« Il y a des choses invisibles que l’œil de chair ne voit pas, qu’on peut saisir par l’esprit et par le cœur. Ce qu’il y a de plus beau dans la création artistique, c’est justement cette part féminine, cette musique qui n’en finit pas de chanter. […] En cet instant unique, entre ciel et terre, sans autre témoin, ils sont tous les deux là. […] Tout est métamorphose ; il y a merveille au sein de la désolation même » (François Cheng, L’éternité n’est pas de trop).
Fin janvier = fin de la période des vœux. Du coup, dans l’image, un petit dernier alexandrin holorime en fin ‘je veux’.
« Une personne amoureuse devient généreuse, aime faire des cadeaux, écrit des lettres et des poèmes. Elle cesse de ne penser qu’à elle-même pour se projeter entièrement vers l’autre, que c’est beau ! Et si vous demandez à une personne amoureuse : « pour quel motif tu aimes ? », elle ne trouvera pas de réponse : à bien des égards, son amour est inconditionnel, sans aucune raison. Patience si cet amour si puissant, est aussi un peu « naïf » : l’amoureux ne connaît pas « vraiment » le visage de l’autre, il a tendance à l’idéaliser, il est prêt à faire des promesses dont il ne saisit pas immédiatement le poids… Ce « jardin » où se multiplient ces merveilles n’est pourtant pas à l’abri du Mal : il est souillé par le démon de la luxure, et ce vice est particulièrement odieux, pour au moins deux raisons. 1) Il dévaste les relations entre les personnes. Combien de relations qui avaient commencé dans les meilleures conditions se sont transformées en relations toxiques, de possession de l’autre, de manque de respect et du sens de limite ? Ce sont des amours où ‘la chasteté’ a fait défaut : une vertu qu’il ne faut pas confondre avec ‘l’abstinence sexuelle’ – la chasteté est « plus » que l’abstinence sexuelle –, elle doit plutôt être reliée avec la volonté de ne jamais « posséder » l’autre. Aimer, c’est respecter l’autre, rechercher son bonheur, cultiver l’empathie pour ses sentiments, se disposer à la connaissance d’un corps, d’une psychologie et d’une âme qui ne sont pas les nôtres et qui doivent être contemplés pour la beauté qu’ils portent. Aimer c’est cela, et c’est beau l’amour. 2) De tous les plaisirs humains, la sexualité a une voix puissante. Elle met en jeu tous les sens, elle habite à la fois le corps et la psyché, et c’est très beau, mais si elle n’est pas disciplinée avec patience, si elle n’est pas inscrite dans une relation et dans une histoire où deux individus la transforment en danse amoureuse, elle se transforme en une chaîne qui prive l’homme de sa liberté. Nous devons défendre l’amour, l’amour du cœur, de l’esprit, du corps, l’amour pur dans le don de soi, l’un à l’autre. Et c’est cela la beauté de la relation sexuelle. Gagner la bataille contre la luxure, contre la « chosification » de l’autre, peut être l’affaire de toute une vie. Mais le prix de cette bataille est absolument le plus important de tous, car il s’agit de préserver cette beauté que Dieu a inscrite dans sa création lorsqu’il a imaginé l’amour entre l’homme et la femme, qui n’est pas pour s’utiliser l’un, l’autre, mais pour s’aimer. Cette beauté qui nous fait croire que construire une histoire ensemble vaut mieux que partir à l’aventure – il y a tant de Don Juan ! –, cultiver la tendresse vaut mieux que céder au démon de la possession – le véritable amour ne possède pas, il se donne –, servir vaut mieux que conquérir. Car s’il n’y a pas d’amour, la vie est une triste solitude. Merci » (Pape François, extraits de l’Audience Générale du 17 janvier 2024, sur Th 4, 3-5).
La neige est tombée, des heures durant, tissant un épais manteau blanc à Dame Nature, sans ratures. Il y eut un soir d’engendrement, il y eut un matin ensoleillé. Nous voici tendrement enveloppés par cette neige fraîche si différente du givre : transformée en cristaux légers, l’eau prend 15 fois plus de place ; elle s’éclate dans l’espace, comme des cheveux ébouriffés, à la fois figés et aérés, si tant est qu’ils sont si tentés d’échapper à la pesanteur.
La neige s’est posée délicatement sur chaque tige, chaque brindille, ainsi ennoblies. Et, dès que le soleil s’y réverbère, elle se transfigure en mille diamants qui brillent de mille feux. La lumière est alors partout si étonnamment forte ! Comme si le soleil aveuglant de se réfléchir autant sur la neige désirait, le temps de cette féérie, compenser le déficit de lumière de ces longues nuits d’hiver…
Merci à la Personne qui a pu allumer une telle lumière parmi nous !
Par le principe physique dit de l’absorption hygrométrique, la neige absorbe l’humidité et les bruits : les sons sont ouatés, comme étouffés et l’air est plus sec ! Par contre, quand la neige devient de la glace, c’est le contraire : les sons sont davantage propagés.
Hiberner n’est pas hiverner ! Une lettre de différence pour dire plein de différences sur la température, le métabolisme, la vigilance, etc. L’animal qui hiberne se trouve dans un état de léthargie avancé : seules restent actives les zones de son cerveau qui commandent les actions vitales. L’animal qui hiverne, quant à lui, somnole : son cerveau peut parfaitement se réveiller, en cas de besoin.
Image jointe de gauche : Jean-Michel Bihorel qui a créé cette arête rocheuse l’a intitulée non pas ‘Arrête-toi’ mais ‘Winter Sleep’. J’ai toujours pas vu le slip, mais bon, bonne hibernation / hivernation…
Pour relever le niveau (20 cms de neige en plus annoncée ici) : « Au vent capricieux d’un jour d’hiver Dansent des myriades de diamants, Ballet erratique et scintillant Sous le blanc soleil d’un froid polaire. Parfois, dans le silence transi, Le vent s’amuse à les accrocher, Habillant la nature engourdie De cristaux de glace immaculés. Parée d’une gangue virginale, La campagne resplendit alors De l’étonnante beauté hiémale Que lui apporte le vent du Nord » (Hélène de Vannoise, Froidure, 14 janvier 2024, sous le ciel de la Nièvre).
« Mais il n’y aura pas pour toujours des ténèbres sur ce pays envahi par l’angoisse… Le peuple qui vivait dans les ténèbres verra briller une grande lumière… » (Isaïe 8,23 ; 9,1).
« La Parole est faite chair et la lumière de Dieu vient briller dans les ténèbres de notre humanité » (Isaïe 9,5-6 ; Jean 1,1-5).
Passages bibliques cités par Augustin Nkundabashaka dans le Bulletin de Noël 2023 du M.I.R.-France (branche française du Mouvement International de la Réconciliation), qui présente le travail de plusieurs des personnes avec qui je collabore étroitement :
Saint Œufs-se-tachent, priez pour John Doeuf, l’homme dans l’image jointe, pour qu’il ne soit jamais brouillé par quelque faux pas qui le transforme en homme-led, à moins que cela révèle tout son potentiel de John Doeuf ?
Son bel habit n’œuf serait-il un bon ‘bon à neuf’ ?
Il me confia sa résolution pour cette année 2024 : changer le nœud papillon rouge en authentique n’Œufs-papillon… Je lui souhaite tout le bon-nœud du monde…
La « galette des rois » est une tradition bien vivante chez nous : le premier dimanche de janvier, pour l’Épiphanie, on “tire les rois” en famille. Cette année, nous avons la joie de vivre cette tradition avec des Mauriciens qui ne connaissent rien de cette tradition. Alors, je la raconte ici.
Le clou de la fête est au dessert, autour de la galette à frangipane (en forme de couronne) qui a été cuite pour l’occasion avec, en son sein, une fève cachée : aussitôt que la personne dont la part de gâteau contient la fève la découvre, elle est reconnue reine/roi et elle choisit qui sera roi/reine avec elle, pour toute la journée. Et on leur met une couronne royale dorée sur la tête. Au moment de la découpe de la galette, comme tous prennent un malin plaisir à repérer dans quelle part se trouve la fève, la personne la plus jeune d’entre nous est envoyée sous la table pour être la voix innocente : la maîtresse de maison pointe une part de gâteau en lui demandant à qui attribuer cette part…
Cette fête existait avant le christianisme. Après le solstice d’hiver, les Romains fêtaient le retour de la lumière de cette manière : maîtres et esclaves de la même maisonnée partageaient un gâteau, souvent fourré de miel et de datte, dans lequel était cachée la fève, sorte de tirage au sort de la personne honorée en roi/reine pour un jour.
Ce que les chrétiens ont apporté à cette fête, c’est un sens neuf de la royauté, de la couronne (forme qu’ils vont donner à la galette) et de la lumière.
Il y a les rois, au sens des chercheurs de l’essentiel qui ont la joie de connecter le Ciel et qui auront la surprise d’être illuminés de l’intérieur d’une étable : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
Il y a Hérode, le roi-politicien, qui cherche à éliminer le rival : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
« Avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, les sages d’Orient regagnèrent leur pays par un autre chemin » (Mt 2, 1-12).
Il y a ce bébé innocent dans la mangeoire, dont tout l’être irradie d’une lumière nouvelle, dont la couronne royale deviendra couronne d’épines… Et la Passion commence déjà dès sa naissance : à tour de bras, le roi Hérode crucifie de saints innocents, hier comme aujourd’hui encore !
Je nous souhaite belle réception de cette lumière autre que celle du soleil extérieur et bonne royauté alternative !
En pâtisserie, le merveilleux est un gâteau cylindrique à plusieurs couches de meringues sèches soudées ensemble et recouvertes par une ganache, le tout roulé dans des copeaux de chocolat. Le merveilleux s’invite le mieux au cœur de l’hiver.
Saviez-vous que le merveilleux a été créé en référence aux Merveilleuses de l’Ère directoire (1795-1799) ? Ces femmes avaient un goût prononcé pour la mode (perruques, plumes, bijoux, décolletés…) et les plaisirs de la vie. Ce petit gâteau meringué est originaire de Belgique. C’est aussi un classique dans le Nord de la France, où on l’appelle – paraît-il – « boule meringuée au chocolat », « boule choco » ou « arlequin » !
Aux personnes qui me lisent de l’hémisphère Nord, bonnes calories pour faire face au froid de l’hiver… Aux personnes qui me lisent de l’hémisphère Sud, je gage que la photo jointe vous fasse un peu sentir l’ambiance de notre ‘mer du Nord’ en hiver…
Merci, mon âme-mie, Françoise, de m’avoir envoyé cette photo qui m’inspire ce matin ce merveilleux sur mer / mère veilleuse…
En littérature, « épiphanie d’une réalité » se dit d’une prise de conscience soudaine et lumineuse de la nature profonde de cette réalité : on parle d’une épiphanie de la musique, de l’épiphanie d’une amitié…
Dans son sens philosophique, « épiphanie » convient pour l’expérience d’une personne qui découvre une nouvelle information ou expérience, souvent insignifiante en elle-même, qui illumine de façon fondamentale l’ensemble. C’est voir la chose dans son intégralité, après avoir rassemblé toutes les pièces du puzzle ; genre Archimède s’écriant « Eurêka / J’ai trouvé ».
Fêter l’épiphanie, le 6 janvier, serait-ce donc célébrer la joie que les pièces du puzzle biblique sont désormais toutes assemblées ? Les mages, en quête du sens premier de la vie, partent de chez eux, quatre à quatre. Les voici à côté d’un bœuf et d’un âne, pour reconnaître et honorer le Fond de l’être, que ce bébé incarne si bien et que nous pouvons percevoir, en déployant notre stéthoscope divin, avec ses antennes célestes et capteurs terrestres…
C’est parti, nous serons bis-sextiles cette année sexy-tilt : trois-six-six bons jours ; crois, si si bonjour !
« Dieu à double visage, c’est de toi que part l’année pour s’écouler sans bruit. toi qui, sans tourner la tête, vois ce que nul autre dieu ne peut voir, montre-toi propice aux chefs dont l’active sollicitude donne le repos à l’Océan et la sécurité à la terre, qui nous prodigue ses trésors. Montre-toi propice à tes sénateurs, au peuple romain, et, d’un signe, serre les portes de ton candide sanctuaire » (Ovide pas odieux quand il prie au dieu Janus pas au vide ?).
« L’univers est un parchemin, un endroit et un envers. Ce côté-là, c’est le mien. C’est sur celui-là que j’erre. Et ce temps qui nous transperce, ces illusions qui nous bercent, n’ont pas le même pourquoi sur l’envers et sur l’endroit » (l’astrophysicien Jean-Pierre Petit brodant sur son modèle de Janus).