Savez-vous que René Lacoste, champion de tennis, fit fortune en s’associant à celui qui inventa la maille et en se mariant à la championne de golf Simone Thion de La Chaume ? La jeune Compagnie Lacoste se mit ainsi araignée à-régner sur les terrains et de tennis et de golf.
Le saurien qui lui sert de logo vient d’un pari (« je t’offre cette valise en croco vert si tu gagnes ce match »). Il le perdit mais montra une telle ténacité à ne jamais lâcher qu’il fut surnommé l’alligator.
Le froid invite la sève des arbres à retourner aux racines. La nuit prie l’attention de descendre des yeux vers ce qui ne se voit pas d’habitude. Émerge lentement ce qui EST (l’été, c’est souvent enfoui, caché sous la surface). La nature vit un retour à l’essence-Ciel de sa Terre. Sa vraie nature se révèle dans les profondeurs, à l’intérieur.
Car seul le cœur de mon cœur peut embrasser tout ce que je suis, avec un amour inconditionnel, sans rejeter les aspects de moi que d’autres parts en moi n’aiment pas…
Tout arbre, par ses racines et ses ailes, nous invite à célébrer l’alliance Ciel-Terre qui nous constitue et qui nous traverse. Le sapin, lui, apporte sa touche spéciale avec sa forme pyramidale : ne nous invite-t-il pas à nous élancer et à nous affiner dans notre élan vers les cieux ?… Contenant la pyramide des besoins de Maslow, le sapin représente notre progression humaine, partant de la base vers le sommet : besoins physiologiques > besoins de sécurité > besoins d’appartenance et d’amour > besoins d’estime > besoins d’accomplissement de soi. Balisent-elles ce chemin de réalisation de soi, les décorations sur le sapin de Noël, illuminé par les boules telles les corps célestes (soleil, lune, étoiles) ? Et, à la pointe de l’arbre, est-ce l’étoile reliée au zénith qui symbolise le retour de la lumière ?
Quand la déco du sapin de Noël est une œuvre collective, dit-elle notre unité dans nos diversités / dans nos divers Cités (oh oh oh Santa Klaus écho pas clos…) ?
Sous les festivités de surface, je choisis de passer de 2023 à 2024 en prenant un temps de retraite. Regarder ce passé proche, repérer ce qui intoxique, dont il est bon de me débarrasser ; ce qui est mort, dont il est bon de faire le deuil : lâcher, accepter la perte ; mes illusions que je peux regarder et laisser se consumer…
Prendre le temps de respirer dans un espace aéré, admirer les pousses naissantes au ras de ma terre quotidienne ; s’ouvrir aux renouveaux qui pointent sous les décombres de mes morts ; accueillir le neuf qui en vaut la peine et la priorité, aligné à ma vérité profonde…
« Avec son air très naturel, le surnaturel nous entoure » (Jules Supervielle).
« La notion de l’infini dans le monde, j’en vois partout l’inévitable expression. Par elle, le surnaturel est au fond de tous les coeurs. L’idée de Dieu est une forme de l’idée de l’infini » (Louis Pasteur, dans son Discours de réception à l’Académie française, 27 avril 1882).
« Le bleu profond attire l’homme vers l’infini, il éveille en lui le désir de pureté et une soif de surnaturel. C’est la couleur du ciel tel qu’il nous apparaît dès que nous entendons le mot ciel » (Wassily Kandinsky).
Bonne fête à tous les É tienne que pourra… Hip hip hip hourra !…
« Noël c’est le moment où nous embrassons la vulnérabilité de Dieu » (Soeur Mary Leddy).
Voici une phrase pour le moins énigmatique et une injonction insolite : embrasser la vulnérabilité de Dieu ? Le besoin de protection et la vulnérabilité se manifestent le plus souvent dans des situations extrêmement brutales. Les images d’Ukraine, d’Israël/Palestine et de nombreux autres endroits du monde ne cessent de nous en faire prendre conscience. Le message que transportent ces images est que les victimes ont besoin de protection, de sécurité, ce qui se traduit au quotidien par des bombes, des chars, des obus, des murs et des frontières. Mais sommes-nous capables de voir autre chose, quand nous sommes confrontés à ces images ? Sommes-nous capables de percevoir cet autre message : cessez enfin de vouloir nous protéger par les armes qui provoquent tant de souffrance et de destruction et qui suscitent invariablement la riposte, violente elle aussi.
Des parents israéliens qui ont perdu un enfant dans des attentats terroristes du Hamas palestinien et des parents palestiniens dont les enfants ont été tués par des soldats israéliens expriment ensemble leur blessure morale, leur deuil. Ils ont fondé l’organisation Parents Circle. Leur message : mettez fin à la haine ! Elle ne fera pas revivre nos enfants. Notre responsabilité commune est de rompre ce cycle infernal de la violence et de la contre-violence !
Ce message-là, l’enfant dans la crèche nous le fait entendre. Regardez : voici un être humain, un petit enfant qui a besoin des autres. Protégez cet enfant, protégez chaque être humain et tout particulièrement ceux qui sont les plus faibles et les plus vulnérables.
La vulnérabilité de Dieu est l’antithèse des systèmes de sécurité militaires et de la course mondiale aux armements qui engloutit chaque année des sommes colossales et fait grimper toujours plus haut la spirale de la haine, des menaces, des attaques et de la vengeance. « En Jésus-Christ, Dieu s’est désarmé », dit la théologienne évangélique Dorothee Sölle.
C’est le grand défi que nous lance son existence marquée par la vulnérabilité : celui de prendre le risque de notre propre vulnérabilité. Celle-ci nous accompagnera tout au long de notre vie, malgré tous les systèmes de sécurité. Si nous acceptons de reconnaître notre commune vulnérabilité et notre besoin de protection, nous deviendrons de plus en plus responsables, non seulement envers nous-mêmes, mais aussi envers l’autre, l’étranger, et nous nous encouragerons mutuellement à coopérer plutôt qu’à nous affronter, à aller les uns vers les autres plutôt qu’à ériger des murs entre nous.
Je vous adresse toutes mes salutations, en ces temps si sombres, avec les paroles d’un choral de l’Oratorio de Noël de Jean-Sébastien Bach : Apparais, ô lumière du matin, Et laisse poindre le ciel ! Vous, les bergers, n’ayez pas peur, Car l’ange vous dit Que ce faible petit garçon Sera notre réconfort et notre joie, En plus il contraindra Satan Et apportera la paix – enfin ! Au nom du Conseil d’administration, Antje Heider-Rottwilm, présidente de Church and Peace https://www.church-and-peace.org/fr/2023/12/embrasser-la-vulnerabilite-de-dieu-a-noel/
« La virginité de Marie, l’enfantement et la mort du Seigneur sont trois mystères criants, …accomplis dans le silence de Dieu. Une étoile dans le ciel a brillé plus que toutes les autres. Sa lumière était indescriptible et a produit un effet d’étrangeté. Tous les autres astres, avec le soleil et la lune, formèrent un chœur autour de cette étoile, unique par sa lumière si nouvelle. D’où vient cette nouveauté qui ne ressemble à rien d’autre ? L’ignorance est détruite, maintenant que Dieu se manifeste de façon humaine, pour introduire la nouveauté de la vie éternelle […] et projeter l’abolition de la mort » (Ignace d’Antioche, Lettre aux Éphésiens, chapitre 19). Photo : une étoile à 92 pointes, fabriquée en papier cet Avent par des amis allemands qui m’envoient la photo (Église morave réformée et sa tradition d’étoile Herrnhuter ; cf. https://etiennechome.site/letoile-herrnhuter-aux-182-pointes/).
« Ce que la force ne gagne pas, souvent peut le gagner la persévérance » (Anne Barratin).
L’Avent, serait-ce restaurer « l’habilité qu’ont tout naturellement les enfants, les mystiques et le poètes, d’aller et venir d’un versant du monde à l’autre, de se faire pèlerins des deux mondes, danseurs sur les crètes, relieurs de bergers, constructeurs de passerelles » (Christiane Singer).
L’Avent, serait-ce prendre le temps de lever le nez pour repérer l’étoile qui brille dans mon ciel ? la reconnaître et la suivre fidèlement avec persévérance, malgré les obstacles et les épreuves sur la route ?…