L’au-delà au-dedans dans l’instant présent

Dans la série très à la mode des vertus de l’instant présent :

« Faites-en l’annonce aux peuples : voici que Dieu vient, notre Sauveur » (Vêpres de l’Avent), commenté ainsi par Benoît XVI : « La liturgie n’utilise pas le passé – Dieu est venu –, ni le futur – Dieu viendra –, mais le présent :  « Dieu vient ». L’Avent retentit comme un appel salutaire dans la succession des jours, des semaines, des mois : réveille-toi ! rappelle-toi que Dieu vient ! pas hier, pas demain, mais aujourd’hui, maintenant ! » (le 2/12/2006, en la Basilique Vaticane).

Croissance / croix-sens

« S’il vit, alors il pourra être présent dans ta vie, à chaque moment, pour la remplir de lumière. Il n’y aura ainsi plus jamais de solitude ni d’abandon. Même si tous s’en vont, lui sera là, comme il l’a promis : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Il remplit tout de sa présence invisible, où que tu ailles il t’attendra. Car il n’est pas seulement venu, mais il vient et continuera à venir chaque jour pour t’inviter à marcher vers un horizon toujours nouveau » (Pape François, Christus vivit, exhortation apostolique, § 125).

Socle de la Terre-Mère et verticalité du Père-Lumière

« C’est en penchant l’oreille, tout près des mousses, qu’on entend chantonner les sources » (Marie Angel, Vivre avec les fleurs, 1980).

« Les grands écrivains sont des sourciers qui, à travers le sol infécond des apparences, percent jusqu’aux sources vives du réel » (Jules Payot, La faillite de l’enseignement, 1937).

Alors qu’au nord du Tropique du Cancer, nous nous enfonçons toujours plus dans la nuit froide de l’hiver, je nous souhaite de belles percées et de belles Avent-ures. Bonnes Avent-cées
car Avent c’est /
car-avan-sé-rails que je vous souhaite bons…

L’humusation

Donner la vie après sa mort en régénérant la terre : se faire enterrer à même la terre. L’humusation est un processus contrôlé de transformation des corps humains par les micro-organismes, qui sont présents uniquement dans les premiers cm du sol, dans un compost de broyats de bois d’élagage, qui transforme, en 12 mois, les dépouilles mortelles en humus sain et fertile. Écologiquement et économiquement, l’humusation est une solution bien meilleure que l’enterrement et l’incinération pour permettre à nos corps, en fin de vie, de suivre le cycle complet de transformation en douceur.
Cf. https://www.humusation.org/.

« Bientôt, nous plongerons dans les froides ténèbres.
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres
le bois retentissant sur le pavé des cours.
Tout l’hiver va rentrer dans mon être : colère,
haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé.
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
mon cœur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé.
J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe.
L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe,
sous les coups du bélier infatigable et lourd.
II me semble, bercé par ce choc monotone,
qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? C’était hier l’été ; voici l’automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ »
(Charles BAUDELAIRE, Spleen et Idéal, 1857).

Divali + le tendre lilas des jacarandas

Mon séjour à Maurice s’achève dans une surabondance de joies intérieures. Le Seigneur de la Vie me fait danser dans l’eau de mer, sur la plage, dans le tendre lilas des jacarandas qui ne fleurissent qu’en ce mois mauve si spécial, pendant lequel les âmes d’ici accueillent la paix et la lumière de Divali… Merci à chaque Mauricienne, chaque Mauricien, pour son accueil et ses partages intimes.

Alalila : expression créole exclamative signifiant « Voilà ! Exactement ! » : ce qui est dit correspond à ce qui était cherché, que ce dont il est question correspond à la meilleure solution. Si Archimède avait été mauricien, il se serait probablement écrié « Alalila ! » dans sa baignoire. « — Et si on passait un boulon entre les deux pannes, à travers une pièce fixée sur l’arêtier ? — Alalila ! c’est ça même qu’il faut faire. » Le voilà ; c’est là ; tiens (ou “tenez”). « Passe-moi un coup le couteau. — Alalila » (https://mauricianismes.wordpress.com/la-ma-liste-de…/).

Divali est une des plus belles fêtes hindoues ; c’est leur Noël, fête de la lumière partagée à tous…

Automne pas monotone

Par la fenêtre ouverte, entraient des lueurs d’or.
Le soleil si triste pleurait ses rayons morts.
Les arbres se pliaient, à volonté du vent.
Les oiseaux ne chantaient plus, intrigués du tourment.
Le vent murmurait la ballade de l’été,
en remuant ses lèvres exquises à satiété.
Les chants des cigales, habituellement si gais,
devenaient une plainte râleuse et monotone.
Il est temps de partir, voici venir l’automne…

  Annick Elle

exaltabo te exhale ta beauté

Il y a des présences et des paroles qui ouvrent, libèrent, rendent possible… C’est la présence d’Élisabeth qui a permis à Marie de chanter tout haut son Magnificat. Voici ce qu’en dit Christian de Chergé : 

« Élisabeth visitée par Marie se demande : d’où me vient-il que l’enfant qui est en moi a tressailli ? Et vraisemblablement, l’enfant qui était en Marie a tressailli le premier. En fait, c’est entre les enfants que cela s’est passé, cette affaire-là… Et Élisabeth a libéré le Magnificat de Marie. Et finalement, si nous sommes attentifs et si nous situons à ce niveau-là notre rencontre avec l’autre, dans une attention et une volonté de le rejoindre, et aussi dans un besoin de ce qu’il est et de ce qu’il a à nous dire, vraisemblablement, il va nous dire quelque chose qui va rejoindre ce que nous portons, montrant qu’il est de connivence… et nous permettant d’élargir notre Eucharistie, car finalement, le Magnificat que nous pouvons, qu’il nous est donné, de chanter : c’est l’Eucharistie. La première Eucharistie de l’Église, c’était le Magnificat de Marie. Ce qui veut dire le besoin où nous sommes de l’autre pour faire Eucharistie : pour vous et pour la multitude » (https://www.moines-tibhirine.org/histoire/sens-d-une-presence/79-le-sens-d-une-visitation, où se trouve l’ensemble de sa méditation).

« Exaltabo te Deus meus rex et benedicam nomini tuo in saeculum et in saeculum saeculi » (Psaume 144,1).
Je t’exalterai, ô mon Dieu, mon roi ! Et je bénirai ton nom toujours et à jamais.

           Je t’exalterai 
             exaltabo te
En moi, ton doigté
    exhale ta beauté

La joie durable, signe que je suis dans la bonne direction

Bonne fête, Ignace. Et merci pour tes paroles de Vie. Oui, le signe que nous sommes dans la bonne direction, que nous avons pris une bonne décision, c’est la joie durable qui demeure, elle est différente du plaisir éphémère. La joie est le signe de l’Esprit saint. La joie ne trompe pas (Galates 5,27). 

Le colloque déploie ma conscience « que je ne suis pas seul dans cette présence à moi-même » (Adrien Demoustier sj, Qu’appelle-t-on Exercices Spirituels? La proposition ignatienne, p. 32).

« Dieu lui-même ne cesse de frapper à la porte de notre cœur. Pour savoir ce qu’il nous veut, il suffit d’être attentif aux « motions intérieures » qui se succèdent et se combattent en nous : attraits de plaisirs faux ou éphémères, mouvements de joie profonde et durable, alternance de trouble et de paix. Discerner les vessies et les lanternes. Construire sa vie avec Dieu, pas sans lui ni contre lui » (Dominique Salin sj, Saint Ignace de Loyola).

À celle que j’aime

Dans ta mémoire immortelle,
Comme dans le reposoir
D’une divine chapelle,
Pour celui qui t’est fidèle,
Garde l’amour et l’espoir.

Garde l’amour qui m’enivre,
L’amour qui nous fait rêver.
Garde l’espoir qui fait vivre.
Garde la foi qui délivre,
La foi qui nous doit sauver.

L’espoir, c’est de la lumière,
L’amour, c’est une liqueur,
Et la foi, c’est la prière.
Mets ces trésors, ma très chère,
Au plus profond de ton cœur

(Nérée Beauchemin, À celle que j’aime).

Ci-dessous ce qui est sorti de moi à la Sainte Christine.