Ombres et lumière de l’amour

«Tu es là, en face de moi,
dans la lumière de l’amour,
Et moi, je suis là, en face de toi,
avec la musique du bonheur
Mais ton ombre sur le mur
guette tous les instants
de mes jours
et mon ombre à moi
fait de même,
épiant ta liberté,
Et pourtant je t’aime
et tu m’aimes
comme on aime le jour et la vie ou l’été
Mais comme les heures qui se suivent
et ne sonnent jamais ensemble,
nos deux ombres se poursuivent… »
(Jacques Prévert, Les ombres).

Bon anniversaire de mariage religieux, tendre épouse que je sens dans ma peau et dans mon cœur, à cet endroit sacré où, seule, tu demeures.
Voici que sonnent les 33 coups de nos noces de porphyre
(cette roche à la couleur pourpre qui résiste aux ravages du temps).

Grâce pour moi de participer au mariage d’Yannick M. et sa belle Aurélie, ici, à Maurice, ce 20 octobre 2023…

Cet espace sacré en moi qui contient tous les trésors

L’amour durable m’apprend
à me défusionner de mon amoureuse.
Je laisse là les horizons du monde extérieur.
Je regarde, écoute, sens à l’intérieur.
Oui, oui,
Vie vibre
au fond
de mes tréfonds.
J’ouvre la porte de cet espace sacré en moi,
qui contient tous les trésors.
C’est le plus beau cadeau qui m’est fait :
l’Esprit incarné de manière unique en moi.
Je suis moi-même ce cadeau.
En faire l’expérience en moi,
pas seulement par l’autre… 
Pour moi, ce cadeau d’amour
se trouve en moi d’abord.
Pour l’autre, ce cadeau d’amour
se trouve en lui d’abord.
Une fois que chacun a bien reçu son cadeau propre,
nous pouvons en jouir l’un avec l’autre…

Défusionner pour communier

Quand bien des blessures encombrent le corridor de notre relation,
il m’est précieux alors de porter toute mon attention sur ce qui
compte prioritairement entre nous deux. C’est ceci :
établir la connexion, nourrir le lien,
sentir ce qui est vivant ici et maintenant,
accueillir nos complicités spontanées,
apprécier ce qui vibre en moi, entre nous, en toi,
goûter à la joie d’être côte-à-côte, simplement,
savourer ce que je reçois, ce que je donne,
me régaler de notre profonde connivence,
me délecter de ce qui fait chanter nos cœurs et nos âmes,
jouir de nos parfums qui jouent comme des exaltateurs d’arôme,
en présence l’un de l’autre,
déguster les saveurs, exhausteurs de goût qui se dégagent alors,
rendre grâce pour ce qu’Il nous donne par cette présence l’un à l’autre,
cette joie de la communion qui me parle d’éternité.
 
Tout cela suppose de pouvoir rester dans l’ici et maintenant, pour profiter pleinement de ce qui est là : ne pas t’enfermer ni dans mes blessures du passé ni dans mes projets, dans mes attentes, ni dans ce que nous avons fait de mal ni dans tes propres projections. Accueillir ce qui vient et aussi accepter ce qui ne vient pas. Être présent avec suffisamment d’espace intérieur et de gratuité que je me réjouis de ce qui est donné + reçu ET que je suis aussi OK avec ce qui n’est pas donné + reçu

Mon conjoint est là pour m’accoucher de mes démons et de mes ombres

Ce soir, c’est le halftime entre notre mariage civil et notre mariage religieux… Christine et moi, nous nous sommes épousés il y a 33 ans. Dites 33… Et faites fête 33 tours…

« L’illusion que la relation doit rester gratifiante distille un poison. ‘L’autre’ est une aventure périlleuse. Il est là pour m’accoucher de mes démons et de mes ombres. Aussi court-il le risque de devenir l’écran de projection de tout mon mal-être. II est par excellence cet « empêcheur de tourner en rond » qui m’arrache à ma ronronnante identité, au renfermement qui sans lui me guettait ; il va faire brèche en moi, c’est-à-dire me mettre en vie et en métamorphose » (Préface de Christiane Singer dans Carlo TRIPPI, La thérapie Imago. Une nouvelle approche de l’aventure du couple, Éditions Jouvence, 2008).

Le secret de l’amour qui ne finit pas ?
Recevoir chaque matin manne et cailles
en surabondance mais juste pour ce jour-ci. 
L’Amour nous est donné…
Allez, puisez
< > ah l’épuisé…
https://etiennechome.site/allez-puisez-sinon-ah-lepuise/

La femme n’est pas sortie de la côte d’Adam

En Genèse 2, il n’est pas question de « femme sortie de la côte d’Adam », comme nous fourvoie cette mauvaise traduction. Il y est révélé que l’homme et la femme sont les deux CÔTÉS que Dieu créent pour générer l’humanité. Dieu bâtit là du grandiose et du solide : l’un est inachevé et devient pleinement lui-même dans la rencontre de l’autre, et vice-versa ; différents pour s’accomplir à travers une relation qui les dépasse tous deux.

Quand on lit ce récit délivré de nos a priori anti-misogynes,
on peut apprécier que la femme y est davantage actrice
que l’homme engourdi et qu’elle joue un rôle capital
dans cet appel à parachever la création…

Cf. Hélène de Saint Aubert, Sexuation, parité et nuptialité dans le second récit de la Création (Gn 2), Collection Lectio Divina, février 2023.

Homme et femme, il les fit. Fruits confits qu’on fit ?

Les clichés généralistes :
l’homme fort dans la tête et dans le sexe,
la femme fort dans le cœur et l’empathie ?

Quand chaque personne peut trouver
sécurité, stabilité, accueil et bienveillance,
elle peut se déployer dans toutes ses dimensions :
avoir pleinement accès à son cœur, oser ressentir les douleurs
les plus profondes et oser ainsi ouvrir son cœur à soi et aux autres
ET pleinement se tenir debout, assumer la responsabilité
de ses choix en conscience et avec lucidité
ET laisser jaillir ses énergies les plus créatives et spitantes,
à partir de ses entrailles les plus intimes.

« Spitant » = (français de Belgique)
plein d’énergie, vif, éveillé, enjoué,
déluré, dégourdi, rebondissant à souhait…,
vivant quoi !