que je perde ta joyeuse présence…

« Les larmes sont nobles, elles sont le dernier revêtement d’un visage avant qu’il ne devienne pierre. C’est ce qui l’empêche de devenir pierre. Ce sont les bijoux de la vie, elles sont hors de prix, tellement hors de prix qu’elles sont gratuites… » (Christian Bobin).

« Jadis les princes sortaient de leurs palais en grand arroi : carrosses, chevaux, valets, étendards, parades de toutes sortes. Le mot désarroi vient de là. Être en désarroi c’est être privé d’escorte, avancer dans une vie dépouillée de tout revêtement de force » (Christian Bobin, L’inespérée, p. 13).

Où est notre mobilisation collective pour diminuer nos injustices structurelles / « structures de péché » ?

Au téléphone, une de mes connaissances partageait sa souffrance de vieillir. Je l’ai accueillie avec empathie là où elle se situait (oui, c’est rude, la décrépitude!). À la fin de l’échange, elle pouvait à nouveau célébrer la Vie bel et bien là, généreusement, en elle.

Peu après ce coup de téléphone, moi, j’étais avec le fait que vieillir est un privilège que n’ont pas ceux qui meurent de faim : plusieurs milliers de morts chaque jour, dont une majorité d’enfants, plusieurs millions chaque année, plusieurs dizaines de millions chaque décennie. Où est-il notre état d’urgence pour les 800 millions de personnes menacées par le manque de nourriture et d’eau potable ?

Sur cette planète, les inégalités consolidées en injustices fauchent chaque jour bien plus de vies humaines que le coronavirus… Face à celui-ci, notre Première Ministre belge disait ce 27/3/20 qu’il semblerait que quelques-uns ne comprennent pas ou font mine de ne pas comprendre la gravité de la situation.  Tout en respectant scrupuleusement les mesures de mobilisation collective, j’exerce mon droit de pensée critique et de recadrage à partir de la vue d’ensemble : où est notre mobilisation collective et notre état d’urgence pour le fléau de nos injustices structurelles, de nos « structures de péché » (Jean-Paul II, Sollicitudo rei socialis, 1985, § 36), qui tue des milliers de fois plus que le coronavirus chaque minute qui passe ?

Feux amor < > Feu âme-mort

La ligne est parfois tenue : 
1) feux de l’amour / amor. 
2) Feu notre âme-mort.
1) Flamme vitale…    vi
2) Flamme fatale…   fa

Le chemin d’Ascension à Pentecôte :
serait-ce mettre les gaz, sans nous la péter =
profiter de la pente pour la côte à  venir ?
Sans nous casser & sans nous démolir ?…
Sans partir, sans fuir & sans nous briser ?…

(Allumer le feu, Johnny Holy Day jauni / joli :
« Il suffira d’une étincelle
Oui, d’un rien, oui, d’un geste
Il suffira d’une étincelle
Et d’un mot d’amour, oui pour
Allumer le feu, allumer le feu
Et faire danser les diables et les dieux
Allumer le feu, allumer le feu
Et voir grandir la flamme dans vos yeux
Je veux la foudre et l’éclair
L’odeur de poudre, le tonnerre »).

Cher endeuillé, tu n’es pas seul. . . . . . . . —————– Ton deuil est un précieux linceul

Posté en avril 2020, en plein confinement, où les funérailles collectives ne sont pas possibles…

« Ça vient d’un seul coup, ça vient lorsque je me retourne. C’est là que je te vois, dans l’amplitude et l’ouvert du paysage, dans la beauté sans partage de la terre, toi partout à l’horizon, c’est en tournant le dos à ta tombe que je te vois » (Christian Bobin, La plus que vive).