« Nous essayons de nous entourer d’un maximum de certitudes, mais vivre, c’est naviguer dans une mer d’incertitudes, à travers des îlots et des archipels de certitudes sur lesquels on se ravitaille… » (Edgar Morin).
« Avoir la foi, c’est monter la première marche, même quand on ne voit pas tout l’escalier » (Martin Luther King).
« Je dirai la couleur du vent dans les soleils chargés de novembre. Je dirai l’odeur des nuages. Je dirai le bruit des étoiles et les feux changeants du silence. Et vous direz que je suis fou et je dirai que je vous aime. Et vous vous en irez quand même. Le vent perdra toute couleur et le ciel n’aura plus d’odeur. Vos silences feront la nuit, les étoiles seront sans bruit. Je serai seul et vous de même et vous saurez que je vous aime, que sans amour et sans folie, on n’a que faire de la vie… » (Gilles Vigneault, Bois de marée).
Record de longévité décroché par les pluies quotidiennes sur l’Europe de l’Ouest : plus de 35 jours de suite, avec près de 3 mètres d’eaux tombées du ciel… Ça s’arrose ?
Savez-vous planter les choux à la mode, à la mode ; savez-vous planter les choux à la mode, à la mode de chez nous ?
On les plante avec le beau cou, à la mode, à la mode ; on les plante avec le beau cou, à la mode, à la mode de chez nous ?
Selon Albert Chapelle, un de mes maîtres de jeunesse, la mort est rupture de rythme, éclatement des temps : cet abrupt qui nous fait tous tomber dans un abîme qui semble séparer les êtres irrémédiablement. La Bible tient à souligner que Dieu n’a pas fait la mort et qu’Il lui a réservé une surprise de taille. En portant le poids de la mort jusqu’au bout de l’Amour, Dieu Père-Mère, Fils et Esprit révèle le surcroît de Vie que la Trinité nous offre gratuitement. La mort est devenue cet hiatus par lequel Dieu nous donne accès à la Vie éternelle ! Pour qui accueille la vie de Jésus, s’y manifeste l’immensité de l’Amour divin et la surabondance de ses éternelle surprise et éternel surcroît…
Vivent nos défunts que nous honorons par cette fête du 2 novembre…
Les citrouilles creusées avec une bougie à l’intérieur s’appellent Jack O’Lantern, ce qui signifie night-watchman (« garde de nuit », « veilleur »).
Dans un vieux conte irlandais, Jack est un maréchal-ferrant certes ivrogne et méchant mais aussi rusé que le Diable au point de le mettre deux fois en échec, au moment où celui-ci tentait de le convaincre de lui laisser son âme en échange du partage de sa puissance diabolique. Jack fut tellement rusé qu’il parvint même à obtenir finalement du Diable la promesse qu’il ne prendrait jamais son âme. Hélas, lorsque Jack mourut, l’entrée au Paradis lui fut refusée, à cause de sa vie d’ivrogne. Par ailleurs, conformément à sa promesse, le Diable refusa également de le laisser entrer en Enfer. Jack réussit néanmoins à convaincre le Diable de lui donner un morceau de charbon ardent afin d’éclairer son chemin dans le noir. Il plaça alors le charbon dans un navet (remplacé par la citrouille lorsque les Irlandais fuirent la famine aux Amériques en 1845-1850) creusé en guise de lanterne, et se vit condamné à errer sans but jusqu’au jour du jugement dernier, avec sa lanterne. Il y gagna le surnom de Jack of the Lantern (« Jack à la lanterne » en anglais), ou Jack-o’-Lantern, et il réapparaît chaque année, le jour de sa mort, à Halloween. Pour lire l’histoire des deux façons rusées de Jack de mettre le Diable en échec, cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jack-o%27-lantern
Quand bien des blessures encombrent le corridor de notre relation, il m’est précieux alors de porter toute mon attention sur ce qui compte prioritairement entre nous deux. C’est ceci : établir la connexion, nourrir le lien, sentir ce qui est vivant ici et maintenant, accueillir nos complicités spontanées, apprécier ce qui vibre en moi, entre nous, en toi, goûter à la joie d’être côte-à-côte, simplement, savourer ce que je reçois, ce que je donne, me régaler de notre profonde connivence, me délecter de ce qui fait chanter nos cœurs et nos âmes, jouir de nos parfums qui jouent comme des exaltateurs d’arôme, en présence l’un de l’autre, déguster les saveurs, exhausteurs de goût qui se dégagent alors, rendre grâce pour ce qu’Il nous donne par cette présence l’un à l’autre, cette joie de la communion qui me parle d’éternité.
Tout cela suppose de pouvoir rester dans l’ici et maintenant, pour profiter pleinement de ce qui est là : ne pas t’enfermer ni dans mes blessures du passé ni dans mes projets, dans mes attentes, ni dans ce que nous avons fait de mal ni dans tes propres projections. Accueillir ce qui vient et aussi accepter ce qui ne vient pas. Être présent avec suffisamment d’espace intérieur et de gratuité que je me réjouis de ce qui est donné + reçu ET que je suis aussi OK avec ce qui n’est pas donné + reçu…
En Genèse 2, il n’est pas question de « femme sortie de la côte d’Adam », comme nous fourvoie cette mauvaise traduction. Il y est révélé que l’homme et la femme sont les deux CÔTÉS que Dieu créent pour générer l’humanité. Dieu bâtit là du grandiose et du solide : l’un est inachevé et devient pleinement lui-même dans la rencontre de l’autre, et vice-versa ; différents pour s’accomplir à travers une relation qui les dépasse tous deux.
Quand on lit ce récit délivré de nos a priori anti-misogynes, on peut apprécier que la femme y est davantage actrice que l’homme engourdi et qu’elle joue un rôle capital dans cet appel à parachever la création…
Cf. Hélène de Saint Aubert, Sexuation, parité et nuptialité dans le second récit de la Création (Gn 2), Collection Lectio Divina, février 2023.
« J’ai en moi toute la joie du Ciel. Oui, la pauvreté m’en ouvre la porte. J’ai en moi toute la joie du Ciel » (Claire d’Assises, soeur d’âme de François).
Connaissez-vous cette histoire racontée par Victor Hugo ? Elle m’a ému, elle a mon temps suspendu… Son héros ? Un âne harassé, boiteux, battu, exténué ! Les coups l’enveloppaient ainsi qu’une nuée… Miracle de sa bonté-solidarité : la grâce passa par lui, pour sauver un crapaud en train d’être écrasé par des enfants, d’aventures affamés ! Parmi eux, Victor Hugo, encore enfant, saisi par un éclair de grâce qui le projeta jusqu’à Bonté. Lis surtout la fin si t’es vraiment pressé. Mais c’est de bout en bout saisissant. En ce 15 août, FIAT. Bel été ἀλήθεια / vérité !
« Que savons-nous ? qui donc connaît le fond des choses ? Le couchant rayonnait dans les nuages roses. C’était la fin d’un jour d’orage, et l’occident Changeait l’ondée en flamme en son brasier ardent. Près d’une ornière, au bord d’une flaque de pluie, Un crapaud regardait le ciel, bête éblouie. Grave, il songeait ; l’horreur contemplait la splendeur. (Oh ! pourquoi la souffrance et pourquoi la laideur ? Hélas ! le bas-empire est couvert d’Augustules, Les Césars de forfaits, les crapauds de pustules, Comme le pré de fleurs et le ciel de soleils !) Les feuilles s’empourpraient dans les arbres vermeils. L’eau miroitait, mêlée à l’herbe, dans l’ornière. Le soir se déployait ainsi qu’une bannière. L’oiseau baissait la voix dans le jour affaibli. Tout s’apaisait, dans l’air, sur l’onde ; et, plein d’oubli, Le crapaud, sans effroi, sans honte, sans colère, Doux, regardait la grande auréole solaire. Peut-être le maudit se sentait-il béni ; Pas de bête qui n’ait un reflet d’infini ; Pas de prunelle abjecte et vile que ne touche L’éclair d’en haut, parfois tendre et parfois farouche ; Pas de monstre chétif, louche, impur, chassieux, Qui n’ait l’immensité des astres dans les yeux. Un homme qui passait vit la hideuse bête, Et, frémissant, lui mit son talon sur la tête. C’était un prêtre ayant un livre qu’il lisait. Puis une femme, avec une fleur au corset, Vint et lui creva l’œil du bout de son ombrelle. Et le prêtre était vieux, et la femme était belle. Vinrent quatre écoliers, sereins comme le ciel. – J’étais enfant, j’étais petit, j’étais cruel – Tout homme sur la terre, où l’âme erre asservie, Peut commencer ainsi le récit de sa vie. On a le jeu, l’ivresse et l’aube dans les yeux. On a sa mère, on est des écoliers joyeux, De petits hommes gais, respirant l’atmosphère À pleins poumons, aimés, libres, contents ; que faire Sinon de torturer quelque être malheureux ? Le crapaud se traînait au fond du chemin creux. C’était l’heure où, des champs, les profondeurs s’azurent. Fauve, il cherchait la nuit ; les enfants l’aperçurent Et crièrent : « Tuons ce vilain animal, Et, puisqu’il est si laid, faisons-lui bien du mal ! » Et chacun d’eux, riant, – l’enfant rit quand il tue, – Se mit à le piquer d’une branche pointue, Élargissant le trou de l’œil crevé, blessant Les blessures, ravis, applaudis du passant. Car les passants riaient ; et l’ombre sépulcrale Couvrait ce noir martyr qui n’a pas même un râle. Et le sang, sang affreux, de toutes parts coulait Sur ce pauvre être ayant pour crime d’être laid. Il fuyait ; il avait une patte arrachée. Un enfant le frappait d’une pelle ébréchée. Et chaque coup faisait écumer ce proscrit Qui, même quand le jour sur sa tête sourit, Même sous le grand ciel, rampe au fond d’une cave. Et les enfants disaient : « Est-il méchant ! il bave ! » Son front saignait ; son œil pendait ; dans le genêt Et la ronce, effroyable à voir, il cheminait. On eût dit qu’il sortait de quelque affreuse serre. Oh ! la sombre action, empirer la misère ! Ajouter de l’horreur à la difformité ! Disloqué, de cailloux en cailloux cahoté, Il respirait toujours ; sans abri, sans asile. Il rampait ; on eût dit que la mort, difficile, Le trouvait si hideux qu’elle le refusait. Les enfants le voulaient saisir dans un lacet. Mais il leur échappa, glissant le long des haies ; L’ornière était béante, il y traîna ses plaies Et s’y plongea, sanglant, brisé, le crâne ouvert, Sentant quelque fraîcheur dans ce cloaque vert, Lavant la cruauté de l’homme en cette boue. Et les enfants, avec le printemps sur la joue, Blonds, charmants, ne s’étaient jamais tant divertis ; Tous parlaient à la fois et les grands aux petits Criaient : «Viens voir ! dis donc, Adolphe, dis donc, Pierre, Allons pour l’achever prendre une grosse pierre ! » Tous ensemble, sur l’être au hasard exécré, Ils fixaient leurs regards, et le désespéré Regardait s’incliner sur lui ces fronts horribles. – Hélas ! ayons des buts, mais n’ayons pas de cibles. Quand nous visons un point de l’horizon humain, Ayons la vie, et non la mort, dans notre main. Tous les yeux poursuivaient le crapaud dans la vase. C’était de la fureur et c’était de l’extase. Un des enfants revint, apportant un pavé, Pesant, mais pour le mal aisément soulevé, Et dit : « Nous allons voir comment cela va faire. » Or, en ce même instant, juste à ce point de terre, Le hasard amenait un chariot très lourd Traîné par un vieil âne éclopé, maigre et sourd. Cet âne harassé, boiteux et lamentable, Après un jour de marche approchait de l’étable. Il roulait la charrette et portait un panier. Chaque pas qu’il faisait semblait l’avant-dernier. Cette bête marchait, battue, exténuée. Les coups l’enveloppaient ainsi qu’une nuée. Il avait dans ses yeux voilés d’une vapeur Cette stupidité qui peut-être est stupeur. Et l’ornière était creuse, et si pleine de boue Et d’un versant si dur que chaque tour de roue Était comme un lugubre et rauque arrachement. Et l’âne allait geignant et l’ânier blasphémant. La route descendait et poussait la bourrique. L’âne songeait, passif, sous le fouet, sous la trique, Dans une profondeur où l’homme ne va pas.
Les enfants, entendant cette roue et ce pas, Se tournèrent bruyants et virent la charrette : « Ne mets pas le pavé sur le crapaud. Arrête ! » Crièrent-ils. « Vois-tu, la voiture descend Et va passer dessus, c’est bien plus amusant. »
Tous regardaient. Soudain, avançant dans l’ornière Où le monstre attendait sa torture dernière, L’âne vit le crapaud, et, triste, – hélas ! penché Sur un plus triste, – lourd, rompu, morne, écorché, Il sembla le flairer avec sa tête basse. Ce forçat, ce damné, ce patient, fit grâce. Il rassembla sa force éteinte, et, roidissant Sa chaîne et son licou sur ses muscles en sang, Résistant à l’ânier qui lui criait : Avance ! Maîtrisant du fardeau l’affreuse connivence, Avec sa lassitude acceptant le combat, Tirant le chariot et soulevant le bât, Hagard, il détourna la roue inexorable, Laissant derrière lui vivre ce misérable. Puis, sous un coup de fouet, il reprit son chemin.
Alors, lâchant la pierre échappée à sa main, Un des enfants – celui qui conte cette histoire, – Sous la voûte infinie à la fois bleue et noire, Entendit une voix qui lui disait : Sois bon !
Bonté de l’idiot ! diamant du charbon ! Sainte énigme ! lumière auguste des ténèbres ! Les célestes n’ont rien de plus que les funèbres Si les funèbres, groupe aveugle et châtié, Songent, et, n’ayant pas la joie, ont la pitié. Ô spectacle sacré ! l’ombre secourant l’ombre, L’âme obscure venant en aide à l’âme sombre, Le stupide, attendri, sur l’affreux se penchant, Le damné bon faisant rêver l’élu méchant ! L’animal avançant lorsque l’homme recule ! Dans la sérénité du pâle crépuscule, La brute par moments pense et sent qu’elle est sœur De la mystérieuse et profonde douceur ; Il suffit qu’un éclair de grâce brille en elle Pour qu’elle soit égale à l’étoile éternelle. Le baudet qui, rentrant le soir, surchargé, las, Mourant, sentant saigner ses pauvres sabots plats, Fait quelques pas de plus, s’écarte et se dérange Pour ne pas écraser un crapaud dans la fange, Cet âne abject, souillé, meurtri sous le bâton, Est plus saint que Socrate et plus grand que Platon. Tu cherches, philosophe ? Ô penseur, tu médites ? Veux-tu trouver le vrai sous nos brumes maudites ? Crois, pleure, abîme-toi dans l’insondable amour ! Quiconque est bon voit clair dans l’obscur carrefour ; Quiconque est bon habite un coin du ciel. Ô sage, La bonté, qui du monde éclaire le visage, La bonté, ce regard du matin ingénu, La bonté, pur rayon qui chauffe l’inconnu, Instinct qui, dans la nuit et dans la souffrance, aime, Est le trait d’union ineffable et suprême Qui joint, dans l’ombre, hélas ! si lugubre souvent, Le grand innocent, l’âne, à Dieu le grand savant » (Victor Hugo, Le crapaud).
Pâques transfigurée ? Un occis mort transformé en pléonasme !
Pour le dire en alexandrin :
En cette fête de la Transfiguration, voici un bel exemple de mon âme-mie Marie. L’homme en châle-leurre lui demande selon ce que lui désire. Elle a l’intelligence de ne pas s’offusquer de cette grivoiserie ; elle élève le débat, en mettant en présence de l’Invisible Présence…