Drame de la défonce opiacée

« Dans l’univers cotonneux et chaud de la défonce opiacée, le sang n’est rien, la mort n’est rien, […] incapables que nous sommes de changer ne serait-ce que la moindre virgule au récit chaotique de nos existences » (Eric Maravélias, La faux soyeuse : sale temps pour un criquet !).

Je nous souhaite
bons choix de
congé,
con j’ai !

Providence, où es-Tu ?

C’est un jeune rabbin en Pologne qui se promène dans la campagne, en plein hiver. Il fait très froid, à pierre fendre. Et il entend un faible coui coui, un appel désespéré d’un oisillon. Il se dirige vers le bruit et au pied d’un arbre, il trouve un oisillon tout jeune tombé du nid. Il le prend dans ses mains et il le réchauffe. Il ne sait pas trop quoi faire, il revient sur le chemin, l’oisillon tremble dans ses doigts et il avise sur la route une bouse  toute chaude. Avec un bâton, il crée une sorte de petit nid dans lequel il place l’oisillon, en se disant : « au moins là il aura chaud et il aura de la nourriture ».

Et il s’en va. Et l’oisillon de le remercier en faisant couic oui coui… Attiré par les coui coui qui ont repris, un renard sort du bois et mange l’oisillon.

Triple morale de cette histoire :

1) Celui qui vous met dans la merde ne vous veut pas toujours du mal.

2) Celui qui vous tire de la merde ne vous veut pas d’office du bien.

3) La chanson qui vous vient quand vous êtes dans la merde vous veut-elle du bien ? De quoi l’enfer est-il pavé ?

Oui, féérie

« Par un temps où le soleil ne perçait les cieux,
Matin de misère flouté de brume grise,
Les notes douces et plaintives d’un chant d’adieu
S’envolaient sur la mer, emportées par la brise.
Larmes douloureuses du violon sous l’archet,
Au rythme lancinant des vagues, elles s’égaraient
Puis lentement se posaient sur l’eau pour mourir,
Écume de tristesse d’un dernier soupir.
Les yeux fermés, le musicien jouait sa peine,
Il la jouait pour sa belle et pour l’océan,
Il la jouait pour les marins et les sirènes,
Pour les oiseaux du ciel et pour tous les amants.
Et de son cœur-violon, les notes s’échappaient,
Libres, mélancoliques, se mêlant aux embruns
Que le vent soufflait vers des rivages lointains
Tandis que sous la brume, l’infini ondulait »
(Hélène de Vannoise, Le violoniste dans L’ange et le magicien).

Phoque-Alizé

« Je suis fille d’Éole.
Je me nomme Alizé.
Mon cœur est sans attache.

J’ai du souffle, ça se voit.
Pour exercer ma voix,
je m’entraîne sans relâche,
choisissant la bonne voie.

Je suis un véritable courant d’air.
Avec la brise, je rafraîchis la terre.

Je ne porte rien sur moi
qu’un mince rayon de lune,
un voile qui laisse filtrer
la clarté des étoiles.
Je fais voler l’écume,
je fais voler les plumes.

Je me nomme Alizé
et mon cœur est sans tâche »
(Alain Hannecart, Alizé).

Troubles de l’attachement

« Un bébé seul n’existe pas… » (Winnicott).

Pour le tout petit d’homme, la mère est un port d’attache (safe haven) servant de modèle pour la régulation émotionnelle. Le parent est la base de sécurité (secure base) pour l’exploration.

L’attachement insécure-évitant produit des stratégies d’indépendance forcée, d’autonomie compulsive, qui minimisent les émotions.

L’attachement insécure-résistant produit des stratégies de dépendance colérique, qui maximisent les émotions.

L’attachement sécure sauve de la dépendance, produit des liens chaleureux et empathiques (bonding), permet une bonne régulation émotionnelle.

Le déchargement de nos fardeaux

Un article si précieux de la psychologue Geneviève Snijckers à lire :

https://www.lepsychologue.be/articles/le-systeme-familial-interieur-richard-schwartz.php.

En voici des extraits se concentrant sur l’exemple concret qui sert de fil conducteur à l’exposé des principes de base de l’IFS :

« La dynamique IFS (Internal Family System, Système Familial Intérieur) permet, comme on le ferait en thérapie systémique, de recréer du lien entre les parties, de permettre à chacune de reprendre sa juste place, de faire circuler l’information dans le but de retrouver de l’harmonie et de l’équilibre dans le système.

« Tiens, on dirait que cette partie qui a envie de hurler sur mon patron est activée par une autre partie qui ne supporte pas qu’on me mette la pression et qui a l’air si fatiguée. 

[…]

Je ne m’étais pas rendu compte que cette partie qui ne supporte pas la pression était si fatiguée, ça me touche, je me demande bien d’où vient cette fatigue. Que vit-elle ? De quoi a-t-elle besoin pour être mieux ? (curiosité et compassion du Self). Au lieu du Self, cela pourrait être une autre partie qui se manifeste. « Ah non, on ne va pas commencer à se lamenter, ça ne résoudra rien (partie critique envers la partie fatiguée) ».

[…]

Ma partie critique interdit à ma partie fatiguée de dire sa fatigue et demander de l’aide, parce qu’elle veut m’éviter de passer pour une faible. Par contre, elle autorise la partie en colère à s’exprimer, parce que la colère est vue comme une preuve de caractère. Du coup, mes collègues sont distants avec moi et je ne peux pas leur demander de l’aide, je suis encore plus fatiguée et en colère. En plus, je me sens rejetée par les autres à cause de mes accès de colère.

[…]

Ma partie critique est un manager qui fait en sorte que je ne sois pas prise en défaut de faiblesse, il me fait accepter plus de travail que ce que je peux réellement faire pour obtenir de l’approbation. Ce faisant, il met mon système en difficulté. D’accord, il me permet de me sentir valorisée par le regard des autres, mais cela a un coût en énergie. D’où la fatigue. Lorsque quelqu’un ose faire une petite remarque sur mon travail, c’est le pompier colère qui vient à la rescousse. Avant même que je prenne conscience que cela me blesse, je rétorque avec agressivité. En réalité, cette agressivité n’est nullement justifiée dans le moment présent, elle est proportionnelle à la souffrance de l’exilé. L’exilé, l’exilée… je sens au fond de moi cette petite fille qui a vécu à l’école des humiliations parce qu’elle était un peu plus lente que les autres et qui en garde une profonde tristesse car elle n’a jamais été entendue dans sa difficulté. 

[…]

Ma partie critique, je la sens dans mon corps comme une chape de béton, dur et lourd, c’est pesant… Quand je me mets en lien avec elle et que je lui exprime ma curiosité, elle me montre que son intention pour moi est que je sois toujours performante, toujours à la hauteur…. Elle a peur qu’on me critique ou qu’on se moque de moi… c’est dur pour elle car elle doit être très vigilante, parfois elle aimerait faire autre chose… Si on pouvait s’occuper de la partie qu’elle protège, elle pourrait se détendre un peu… Elle me montre une petite fille qui pleure au fond de la classe… Cette petite fille, je la sens là dans mon corps, elle est tellement triste… Quand je m’adresse à elle, d’abord elle ne me voit pas, puis elle se demande qui je suis, ça fait tellement longtemps qu’elle est là toute seule… Je crée un lien avec elle et je l’invite à me montrer ce qu’elle a besoin que je sache d’elle pour se sentir comprise… Elle me fait sentir toute sa tristesse et son découragement, sa solitude, sa croyance qu’elle est nulle… Elle voudrait que je l’aide à se sentir mieux… D’abord je lui offre ma présence et ma compassion… ça lui fait du bien… Avant de décharger ses fardeaux émotionnels, elle voudrait être placée dans un autre lieu où elle serait en sécurité… Voilà, elle est dans une chambre à coucher avec ses objets familiers et réconfortants… Maintenant, elle est prête à se défaire des émotions et croyances dont elle ne veut plus… Eelle fait un grand feu et elle brûle la tristesse, la culpabilité et la croyance qu’elle est nulle… ça prend du temps… je ressens aussi dans mon corps toute cette tristesse qui part… À présent, elle peut récupérer ses qualités de confiance et d’assurance, elle est peut-être plus lente, mais elle est fière d’elle parce qu’elle est courageuse et persévérante… Comment réagit le manager en voyant ce changement ? Il est soulagé, avec ces qualités, je peux prendre ma place d’adulte et me sentir valorisée. De plus, ma part colère se manifestera moins et j’aurai de meilleures relations avec mes collègues… 

Le déchargement des fardeaux des exilés, phase essentielle vers plus de liberté et d’harmonie intérieure !

Commandements en forme négative = piquets de la clôture de la Vie

« Dans la Bible, la Loi joue un rôle de clôture : ses prescriptions négatives en sont les piquets délimitant un espace à l’intérieur duquel la vie est garantie. Le décalogue présente des paroles surtout négatives. Leur tournure négative ouvre en fait un extraordinaire espace intérieur à la liberté des hommes. Ne te trompe pas de Dieu, ne tue pas, ne vole pas ton voisin, ne lui vole pas sa femme… Car en faisant cela, tu dérapes, tu sors du cadre de la vie, tu choisis la violence et la mort. Inter-dire, c’est dire-entre, c’est ouvrir un espace de vie.

Les lois et les règles bornent le champ social. Elles en fixent les limites. Entre celles-ci, s’ouvre un espace de non-violence, de communion possible, de gestion positive des conflits. Dès son enfance, tout homme peut grandir harmonieusement et trouver sa place dans une famille et dans une société d’autant mieux qu’un tel espace est soigneusement cultivé » (Chomé Étienne, Tends l’autre joue, ne rends pas coup pour coup. Mt 5, 38-42, non-violence active et Tradition, Éd. Lumen Vitae & Sortir de la violence, 2008, p. 135).