Bone fête nationale, chers voisins Francs-c’est ! Bonne prise de la pastille. Nous, les petits Belges, c’est dans 7 jours… À demain pour la prise du pastis…
J’aime cette « main dans la main du désir » (Rodney Saint-Éloi).
Nos cœurs en bas là haut, les mains dans les mains, nous eûmes face à face qui ne s’af-faisse à fesses ?
Sordide fait divers d’été, c’est à Bruxelles qu’il a été : En août 2012, l’épouse Singh disparaît. Son corps ne sera jamais retrouvé. Juin 2021 : Le procès de son mari, Kewal Singh, aboutit à sa condamnation : 25 ans de prison pour « un crime d’honneur ». Il convient de requalifier cette expression : « crime dit d’honneur » (Conseil de l’Europe) et « crime au nom de l’honneur » (ONU) car il n’y a pas pire ‘déshonneur’ que de commettre un crime.
« Ma mère est morte deux fois » (Elif Shafak, Crime d’honneur : un exil loin des rives de l’Euphrate croyant aller vers des miracles et se mourant en mirages).
« En pleurant, il se souviendra de l’ amour duquel il n’ a pas su s’ occuper un jour (bis)
Le souvenir ira avec lui où qu’il aille. Le souvenir ira avec moi où que j’aille pour toujours
Danseront le soleil et la mer et je garderai dans le regard que l’ amour fait perdre les rencontres. La lambada sera souvenir de cet amour qui, pour un jour, un instant, a été roi.
Chanson de rire et de douleur, mélodie d’ amour, un moment qui reste dans l’ air ».
« Dans beaucoup de cultures, le nom propre est étroitement associé à la personne. La fonction d’un nom propre est l’identification : distinguer et individualiser une personne ou une chose à l’aide d’une étiquette spéciale » (Claudia Reeder, Nom-Identité ou à la recherche du nom perdu, dans Littérature, 1978, p. 23).
Je suis un état civil ? Un prénom, un nom de famille ? Une date, un lieu de naissance, une ville ? Une nationalité, un domicile ?
Je suis une personne Morale, physique, Grande ou petite, Qui ne ressemble à personne D’autre qu’à moi-même ?
Je suis le souvenir d’un passé, Sous les couvertures des années, Qui font partie de mon identité ?
Je suis le souvenir de mes maux. Ils sont à l’origine de mes cris Et de mes frustrations endolories ?
Je suis l’identité de mes mots. J’ai la nationalité d’une histoire, Je suis l’identité de ces phrases Qui me définissent par des mots ?
Je suis l’identité de mes rêves. Ils m’appartiennent et me définissent Tels que je suis et voudrais être ?
Je suis le souvenir et l’identité De tout l’amour Partagé ou non partagé Que je porte en moi tous les jours.
Nous sommes tous dans le même bateau. Notre enfance, sans bruit, dort Dans un rafiot, avant de trouver le bon port.
En aveugle, sous le brouillard des eaux, Sous le hâle d’une encre désir, Mon identité ne demande qu’à jouir
Voici le sonnet que Baudelaire offre à ses hôtes mauriciens, en 1841 :
À une dame créole
Au pays parfumé que le soleil caresse, J’ai connu, sous un dais d’arbres tout empourprés Et de palmiers d’où pleut sur les yeux la paresse, Une dame créole aux charmes ignorés.
Son teint est pâle et chaud ; la brune enchanteresse A dans le cou des airs noblement maniérés ; Grande et svelte en marchant comme une chasseresse, Son sourire est tranquille et ses yeux assurés.
Si vous alliez, Madame, au vrai pays de gloire, Sur les bords de la Seine ou de la verte Loire, Belle digne d’orner les antiques manoirs,
Vous feriez, à l’abri des ombreuses retraites, Germer mille sonnets dans le cœur des poètes, Que vos grands yeux rendraient plus soumis que vos noirs.
« Baudelaire a été le premier à chanter la femme noire à Paris. Il voit dans la marginalité une rédemption. D’une certaine façon, il a choisi ce camp des gens déchus » (Emmanuel Richon, dans sa conférence sur les pieds nus. Il présente les pieds nus comme « des marqueurs identitaires de l’esclavage »).
Extrait de « À une Malabaraise » : « Tes grands yeux de velours sont plus noirs que ta chair. Aux pays chauds et bleus où ton Dieu t’a fait naître, Ta tâche est d’allumer le pipe de ton maître, De pourvoir les flacons d’eaux fraîches et d’odeurs, De chasser loin du lit les moustiques rôdeurs, Et, dès que le matin fait chanter les platanes, D’acheter au bazar ananas et bananes » (Charles Baudelaire).
Nota Bene (sur Wikipedia) : Une Malabaraise est au sens strict une habitante de la région de Malabar sur la côte sud-ouest de l’Inde (État actuel du Kerala). En français néanmoins, le mot « Malabar » a aussi servi à désigner tout habitant du sud de l’Inde et notamment aussi de la côte sud-est (pays tamoul) ainsi que, par extension, les habitants d’origine tamoule des îles Maurice et de la Réunion. Dans le contexte du poème, la « Malabaraise » fait référence à une Indienne d’un comptoir français en Inde du sud : Pondichéry probablement, ou alors Mahé sur la côte occidentale.
Parmi les fleurs du mal esclavagiste, il y a notre impossibilité de retracer l’origine et le nom de Jeanne dite Duval, cette Créole des îles qui fut le grand amour de Baudelaire. Le racisme est tel que toute leur correspondance est détruite, tandis qu’on met en lumière ses billets avec Mme Sabatier, une femme comme il lui faut, selon les critères de son entourage. La mère du poète et toute la famille refusant le couple interracial, lui rend la vie impossible, notamment en lui coupant les vivres.
Pourtant, malgré tout, c’est Jeanne qui illumine le cœur de Baudelaire. C’est pour elle qu’il écrit cette chanson d’après-midi :
Quoique tes sourcils méchants Te donnent un air étrange Qui n’est pas celui d’un ange, Sorcière aux yeux alléchants,
Je t’adore, ô ma frivole, Ma terrible passion ! Avec la dévotion Du prêtre pour son idole.
Le désert et la forêt Embaument tes tresses rudes, Ta tête a les attitudes De l’énigme et du secret.
Sur ta chair le parfum rôde Comme autour d’un encensoir ; Tu charmes comme le soir, Nymphe ténébreuse et chaude.
Ah ! les philtres les plus forts Ne valent pas ta paresse, Et tu connais la caresse Qui fait revivre les morts !
Tes hanches sont amoureuses De ton dos et de tes seins, Et tu ravis les coussins Par tes poses langoureuses.
Quelquefois, pour apaiser Ta rage mystérieuse, Tu prodigues, sérieuse, La morsure et le baiser ;
Tu me déchires, ma brune, Avec un rire moqueur, Et puis tu mets sur mon cœur Ton œil doux comme la lune.
Sous tes souliers de satin, Sous tes charmants pieds de soie, Moi, je mets ma grande joie, Mon génie et mon destin,
Mon âme par toi guérie, Par toi, lumière et couleur ! Explosion de chaleur Dans ma noire Sibérie !
Charles Baudelaire écrit ses poèmes pour Jeanne, son amour de Créole authentique. Bien plus que sa muse, elle est aussi et notamment le voyage qui continue, le moyen de ne jamais quitter l’île Maurice et les Mascareignes qui l’ont tant fasciné. Que ces moments demeurent immortels…
Le balcon : Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses, Ô toi, tous mes plaisirs ! ô toi, tous mes devoirs ! Tu te rappelleras la beauté des caresses, La douceur du foyer et le charme des soirs, Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses !
Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon, Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses. Que ton sein m’était doux ! que ton cœur m’était bon ! Nous avons dit souvent d’impérissables choses Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon.
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées ! Que l’espace est profond ! que le cœur est puissant ! En me penchant vers toi, reine des adorées, Je croyais respirer le parfum de ton sang. Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !
La nuit s’épaississait ainsi qu’une cloison, Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles, Et je buvais ton souffle, ô douceur ! ô poison ! Et tes pieds s’endormaient dans mes mains fraternelles. La nuit s’épaississait ainsi qu’une cloison.
Je sais l’art d’évoquer les minutes heureuses, Et revis mon passé blotti dans tes genoux. Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses Ailleurs qu’en ton cher corps et qu’en ton cœur si doux ? Je sais l’art d’évoquer les minutes heureuses !
Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis, Renaîtront-il d’un gouffre interdit à nos sondes, Comme montent au ciel les soleils rajeunis Après s’être lavés au fond des mers profondes ? Ô serments ! ô parfums ! ô baisers infinis !
Voici le poème Le Léthé de Charles BAUDELAIRE, en hommage à Jeanne, dont il est fou amoureux, cette fille des îles (d’Haïti aux rivages mauriciens), au teint fauve et brun, si belle fleur du mal, trônant sur ce mal qu’est le fumier colonial :
Viens sur mon cœur, âme cruelle et sourde, Tigre adoré, monstre aux airs indolents ; Je veux longtemps plonger mes doigts tremblants Dans l’épaisseur de ta crinière lourde ;
Dans tes jupons remplis de ton parfum Ensevelir ma tête endolorie, Et respirer, comme une fleur flétrie, Le doux relent de mon amour défunt.
Je veux dormir ! dormir plutôt que vivre ! Dans un sommeil aussi doux que la mort, J’étalerai mes baisers sans remord Sur ton beau corps poli comme le cuivre.
Pour engloutir mes sanglots apaisés Rien ne me vaut l’abîme de ta couche ; L’oubli puissant habite sur ta bouche, Et le Léthé coule dans tes baisers.
À mon destin, désormais mon délice, J’obéirai comme un prédestiné ; Martyr docile, innocent condamné, Dont la ferveur attise le supplice,
Je sucerai, pour noyer ma rancœur, Le népenthès et la bonne ciguë Aux bouts charmants de cette gorge aiguë Qui n’a jamais emprisonné de cœur.
La Pentecôte bouclant la Tour de Babel, Opéra en trois actes : 1) l’uniformisation à la manière de toutes les Pax impériales, avec leurs estafettes commerciales (de type Mc Donald), pour se faire un nom de gloire ; 2) le non du Dieu de la Bible à ces conquêtes impériales, dominatrices, orgueilleusement uniformisantes ; 3) l’accueil de la différence jusqu’à l’unité sans uniformité.
« Depuis la nuit des temps, l’histoire de Babel se répète. La course à la tour la plus haute du monde que gagnent en ce moment les pays arabes rappelle à la vieille Europe ses guerres de clochers au Moyen-âge : la compétition faisait rage entre les familles les plus riches de la Cité : c’était à qui construirait la tour la plus haute et la plus belle. La technologie est alors au service d’une politique de puissance. Le Dieu de la Bible dit non à ce nom-là. La Pentecôte est l’anti-Babel. La Pentecôte, c’est le récit d’une nouvelle création, d’une nouvelle convivialité, d’une nouvelle aurore de l’humanité. L’Esprit Saint crée la communion dans la différence » (extrait de mon livre La non-violence évangélique et le défi de la sortie de la violence, p. 205).
Merci pour chaque être humain qui, dans ses moments privilégiés, se révèle être de lumière.
Vivent ces langues de feu qui éclairent la nuit…
Puisque le Christ a pris l’Ascension pour monter, l’Esprit Saint prend l’ascenseur pour descendre la pente-côte ?…
Bonne montée et bonne descente à chacun.e, à leurs côtés… Bonne pente et bonne côte !