Amas doués amadoués

« La conscience est comme le soleil. Quand elle brille sur les choses, elles sont transformées » (Thich Nath Hanh).

« Or la loi de l’âme est radicale : si je ne suis pas proche de moi, je ne le serai de personne et personne ne pourra, impunément m’approcher ! Car l ‘autre reçoit, aussitôt, et même si je crois l’aimer, le reflet radioactif de ma haine de moi – même. L’amour de soi, qui est le fondement de l’amour est une expérience bouleversante, ontologique et mystique. Il ne s’agit pas de l’amour porté à cette personnalité que j’ai réussi à construire. C’est une grande sympathie que j’éprouve pour elle, tout au plus. Non l’amour s’ancre ailleurs. Il s’ancre, d’abord dans la stupéfaction d’être vivant et étrangement dans l’expérience du corps.

Je vous invite à l’instant à frôler cette qualité. Laissez-vous saisir de la stupeur d’être dans un corps, d’être un corps.

Accordez-vous, un instant, de peser de tout votre poids, sans la moindre esquive, de sentir la densité de la matière qui vous constitue, sa concentration, sa secrète dilatation après chaque inspire. À peine j’entre, entière, dans cette sensation qu’une incroyable qualité de présence m’envahit. Surtout ne me croyez pas. Continuez, seulement, de laisser respirer ce qui respire, de sentir le poids de votre corps, Jusqu’à ce que vous ayez rejoint ce qui vous habite.

Il n’y a que le saisissement qui livre passage à l’essentiel. (…) Cette puissance, infiniment supérieure à l’homme et qui, mystère vertigineux, n’est agissante sur terre qu’à travers l’homme qui l’accueille ou le corps qui l’incarne, cette puissance ou mieux cette présence ineffable et fragile, c’est l’amour qui nous fonde » (Christiane Singer, N’oublie pas les chevaux écumants du passé).

Cœurs de chair derrière des cœurs de pierre

« Être, c’est être volé, trompé, abusé, oui, induit en erreur, pris au piège et ensuite bafoué et, malgré toutes ces avanies, regarder tout cela comme rien au fond de vous-mêmes, et sourire… Car vous savez qu’un printemps viendra s’épanouir dans votre jardin, danser dans les feuillages, qu’un automne viendra mûrir vos raisins, et vous savez que si une seule de vos fenêtres s’ouvre à l’est, vous ne serez jamais sans rien. Vous saurez aussi que tous qu’on appelle malfaiteurs, voleurs, escrocs et trompeurs sont vos frères dans le besoin » (Khalil Gibran).

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« L’amour n’est ni un conte de fées ni un livre. L’amour n’est ni une signature sur un papier ni ce qu’un couple se dit. L’amour est un arbre avec des branches allant bien au-delà du temps dans l’éternité, et des racines profondément ancrées dans la vie éternelle » (Rûmi).

« Après une journée de vent,
dans une paix infinie,
le soir se réconcilie
comme un docile amant.

Tout devient calme, clarté…
Mais à l’horizon s’étage,
éclairé et doré,
un beau bas-relief de nuages.

N’était-il pas, ce verger, tout entier,
ta robe claire, autour de tes épaules?
Et n’as-tu pas senti combien console
son doux gazon qui pliait sous ton pied?

Que de fois, au lieu de promenade,
il s’imposait en devenant tout grand.
Et c’était lui et l’heure qui s’évade
qui passaient par ton être hésitant.

Un livre parfois t’accompagnait…
Mais ton regard, hanté de concurrences,
au miroir de l’ombre poursuivait
un jeu changeant de lentes ressemblances »
(Rainer Maria Rilke, Verger).

L’art mûr passe l’armure

« Les œuvres d’art ont quelque chose d’infiniment solitaire, et rien n’est aussi peu capable de les atteindre que la critique. Seul l’amour peut les saisir, les tenir, et peut être équitable envers elles— c’est à vous mêmes, à ce que vous sentez, qu’il est bon de vous fier, contre toutes ces analyses, ces comptes rendus ou introductions. Quand bien même vous auriez tort, c’est la croissance naturelle de votre vie intérieure qui vous amènera lentement, avec le temps, à d’autres conceptions » (Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète).

Bâtis pour divers gazouillis

« Chacun des deux sexes est, avec une égale dignité quoique de façon différente, image de la puissance et de la tendresse de Dieu. L’union de l’homme et de la femme dans le mariage est une manière d’imiter dans la chair la générosité et la fécondité du créateur. […] De cette union procède toutes les générations humaines » (CEC, § 2335).

« L’amour conjugal et l’amour familial comme tout amour, s’éprouvent et se construisent dans le temps. Souvent le meilleur et le pire sont mêlés : don et possession amour et haine, réconciliation et refus. La grâce du sacrement de mariage exerce son action à l’intérieur de l’amour humain et de ses fragilités, pour conformer cet amour à celui qui constitue toute la vie du Christ, et qu’il ne cesse de nous témoigner » (Évêques de France, Catéchisme pour Adultes, § 479).

Les lueurs frémissantes de l’aube

Cette nuit passée au bord de l’Océan Indien m’enveloppe du doux clapotis du ressac, couvert par le brisement des vagues sur la barrière de corail à 200 mètres… Tandis que cette mélodie perpétuelle me berce en stéréo, un élan me traverse qui me met debout ; je danse, entraîné par ton rire sans pareil. Ce rire sans fard, qui n’éclate que dans un cœur d’enfant, résonne dans les battements de mon cœur, comme s’il prenait la main de l’enfant en moi pour fêter la vie ensemble.

Il est 5h.30. Dans quelques minutes, les toutes premières lueurs d’aujourd’hui vont naître ; le plus beau moment de ma journée ! Le ciel noir qui aspire au bleu, se pare d’un magnifique manteau orangé, lui-même progressivement revêtu d’un voile violet, avant son déshabillage complet, lorsque jaillit la lumière blanche qui écarte avec assurance les ténèbres.

Relié à toi par nos cœurs d’enfant, je te transmettrai,  par les grâces de la gratitude, les douces lumières de ces douze instants magiques. Je t’enverrai les angelots de la paix et de la confiance. Il vient ! Derrière les frémissements de l’aube, j’entrevois le cœur de cette Vie qui ne finit pas…

É-tienne Chauds-mets