« Je dirai la couleur du vent dans les soleils chargés de novembre. Je dirai l’odeur des nuages. Je dirai le bruit des étoiles et les feux changeants du silence. Et vous direz que je suis fou et je dirai que je vous aime. Et vous vous en irez quand même. Le vent perdra toute couleur et le ciel n’aura plus d’odeur. Vos silences feront la nuit, les étoiles seront sans bruit. Je serai seul et vous de même et vous saurez que je vous aime, que sans amour et sans folie, on n’a que faire de la vie… » (Gilles Vigneault, Bois de marée).
Record de longévité décroché par les pluies quotidiennes sur l’Europe de l’Ouest : plus de 35 jours de suite, avec près de 3 mètres d’eaux tombées du ciel… Ça s’arrose ?
Savez-vous planter les choux à la mode, à la mode ; savez-vous planter les choux à la mode, à la mode de chez nous ?
On les plante avec le beau cou, à la mode, à la mode ; on les plante avec le beau cou, à la mode, à la mode de chez nous ?
Selon Albert Chapelle, un de mes maîtres de jeunesse, la mort est rupture de rythme, éclatement des temps : cet abrupt qui nous fait tous tomber dans un abîme qui semble séparer les êtres irrémédiablement. La Bible tient à souligner que Dieu n’a pas fait la mort et qu’Il lui a réservé une surprise de taille. En portant le poids de la mort jusqu’au bout de l’Amour, Dieu Père-Mère, Fils et Esprit révèle le surcroît de Vie que la Trinité nous offre gratuitement. La mort est devenue cet hiatus par lequel Dieu nous donne accès à la Vie éternelle ! Pour qui accueille la vie de Jésus, s’y manifeste l’immensité de l’Amour divin et la surabondance de ses éternelle surprise et éternel surcroît…
Vivent nos défunts que nous honorons par cette fête du 2 novembre…
Les citrouilles creusées avec une bougie à l’intérieur s’appellent Jack O’Lantern, ce qui signifie night-watchman (« garde de nuit », « veilleur »).
Dans un vieux conte irlandais, Jack est un maréchal-ferrant certes ivrogne et méchant mais aussi rusé que le Diable au point de le mettre deux fois en échec, au moment où celui-ci tentait de le convaincre de lui laisser son âme en échange du partage de sa puissance diabolique. Jack fut tellement rusé qu’il parvint même à obtenir finalement du Diable la promesse qu’il ne prendrait jamais son âme. Hélas, lorsque Jack mourut, l’entrée au Paradis lui fut refusée, à cause de sa vie d’ivrogne. Par ailleurs, conformément à sa promesse, le Diable refusa également de le laisser entrer en Enfer. Jack réussit néanmoins à convaincre le Diable de lui donner un morceau de charbon ardent afin d’éclairer son chemin dans le noir. Il plaça alors le charbon dans un navet (remplacé par la citrouille lorsque les Irlandais fuirent la famine aux Amériques en 1845-1850) creusé en guise de lanterne, et se vit condamné à errer sans but jusqu’au jour du jugement dernier, avec sa lanterne. Il y gagna le surnom de Jack of the Lantern (« Jack à la lanterne » en anglais), ou Jack-o’-Lantern, et il réapparaît chaque année, le jour de sa mort, à Halloween. Pour lire l’histoire des deux façons rusées de Jack de mettre le Diable en échec, cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jack-o%27-lantern
Extraits d’Aragon, Le regard de Rancé : « […] Un soir, j’ai cru te perdre. Et, de ce soir, je garde le pathétique espoir d’un miracle incessant. Mais la peur est entrée en moi comme une écharde. Il me semble que je retarde à tenir ton poignet la fuite de ton sang. […] Comme autour de la lampe un concert de moustiques Vers le plafond spiral et la flamme convoie Du fin fond du malheur où reprend le cantique Dans un fandango fantastique Un chœur dansant s’élève et répond à ta voix
Ce sont tous les amants qui crurent l’existence Pareille au seul amour qu’ils avaient ressenti Jusqu’au temps qu’un poignard l’exil ou la potence Comme un dernier vers à la stance Vienne à leur cœur dément apporter démenti
Si toute passion puise dans sa défaite Sa grandeur, sa légende et l’immortalité Le jour de son martyre est celui de sa fête Et la courbe en sera parfaite A la façon d’un sein qui n’a point allaité
Toujours les mêmes mots à la fin des romances Comme les mêmes mots les avaient commencées Le même cerne aux yeux dit une peine immense Comme il avait dit la démence Et l’éternelle histoire est celle de Rancé
Ma grande amie vient de perdre son papa. Elle me partage sa souffrance d’être débordée par les préparatifs des funérailles, sans avoir le temps d’accueillir vraiment la foule des messages honorant la mémoire de son papa. Tant de témoignages affluent, qui méritent d’être médités, digérés ; ce sera pour plus tard, Pour l’heure, elle ne retient que les éléments qui serviront la cérémonie.
Son papa lui manque déjà tant, et pourtant l’espace et le temps se sont à ce point réduits qu’il ne reste à la vie qu’un étroit goulot d’étranglement : survivre à ses tourbillons, voilà tout ce qui reste au survivant, pour l’heure.
Le deuil a commencé mais c’est bien après cette mobilisation générale à l’annonce du décès que se vivront ses étapes les plus délicates, Je souhaite alors à mon âme-mie la simplicité et la confiance de laisser sa tristesse la prendre par la main : elle a pour rôle de lui faire traverser le ravin de la mort en survivante, de lui montrer la nouvelle vie qui s’ouvre à elle, dans le creux de cette perte.
Moi, j’ai les bleus quand il pleut Il m’semble que j’rouille quand y’mouille Je m’sens monotone quand l’eau-tonne est à l’envers Quand il neige l’hiver
Chuis aux oiseaux quand y fait beau Je reprends mes ailes quand ça dégèle Faut bien que j’m’endure Je suis la température
Je m’sens monotone quand l’eau-tonne Mais je prends mon temps Oui, je m’sens monotone quand l’eau-tonne est de bon humeur Quand j’ai des chaleurs
Chuis pas le bon Dieu Ch’fais l’temps que j’peux Tant pis tant mieux Je m’sens pluvieux
« L’eau tonne, ainsi va la vie, avec son grain de folie. Les bras m’en tombent, le temps perd ses feuilles, l’air est gris.
Moi, j’avance, emporté par l’espoir, sur le chemin des envies. L’amour enraciné dans l’âme, j’attends de goûter ses fruits.
Toujours le vent en poupe sur le cœur coloré et fleuri, je regarde droit devant, fier comme un tronc sur un sol jauni.
L’ombre finira par accoucher d’un éclair dans son doux nid. Et je grandirai à nouveau sous un soleil riant sur la prairie.
J’entends déjà la musique envoûtante de la nature sur son lit. Je renais de mes méandres, le bonheur nu s’envole vers l’infini » (lu sur la page FB de Petit Nuage, L’eau tonne).
« L’automne est un deuxième printemps où chaque feuille est une fleur » (Albert Camus).
« Il y a des fleurs partout pour qui veut bien les voir » (Henri Matisse).
Les vivants ferment les yeux des morts, les morts ouvrent ceux des vivants. Ce 2 novembre, à partir de la Toussaint, nous recueillons l’héritage de ceux qui nous ont précédés :
Donner la vie après sa mort en régénérant la terre : se faire enterrer à même la terre. L’humusation est un processus contrôlé de transformation des corps humains par les micro-organismes, qui sont présents uniquement dans les premiers cm du sol, dans un compost de broyats de bois d’élagage, qui transforme, en 12 mois, les dépouilles mortelles en humus sain et fertile. Écologiquement et économiquement, l’humusation est une solution bien meilleure que l’enterrement et l’incinération pour permettre à nos corps, en fin de vie, de suivre le cycle complet de transformation en douceur. Cf. https://www.humusation.org/.
« Bientôt, nous plongerons dans les froides ténèbres. Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres le bois retentissant sur le pavé des cours. Tout l’hiver va rentrer dans mon être : colère, haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé. Et, comme le soleil dans son enfer polaire, mon cœur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé. J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe. L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd. Mon esprit est pareil à la tour qui succombe, sous les coups du bélier infatigable et lourd. II me semble, bercé par ce choc monotone, qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part. Pour qui ? C’était hier l’été ; voici l’automne ! Ce bruit mystérieux sonne comme un départ » (Charles BAUDELAIRE, Spleen et Idéal, 1857).