Le rouge de ton coeur

« Le vin qui coule dans ma veine
A noyé mon cœur et l’entraîne
Et je naviguerai le ciel
À bord d’un cœur sans capitaine
Où l’oubli fond comme du miel.

Mon cœur est un astre apparu
Qui nage au divin nonpareil
Dérive, étrange devenu!
Ô voyage vers le Soleil
Un son nouvel et continu
Est la trame de ton sommeil.

Mon cœur a quitté mon histoire
Adieu Forme je ne sens plus
Je suis sauvé je suis perdu
Je me cherche dans l’inconnu
Un nom libre de la mémoire »
(Catherine Pozzi, Scopolamine).

Catherine Pozzi, dont l’art poétique séduisit et émoustilla Paul Valéry, nomme ce poème « scopolamine  » : c’est une substance chimique qui cause des pertes de conscience et de mémoire !

Ton petit cœur à la traîne

« Si tu savais comme je l’aime
Ton petit cœur à la traîne
Et si tu as de la peine
Tu trouveras dans mes bras des milliers de « je t’aime ».
Plus besoin de chercher, plus besoin, je t’ai trouvée
Ce n’est rien, tout le mal qu’on m’a fait, je t’ai trouvée
Je pensais tout savoir de l’amour, mais ce n’est pas vrai
Si je les aimais fort, toi, c’est beaucoup plus fort
Regarde comme on est beaux sur le même bateau, mmh-mmh
Oh, non, y a pas plus beau, l’amour c’est jamais trop, mmh-mmh »
(Chanson de Slimane, Des milliers de je t’aime : https://www.youtube.com/watch?v=zjCNV0_ycSI).

Prendre soin de nos fragilités

Quant à ma colère d’être injustement présenté,
le système en place lui a retiré les droits de Cité. 
Cela ne me retire pas le droit de la citer. 
Ne passons pas à côté de nos appels à maturité.
Relevons ensemble nos défis d’humanité,
même plus : d’amour en vérité,
d’accueil humble de nos pauvretés,
sans s’accuser,
jusqu’à connecter
nos vulnérabilités.

Image : un vieux chêne de 800 ans.

Délicieuse eutexie !

Connais-tu le terme en chimie d’eutexie ?

La température d’eutexie ou le point d’eutexie est ce point de température précis qui permet à deux corps purs de fondre l’un dans l’autre… Voilà, voilà, je nous souhaite une belle journée, de belles alchimies, de profondes connexions et instants de communion tout simples, sans fusion ni confusion !

Être tendre jardinier de l’amour

Belle histoire belge une fois :
Jacques Brel offrant une fleur à son collègue Salvatore Adamo, surnommé depuis lors le tendre jardinier de l’amour :
« Tu es un tendre jardinier, Salvatore,
et les fleurs que tu provoques gardent la fraîcheur
et la sauvagerie des bouquets de bord de route.
On en prend une, on se la plante entre les dents
et brusquement elle devient chanson, « chanson-fleur », 
douce à mâchonner à l’heure indécise où les hommes
entrent par milliers dans les villes cruelles. 
Notre temps bave son bruit, et tu es là,
revenant de l’enfance à lui opposer
des fleurs et à nous les offrir.
Et voilà que quelque part une jeune fille nue,
tendue comme un soleil, te fredonne et
pour quelques instants, Roubaix est dans le Var.
Voilà que, ce lundi matin, un homme se réveille,
les yeux encore pleins de son dimanche, et
te chante sourdement dans la maison qui baille.
Et le prochain dimanche est déjà moins loin.
Et voilà aussi le nombre inconnu de toi et de nous,
énorme et merveilleux, le nombre d’hommes
et de femmes qui s’aimèrent, qui s’aiment,
qui s’aimeront, avec, par, ou pour une de tes chansons.
Et là encore, tu es le jardinier de ces couples,
lumineux tant que brûlera leur enviable folie…
et même après, si par malheur ou par trop de
quotidien, il leur arrivait de perdre leurs ailes. »

Par chemins nombreux, parchemin non preux…

Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l’ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l’âme en secret
Sa douce langue natale.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde.
– Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

(Charles Baudelaire,  L’Invitation au Voyage).