« Tous les concepts utilisés pour penser le théâtre occidental ont été à l’origine définis et exemplifiés pour la tragédie, ce qui explique en grande partie pourquoi le théâtre a les plus grandes peines à se débarrasser du tragique autant que des structures de la tragédie » (Bénédicte Louvat, Le Théâtre, 2007, p. 40).
La Poétique d’Aristote comprenait à l’origine une partie consacrée à la tragédie et une autre consacrée à la comédie, Hélas, la partie consacrée à la comédie a disparu. Et si cette absence de la poétique de la comédie avait un sens ? Comme si la perte de la partie du traité aristotélicien était un lapsus de la théorie, la comédie ne s’y définissant que négativement par rapport à la tragédie, qui semble bien constituer la norme.
Non seulement la comédie n’est que le négatif de la tragédie, mais la tragédie semble bien devoir fournir un modèle à l’ensemble du théâtre, et même se confondre avec lui.
D’aucuns expliquent cet impérialisme théorique de la tragédie ainsi : la comédie est un genre plus libre, elle comporte moins de règles, elle ne cherche qu’à faire rire ; or le rire, c’est bien connu, n’est pas théorisable… S’il existe si peu de théorie de la comédie, peut-être est-ce que la comédie est elle-même sa propre théorie ?
Ceci est mon propre résumé de l’introduction de l’article de Florian Pennanech, Aristote et la comédie, dans Littérature, n° 182, 2016/2, p. 89-90.
« La vie est une comédie pour ceux qui pensent et une tragédie pour ceux qui ressentent » (Horace Walpole).