Mieux encore que de chercher le soleil derrière les nuages de pluie, accueillir avec tendresse, l’une après l’autre, mes parts dépitées jusqu’à ce que, touchées d’être ainsi accueillies, elles fassent un pas de côté et laissent de l’espace au centre, là où brille la source de lumière en moi.
Le peintre néerlandais Pieter Cornelis Mondriaan (1912-1944), connu sous le nom de Piet Mondrian, créa cette ligne artistique composant des rectangles rouges, jaunes, bleus et noirs.
Près d’un demi-siècle plus tard, Yves Saint-Laurent la reprend sur ses mannequins.
Un demi-siècle plus tard, Matthew Dickstein la reprend sur ses mannequins, une couche en moins : un-j’ai-nu / ingénu réchauffement climatique ?
Je compatis à la souffrance identitaire des Sino-mauriciens, dans leur douloureuse recherche de leurs origines chinoises, en bons Hakka qu’ils sont (les Gitans de Chine ?) : ils se sont répandus sur toute la terre, au gré des escales des bateaux européens, il y a plus d’un siècle.
Y a-qu’à Hakka les hâlés / Y a-qu’a pas les allées ?
Hakka même nom qu’en Grèce : Agamemnon (Ἀγαμέμνων dont le nom signifie « à la très grande puissance », « immuable, obstiné ») ?
Pardonnez ma part Ouistiti, qui saute de branche en branche sur l’arbre des jeux de mots. Elle cache ma douleur, aux côtés de proches sino- mauriciens en deuil, en présence de fardeaux transgénérationnels.
« L’amant perdu accompagna Madame d’Aiglemont partout avec la tyrannie d’une passion qui mêle son égoïsme au dévouement le plus absolu. L’amour a son instinct, il sait trouver le chemin du cœur, comme le plus faible insecte marche à sa fleur avec une irrésistible volonté qui ne s’épouvante de rien. Aussi, quand un sentiment est vrai, sa destinée n’est-elle pas douteuse » (Honoré de Balzac, La comédie humaine, p. 91).
L’amour fusionné d’un tel amant perdu ressemble à celui du bébé qui trouve le chemin du sein, par réflexe de survie. Adultes, nous sommes conviés à découvrir l’amour défusionné, lequel a sa source en Plus Grand que nous deux. Cet amour coule en l’âme qui donne et reçoit aussi simplement qu’un robinet donne l’eau qu’il reçoit, sans autre effort que d’être à la source. Cet Amour-là, au cœur de notre cœur, est inépuisable et surabondant.
Pâques transfigurée ? Un occis mort transformé en pléonasme !
Pour le dire en alexandrin :
En cette fête de la Transfiguration, voici un bel exemple de mon âme-mie Marie. L’homme en châle-leurre lui demande selon ce que lui désire. Elle a l’intelligence de ne pas s’offusquer de cette grivoiserie ; elle élève le débat, en mettant en présence de l’Invisible Présence…
« Mon cher docteur, je me mets entre vos mains. Faites de moi ce qu’il vous plaira. Voici l’histoire, longue et exacte, du mal singulier de mon âme. Je vivais comme tout le monde, regardant la vie avec les yeux ouverts et aveugles , sans m’étonner et sans comprendre. […] Je suis enveloppé de choses inconnues. […] Derrière moi. une très grande armoire à glace. Je me regardai dedans. J’avais des yeux étranges et les pupilles très dilatées. Puis je m’assis comme tous les jours. Le bruit s’était produit, la veille et l’avant-veille, à neuf heures vingt-deux minutes. J’attendis. Quand arriva le moment précis, je perçus une indescriptible sensation, comme si un fluide, un fluide irrésistible eût pénétré en moi dans une épouvante atroce et bonne. Et le craquement se fit, tout contre moi. Je me dressai en me tournant si vite que je faillis tomber. On y voyait comme en plein jour, et je ne me vis pas dans la glace ! Elle était vide, claire, pleine de lumière. Je n’étais pas dedans, et j’étais en face, cependant. Je la regardais avec des yeux affolés. Je n’osais pas aller vers elle, sentant bien qu’il était entre nous, lui, l’invisible, et qu’il me cachait. Oh ! comme j’eus peur ! Et voilà que je commençai à m’apercevoir dans une brume au fond du miroir, dans une brume comme à travers de l’eau . C’était comme la fin d’une éclipse. Ce qui me cachait n’avait pas de contours, mais une sorte de transparence opaque s’éclaircissant peu à peu. Et je pus enfin me distinguer nettement, ainsi que je le fais tous les jours en me regardant. Je l’avais donc vu ! Voilà ma confession, mon cher docteur. Dites-moi ce que je dois faire ? » (Guy de Maupassant, Lettre d’un fou).
Photo prise à Pont l’Abbé dans le Finistère (aussi à Ploudalmézeau).
J.-C. a dit : « Émondés vous serez ». Émondé je serai…
« Je viens de compter mes années…, j’ai moins de temps à vivre que ce que j’ai vécu jusqu’à présent…
Je me sens comme ce petit enfant qui avait gagné un paquet de bonbons : le premier, il le mangea avec plaisir, mais quand il s’aperçut qu’il ne lui en restait que très peu, il commença réellement à les savourer profondément !
[…] Je suis pressé de vivre avec l’intensité que la maturité et la bienveillance peuvent m’apporter.
J’ai l’intention de ne pas perdre une seule partie des friandises qu’il me reste… Je suis sûr qu’elles seront autant, sinon plus exquises que toutes celles que j’ai mangées jusqu’à présent » (André Gide, Le temps qui passe).
« Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme. Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer. Tu te plais à plonger au sein de ton image. Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton coeur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur, Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage. Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets : Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes. Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets ! Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remord, Tellement vous aimez le carnage et la mort, Ô lutteurs éternels, ô frères implacables ! » (Charles Baudelaire, L’homme et la mer).
Voici que s’achève notre voyage à l’île Maurice, temps de pèlerinage pour notre famille sur cette terre bénie de notre jeunesse familiale. Un exemple de la Providence qui nous a tant guidés : une fois, je devais rejoindre les enfants partis avec l’auto ; j’ai décidé de faire les 15 kms en autostop. Avant de démarrer, j’ai confié à mon Bon Berger les personnes que j’allais rencontrer. Première personne : une Créole à pied comme moi, désolée de ne voir aucune BMW à l’horizon et s’exclamant dans un grand éclat de rires : « juste nos BMDoublesPieds ». Après 400 mètres de marche, Khalil, un ingénieur anglophone musulman d’Arabie Saoudite, m’a pris, disant aussitôt : « Dès que je vous ai vu le pouce levé, une voix m’a dit que je devais m’arrêter pour vous prendre. Je peux vous déposer à tel endroit ». Je suis resté bouche bée : c’est exactement là où j’allais ! L’échange nous a enrichis tous les deux… Heureux les cœurs hospitaliers, ils seront comblés par la rencontre. En nous saluant, je l’ai remercié et béni explicitement ; c’est comme si deux fées bondissaient aussitôt : Paix et Joie nous enveloppaient alors que nous nous souhaitions adieu. Oui, à Dieu, let’s go. Deo gratias. Merci pour ce beau pèlerinage. Je devrais plus souvent être sans auto pour mieux dépendre de ta Providence aux si bons chars donnés ! L’eusses-tu cru, un si bon cru ?…
Version première : En gratitude, voici un des fioretti de la Providence qui nous a guidés. Mes enfants passant la journée à Pointe d’Esny avec l’auto, j’ai voulu leur éviter de venir me chercher à Tamarin pour aller ensuite à Floréal (plus de 2 heures de détour pour eux aux pires heures du trafic). J’ai donc décidé de me débrouiller en autostop pour arriver à Jumbo Phoenix où on s’est donné RDV…
Mon Bon Berger, merci pour ta bonté. Avant de démarrer à pied du fond de cette impasse de Tamarina (route isolée de 3 kms et 9 dos d’âne), je t’ai confié les personnes que j’allais rencontrer et je t’ai demandé de rencontrer celles que tu voulais.
Ça a commencé fort : toute BMW étant bien loin, une Créole m’a vu à pied et a ri avec moi devant notre belle « BMDoublesPieds ». J’ai eu à marcher jusqu’à Bois d’Olive (400 mètres)… Là, Rachid, chauffeur venant chercher des ouvriers me prit et fit l’aller-retour jusqu’à la grand-route, juste pour moi. Un homme bon, au cœur hospitalier, simplement humble. Je l’ai remercié en le bénissant explicitement, et c’est comme si, alors, deux fées venaient de bondir : Paix et Joie nous enveloppaient alors que nous nous souhaitions adieu : oui, allons à Dieu.
À l’arrêt de bus, un gros 4×4 s’est vite arrêté : un anglophone, Khalil, ingénieur musulman d’Arabie Saoudite, m’a pris, en commençant par dire : « Dès que je vous ai vu le pouce levé, une voix m’a dit que je devais m’arrêter pour vous prendre. Je peux vous déposer à Jumbo Phoenix ». Je suis resté muet de stupeur : c’est exactement là que j’ai rdv avec les miens. Il habite avec sa femme mauricienne dans Carreau Laliane, le quartier 300 mètres avant Jumbo (il a donc fait un détour pour m’y déposer, sans même le mentionner).
Échange très profond et enrichissant pour les deux. Il a tenu à avoir mon n° de téléphone. J’ai tenu à le bénir, lui, sa femme et le bébé qu’elle porte…
Je suis arrivé au rdv en un temps record, 1h30 avant l’heure, en évitant tous les embouteillages. Khalil m’a appris des shortcuts intéressants dans Bonne Terre pour éviter les bouchons de Beaux Songes… Deo gratias. Je te chanterai éternellement…
« Avec l’intelligence artificielle, nous invoquons le démon » (Elon Musk).
« J’entends résonner dans un ciel tout de noirceur Le rire du Malin, sardonique, effrayant, Raillant les hommes livrés au malheur Quand dans leur chair hâve, il plante griffes et dents. J’entends sangloter l’enfant et gémir sa mère, Lorsqu’il lance sur eux les flammes de l’enfer Et trace un sillage de décombres fumants Parmi les rêves abolis des innocents. J’entends le cri de douleur des âmes blessées, Terrorisées et aveuglées par Lucifer, Le râle de ceux qui ne vont se relever, Victimes des puissants, offrandes à la guerre. Et j’entends s’étouffer la voix de la raison, Bâillonnée par les fols oukases d’un démon Qui condamne son propre peuple à la géhenne En attisant dans les cœurs le feu de la haine. J’entends… Et je ne peux comprendre » (Hélène de Vannoise, Lucifer).