Char donné : l’eusses-tu cru, un si bon cru ?

Voici que s’achève notre voyage à l’île Maurice, temps de pèlerinage pour notre famille sur cette terre bénie de notre jeunesse familiale.
Un exemple de la Providence qui nous a tant guidés : une fois, je devais rejoindre les enfants partis avec l’auto ; j’ai décidé de faire les 15 kms en autostop. Avant de démarrer, j’ai confié à mon Bon Berger les personnes que j’allais rencontrer. Première personne : une Créole à pied comme moi, désolée de ne voir aucune BMW à l’horizon et s’exclamant dans un grand éclat de rires : « juste nos BMDoublesPieds ». Après 400 mètres de marche, Khalil, un ingénieur anglophone musulman d’Arabie Saoudite, m’a pris, disant aussitôt : « Dès que je vous ai vu le pouce levé, une voix m’a dit que je devais m’arrêter pour vous prendre. Je peux vous déposer à tel endroit ». Je suis resté bouche bée : c’est exactement là où j’allais !
L’échange nous a enrichis tous les deux…
Heureux les cœurs hospitaliers,
ils seront comblés par la rencontre.
En nous saluant, je l’ai remercié et béni explicitement ;
c’est comme si deux fées bondissaient aussitôt :
Paix et Joie nous enveloppaient alors que nous nous souhaitions adieu.
Oui, à Dieu, let’s go. Deo gratias. Merci pour ce beau pèlerinage.
Je devrais plus souvent être sans auto pour mieux dépendre de ta Providence aux si bons chars donnés !
L’eusses-tu cru, un si bon cru ?…

Version première : En gratitude, voici un des fioretti de la Providence qui nous a guidés. Mes enfants passant la journée à Pointe d’Esny avec l’auto, j’ai voulu leur éviter de venir me chercher à Tamarin pour aller ensuite à Floréal (plus de 2 heures de détour pour eux aux pires heures du trafic). J’ai donc décidé de me débrouiller en autostop pour arriver à Jumbo Phoenix où on s’est donné RDV…

Mon Bon Berger, merci pour ta bonté. Avant de démarrer à pied du fond de cette impasse de Tamarina (route isolée de 3 kms et 9 dos d’âne), je t’ai confié les personnes que j’allais rencontrer et je t’ai demandé de rencontrer celles que tu voulais.

Ça a commencé fort : toute BMW étant bien loin, une Créole m’a vu à pied et a ri avec moi devant notre belle « BMDoublesPieds ». J’ai eu à marcher jusqu’à Bois d’Olive (400 mètres)… Là, Rachid, chauffeur venant chercher des ouvriers me prit et fit l’aller-retour jusqu’à la grand-route, juste pour moi. Un homme bon, au cœur hospitalier, simplement humble. Je l’ai remercié en le bénissant explicitement, et c’est comme si, alors, deux fées venaient de bondir : Paix et Joie nous enveloppaient alors que nous nous souhaitions adieu : oui, allons à Dieu.

À l’arrêt de bus, un gros 4×4 s’est vite arrêté : un anglophone, Khalil, ingénieur musulman d’Arabie Saoudite, m’a pris, en commençant par dire : « Dès que je vous ai vu le pouce levé, une voix m’a dit que je devais m’arrêter pour vous prendre. Je peux vous déposer à Jumbo Phoenix ». Je suis resté muet de stupeur : c’est exactement là que j’ai rdv avec les miens. Il habite avec sa femme mauricienne dans Carreau Laliane, le quartier 300 mètres avant Jumbo (il a donc fait un détour pour m’y déposer, sans même le mentionner).

Échange très profond et enrichissant pour les deux. Il a tenu à avoir mon n° de téléphone. J’ai tenu à le bénir, lui, sa femme et le bébé qu’elle porte…

Je suis arrivé au rdv en un temps record, 1h30 avant l’heure, en évitant tous les embouteillages. Khalil m’a appris des shortcuts intéressants dans Bonne Terre pour éviter les bouchons de Beaux Songes… Deo gratias. Je te chanterai éternellement…

Malin masqué musqué

« Avec l’intelligence artificielle, nous invoquons le démon » (Elon Musk).

« J’entends résonner dans un ciel tout de noirceur
Le rire du Malin, sardonique, effrayant,
Raillant les hommes livrés au malheur
Quand dans leur chair hâve, il plante griffes et dents.
J’entends sangloter l’enfant et gémir sa mère,
Lorsqu’il lance sur eux les flammes de l’enfer
Et trace un sillage de décombres fumants
Parmi les rêves abolis des innocents.
J’entends le cri de douleur des âmes blessées,
Terrorisées et aveuglées par Lucifer,
Le râle de ceux qui ne vont se relever,
Victimes des puissants, offrandes à la guerre.
Et j’entends s’étouffer la voix de la raison,
Bâillonnée par les fols oukases d’un démon
Qui condamne son propre peuple à la géhenne
En attisant dans les cœurs le feu de la haine.
J’entends… Et je ne peux comprendre »
(Hélène de Vannoise, Lucifer).

Drame de la défonce opiacée

« Dans l’univers cotonneux et chaud de la défonce opiacée, le sang n’est rien, la mort n’est rien, […] incapables que nous sommes de changer ne serait-ce que la moindre virgule au récit chaotique de nos existences » (Eric Maravélias, La faux soyeuse : sale temps pour un criquet !).

Je nous souhaite
bons choix de
congé,
con j’ai !

Providence, où es-Tu ?

C’est un jeune rabbin en Pologne qui se promène dans la campagne, en plein hiver. Il fait très froid, à pierre fendre. Et il entend un faible coui coui, un appel désespéré d’un oisillon. Il se dirige vers le bruit et au pied d’un arbre, il trouve un oisillon tout jeune tombé du nid. Il le prend dans ses mains et il le réchauffe. Il ne sait pas trop quoi faire, il revient sur le chemin, l’oisillon tremble dans ses doigts et il avise sur la route une bouse  toute chaude. Avec un bâton, il crée une sorte de petit nid dans lequel il place l’oisillon, en se disant : « au moins là il aura chaud et il aura de la nourriture ».

Et il s’en va. Et l’oisillon de le remercier en faisant couic oui coui… Attiré par les coui coui qui ont repris, un renard sort du bois et mange l’oisillon.

Triple morale de cette histoire :

1) Celui qui vous met dans la merde ne vous veut pas toujours du mal.

2) Celui qui vous tire de la merde ne vous veut pas d’office du bien.

3) La chanson qui vous vient quand vous êtes dans la merde vous veut-elle du bien ? De quoi l’enfer est-il pavé ?

Oui, féérie

« Par un temps où le soleil ne perçait les cieux,
Matin de misère flouté de brume grise,
Les notes douces et plaintives d’un chant d’adieu
S’envolaient sur la mer, emportées par la brise.
Larmes douloureuses du violon sous l’archet,
Au rythme lancinant des vagues, elles s’égaraient
Puis lentement se posaient sur l’eau pour mourir,
Écume de tristesse d’un dernier soupir.
Les yeux fermés, le musicien jouait sa peine,
Il la jouait pour sa belle et pour l’océan,
Il la jouait pour les marins et les sirènes,
Pour les oiseaux du ciel et pour tous les amants.
Et de son cœur-violon, les notes s’échappaient,
Libres, mélancoliques, se mêlant aux embruns
Que le vent soufflait vers des rivages lointains
Tandis que sous la brume, l’infini ondulait »
(Hélène de Vannoise, Le violoniste dans L’ange et le magicien).

Phoque-Alizé

« Je suis fille d’Éole.
Je me nomme Alizé.
Mon cœur est sans attache.

J’ai du souffle, ça se voit.
Pour exercer ma voix,
je m’entraîne sans relâche,
choisissant la bonne voie.

Je suis un véritable courant d’air.
Avec la brise, je rafraîchis la terre.

Je ne porte rien sur moi
qu’un mince rayon de lune,
un voile qui laisse filtrer
la clarté des étoiles.
Je fais voler l’écume,
je fais voler les plumes.

Je me nomme Alizé
et mon cœur est sans tâche »
(Alain Hannecart, Alizé).

Troubles de l’attachement

« Un bébé seul n’existe pas… » (Winnicott).

Pour le tout petit d’homme, la mère est un port d’attache (safe haven) servant de modèle pour la régulation émotionnelle. Le parent est la base de sécurité (secure base) pour l’exploration.

L’attachement insécure-évitant produit des stratégies d’indépendance forcée, d’autonomie compulsive, qui minimisent les émotions.

L’attachement insécure-résistant produit des stratégies de dépendance colérique, qui maximisent les émotions.

L’attachement sécure sauve de la dépendance, produit des liens chaleureux et empathiques (bonding), permet une bonne régulation émotionnelle.

Le déchargement de nos fardeaux

Un article si précieux de la psychologue Geneviève Snijckers à lire :

https://www.lepsychologue.be/articles/le-systeme-familial-interieur-richard-schwartz.php.

En voici des extraits se concentrant sur l’exemple concret qui sert de fil conducteur à l’exposé des principes de base de l’IFS :

« La dynamique IFS (Internal Family System, Système Familial Intérieur) permet, comme on le ferait en thérapie systémique, de recréer du lien entre les parties, de permettre à chacune de reprendre sa juste place, de faire circuler l’information dans le but de retrouver de l’harmonie et de l’équilibre dans le système.

« Tiens, on dirait que cette partie qui a envie de hurler sur mon patron est activée par une autre partie qui ne supporte pas qu’on me mette la pression et qui a l’air si fatiguée. 

[…]

Je ne m’étais pas rendu compte que cette partie qui ne supporte pas la pression était si fatiguée, ça me touche, je me demande bien d’où vient cette fatigue. Que vit-elle ? De quoi a-t-elle besoin pour être mieux ? (curiosité et compassion du Self). Au lieu du Self, cela pourrait être une autre partie qui se manifeste. « Ah non, on ne va pas commencer à se lamenter, ça ne résoudra rien (partie critique envers la partie fatiguée) ».

[…]

Ma partie critique interdit à ma partie fatiguée de dire sa fatigue et demander de l’aide, parce qu’elle veut m’éviter de passer pour une faible. Par contre, elle autorise la partie en colère à s’exprimer, parce que la colère est vue comme une preuve de caractère. Du coup, mes collègues sont distants avec moi et je ne peux pas leur demander de l’aide, je suis encore plus fatiguée et en colère. En plus, je me sens rejetée par les autres à cause de mes accès de colère.

[…]

Ma partie critique est un manager qui fait en sorte que je ne sois pas prise en défaut de faiblesse, il me fait accepter plus de travail que ce que je peux réellement faire pour obtenir de l’approbation. Ce faisant, il met mon système en difficulté. D’accord, il me permet de me sentir valorisée par le regard des autres, mais cela a un coût en énergie. D’où la fatigue. Lorsque quelqu’un ose faire une petite remarque sur mon travail, c’est le pompier colère qui vient à la rescousse. Avant même que je prenne conscience que cela me blesse, je rétorque avec agressivité. En réalité, cette agressivité n’est nullement justifiée dans le moment présent, elle est proportionnelle à la souffrance de l’exilé. L’exilé, l’exilée… je sens au fond de moi cette petite fille qui a vécu à l’école des humiliations parce qu’elle était un peu plus lente que les autres et qui en garde une profonde tristesse car elle n’a jamais été entendue dans sa difficulté. 

[…]

Ma partie critique, je la sens dans mon corps comme une chape de béton, dur et lourd, c’est pesant… Quand je me mets en lien avec elle et que je lui exprime ma curiosité, elle me montre que son intention pour moi est que je sois toujours performante, toujours à la hauteur…. Elle a peur qu’on me critique ou qu’on se moque de moi… c’est dur pour elle car elle doit être très vigilante, parfois elle aimerait faire autre chose… Si on pouvait s’occuper de la partie qu’elle protège, elle pourrait se détendre un peu… Elle me montre une petite fille qui pleure au fond de la classe… Cette petite fille, je la sens là dans mon corps, elle est tellement triste… Quand je m’adresse à elle, d’abord elle ne me voit pas, puis elle se demande qui je suis, ça fait tellement longtemps qu’elle est là toute seule… Je crée un lien avec elle et je l’invite à me montrer ce qu’elle a besoin que je sache d’elle pour se sentir comprise… Elle me fait sentir toute sa tristesse et son découragement, sa solitude, sa croyance qu’elle est nulle… Elle voudrait que je l’aide à se sentir mieux… D’abord je lui offre ma présence et ma compassion… ça lui fait du bien… Avant de décharger ses fardeaux émotionnels, elle voudrait être placée dans un autre lieu où elle serait en sécurité… Voilà, elle est dans une chambre à coucher avec ses objets familiers et réconfortants… Maintenant, elle est prête à se défaire des émotions et croyances dont elle ne veut plus… Eelle fait un grand feu et elle brûle la tristesse, la culpabilité et la croyance qu’elle est nulle… ça prend du temps… je ressens aussi dans mon corps toute cette tristesse qui part… À présent, elle peut récupérer ses qualités de confiance et d’assurance, elle est peut-être plus lente, mais elle est fière d’elle parce qu’elle est courageuse et persévérante… Comment réagit le manager en voyant ce changement ? Il est soulagé, avec ces qualités, je peux prendre ma place d’adulte et me sentir valorisée. De plus, ma part colère se manifestera moins et j’aurai de meilleures relations avec mes collègues… 

Le déchargement des fardeaux des exilés, phase essentielle vers plus de liberté et d’harmonie intérieure !