« Consens à la brisure.
C’est là que germera
ton trop-plein de crève-cœur,
que passera un jour,
à ton insu, la brise »
(François Cheng).
Catégorie : Epreuve nuit jour
Traverser la nuit
« L’exercice qui te sauve :
Te tenir comme un arbre
Ancré dans les courants
Consentant aux averses
Être fleuve sans rives
Ou bien homme debout
Qui marche dans sa nuit
Sans lieu, sans autre sol
Que le bel aujourd’hui
Conscient que tout naufrage
Recèle des trésors
Oublieux de ses failles
Ne gardant que l’élan
La clarté des passages
Invitant chaque oiseau
À demeurer chez lui »
(Jean Lavoué, Ce rien qui nous éclaire).
Ci-dessous peinture de Tomas Sanchez : ‘le témoin’.
La mort et la vie intimement liées
« Chers amis,
En cette fin d’année, vous promenant dans la nature, n’avez-vous pas été surpris ou émerveillés de voir, à côté des feuilles jaunies, de nouveaux surgeons poussant à l’extrémité de la même branche, annonçant le printemps prochain ?
Restons confiants et gardons l’esprit éveillé à trouver ces pointes d’espérance, ces bourgeons de vie, où l’amour triomphera » (Robert et Thérèse Henckes-Ronsse).
L’étoile Herrnhuter aux 182 pointes
« Quand on laisse mourir le feu de Noël, un bon moyen de le rallumer est d’aller chercher le feu des étoiles » (Pierre Jakez Hélias, Les autres et les miens).
Ci-dessous l’étoile Herrnhuter aux 182 pointes, qu’une amie allemande m’a montrée chez elle, lors de mon récent voyage chez elle, en terre morave. Elle expliqua l’importance de cette étoile dans leur Tradition. Au départ, construite à la main il y a 10 générations par un professeur de mathématiques en classe, à des fins de pédagogie en géométrie, elle est entrée dans tous les foyers de l’Église morave réformée : les enfants aidés de leurs parents fabriquent à la main cette étoile, le premier dimanche de l’Avent…
Et mon amie d’ajouter : « We, Moravians, are closely connected with the Herrnhuter Star and his 182 jags. It is bright enough to bring the light into the hearts of all of us and save us from darkness. 😁 »
Pêcheurs d’étoiles lèvent le voile
Une voix parcourt la terre,
Dieu s’approche dans la nuit ;
La semence de lumière
Donne enfin son fruit.
Voici l’heure du Royaume,
L’arbre mort a refleuri ;
Mais devant le Fils de l’homme,
Qui pourra tenir ?
À l’Orient son jour se lève,
Nul n’échappe à sa venue ;
Sa Parole comme un glaive
Met les cœurs à nu.
Seul le pauvre trouve grâce,
Seul le pauvre sait aimer :
Dieu l’invite à prendre place
Près du Fils aîné.
Et l’Agneau des sources vives,
Dieu fait chair en notre temps,
Chaque jour, sous d’humbles signes,
Vient à nos devants.
Offre-lui tes mains ouvertes,
Prends son corps livré pour toi ;
Son amour sera ta fête,
Donne-lui ta foi.
Marche encore vers la Ville
Où tes yeux verront l’Agneau,
Cherche en lui la route à suivre,
Viens au jour nouveau !
À entendre, chanté par les Sœurs de Pradines :
https://youtu.be/211yBAGdGJA !
Casse-vitesse
« Le plus haut degré de la sagesse humaine est de savoir plier son caractère aux circonstances et se faire un intérieur calme en dépit des orages extérieurs » (Daniel Defoe, Robinson Crusoé).
Reviens chahuter mon cœur
« Reviens chahuter mon cœur,
Qu’il vibre comme autrefois ;
Plein d’amour et d’ardeur,
À nos débuts « il était une fois ».
Reviens sur les heures
Où nous passions notre temps,
À nous aimer sans avoir peur
Comme deux adolescents …
Reviens sans tes rancœurs
Oublions nos jours maudits,
Nos faux pas et leurs erreurs
Reprenons sans les non-dits.
Reviens avec douceur
Que j’me glisse dedans,
Ton air mutin et farceur
Me manque tout simplement »
(Laurence Dauphin).
En attendant Godot
L’œuvre célèbre de Beckett, En attendant Godot, qu’il écrivit au sortir de la deuxième guerre mondiale, fut souvent neutralisée. Jadis, l’homme de goût la neutralisait par l’ennui : pas d’histoire, pas de personnage, pas de drame à se mettre sous la dent. Aujourd’hui, il la neutralise par le divertissement : l’œuvre mal aimée est devenue chef d’œuvre hilarant de l’absurde. Respecter la charge problématique de l’œuvre consisterait, à l’inverse, à laisser l’œuvre d’art construire le sujet d’expérience qu’elle appelle, en d’autres termes, à donner le corps et l’esprit de l’homme nu pris dans l’expérience, plutôt qu’à lui faire barrage avec la subjectivité de l’homme de goût (qui plaque sur l’œuvre son ennui qui exclut et son divertissement qui inclut).
Le mot « inachevé » revient du début à la fin du drame. Dès le début, comment vivre après le mot « fin » ? Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Quand il n’y a plus rien, comment on vit après la fin ? Qu’est-ce qui nous unit quand il n’y a plus d’autre « nous » que la co-présence oscillant entre toutes les nuances de l’ennui au divertissement, quand il n’y a plus d’homme entier, quand il n’y a plus que des chiffonniers qui ramassent des lambeaux de civilisation, tout ce qui jadis faisait des hommes et des communautés ?
Godot, c’est peut-être une blague de catholique irlandais : ce God qui ne viendra jamais, la figure de l’espoir, des lendemains qui chantent ?
(J’ai repris ici ce que j’ai trouvé essentiel de l’analyse faite par Sébastien Barbion ; analyse bien plus complète : https://www.rayonvertcinema.org/beckett-en-attendant-godot/).
Elle était si jolie
Elle était si jolie
que je n’osais l’aimer.
Elle était si jolie,
je ne peux l’oublier.
Elle était trop jolie
quand le vent l’emmenait.
Elle fuyait ravie
et le vent me disait…
Elle est bien trop jolie.
Et toi, je te connais.
L’aimer toute une vie,
tu ne pourras jamais.
Oui mais elle est partie.
C’est bête mais c’est vrai.
Elle était si jolie
Je n’oublierai jamais.
Aujourd’hui c’est l’automne.
Et je pleure souvent.
Aujourd’hui, c’est l’automne.
Qu’il est loin le printemps.
Dans le parc où frissonnent
les feuilles au vent mauvais,
sa robe tourbillonne,
puis elle disparaît…
Elle était si jolie
que je n’osais l’aimer.
Elle était si jolie.
Je ne peux l’oublier.
Elle était trop jolie
quand le vent l’emmenait.
Elle était si jolie.
Alain Barrière, à l’Eurovision en 1963, pour la France !
L’automne déséquilibre . . . * * * . . .*** … les feuilles en chute libre
« L’eau tonne, ainsi va la vie, avec son grain de folie.
Les bras m’en tombent, le temps perd ses feuilles, l’air est gris.
Moi, j’avance, emporté par l’espoir, sur le chemin des envies.
L’amour enraciné dans l’âme, j’attends de goûter ses fruits.
Toujours le vent en poupe sur le cœur coloré et fleuri,
je regarde droit devant, fier comme un tronc sur un sol jauni.
L’ombre finira par accoucher d’un éclair dans son doux nid.
Et je grandirai à nouveau sous un soleil riant sur la prairie.
J’entends déjà la musique envoûtante de la nature sur son lit.
Je renais de mes méandres, le bonheur nu s’envole vers l’infini »
(lu sur la page FB de Petit Nuage, L’eau tonne).