La joie de jeter les (c)rayons

« Toute âme est libre. Non pas toujours du choix des événements qui arrivent, mais toujours de la manière dont elle va y réagir. Si tu comprends que toute expérience peut te faire grandir, alors tu sauras donner du sens à tout ce qui t’arrive et tu progresseras de plus en plus en joie, en sérénité, en connaissance de toi-même et du monde, et surtout en amour, qui est l’énergie la plus forte et la plus élevée de tout ce qui est » (Frédéric Lenoir, La consolation de l’ange).

« À ta naissance, tu as pleuré et ta famille s’est réjouie.
Vis de manière qu’au moment de ta mort,
ta famille soit dans les pleurs et toi dans la joie »
(sagesse arabe).

en humains, en nues mains

« Mon père, mort il y a maintenant 13 ans, n’arrête pas de grandir, de prendre de plus en plus de place dans ma vie. Comme la pépite d’or trouvée au fond du tamis, ce qui reste d’une personne est éclatant. Inaltérable désormais. Alors qu’avant votre vue pouvait s’obscurcir pour des tas de raisons, toujours mauvaises (hostilités, rancœurs, etc.), là, vous reconnaissez le plus profond et le meilleur de la personne. Toutes ces choses impondérables rôdent dans l’éclat d’un regard, passant par un rire, par quelque geste, faisant que la personne est unique.

Chaque séparation nous donne une vue de plus en plus ample et éblouie de la vie. Les arrachements nous lavent. Tout se passe, dans cette vie, comme s’il nous fallait avaler l’océan. Comme si périodiquement nous étions remis à neuf par ce qui nous rappelle de ne pas nous installer, de ne pas nous habituer. La vie a deux visages : un émerveillant et un terrible. Quand vous avez vu le visage terrible, le visage émerveillant se tourne vers vous comme un soleil » (Christian Bobin dans un entretien publié dans un numéro spécial de La Vie sur le thème : « Vivre le deuil »).

Drame de la défonce opiacée

« Dans l’univers cotonneux et chaud de la défonce opiacée, le sang n’est rien, la mort n’est rien, […] incapables que nous sommes de changer ne serait-ce que la moindre virgule au récit chaotique de nos existences » (Eric Maravélias, La faux soyeuse : sale temps pour un criquet !).

Je nous souhaite
bons choix de
congé,
con j’ai !

À la fin de toute vie

« À la fin de toute vie, alors même que le corps est diminué et l’esprit obscurci, il reste l’âme. La mort fait partie des lois de la vie. Elle permet à la vie de se renouveler, de se transformer et d’accéder à un autre ordre d’être. « Notre sœur, la mort corporelle », comme disait saint François, est incontournable. Étant un arrachement, elle est douloureuse. Mais la marche du souffle vital auquel notre âme est reliée se situe infiniment au-delà de la mort. Elle n’en finit pas de poursuivre sa voie, selon l’adage des penseurs chinois : « La vie engendre la vie, il n’y aura pas de fin » » (François Cheng, De l’âme).

Peine immense de te perdre

Extraits d’Aragon, Le regard de Rancé :
« […] Un soir, j’ai cru te perdre. Et, de ce soir, je garde
le pathétique espoir d’un miracle incessant.
Mais la peur est entrée en moi comme une écharde.
Il me semble que je retarde
à tenir ton poignet la fuite de ton sang.
[…]
Comme autour de la lampe un concert de moustiques
Vers le plafond spiral et la flamme convoie
Du fin fond du malheur où reprend le cantique
Dans un fandango fantastique
Un chœur dansant s’élève et répond à ta voix

Ce sont tous les amants qui crurent l’existence
Pareille au seul amour qu’ils avaient ressenti
Jusqu’au temps qu’un poignard l’exil ou la potence
Comme un dernier vers à la stance
Vienne à leur cœur dément apporter démenti

Si toute passion puise dans sa défaite
Sa grandeur, sa légende et l’immortalité
Le jour de son martyre est celui de sa fête
Et la courbe en sera parfaite
A la façon d’un sein qui n’a point allaité

Toujours les mêmes mots à la fin des romances
Comme les mêmes mots les avaient commencées
Le même cerne aux yeux dit une peine immense
Comme il avait dit la démence
Et l’éternelle histoire est celle de Rancé

Passage de l’amor, de la mort

« Quelqu’un meurt, et c’est comme des pas qui s’arrêtent.
Mais si c’était un départ pour un nouveau voyage ?

Quelqu’un meurt, et c’est comme un arbre qui tombe.
Mais si c’était une graine germant dans une terre nouvelle ?

Quelqu’un meurt, et c’est comme une porte qui claque.
Mais si c’était un passage s’ouvrant sur d’autres paysages ?

Quelqu’un meurt, et c’est comme un silence qui hurle.
Mais s’il nous aidait à entendre la fragile musique de la vie ? »
(Benoît Marchon, L’arbre et la graine).

Pré venus de la mort

+/- 4 % des condamnés dans les couloirs de la mort aux States sont innocents, sans obtenir de révision, d’après une étude statistique (Rate of false conviction of criminal defendants who are sentenced to death, dans Proceedings of the National Academy of Sciences,‎ 5 avril 2014).

La croyance que la peine de mort serait un moyen efficace de protéger la société appartient à un autre âge, elle est ‘définitivement’ surannée. Depuis 2003, une journée mondiale contre la peine de mort a été instituée, tous les 10 octobre. L’abolition de la peine de mort est officiellement soutenue par le Conseil de l’Europe, l’Union européenne et la toute grande majorité des Autorités religieuses. 

La mort, l’âme hors

« La mort n’est rien,
je suis seulement passé, dans la pièce à côté.
Parlez-moi comme vous l’avez toujours fait.
N’employez pas un ton différent,
ne prenez pas un air solennel ou triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Le fil n’est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de vos pensées,
simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin »
(Henry Scott-Holland).