« Oui il est grand temps de révéler à nos enfants – de nous révéler à nous-mêmes – l’autre versant du monde, celui où, jour après jour, s’invente la vie : les mille gestes d’amour, de compassion, de tendresse, les multiples mains qui bénissent, caressent, plantent, sèment, rêvent, se joignent pour prier, jour après jour, sans se lasser. Car le monde doit de tenir debout à cette conspiration de l’amour, à cette clandestinité de la tendresse et de la louange » (Christiane Singer).
« Qu’ils louent son nom avec des danses. Qu’ils le célèbrent avec le tambourin et la harpe » (Psaume 149).
« Ceux qui s‘aiment par l’Esprit ne cesseront jamais de s’aimer. […] Ainsi, le sentiment de l‘amour, au lieu de s’arrêter en eux et de s’y endormir, ne fait que s’accroître et embraser leur cœur d’une flamme nouvelle. Ils s’élèvent toujours en s‘aimant jusqu’à Dieu » (Antoine Blanc de Saint-Bonnet, De l’unité spirituelle, 1845).
« Plus le cœur de l’homme est pur, plus la vue de celle qu’il aime le sanctifie. Elle est comme un talisman merveilleux qui l’initie aux enchantements de la vie immortelle. […] Comme l’artiste, la femme n’aspire qu’à réveiller en nous le Feu sacré. Elle se fait aimer pour porter le cœur de celui qui l’aime dans les abris éternels » (Antoine Blanc de Saint-Bonnet, De l’unité spirituelle, 1845).
« Quand vient la mort, tel l’ours affamé en automne, Quand vient la mort
et qu’elle puise dans sa bourse toutes ses pièces étincelantes pour m’acheter puis referme cette bourse d’un coup sec…
Je veux passer cette porte, emplie de curiosité en me demandant : à quoi donc va ressembler cette demeure d’obscurité ?
C’est pourquoi je regarde toutes choses comme une fraternité et une communauté… Je pense à chaque vie comme à une fleur aussi commune qu’un champ de marguerites et aussi remarquable. Chaque corps est un lion de courage, quelque chose de précieux pour la Terre.
Quand ce sera la fin, je veux pouvoir dire : toute ma vie j’ai été l’épouse mariée à la stupeur ; j’étais le marié prenant le monde dans mes bras »
« Noble amitié, noble amour. Heureux ceux qui connaissent les deux dans le même temps.
Si l’amour enseigne le don total et le total désir d’adoration, l’amitié elle initie au dialogue à cœur ouvert dans l’infini respect et à l’infini attachement dans la non-possession.
Les deux, vraie amitié et vrai amour, s’épaulent, s’éclairent, se haussent, ennoblissant les êtres aimants dans une commune élévation. Moment miraculeux » (François Cheng).
Dans un couple, la confiance se densifie au creuset d’une expérience renouvelée jour après jour : nous pouvons compter l’un sur l’autre dans le meilleur comme dans le pire, dans nos forces comme dans nos faiblesses.
À la vie, à l’amor, l’amour se vit jusqu’au bout, en restant là, solidaires, y compris dans l’épreuve : nous porter, parfois vaille que vaille, jusque dans nos failles les plus profondes, dans nos vulnérabilités les plus intimes, dans nos fragilités les plus cachées.
Notre espérance bonifie, comme un bon vin, dans l’humble quotidien partagé, nous accompagnant câs-l’un, cas-l’autre, cahin-caha (Caïn-label ?), sur le chemin chaotique de nos deux libérations, avec une levée progressive de nos conditionnements…
Foi, Charité et Espérance, voilà les 3 bonnes fées du logis. Les théologiens ont cru bon de les distinguer des vertus cardinales bien connues des Grecs et les ont nommées les trois vertus théologales car, à vrai dire, les humains s’épuisent assez vite à les prodiguer de leur propre cru. Elles sont théologales : les filles mêmes de Dieu qu’Il confie au monde comme le soleil ses rayons. Tu peux compter dessus, sachant qu’en théologie / quand t’es-au-logis, Théo régale / théologales…
C’est gratuit, pour tous, et au-delà de toute espérance humaine.
Éduquer un enfant, n’est-ce pas d’abord honorer, dès le berceau, ses rires émerveillés, qui nous entraînent irrésistiblement dans la plus tendre des danses ? Quel admirable échange il est capable de susciter entre nous, à partir du meilleur en chacun de nous ! Y a-t-il plus croustillante surprise que cette vie qu’il nous apporte d’on ne sait zzoù ?
N’est-elle pas le signe probant que, dès le début de la vie, le bébé est ontologiquement et amoureusement relié à la Vie, et que l’éducation ne peut pas être une œuvre de civilisation à la manière des Occidentaux « civilisant » les nouveaux mondes au XVIe siècle ?
Bien fragile l’alliance amoureuse fondée sur nos élans passionnés, c’est-à-dire sur l’amour dont sont capables nos parts traversées par des émotions diverses et variées, au gré de leurs combles & manques d’amour… Ces parts de nous font de leur mieux mais elles évoluent dans un monde limité, où les ressources s’épuisent. Par exemple, la part mentale se donne de bonnes raisons de positiver, la part volontaire se détermine résolument à tenir le coup, fidèlement. Et il est normal que, finalement, elles se fatiguent, … tôt ou tard jusqu’à épuisement. Il est normal que, d’une manière ou d’une autre, elles soient déçues, … jusqu’à écœurement. Le vin des noces devient vinaigre…
Les vannes de l’amour généreux peuvent se rouvrir à tout moment. Par exemple lorsque ces parts de bonne volonté à bout, épuisées, au bout de la course dont elles sont capables par elles-mêmes, lâchent prise et laissent de l’espace, dans lequel le « Self » peut redevenir le capitaine du navire. Le « Self » est cette instance centrale où « je suis qui je suis » ; on parlait autrefois de l’« âme » et c’est « à la mode de chez nous » de parler de « pleine conscience ». Le « Self » a, lui, la grâce d’une connexion directe avec « Plus Grand que soi » : l’Univers, la conscience universelle, l’Être UN, l’Amour infini… Le nom que chacun.e donne à cet essence-ciel importe finalement peu. Tout être humain dispose de ce lieu-source en soi, et il dispose de la liberté de faire des choix prioritaires, afin de descendre en vérité dans cet espace intime. Là, se trouvent les ressources surabondantes et inépuisables. Là, peut s’expérimenter un ressourcement authentiquement régénérateur (oui, pléonasme tant cette bonne nouvelle mérite d’être soulignée). En un instant –en moins de temps qu’il ne faut pour le dire–, un cœur de pierre peut redevenir un cœur de chair qui bat, qui se gorge à nouveau du sang chaud et doux de la tendresse reçue et donnée. Juste dans l’éclair d’un silence qui permet la présence au bon endroit, juste dans un instant d’ouverture, d’émerveillement, de gratitude, la connexion à la Source peut être au centre et tout réordonner, à sa juste place… Aucun effort à faire ! En cette matière, entre l’enfer et le paradis, point de purgatoire : dans le cœur qui se remet à battre d’amour, point de travail à la force du poignet, point de long temps pour y parvenir enfin. Juste être ici et maintenant, là où ça vit, là où ça vibre… Être centré, aligné, dans ma propre Vérité essentielle, et voilà que, tout à coup, l’amour dans le couple coule à nouveau à flot, à la surprise générale des parts, la première fois qu’elles découvrent qu’existe un tel secours capable de les sortir de leurs efforts compulsifs. Merveille alors : tous les possibles se rouvrent… Bien solide l’alliance rendue possible à partir de cette Alliance, qui ne manquera jamais du vin pour les noces.
« La plupart des gens se protègent du feu. Ils finissent pourtant en lui » (Rumi, 1207-1273).
« Les querelles d’Amour : des copeaux pour faire repartir le Feu » (Anne Barratin, De vous à moi, 1892).
« Il arrive toujours un moment où l’autre chute de son piédestal et où la relation nous déplaît. Est-ce grave ? Pas nécessairement ! Nous pouvons profiter de cette étape pour quitter nos illusions et commencer à voir l’autre dans toute sa réalité et lui dévoiler aussi la nôtre. Cela peut transformer le lien et le rendre plus dense, plus profond. Mais, bien sûr, tout dépend de notre capacité à voir les choses en face, à faire preuve de lucidité. C’est souvent là que les échanges s’enveniment et que les rancœurs apparaissent. Pour certaines personnes, il n’est pas possible de passer le cap et la relation ne tient pas « l’épreuve du Feu ». Elle se désagrège parce que nous refusons d’y intégrer des éléments plus ambivalents, désagréables ou « négatifs ». […]
On pourrait souvent avoir la tentation de réduire l’Amour à une notion très pure, très lumineuse, uniquement synonyme de bienveillance, de joie et de sérénité. Ce serait lui enlever toute sa profondeur, sa puissance de Feu, sa dynamique évolutive. Ce serait tenter de soumettre un sujet explosif et volatile à une lecture rassurante, certes, mais incomplète. Ce serait risquer de perdre la véritable finalité de ce qui se joue pour chacun de nous lorsqu’il vient à notre rencontre. Car l’Amour est initiatique. À chaque fois, il nous met face à l’essentiel : ce à quoi nous aspirons au plus profond de notre âme et comment nous pouvons progresser, de plus en plus, vers la Lumière » (Juliette Allais).