« Les œuvres d’art ont quelque chose d’infiniment solitaire, et rien n’est aussi peu capable de les atteindre que la critique. Seul l’amour peut les saisir, les tenir, et peut être équitable envers elles— c’est à vous mêmes, à ce que vous sentez, qu’il est bon de vous fier, contre toutes ces analyses, ces comptes rendus ou introductions. Quand bien même vous auriez tort, c’est la croissance naturelle de votre vie intérieure qui vous amènera lentement, avec le temps, à d’autres conceptions » (Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète).
Catégorie : Cultures
Se confronter à d’autres façons de vivre vivifie
« Le jour entra dans la nuit comme une goutte de lait dans un café noir. […] La pluie ne s’arrêtait plus de tomber. Et la Seine de monter. Sur les berges, des roseraies de parapluies fleurissaient en accéléré. Ambiance défilé de mode en bottes de pluie. Tout le monde voulait voir le fleuve sortir de son lit. Oubliée, Notre-Dame. La nouvelle star, c’était la Seine ! […] Rien n’est plus sexy que le cerveau d’une fille avec de l’humour dedans. Les seins, les fesses, la bouche sont des amuse-gueules délicieux, mais le partenaire des longues aventures, c’est l’humour » (Mathias Malzieu, Une sirène à Paris).
« L’intolérance en prendrait un sacré coup si tout le monde avait la chance de voir autre chose que son pré bien trop carré. Se confronter à d’autres façons de vivre vivifie » (Mathias Malzieu, Journal d’un vampire en pyjama).
Que voir ? Que croire ?
« Je ne peux pas concevoir un monde qui s’en tient juste à ce qu’on en voit » (Jean Rouaud).
« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux » (Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit prince).
« Les affects invisibles que les parents transmettent aux enfants sont nettement plus importants que les visibles. […] L’atmosphère impalpable est beaucoup plus puissante que celle que l’on voit. C’est pour cette raison que Jung n’a jamais beaucoup abordé la pédagogie. Il soutenait que ce que l’on dit ou fait avec les enfants importe peu. Ce qui compte, c’est d’être soi-même sain afin qu’une atmosphère saine et positive émane de soi. Peu importe alors ce que vous dites aux enfants : de toutes manières, ils n’écoutent pas. Ils réagissent à ce qui se trouve à l’arrière-plan. Les enfants nagent encore, pour ainsi dire, dans l’inconscient, dans l’atmosphère d’une situation, et c’est à cela qu’ils réagissent » (Marie-Louise von Franz, La Voie des rêves).
Dans Les yeux d’Hubert : l’art de l’observation scientifique avant l’émergence du positivisme, Patrick Singy montre que l’observation scientifique au sens moderne est le produit du positivisme du 19ème siècle : ni universel ni éternel !
Il cite Alexandre Pope, Essay on Man, 1732, poète qui chante à sa façon l’art d’observer :
“The bliss of man (could pride that blessing find)
Is not to act or think beyond mankind ;
No powers of body or of soul to share,
But what his nature and his state can bear.
Why has not man a microscopic eye ?
For this plain reason, man is not a fly.
Say what the use, were finer optics giv’n,
To inspect a mite, not comprehend the heav’n ?
Or touch, if tremblingly alive all o’er,
To smart and agonize at ev’ry pore ?”
La musique est au-delà de notre monde
« La musique est au-delà de notre monde. C’est pourquoi elle est si belle. Elle a quelque chose de plus que de l’émotion. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut simplement toucher. Elle est au-delà » (Tomoki Sakata, pianiste japonais de 28 ans).
La fille de l’air : origine
Lorsqu’une personne prend la fuite, on dit qu’elle joue « la fille de l’air ». L’expression s’est imposée lors du succès d’une pièce de théâtre du même nom, en 1837. Son héroïne, Azurine, est la fille du roi des génies envoyée sur terre pour s’aguerrir au contact des hommes. En laissant un paysan s’emparer de son cœur, elle perd ses ailes et est condamnée à rester sur terre. Elle se morfond dans ce mariage avec un terrien, jusqu’au happy end : par l’aide d’un de ses amis, la fille de l’air trouve le talisman par lequel elle peut enfin s’éclipser et regagner son royaume.
Cadeaux de l’imagination s’envolant grâce à la lecture
Dans une lecture, je crée mon propre film. C’est encore mieux qu’au cinéma ! Je m’arrête de lire dès que mon imagination déploie ses ailes. À tout moment, je peux m’envoler au milieu des échos du texte en moi. Comme elles sont bienfaisantes, ces envolées qui scandent la lecture… Dans les silences du texte, mon esprit, mon cœur et mon âme se mettent à respirer en propre, chacun à son rythme, comme le nouveau-né qui se passe du cordon ombilical.
Le pot aux roses
Découvrir le pot aux roses, à cause de l’odeur des fleurs qu’il contient = découvrir un secret, malgré toutes les précautions prises par la personne qui le cache avec soin. Ainsi, la personne cachant le pot magique avec lequel elle poudre de rose son visage, dans l’espoir de masquer ses défauts.
« Toutefois, Messieurs, la finesse, la tricherie, les petites anicroches sont cachées sous le pot aux roses » (Rabelais, Pantagruel, livre II, ch. XII, 1532).
Une personne cache ses blessures en se fardant de rose, dans l’espoir que son pot aux roses ne soit démasqué.
Ci-dessous d’heureux pots aux roses réussis.
Cicatrices => Sic actrices !
Nos posts fake, fac-similés, fac-simulés…
Succédanés, succès-damnés !
Ersatz de bonheur…
Hommage à ma différence
« Aujourd’hui, je veux rendre hommage à ma différence. Précisément à cette partie de moi si loin des autres.
À cet ennui qui vient quand tout le monde applaudit. À ce sentiment de ne pas être à ma place. À mes cellules rebelles et révolutionnaires, vraies.
Être différent est un signe d’authenticité. C’est ainsi qu’on découvre artistes, poètes, pèlerins de l’âme : par leurs diversités dont ils ne peuvent se passer. C’est le rythme de leur cœur. Un rythme souvent incompréhensible à l’entour.
Ce battement les conduit à des actions étranges, des pensées variantes, des vies mouvementées mais harmoniques, selon leurs propres lois intérieures…
Quant à moi, les masses m’effraient, m’immobilisent, m’assoupissent. Je préfère les bizarres, les fous, les sauvages de l’esprit. Ceux qui parviennent à s’écouter malgré tout le bruit du monde. Vivent ceux qui ne se laissent pas distraire, ceux qui continuent à marcher sur le chemin de leur âme, malgré les blessures, les chaînes qui retiennent, les voix qui envoûtent. Les victorieux sont ceux qui n’éteignent pas leur voix intérieure » (Elena Bernabè).
‘Oom’ en Afrique du Sud est un mot employé pour saluer un homme âgé, avec respect et affection.
‘Difé’ = du feu, dans plusieurs créoles des îles.
Conformité calamiteuse
« Si je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente »
(Saint Exupéry, Lettre à un otage).
« La confiance en soi libère de la conformité » (Emerson, Self-Reliance).
La conformité est la mort de l’âme.
Copie formée,
Copie qu’on forme,
Copie fermée,
Copie conforme,
Il y a dans ces conformités,
Peu de réformes.
Choses ordinaires,
Choses qui dorment,
Qui enferment,
Ou qui ronronnent,
Il y a dans ces termes,
Peu de réformes.
Opinion majoritaire,
Opinion con-forme,
Auquel on adhère,
Ou qu’on nous forme,
Il y a dans ces filières
Peu de réformes.
Pensées inconscientes,
Pensées sans causes,
Sciences sans conscience,
Ou sous hypnose,
Il y a dans ces fréquences
Peu de réformes.
Au delà de nos coutumes
De nos croyances et religions,
Au regard de nos habitudes
Et de nos conventions,
N’y a t-il pas dans nos attitudes
Une forme involontaire d’exclusion?
Face à cette lignée de conformité,
Académique, traditionaliste,
Conservatrice ou éprise de normalité,
Ne faudrait-il pas lâcher prise
Et prendre conscience de nos excès
Pour mieux lutter contre le conformisme ?
(Jean-Stéphane Bozzo, Conformisme).
Demande d’asile et racisme
Le jour où je me suis retrouvé étranger en difficulté en terre inconnue, loin de chez moi, et que j’ai trouvé refuge chez des gens d’une hospitalité simple et spontanée, leur humanité m’a humanisé, elle m’a ouvert les yeux du cœur sur les réflexes européens de forteresse se croyant assiégée par ‘’toute la misère du monde’’…
« Il a fait fleurir le désert comme une rose, il m’a arraché à l’amertume solitaire de l’exil pour me mettre en harmonie avec le grand cœur blessé et brisé du monde » (Oscar Wilde, De Profundis).
« Secours-moi, sois mon ami, ô Bien-aimé, ne dors pas !
Ô rossignol enivré, ne t’endors pas dans la roseraie.
Protège les amis exilés, ne dors pas !
Cette nuit est la nuit de la libéralité,
sois attentif, ne dors pas.
Si tu désires l’éternité et la victoire, ne dors pas.
Brûle-toi à la flamme de l’amour de l’Ami, ne dors pas.
Plonge comme le seau dans les ténèbres du puits,
il se peut que tu arrives à la margelle du puits ;
ne dors pas » (Rûmi).