Le triangle dramatique de Karpman

Le ‘triangle dramatique de Karpman’ se déroule entre un Persécuteur (l’instance qui commet une violence), une Victime (l’instance qui la subit) et un Sauveteur (l’instance qui soigne la violence, qui cherche à rendre service en prenant soin de la Victime). Il fut élaboré par Karpman dans les années 1960, en participant pendant cinq ans à la session hebdomadaire animée par un autre psychiatre, Éric Berne (auteur de l’Analyse Transactionnelle), qui avait fixé quatre règles méthodologiques : 1) « ne dites rien que vous ne pouvez pas dessiner dans un diagramme » ; 2) « utilisez toujours le rasoir d’Occam » = simplifiez le plus possible ; 3) « écrivez en langage profane pour être compréhensible par un enfant de 8 ans, un agriculteur du Midwest et un professeur du MIT » ; 4) « vous n’êtes pas là pour apprendre l’analyse transactionnelle mais pour inventer vos propres théories ».

Cf. Stephen Benjamin Karpman, Le Triangle Dramatique. Comment passer de la manipulation à la compassion et au bien-être relationnel ; Pierre Agnese & Jérôme Lefeuvre, Déjouer les pièges de la manipulation et de la mauvaise foi. Avec le triangle dramatique et son contre-triangle, tous deux édités par InterÉditions.

Un jeu de pouvoir se joue à deux

« Personne ne peut vous rendre inférieur sans votre consentement » (Eleanor ROOSEVELT).

« La soumission est très peu différente dans ses effets de la domination, dont elle n’est que le reflet » (Marc MOUSLI, Négocier, l’art et la manière, p. 22).

« Neuf fois sur dix, le pouvoir que les autres prennent sur nous, c’est nous qui le leur avons donné » (François DELIVRÉ, Le pouvoir de négocier. S’affronter sans violence : l’espace gagnant-gagnant en négociation).

« Si l’autre vous attaque avec efficacité, il y a de grandes chances pour que vous ayez creusé vous-même le piège dans lequel vous tombez » (Collectif IRÉNÉ, Négociation : Théories versus « pratiques », p. 65).

4 citations extraites de mon livre La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, p. 136.

Réussir une mobilisation collective est un art qui s’apprend

En cliquant sur le lien ci-dessous, vous accéderez à l’article dans lequel je présente la méthode D-I-A-P-O-S, qui est la suite sociopolitique de la méthode C-R-I-T-E-R-E : après avoir appris à gérer mes conflits intérieurs et mes conflits interpersonnels, comment je peux contribuer efficacement à faire tomber les injustices sociétales ?

Bonne lecture !

Martiens et Vénusiens

« Une personne vivant sur Mars, du type négociateur dur, se reconnaît au fait qu’il est sûr de lui, il a confiance en ses capacités, est franc, direct, capable de dire quand il vit un problème, de défendre son point de vue, d’obtenir le respect de ses intérêts. Il ne se laisse pas marcher sur les pieds, il dit ses envies, désirs, attentes, il ne met pas sur les épaules des autres le fardeau de deviner et d’y répondre implicitement. Il est autonome, responsable de sa vie, de ses choix. Son oui est oui et son non est non !

Une personne vivant sur Vénus, du type négociateur doux, se reconnaît au fait qu’il met la relation au premier plan, il est capable d’entretenir de bonnes relations, est délicat, attentionné, dévoué, sensible aux problèmes de l’autre, à l’écoute de ses besoins, devine ses attentes, sert l’autre en premier, est capable de faire passer les intérêts de l’autre avant les siens, trouve son bonheur dans la satisfaction de l’autre. Il parle doucement, sa force est de pouvoir se maîtriser. Il évite d’étaler ses titres de gloire et d’induire un sentiment d’infériorité chez son interlocuteur…

Les Martiens = des francs ; les Vénusiens = des attentionnés.

Les avantages d’une famille où les deux parents sont des Martiens : on sait ce que chacun pense et veut. Chacun a appris à défendre son point de vue et ses intérêts. La franchise et la clarté sont les qualités des martiens.

Les limites et dangers d’une famille martienne : quand leurs besoins divergent, ils sont capables de crier, de se rentrer dedans. Généralement, les martiens vivent à distance. Ils ont besoin d’espace entre eux ! Si trop de conflits ne sont pas résolus, ils se séparent…

Les avantages d’une famille où les deux parents sont des Vénusiens : chacun est programmé pour satisfaire les besoins de l’autre avant les siens. Personne n’a besoin de se pousser en avant. On sent facilement l’importance qu’on a pour l’autre. Il n’y a pas de cris. On se parle doucement, avec respect.

Les limites et dangers d’une famille vénusienne : ils ont peur des désaccords, ne disent pas franchement et sont frustrés quand l’autre ne les comprend pas, ils se sacrifient puis regrettent de s’être fait avoir, ils ont des difficultés à fixer des limites, à dire non » (Chomé Étienne, Apprendre à mieux gérer nos conflits. Une communication vraie et une négociation efficace, édité à l’île Maurice, 2005, p. 311). 

Les 6 logiques de fonctionnement dans un conflit d’intérêts

« Illustrons les 6 logiques de fonctionnement dans un conflit d’intérêts divergents avec le cas d’école classique de l’orange. Nous voulons tous les deux cette orange : quelles stratégies puis-je déployer ? Voir le schéma ci-dessous.

Davantage pour les deux signifie par exemple : si nous prenons le temps d’identifier la raison pour laquelle nous voulons tous les deux cette orange, il apparaîtra peut-être des complémentarités. Il serait dommage de la partager en deux (chacun fait une concession) s’il apparaît que tu as besoin du zeste de la pelure pour faire un gâteau, alors que moi, je veux manger le contenu de l’orange ou que tu aimes la pulpe et moi le jus. Même dans le cas où nous voulons tous les deux manger l’orange, coopérer aboutira probablement à une solution profitable pour les deux et meilleure que le moitié-moitié. Par exemple, ne pas se borner à cette orange-là, ici et maintenant… Élargir le problème dans l’espace et le temps » (Chomé Étienne, Apprendre à mieux gérer nos conflits. Une communication vraie et une négociation efficace, édité à l’île Maurice, 2005, p. 305). 

Harmonie, fruit de l’union entre Mars et Vénus

« Le psychologue américain John Gray a développé sa réflexion autour de l’idée que les hommes viennent de Mars et les femmes de Venus. La mythologie antique est riche en psychologie. Dans le panthéon grec/latin, Arès / Mars est le Dieu de la guerre et du conflit, Aphrodite / Vénus est la déesse de la beauté et de l’amour (du don et de la relation à l’autre). Chez les Grecs, ils ont une fille, que l’on a appelée Harmonie… La véritable harmonie se trouve donc dans l’union intime de ces deux-là ! Déjà Héraclite défendait que tout naît de la discorde et des contraires. Épictète le confirmait : « c’est de la discorde que peut naître la plus belle harmonie ». Tout un programme que les Grecs avaient déjà compris et tracé !… » (Chomé Étienne, Apprendre à mieux gérer nos conflits.
Une communication vraie et une négociation efficace,
édité à l’île Maurice, 2005, p. 310). 

La punition engendre la punition

Avez-vous appris à remplacer toute punition-répression par une sanction-réparation ? Cf. https://etiennechome.site/la-sanction-reparation-se-distingue-radicalement-de-la-punition-repression/.

Plus de précisions dans Le nouveau paradigme de non-violence, p. 154 sq. (disponible http://etiennechome.site/publications-de-fond/sociopolitique/) et surtout dans La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, p. 70 sq. Extraits de la p. 77 :

« Par le dressage, on peut obtenir des enfants dociles et obéissants mais on n’obtient pas des enfants responsables. « Quand l’on peut tout ce que l’on veut, il n’est pas aisé de ne vouloir que ce que l’on doit » (Louis XIV). Par ailleurs, un enfant puni apprend à punir à son tour. Quand nous infligeons à notre enfant une peine, une douleur pour qu’il regrette d’avoir fait quelque chose de mal (ou de ne pas avoir fait quelque chose de bien), nous l’invitons à fonctionner comme nous, nous induisons en lui une logique de représailles : « Tu me fais mal => je te fais mal. » « Tu me forces… Je vais voir comment te remettre la monnaie de ta pièce… » Certes, un enfant n’a pas le droit de dire qu’il punit ses parents mais c’est ce qu’il fait implicitement : « tu me prives de… Eh bien, moi à mon tour, je vais te priver de… » Nous croyons l’éduquer alors qu’en réalité, nous lui apprenons à se venger. »

L’amour de l’ennemi intérieur

« Nourrir ceux qui ont faim, pardonner à ceux qui m’insultent et aimer mon ennemi, voilà de nobles vertus. Mais que se passerait-il si je découvrais que le plus démuni des mendiants et que le plus impudent des offenseurs vivent en moi, et que j’ai grand besoin de faire preuve de bonté à mon égard, que je suis moi-même l’ennemi qui a besoin d’être aimé? Que se passerait-il alors? » (Carl Gustav Jung).

La guérison ne vient jamais de l’extérieur, toujours de l’intérieur

« L’autre ne nous blesse pas, il nous révèle simplement que nos plaies n’étaient pas guéries. Nous avons cru que la rencontre avec un autre nous avait guéri. C’était une illusion, car la guérison ne vient jamais de l’extérieur, toujours de l’intérieur. La relation avec l’autre est donc pour nous un révélateur de nos manques et de nos souffrances cachées.

Croire qu’une relation, quelle qu’en soit la nature, peut nous faire oublier nos manques et nos souffrances est un leurre. Cela conduit inévitablement à la déception.

En revanche, si nous envisageons nos relations avec les autres comme une opportunité de nous connaître, nous pourrons commencer à combler nos besoins et guérir nos blessures.

Tant que nous nous berçons de l’illusion que l’autre possède la clé de notre bonheur, nous restons dans un état de dépendance. L’autre représente une drogue dont le sevrage nous est intolérable. Le manque réveille notre souffrance, notre crainte et donc notre colère » (Thierry Janssens, Vivre en paix).

Rendez-vous réguliers et privilégiés de dialogue

La méthode C-R-I-T-E-R-E, première étape : le CADRE ; outil « Espace et moment de qualité »

Toute organisation sociale a besoin d’habitudes communicationnelles facilitant la démarche d’aller trouver l’autre lorsque ça coince. Sans un cadre incitatif, la marche d’escalier est trop haute pour bien des individus qui se dégonflent. Dans une famille / école / entreprise, l’autorité joue un rôle important dans la mise en place de ces lieux et ces moments où chacun réussira à dire ce qui doit l’être, aux différents niveaux du groupe (parfois seulement à deux, parfois à trois, parfois avec toute l’équipe ou en réunion de délégués d’équipes). La spontanéité ne suffit pas, ni les échanges informels, ni même un budget fêtes et détentes. Ce n’est pas lors du cocktail organisé par la direction, la coupe de champagne à la main, qu’un employé ira trouver le collègue avec qui il ferait bien de mettre à plat une difficulté relationnelle. Il a besoin d’un espace de parole prévu à cet effet dans l’emploi du temps. Cette structuration des espaces et des moments relève de la compétence du responsable. La règle d’or de la communication est qu’au sein de notre groupe, chacun puisse dire ce qu’il vit mal 1) à la bonne personne, 2) au bon endroit et 3) au bon moment + de la bonne manière. C’est un art qui ne s’improvise pas : éviter d’éviter au moyen de rendez-vous réguliers et privilégiés de dialogue. Le groupe trouvera alors les ressources pour s’auto-réguler et régler ses problèmes. On a moins peur de nos désaccords quand on est d’accord sur la procédure à suivre en cas de désaccord !

Extrait de mon livre La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain, 2009, p. 33.