Rien ne nous est donné pour nous écraser

« Vous croyez en votre Bon Dieu pour vous rassurer. Vous tranquillisez ainsi vos peurs existentielles… » ai-je entendu un jour de quelqu’un qui dénonçait la « religion, opium du peuple ». C’est vrai, dans notre élan spontané de religiosité, nous créons nos dieux à l’image de nos propres projections, cela nous rassure.

Par contre, quand nous sommes visités et mis en route par Celui qui est dans cette crèche et finira sur la croix, nous ne prions plus pour qu’Il agisse, mais parce qu’Il est en train d’agir, et ce bien différemment de nos projections ! 

Chaque appel dans ma vie m’a fait sortir de ma zone de confort et de mes sécurités, pour oser l’audace de la foi et le don de soi, jusqu’à en mourir… (de cette bonne mort qui vous fait entrer un peu plus dans la Vie véritable de l’Amour).

Pour approfondir, lire l’éclairant François Varone, Ce Dieu absent qui fait problème, Cerf, 1981

+ écouter Christiane Singer dans la précieuse vidéo qui s’ouvre par un athéisme sain : https://www.youtube.com/watch?v=98kOHBhCn6A « rien ne nous est donné pour nous écraser, il y a une force d’apprentissage dans chaque réalité qui nous visite. Souvent, c’est le mal-être qui va nous mettre en chemin, qui va nous faire obliquer, nous faire partir dans une direction qui sera plus véritable, qui répondra davantage à notre appel, à notre désir profond. Quelqu’un sans crise risque de flotter à la surface des choses, quelqu’un qui n’a jamais été confronté à une maladie, à une difficulté, il lui manquera quelque chose. […] Tout ce qui nous rencontre a un visage secret, a un message. Même ce qui nous fait le plus souffrir nous délivrera un jour son vrai visage. Cette assurance nous donne de ne pas être perdu dans la souffrance du premier degré, d’entrer dans la tension de ce qui va se révéler derrière ».

Arriver comme des figues après Pâques

En Flandre, on utilise souvent l’expression ‘vijgen na Pasen’ : « arriver comme des figues après Pâques », c’est arriver trop tard. La figue fraîche est un produit de saison, disponible seulement d’octobre à mars. Et elle avait, de ce fait, le rare privilège de faire partie des aliments sucrés autorisés par l’Église pendant le carême. D’où son succès comme friandise en pleine période de jeûne. D’où la fin de son succès dès le jour de Pâques, à la fin des restrictions !…

Autres expressions avec le même sens :
arriver à la fumée des cierges,
arriver comme le marquis de Couille-Verte
(comme Grouchy à la bataille de Waterloo),
arriver après la bataille,
arriver comme les carabiniers :

« Nous sommes les carabiniers,
la sécurité des foyers.
Mais par un malheureux hasard,
au secours des particuliers,
nous arrivons toujours trop tard »
(carabiniers de l’opéra bouffe ‘Les Brigands’,
musique de Jacques Offenbach, 1869). Et j’ajoute :

Le bruit de nos bottes sur le pavé,
et les voilà déjà détalés !

A tombeaux ouverts

« La mort est une formalité désagréable, mais tous les candidats sont reçus » (Paul Claudel, Journal, Tome II).

« Morgue : refuge très frais où les pensionnaires le sont moins » (Philippe Bouvard, La belle vie après 70 ans).

« La mort, sans la honte, est aussi bien venue que l’enfant nouveau-né » (Shûdraka, Le chariot d’enfant).

Confiance dans ce qui nous a suscités puis ressuscité

« Le christianisme, durant des siècles, a popularisé la foi en la résurrection de la chair. Mais, pour beaucoup aujourd’hui, cette foi résonne comme un déni de la raison. […] Alain Comte-Sponville nous avertit dans son livre L’esprit de l’athéisme : « Il n’y a pas à espérer au-delà de ce qui nous est possible. C’est l’amour, non l’espérance, qui fait vivre ». Et si nous changions de regard ? En fait, ce n’est pas la résurrection qui est incroyable. En réalité, l’étonnant, l’improbable, l’incroyable est déjà arrivé.  Il réside dans notre « surrection » elle-même, celle que nous éprouvons aujourd’hui dans notre existence relationnelle et désirante, plongés que nous sommes dans un univers fantastique que les sciences ne cessent de découvrir avec émerveillement depuis l’infiniment petit jusqu’à l’infiniment grand. Qu’il y ait quelque chose plutôt que rien, que nous soyons ainsi jetés dans l’existence est un mystère qui ne souffre pas d’explication. De ce point de vue, la perspective d’une résurrection n’est pas moins étonnante, n’est pas moins impossible ou incroyable que la vie elle-même qui nous est donnée aujourd’hui. Pourquoi moi, avec le corps qui est le mien, puissance de désir et de relation, serais-je rejeté dans le néant alors que j’en ai été tiré ?  Pourquoi la vie physique, une fois épuisée, ne serait-elle pas « relevée » de la même manière qu’elle a été suscitée. Au nom de quoi, par quel goût de mort, pourrions-nous prétendre, a priori que la vie suscitée en nous ne pourrait être ressuscitée à nouveau dans une nouvelle donation aussi étonnante que la première. L’étonnement d’exister que nous pourrions éprouver alors ne serait pas moindre que celui d’exister aujourd’hui. […]

La résurrection envisagée dans cette perspective n’invite pas à croire en  un autre monde qui doublerait le nôtre, qui serait comme un arrière-pays, inaccessible à nos sens. La question n’est pas de « croyance » en un autre monde caché derrière le nôtre, mais de « confiance » dans ce qui nous a suscités à l’existence, dans l’espérance que nous ne serons pas abandonnés dans le néant dont nous avons été tirés. En d’autres termes, la foi en la résurrection n’est pas autre chose que la confiance en la puissance qui nous tient en vie aujourd’hui. […]

Selon le témoignage des Évangiles, Jésus était un homme de désir animé, de part en part, par une confiance radicale en la puissance bienveillante qui engendre à la vie.  Il osait l’appeler et la prier familièrement en disant « Notre Père ». C’est d’ailleurs cette foi qui l’a conduit à adopter une manière d’être et à tenir des propos d’une nouveauté si radicale qu’elle réveillait la vie en chaque rencontre. Condamné injustement par les religieux de son temps, crucifié dans la plus extrême violence, fallait-il qu’il en restât là ? Fallait-il donc que les choses s’arrêtent là pour sceller définitivement la victoire du mal et de la mort ? À moins que la puissance de qui nous tenons la vie lui ait rendu justice et témoignage en le ressuscitant. C’est en tout cas le témoignage qui court à son propos. Pas de preuve. Juste une faille, une trouée, une trace, un tracé… Incroyable la résurrection ? En tout cas, il serait déraisonnable de n’en point garder l’espérance » (André Fossion).

Non-violent ce Vendredi Saint

« Il faut quand même une sacrée foi pour croire que le mal n’aura pas le dernier mot » (mon frère Neal Blough, lors de notre dernière rencontre Church and Peace, 25/3/2021).

« Le jour où j’ai vu un moustique se poser sur un de mes testicules, j’ai compris qu’on ne pouvait pas régler tous les problèmes par la violence » (le Pépé de Roland Magdane).

L’indécence de la souffrance < > l’un des sens de l’amour

L’indécence de la souffrance qui conduit à la mort et

l’un des sens de l’amour qui sauve notre humanité.

Par son amour qui demeure au cœur de l’épreuve, qui traverse la souffrance de part en part, qui transfigure la mort et la colore d’un sens nouveau , le Christ a ouvert une porte que personne, jamais, ne pourra refermer.

C’est par cette petite porte qu’il nous attire encore,

pour vivre nos petites morts, et la grande aussi.

Engendrés au Ciel par un ancrage à la Terre nourricière

Béni soit le féminisme aligné,
qui crée bien mieux qu’une copie pâle
des cerfs-vitudes guerrières du mâle,
lorsqu’il est en mal d’épée !

(?Oraison branchée, connectée,
concert / qu’on sert à l’octave pascale?)

J’entends par « féminisme aligné » le génie, le charisme de la femme à engendrer en nous le ciel et la terre par un enracinement dans la Terre-mère nourricière, base solide de notre sécurité, ET une connexion à la lumière chaleureuse et éclairante du Père qui est aux cieux.

Je rends grâce pour les femmes qui m’ont engendré et initié à cet axe vertical qui fait de nous des ponts entre ciel et terre. Axe qui féconde l’axe horizontal de notre commune humanité, de notre fraternité… Ce double axe en croix, j’y crois et avec lui je crois, je peux croître !

Je crois en ces ancrages comme remèdes à la violence des humains les uns contre les autres. Pâques nous conduit à une non-violence active !

Posté le Lundi de Pâques