« C’ est todi li ptit k’ on spotche / språtche » (proverbe wallon : c’est toujours les petits qu’on écrase).
Dans la mythologie grecque, Écho est une nymphe chargée par Zeus (le big boss) de distraire sa femme, Héra, pendant qu’il la trompe. Ainsi, Écho entraîne Héra dans des conversations sans fin, jusqu’à ce que l’épouse comprenne la manœuvre de diversion et punisse la nymphe en la réduisant au mutisme, à une exception près : Écho n’ouvrira la bouche que pour répéter les derniers mots qu’elle vient d’entendre !
Face à Zeus, d’un machisme constant, deux constantes chez Héra : 1) se venger pour chaque infidélité de son mari ; 2) sans jamais s’en prendre à lui en direct (elle attaque les amantes, enfants qui en naissaient…).
En écho à Héra et Zeus : « Le mariage est la principale cause de divorce » (Groucho Marx) !
Ceci est la suite de mon post autour du livre Les Croisades vues par les Arabes d’Amin Maalouf. Derrière les arguments religieux, fournissant l’habillage idéologique justifiant la guerre qu’on veut mener, c’est l’histoire tristement répétée des mâles humains qui se lancent dans une guerre quand ils estiment que le rapport des forces en géopolitique penche à leur avantage. Les Occidentaux à l’offensive au cours de ces neuf ‘croisades’ les XIe, XIIe et XIIIe siècles, eurent à subir de lourdes contre-offensives les trois siècles suivants, jusqu’à la bataille de Lépante, signant la défaite pour longtemps des Arabes ; jusqu’à leur réveil, devenu possible grâce au pétrole. Ainsi en va le monde qui passe : un jeu de conquêtes et de contre-conquêtes, selon la loi du plus fort…
Ces invasions franques au début du Millénaire passé ont exactement les mêmes ressorts de pouvoir de domination que le choc de nos civilisations d’aujourd’hui (cf. les parallèles de Maalouf dans sa conclusion), avec, entre les deux, les colonisations et néocolonisations…
De quoi donner le tournis à qui joue à « Qui assaille qui ? »…
Les termes de ‘croisés’ et de ‘croisades’ sont des anachronismes du XIVe siècle. Ils sont forgés plusieurs générations après qu’eurent lieu ces expéditions militaires, ces ‘pèlerinages’ en armes, pendant lesquelles les Arabes ne se battaient pas contre les Chrétiens mais contre ces « Franj », venus des Royaumes francs, nous dit Amin Maalouf dans son précieux livre Les Croisades vues par les Arabes. La « racaille franque, barbare et rustique » suivie, dans une deuxième vague, par ses chevaliers cuirassés et plus aguerris, ont cherché il y a près de mille ans à occuper le Saint-Sépulcre et les Lieux saints de Jérusalem. Dire que, mille ans après, on parle de l’occupation de la Palestine par les Juifs !
Documents à l’appui, Amin Maalouf montre la principale des « infirmités » du monde arabe, avec ses roitelets locaux et ses peu puissants califes : les peuples arabes ont mis beaucoup de temps à s’unir et à repousser l’agresseur, du fait qu’ils étaient dirigés par des étrangers (Turcs, Arméniens, Kurdes…).
Pour croiser les regards arabes et francs, cf. aussi Franck Mimar, Croisades et pèlerinages. Récits, chroniques et voyages en Terre sainte, en plus d’Amin Maalouf, Les Croisades vues par les Arabes.
Les petits bonnets phrygiens ont été choisis comme mascottes des jeux olympiques de Paris 2024.
Au temps des Romains, le bonnet phrygien est porté par ceux qui brisent leurs chaines, pendant les cérémonies d’affranchissement des esclaves.
Symbole de libération, ce bonnet se trouve sur le drapeau de l’État de New York et est porté par les ‘sans-culottes’ de la Révolution française, jusqu’à Marianne, partout représentée dans les mairies françaises.
« De même que les grenouilles vont dans le fossé et les poissons dans l’étang rempli d’eau, le bonheur vient se donner tout entier à l’homme qui persévère » (sentence tirée de l’Hitopadesha, en sanskrit हितोपदेशः, qui signifie « L’Instruction utile » ; recueil de fables indiennes).
« À force de demander son chemin, on finit par trouver La Mecque » (Proverbe turc).
Impressionnant le haka de Hana-Rawhiti Maipi-Clarke, cette députée maorie de 21 ans, les yeux exorbités et le torse gonflé, pour prêter serment et appuyer son premier discours enflammé au parlement néozélandais. Son haka fut soutenu par des dizaines de Maoris dans les balcons. Ils veulent le maintien des droits des peuples autochtones, alors que le Premier Ministre veut abolir des lois qu’il juge rétrogrades et racistes car « encore fondées sur l’appartenance à un peuple particulier ».
Depuis 1905, les All Blacks néozélandais arrivent sur le terrain de rugby en excitant leur combativité à l’aide du célèbre rituel Haka, cette danse des Maoris – style gorille se frappant la poitrine – pour impressionner un maximum les adversaires.
Le mot ‘haka’ signifie littéralement ‘faire’ ; comme quoi, y a qu’à / yaka haka faire popo… (‘pó pó’ & ‘gōng gōng’ = grand-parents en langue hakka ; c’est en Chine et c’est une autre histoire ! ‘yaka awa’ = ‘viens ici’, en lingala ; encore une autre histoire !).
Quel est notre haka à nous ?
NB : Les Australiens, eux, ont leur « chant de combat des kangourous » : le « Wallee Mullara Choomooroo Tingal ». Et voilà que l’équipe des rugbymen français a adopté comme cri de ralliement le cri des spartiates mis en scène dans le film « 300 » de Z. Snyder.
Les îles de La Réunion et de Maurice sont en alerte cyclonique. Le premier cyclone de la saison qui oblige tout le monde à se calfeutrer a été nommé Belal. Il va probablement passer entre les deux îles (ou sur La Réunion) ce lundi tôt matin.
L’approche lente du cyclone crée une ambiance si spéciale, où se mêlent le meilleur et le pire, ce double creuset de nos récits passionnés. Il y a les intenses peurs des dégâts et un insoutenable suspense : serons-nous cette fois dans les sinistrés ? On se souvient, tous – même les jeunes qui n’ont qu’entendu les récits – des cyclones destructeurs, qui nous sont passés dessus, comme Carol en 1960, avec des vents à 256 km/h., comme Gervaise avec des vents à 280 km/h. en 1979, des vagues de plus de 10 mètres… Avec leurs maisons de tôles qui peuvent être soufflées, les pauvres ont le plus à craindre !
Les cyclones destructeurs nous terrifient. Et pourtant, nous prions pour avoir de bons cyclones : ceux dont les pluies torrentielles vont remplir nos réservoirs, sans nous détruire ! Notre île a vitalement besoin de ces pluies pour que nos réserves d’eau tiennent l’année… Ce besoin d’eau crée une religiosité naturelle dans les esprits et les âmes qui appellent la venue de cette Force de la nature, avec gratitude pour ses côtés bienfaisants, et qui, en même temps, supplient d’être protégés de ses côtés terrifiants et destructeurs…
Pour ma petite famille, qui y a vécu 6 saisons cycloniques, à part la peine des heures fastidieuses à visser des panneaux contre tous les châssis de fenêtres et à part les divers désagréments, du style une coupure d’électricité (au cyclone Dina, elle a duré plusieurs semaines dans la Cité Barkly – non prioritaire – où nous vivions), ce furent des moments extraordinaires que nous n’oublierons jamais : quels bons souvenirs pour nous, calfeutrés dans la maison en famille, tout excités à suivre les infiltrations d’eau et à prendre du temps ensemble, autour de la radio-infos et des jeux de société à la bougie…
Trombes d’eau : recevoir plus d’un mètre d’eau en un jour, ce que reçoit un endroit comme Paris en plus d’un an !
La « galette des rois » est une tradition bien vivante chez nous : le premier dimanche de janvier, pour l’Épiphanie, on “tire les rois” en famille. Cette année, nous avons la joie de vivre cette tradition avec des Mauriciens qui ne connaissent rien de cette tradition. Alors, je la raconte ici.
Le clou de la fête est au dessert, autour de la galette à frangipane (en forme de couronne) qui a été cuite pour l’occasion avec, en son sein, une fève cachée : aussitôt que la personne dont la part de gâteau contient la fève la découvre, elle est reconnue reine/roi et elle choisit qui sera roi/reine avec elle, pour toute la journée. Et on leur met une couronne royale dorée sur la tête. Au moment de la découpe de la galette, comme tous prennent un malin plaisir à repérer dans quelle part se trouve la fève, la personne la plus jeune d’entre nous est envoyée sous la table pour être la voix innocente : la maîtresse de maison pointe une part de gâteau en lui demandant à qui attribuer cette part…
Cette fête existait avant le christianisme. Après le solstice d’hiver, les Romains fêtaient le retour de la lumière de cette manière : maîtres et esclaves de la même maisonnée partageaient un gâteau, souvent fourré de miel et de datte, dans lequel était cachée la fève, sorte de tirage au sort de la personne honorée en roi/reine pour un jour.
Ce que les chrétiens ont apporté à cette fête, c’est un sens neuf de la royauté, de la couronne (forme qu’ils vont donner à la galette) et de la lumière.
Il y a les rois, au sens des chercheurs de l’essentiel qui ont la joie de connecter le Ciel et qui auront la surprise d’être illuminés de l’intérieur d’une étable : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
Il y a Hérode, le roi-politicien, qui cherche à éliminer le rival : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
« Avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, les sages d’Orient regagnèrent leur pays par un autre chemin » (Mt 2, 1-12).
Il y a ce bébé innocent dans la mangeoire, dont tout l’être irradie d’une lumière nouvelle, dont la couronne royale deviendra couronne d’épines… Et la Passion commence déjà dès sa naissance : à tour de bras, le roi Hérode crucifie de saints innocents, hier comme aujourd’hui encore !
Je nous souhaite belle réception de cette lumière autre que celle du soleil extérieur et bonne royauté alternative !
En pâtisserie, le merveilleux est un gâteau cylindrique à plusieurs couches de meringues sèches soudées ensemble et recouvertes par une ganache, le tout roulé dans des copeaux de chocolat. Le merveilleux s’invite le mieux au cœur de l’hiver.
Saviez-vous que le merveilleux a été créé en référence aux Merveilleuses de l’Ère directoire (1795-1799) ? Ces femmes avaient un goût prononcé pour la mode (perruques, plumes, bijoux, décolletés…) et les plaisirs de la vie. Ce petit gâteau meringué est originaire de Belgique. C’est aussi un classique dans le Nord de la France, où on l’appelle – paraît-il – « boule meringuée au chocolat », « boule choco » ou « arlequin » !
Aux personnes qui me lisent de l’hémisphère Nord, bonnes calories pour faire face au froid de l’hiver… Aux personnes qui me lisent de l’hémisphère Sud, je gage que la photo jointe vous fasse un peu sentir l’ambiance de notre ‘mer du Nord’ en hiver…
Merci, mon âme-mie, Françoise, de m’avoir envoyé cette photo qui m’inspire ce matin ce merveilleux sur mer / mère veilleuse…
Des animaux en captivité peuvent vivre une profonde détresse. Cela a été prouvé par une expérimentation scientifique avec des perroquets. Ces animaux qui aiment vivre en société dépérissent quand ils sont seuls à s’ennuyer, en cage. Cela se voit quand ils font les cent pas, se balancent d’avant en arrière, s’automutilent, s’arrachent des plumes…
Rébecca Kleinberger (chercheuse au M.I.T., spécialiste de la voix en tant qu’outil de communication) et son équipe ont appris à 18 perroquets à se contacter les uns les autres par des appels en visio, depuis un écran tactile. Ils deviennent capables d’appeler quand ils veulent qui ils veulent dans la bande de copains (c’est vérifié que leurs appels ne sont pas faits au hasard). Certains vont chercher leurs jouets pour se les montrer. Ils apprennent des trucs en voyant ce que fait un camarade : un qui n’a jamais volé se met à voler ou à prendre l’initiative d’aller manger par soi-même… Incontestablement, ses échanges sociaux leur font le plus grand bien.
Cf. l’article Birds of a Feather Video-Flock Together: Design and Evaluation of an Agency-Based Parrot-to-Parrot Video-Calling System for Interspecies Ethical Enrichment dans Proceedings of the 2023 CHI Conference on Human Factors in Computing Systems.
Photo : merci, Andrew Gray, d’avoir mis au point cette voiturette électrique pour ce perroquet gris d’Afrique, dont les ailes avaient été coupées…