Le bonheur, un ange aux ailes fragiles, colosse aux pieds d’argile

« J’ai reconnu le bonheur au bruit qu’il a fait en partant » (Louis Jouvet, repris dans Wanda Kérien, Louis Jouvet, notre patron, 1963, p. 201).

« Le bonheur, en partant, m’a dit qu’il reviendrait » (Jacques Prévert).

Chaque phrase de ce poème au pré vert est une merveille à mon cœur.
Merci, Ô Prévert, Jacques yes, j’acquiesce,
je vibre et je chante intérieurement…

Le bonheur, en partant, m’a dit qu’il reviendrait,
que, quand la colère hisserait le drapeau blanc, il comprendrait.
Le temps du pardon et du calme revenu, il saurait
retrouver le chemin de la sérénité, de l’arc-en-ciel et de l’après…
Le bonheur, en partant, m’a promis de ne jamais m’abandonner,
de ne pas oublier les doux moments partagés,
et d’y écrire une suite en plusieurs volumes reliés,
tous dédiés à la gloire du moment présent à respirer…

Le bonheur, en partant, m’a fait de grands signes de la main,
comme des caresses pleines de promesses sur mes lendemains.
Il m’a adressé ses meilleurs vœux sur mon destin qui s’en vient,
et je crois en lui bien plus qu’en tous les devins…
Le bonheur est un ange aux ailes fragiles, un colosse aux pieds d’argile.

Il a besoin d’air, de lumière, de liberté et d’une terre d’asile.
Je veux être son antre dès ses premiers babils,
pour peu qu’il me le permette ; le bonheur n’est jamais un projet futile.

Le bonheur, en partant, avait le cœur aussi serré que le mien.
Son sourire en bandoulière, il est parti vers d’autres chemins

rencontrer ses pairs au détour des larmes et des chagrins,
que versent pour un rien, tous ces pauvres humains…
Le bonheur est parti, missionnaire, rallier d’autres fidèles.
Il veut plaider sa cause et convertir tous les rebelles,
leur montrer à eux aussi, combien la vie est belle,
si on lui laisse assez de place pour l’orner de ses dentelles…

Le bonheur, en partant, m’a fait un clin d’œil.
Je sais qu’il reviendra, je ne porte pas son deuil.
Il ne fuit pas, il s’en va conquérant réparer d’autres écueils,
pour me revenir encore plus grand, se reposer dans mes fauteuils…
Le bonheur, en partant, ne me quitte pas vraiment…

Je sais que même de loin, il éveille mes sentiments.
Il entend mes hésitations et m’oriente résolument et surement.
Le bonheur est une étoile qui me guide par tous les temps…

Se planter…

L’éducation porteuse apprend à son enfant à vivre malgré ses parents !

« Quel que soit notre passé, quelle que soit la manière dont nous avons construit notre vie (ou que d’autres l’ont construite pour nous), demain reste une feuille blanche. Que l’on ait vingt ans, quarante ans ou quatre-vingt ans, que le temps qui nous reste à vivre sur cette terre se chiffre en décennies, en années ou en mois, chacun a encore la possibilité d’écrire son lendemain » (Alain Orsot).

2 novembre

« L’automne est un deuxième printemps où chaque feuille est une fleur » (Albert Camus).

« Il y a des fleurs partout pour qui veut bien les voir » (Henri Matisse).

Les vivants ferment les yeux des morts, les morts ouvrent ceux des vivants. Ce 2 novembre, à partir de la Toussaint, nous recueillons l’héritage de ceux qui nous ont précédés :

https://www.rcf.fr/articles/actualite/les-vivants-ferment-les-yeux-des-morts-les-morts-ouvrent-les-yeux-des-vivants

Ombre et Lumière parmi les peuples ?

« Au fond, et contrairement à ce que nous pensons, notre entreprise la plus aboutie n’est pas d’embrasser la clarté de la lumière, donc de l’opposer avec obstination â la prétendue opacité de l’Ombre. C’est cette inclination qui a souvent gouverné nos préjugés dans lesquels nos raisonnements sont fondés sur l’opposition, sur les contraires : le noir et le blanc, le petit et le grand, le gros et le mince, les pays développés et les sous-développés, la civilisation et la barbarie, l’Ombre et la Lumière. Cette tentation ancrée dans notre inconscience nous empêche de découvrir ce grain de sable aux origines lointaines, cette fourmi emportée par le courant, cet oisillon blessé en échouant de son nid, cette brindille rescapée au bec d’un hibou, et surtout d’entendre cette piécette qui tombe et dont l’écho métronomique devient une musique d’anges…

En réalité, notre entreprise la plus aboutie est de ramener à la surface de l’Ombre ce chainon qui manque à notre humanisme. Notre entreprise consiste à nous inspirer du mystère de l’Ombre, à percer son incertitude pour remettre en cause la vérité absolue, distillée en apparence par la Lumière.  La Lumière ? Elle n’est rien sans l’Ombre. L’Ombre ? Elle ne trouve de raison d’exister que grâce à la Lumière. C’est comme, dirait le fabuliste Florian, l’amitié du paralytique et de l’aveugle. Les deux doivent s’unir pour progresser.

Entre l’Ombre et la Lumière, s’ouvre cette voie, cette passerelle, ce pont qui nous mène vers la Réconciliation et la Solidarité. Notre passé est là, avec sa part d’ombre. Notre présent essaye de séparer sans succès le grain de l’ivraie. Notre futur fera le bilan de cette longue traversée que certains ont trop vite qualifié de « Civilisation » et qu’il nous faudra coûte que coûte redéfinir ensemble, pour qu’il n’y ait plus d’un côté les peuples de la lumière et de l’autre les peuples des ténèbres » (Alain Mabanckou, du Congo Brazzaville, déclamant dans Droit dans les yeux ; j’ai transcrit son oral).

Là où la blessure gît et saigne, l’amour s’élargit et règne

Au milieu des fausses rumeurs colportées,
expérimenter que la tendresse va jusqu’à
se mettre à genoux, pauvre et démuni, devant la liberté de l’autre. 
Devant les médisances et les calomnies, rester en silence ;
ne pas ravaler ce qui mord le cœur, les souffrances ;
plutôt faire et refaire le choix de les offrir à Jésus, dans la confiance,
en se tenant au pied de la croix, soutenu par le Paraclet (Jn 14-18).


Faire l’étonnante expérience, encore et encore,
que là où la blessure béante gît et saigne,
mystérieusement, l’amour s’élargit et règne,
plus fort encore que nos pourritures de mort.

oui, Notre Dame . . . notre oui d’âme

« Vous avez porté, Vierge, digne princesse,
Jésus dont le règne n’a ni fin ni cesse.
Le Tout-Puissant, prenant notre faiblesse,
laissa les cieux et vint vers notre détresse,
offrir à la mort sa très chère jeunesse »
(François Villon, que j’ai légèrement retouché).

Photo : Alicia Keys, dans une robe
qui représente New York,
créée par Ralph Lauren.

Sans remparts, ni armure

« — Maître, je suis maintenant devenu incroyablement fort, car j’ai construit une armure émotionnelle et sociale qu’aucune attaque ne peut entamer. Plus personne ne peut vraiment m’atteindre.

— Tu es donc devenu expert en stratégies de sauvegarde de ton ego. Tu as donc encore très peur.

— Mais il faut être fort tout de même dans ce monde !

— N’est pas fort celui qui s’entoure de ses remparts, mais celui qui les a détruits (de même qu’il a déposé ses carapaces et boucliers). Celui qui a entrepris la déconstruction des cachots où rampent ses vices, et des temples qu’il a bâtis pour ses vertus.

— Mais alors sans remparts, ni armure, nous devenons perméables à la malveillance des autres !

— Il n’y a pas réellement de malveillance, mais uniquement des blessures que chacun exprime, dont les peurs et la souffrance sont les symptômes. Aussi ce sont tes blessures, qui nécessitent la construction de remparts, qui auront pour principale conséquence de t’éviter la résolution de celles-ci.

Tu es devenu non seulement imperméable à ce que tu appelles malveillance et attaques, mais à tout ce dont ce cloisonnement égotique te prive : à la beauté de ta souffrance, et de tes peurs. À  ta relation avec elles et à ta capacité de leur sourire, de les accepter et de t’aimer pour les transmuter »

(Stephan Schillinger).

Poèmes pour extraire les bleus sous ma peau et créer du lien

« J’ai été condamné à une peine de trente ans de prison, dont vingt ans de sûreté. Les dix premières années que j’ai passées derrière les barreaux ont été terribles. J’étais un enragé. Dans ce désert, j’ai trouvé l’écriture et la poésie. Elles m’ont servi de boussoles, m’embarquant pour de longs voyages, jetant des passerelles vers l’autre. Lire, écrire et créer en prison, c’est survivre. Je me suis découvert un cerveau à 52 ans. J’ai réussi à sortir de tout cela grâce aux mots, qui m’ont permis d’EXTRAIRE LES BLEUS SOUS MA PEAU. J’ai déclamé un poème que j’avais rédigé lorsque j’étais à l’isolement et cela m’a révélé. En 2016, j’ai reçu un premier prix de poésie à la Sorbonne. Quand j’ai vu mon nom à côté de ceux de grands auteurs, les Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, je ne l’ai pas cru. Mais j’ai compris que j’avais une sensibilité qui touchait les gens. EN ÉCRIVANT DES POÈMES, JE CRÉAIS DU LIEN EN PRISON » (Khaled Miloudi). Vient de sortir son livre Les couleurs de l’ombre.

Rire tris-mal : qui est très aigu, qui a la caractéristique d’un grincement de dent, d’un trisme (mot construit par Arthur Rimbaud dans son poème Comédie en trois baisers).

Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un long rire tris-mal
Qui s’égrenait en claires trilles,
Une risure de cristal…
(Arthur Rimbaud, 1895).

Lumière intérieure

Je peux réfléchir la lumière d’autrui,
comme la lune réfléchit le soleil.

Une seule lumière est capable d’irradier sans réfléchir :
elle provient de cette étincelle qui me donne vie à chaque instant.
Elle jaillit gratuitement du cœur de mon cœur.
Elle seule rayonne à partir de mon intérieur
propre, unique, inaltérable ! Gratitude…

Les arbres, bons voisins, sont nos anges gardiens

« L’ombre du frêne,
venin n’entraîne »
(proverbe français).

« Les arbres sont de grands sages. Bien ancrés dans le sol, ils sont à l’écoute de la terre, mais cela ne les empêche pas d’avoir la tête dans les nuages et d’écouter les histoires du vent, et encore de vouloir aller plus haut, vers la lumière » (Michel Tournier).

Terre-mère/mer, air, lumière (du Père
‘qui est aux Cieux’), vive le
carré sémiotique et phonétique
qui anime chaque vivant…