Qui je suis vraiment ?

« Il faut absolument se perdre une heure par jour, absolument » (Peter Handke).

« Je ne saurais évoquer en des termes plus heureux les heures de mon existence au cours desquelles, oublié du monde, j’ai joui d’un bref repos, les instants de bonheur inattendu ou d’amour libéré du désir qui me faisaient perdre la notion du temps, les soirées où je comptais les étoiles, les heures passées étendu à l’ombre des feuillages, mes conversations avec les arbres, les nuages et les enfants » (Hermann Hesse, La Leçon interrompue).

Partager et être partagé

La langue française a ses truculences et ses foucades d’humeur. Exemple : être partagé tout en partageant, dans le sens d’être divisé, tout en mettant en commun…

 « La ligne de partage des eaux est invisible, même si elle est signalée sur l’autoroute de Bourgogne, quelque part du côté de Beaune. J’ai rêvé à ce verbe ’partager’ qui signifie à la fois mettre en commun et diviser. Par exemple, mes « nuits partagées » renvoient à la fois à celle qui m’accompagne au lit et aux heures d’insomnie qui coupent le sommeil et donnent occasion de ruminer, en essayant des positions pour me rendormir. Le même verbe désigne la continuité, et l’interruption : une communauté assez merveilleuse (apprendre à dormir ensemble !) et son morcellement… » (Daniel Bougnoux).

Ci-dessous l’œuvre de Lorenzo Quinn (fils de l’acteur Anthony Quinn).

BON ANNIVERSAIRE !

Cher Yann, BON ANNIVERSAIRE !
En ce beau jour où, tous autour de toi,
nous dansons la ronde
et fêtons ta venue au monde,
il y a 18 ans,
je prie et me réjouis que tu sois ce vitrail qui vibre
de la clarté radieuse qui le traverse,
au point de faire sans effort
les meilleurs choix porteurs de Vie pour toi
dans le concret de ton aujourd’hui… BRAVO !

Ils ne m’ont pas trouvé malin…

« Je suis venu, calme orphelin,
riche de mes seuls yeux tranquilles,
vers les hommes des grandes villes.
Ils ne m’ont pas trouvé malin.

À vingt ans, un trouble nouveau
sous le nom d’amoureuses flammes
m’a fait trouver belles les femmes.
Elles ne m’ont pas trouvé beau.

Bien que sans patrie et sans roi,
et très brave ne l’étant guère,
j’ai voulu mourir à la guerre.
La mort n’a pas voulu de moi.

Suis-je né trop tôt ou trop tard ?
Qu’est-ce que je fais en ce monde ?
Ô vous tous, ma peine est profonde.
Priez pour le pauvre Gaspard ! »

(Paul Verlaine, Gaspard Hauser).

Commentaires post-post :
L’histoire de Kaspar Hauser, selon moi ce prince de famille royale non reconnu, est t-unique… comme chacune des nôtres !
Tout homme est prince.sse = une Histoire sacrée
https://fr.wikipedia.org/wiki/Kaspar_Hauser

À toi, lectrice qui craignait de passer à côté de quelque calembour ou contrepèteries en voyant Xi Ji, le chat et la mouche, je précise : cool, j’y fais une quadruple implicite à travers « Çhat, c’est malin ? ».
J’interroge Xi Ji et la mouche : est-ce vraiment malin d’agir comme tu agis ?
Je m’interroge sur les réflexes de chat, craignant qu’ils soient plus forts que tout (cf. sapins de Noël en danger…).
Et j’interroge tout lecteur à travers tout chat…ha ha…

Bon Avent, c’est ! Bonnes avancées !

« Il est encore trop tôt pour savoir s’il est trop tard » (Pierre Dac).

« Laisser passer les nuits, les jours, les années, laisser danser nos vies, nos rêves, nos idées. Laisser tomber la pluie, les matins d’été et la neige, câlins d’hiver. Laisser le temps au temps » (Didier Barbelivien).

« Nankurunaisa » en japonais signifie « avec le temps, tout se règle ».

Reviens chahuter mon cœur

« Reviens chahuter mon cœur,
Qu’il vibre comme autrefois ;
Plein d’amour et d’ardeur,
À nos débuts « il était une fois ».

Reviens sur les heures
Où nous passions notre temps,
À nous aimer sans avoir peur
Comme deux adolescents …

Reviens sans tes rancœurs
Oublions nos jours maudits,
Nos faux pas et leurs erreurs
Reprenons sans les non-dits.

Reviens avec douceur
Que j’me glisse dedans,
Ton air mutin et farceur
Me manque tout simplement »
(Laurence Dauphin).

Coquefredouille. Cornegidouille !

Voici mon 3e post sur l’intérêt de jurer : les jurons ont un effet de catharsis et de décharge émotionnelle.

Coquefredouille = pauvre diable, personne ridicule. Exemple : C’est l’aîné de la famille mais également le coquefredouille. Il possède en âge ce qu’il ne possède pas en intelligence et c’est bien trop souvent que les gens se rient de lui.

Cornegidouille est le juron qu’invente Alfred Jarry dans sa pièce de théâtre Ubu roi (1896), quand il exprime une forte colère ou un grand étonnement.

Les jurons religieux s’arrangent pour dire sans dire

‘Mordieu’, c’est jurer par la mort de Dieu. 
‘Jarnibleu’ = « je renie Dieu! ».

Ce sont des blasphèmes qui ont rang de « péché mortel ». Car jurer par le Nom de Dieu, c’est enfreindre le troisième commandement du Décalogue.

Aussi, depuis des millénaires, beaucoup de jurons religieux s’arrangent pour dire sans dire, en évitant de prononcer directement les noms (jeu de oui / non). Exemple : La terminaison -bleu est un euphémisme qui évite de dire Dieu, et donc de blasphémer. Dire sacrebleu plutôt que sacré dieu, Scrogneugneu (ou sa forme ancienne sacrégnongnieu) plutôt que sacré nom de Dieu !

Dire Rrronteudjeu plutôt que Nom de dieu / crédieu / crébondieu…
Dire ‘Jarnicoton’ plutôt que ‘Jarnibleu’ : Cotton, le confesseur d’Henri IV lui demandait de remplacer le blasphème ‘Jarnibleu’ (je renie Dieu) par ‘Jarnicoton’ (je renie Cotton), moins grave !

Et Georges Brassens de s’en donner à cœur joie :
Voici la ronde des jurons
Qui chantaient clair, qui dansaient rond,
Quand les Gaulois de bon aloi
Du franc-parler suivaient la loi,
Jurant par-là, jurant par-ci,
Jurant à langue raccourcie,
Comme des grains de chapelet
Les joyeux jurons défilaient :
Tous les morbleu,
Tous les ventrebleu,
« par le ventre de Dieu! »
Les sacrebleu et les cornegidouille,
Ainsi, parbleu,
Parbleu
Par Dieu !
Que les jarnibleu
Et les palsambleu,
« par le sang de Dieu! »
Tous les cristi,
Les ventre saint-gris,
Les par ma barbe et les nom d’une pipe,
Ainsi, pardi,
Que les sapristi
Sapristi et sacristi
Et les sacristi,
Putain de Tabarnac !
Sans oublier les jarnicoton,
Les scrogneugneu et les bigre et les bougre,
Les saperlott’, les cré nom de nom,
Les peste, et pouah, diantre, fichtre et foutre,
Tous les Bon Dieu,
Tous les vertudieu,
Les saperlott’, les cré nom de nom,
Les peste, et pouah, diantre, fichtre et foutre,
Tous les Bon Dieu,
Tous les vertudieu,
Tonnerr’ de Brest et saperlipopette,
Ainsi, pardieu,
Que les jarnidieu
Et les pasquedieu

(Le pornographe, 2, 1958).

Le pouvoir cathartique des jurons

Voici une brève présentation de l’article scientifique ‘Le pouvoir des jurons, ce que nous savons, ce que nous ne savons pas’, paru récemment dans la revue scientifique de linguistique ‘Lingua’. Les jurons produisent des effets physiologiques et psychologiques tels qu’ils font baisser la perception de la douleur. Ça a été démontré par des expérimentations, telles que la main plongée dans de l’eau glacée ou des doigts frappés par un marteau. En repérant les activités du système limbique, des IRM ont attesté que les jurons ont un effet de catharsis et de décharge émotionnelle. 

Ça ne fonctionne pas quand nous jurons dans une langue autre que la nôtre. Par contre, ça fonctionne d’autant mieux que le juron concerne un de nos tabous sociaux (qui dépendent toujours de notre contexte culturel précis) et qu’il joue entre un sens à la fois littéral et non littéral (voir mon prochain post avec la ronde des jurons de Georges Brassens et nos jurons-blasphèmes religieux qui disent sans dire, qui jouent avec le nom, oui / non).

Il semblerait que c’est l’interdiction que les adultes donnent aux enfants (« ce n’est pas bien de dire cela ») qui crée une charge émotionnelle, laquelle devient utile quand on a besoin de décharger une douleur ou une émotion… Plus les autorités éducatives mais aussi religieuses (je l’illustre dans mon post de demain) nous ont réprimandés avec forte répression, plus il y a de la jouissance à jurer en cas de crise !

Autre point de vue sur les bénéfices des jurons :
https://www.psychologies.com/Actualites/Sante-mentale/Les-insultes-font-plus-de-bien-qu-on-ne-le-pense