Pour que ou parce que ?

Dans un mouvement de religiosité spontanée, les êtres humains produisent de la religion : ils font divers sacrifices aux dieux pour que ceux-ci les protègent, leur donnent sécurité, santé, richesses, prospérité, etc.
 
Dans la Révélation biblique, c’est l’inverse : Dieu vient toucher le cœur et la conscience d’une personne pour l’appeler à cheminer ensemble et à vivre une aventure à ses côtés. Le Dieu biblique n’offre pas la tranquillité, Il met la personne en route, Il lui envoie un Souffle qui gonfle généreusement ses voiles mais qui peut gonfler ses boules car les appels divins à la  mission font éclater ses sécurités et ses conforts… au point que bien des personnes ferment leurs oreilles, yeux, cœur ; au point que des prophètes dans la Bible fuient Dieu (cf. Jonas envoyé à Ninive et qui n’en veut pas).
 
Nos projections de religiosité spontanée :
je fais des sacrifices
pour que Dieu fasse attention
et me donne des faveurs.
Les injections de l’Esprit (Révélation en cours) :
j’accepte de me sacrifier
parce que Dieu me comble de son amour
et m’envoie en mission ! Mais parfois, Il me
les gonfle : à me prier de perdre ma vie ainsi…
 
Pour creuser : https://etiennechome.site/pour-que-dieu-maime-ou-parce-quil-maime/

« Ce qui me permet de suivre aujourd’hui Jésus comme un Maître, c’est précisément qu’il ne promet pas l’évitement du risque.
C’est ce crédit qu’il accorde au réel, sa plongée inconditionnelle dans la complexité du monde et de l’âme humaine, sans tenter de nous y soustraire, de la résoudre ou de la contourner.
Voilà les seules paroles qui puissent me toucher, me rejoindre.
Vivre la paix d’une bénédiction originelle pour ne pas céder aux
tranquillités qui nous privent de la grâce de savoir être dérangés »
(Marion Muller-Colard, L’intranquillité).

« Fâchée avec mon Dieu imaginaire qui avait rompu sans préavis mon contrat inconscient de protection, je manquais de secours spirituel. Je ne trouvais pas de prière qui puisse être autre chose qu’une immense contradiction, une négociation régressive avec la peau morte d’un Dieu qui ne tenait pas.

Pourtant, lorsque je caressais, du bout des doigts, le visage bleu et enflé de cet enfant presque étranger, dans le roulis devenu rassurant de l’oxygène qui lui parvenait machinalement, j’étais parfois saisie par une sérénité démente. Il arrive que l’impuissance ouvre sur des paysages singuliers.

La détresse m’avait dilatée et, en quelque sorte, elle avait élargi ma surface d’échange avec la vie. Et près de ce petit corps, se superposait à ma supplication muette pour qu’il vive, la conviction profonde que, ‘quoi qu’il arrive’, ce qui était incroyable et sublime, c’était qu’il fût né. Et que cela, jamais, ne pourrait être retiré à quiconque. Ni à lui, ni à moi, ni au monde, ni à l’histoire.

Je mis du temps à comprendre que cette clairvoyance fulgurante était peut-être la première véritable prière de ma vie.

[…] En dépit des relents de superstition qui me saisissent parfois, en dépit de mon petit négoce intérieur qui n’en finira jamais tout à fait de marchander avec un Dieu imaginaire, j’ai entrevu un Autre Dieu qui ne se porte pas garant de ma sécurité, mais de la pugnacité du vivant à laquelle il m’invite à participer. » (Marion Muller-Colard, L’autre Dieu).

Tu as raison = tes raisons

Histoire juive : deux personnes en litige plaident leur cause devant le rabbi.
Après que le premier ait parlé, le rabbi lui dit : « Tu as raison ».
Après que le deuxième se soit exprimé, le rabbi lui dit aussi: «Tu as raison».
Un des élèves du Rabbi s’exclame : « Rabbi, il n’est pas possible que les deux aient raison ». Alors le rabbi, après un moment de réflexion : « C’est vrai, toi aussi, tu as raison ».

Distinguer soigneusement la vérité subjective des personnes où chacune a raison, sans que l’autre ait tort, de la vérité objective de la situation (que personne n’a le droit à s’approprier, que seul le groupe peut définir de manière juste). La vérité subjective des personnes évolue sur la planète de la communication vraie, sincère, authentique, où chacun.e a ses raisons, goûts, perceptions, vécus, valeurs propres…

Sauras-tu t’asseoir près de cet étang ?

« Pour atteindre la vraie profondeur, il faut
suivre des sentiers pleins de méandres,
longer des bosquets riches de secrets.
Il y a encore par-delà les feuillages,
l’humble étang avec des libellules qui l’effleurent,
des fleurs de lotus qui l’abritent.
Sauras-tu t’asseoir près de cet étang,
prêter l’oreille à ce qui y murmure,
prêter le coeur à ce qui y palpite ? »
(François Cheng, L’éternité n’est pas de trop).

Solastalgie

Pour rendre compte du mal-être lié aux « effets cumulatifs des changements climatiques et environnementaux sur la santé mentale, émotionnelle et spirituelle », Glenn Albrecht a forgé le terme de solastalgie (du latin ’solacium’ / ‘réconfort’ et du grec ‘algie’ / ‘douleur’) : la douleur de perdre son lieu de réconfort, la nostalgie de son habitat naturel en mutation, territoire de vie en pleine dégradation. On ne reconnaît plus le paysage où l’on a grandi, on est dépossédé de son environnement. On ne reconnaît plus son « chez soi » en plein changement et on en souffre ; c’est le « mal du pays sans exil » (Baptiste Morizot).

En route vers des poésies organiques

« Quand vous écrivez une phrase, vous ne la réussissez pas au premier jet. Il s’agit alors de la reprendre jusqu’à ce qu’elle passe de quelque chose de mécanique à quelque chose d’organique » (Christophe Claro).

« Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Échoue encore, échoue mieux » (Samuel Beckett, Cap au pire, 1991).

À l’école et à l’unif, jusqu’à 21 ans, j’ai été un matheux à 100 %, ma famille regorgeant d’ingénieurs. Progressivement, de décennie en décennie, je découvre les joies de la poésie !…

L’étincelle qui me donne vie

Décisive la flamme de bougie dans une pièce enténébrée !
Sa lumière se propage délicatement,
sauf là où un objet fait paroi…

De même, l’étincelle qui me donne vie a de quoi illuminer tous les recoins de ma vie. Elle frappe à la porte de chaque membre de mon équipe intérieure et respecte sa réponse ! Certains membres, des managers, coincés dans leur réflexe de contrôler, ne veulent pas lâcher leur rôle de meneur, jusqu’au moment béni où ils acceptent le Self leadership de l’étincelle créatrice en moi…

Christos Chrestos

Dans sa « Vie de Claude », Suétone cite Χρηστός pour le Christ. Il confond χρηστός et χριστός (christos, qui signifie l’oint et même, littéralement « le graisseux » ; ce terme est choisi par les juifs hellénisés pour traduire le mot hébreu meshiah). Par contre, le premier terme χρηστός (chrestos) est encore aujourd’hui un prénom grec, qui signifie littéralement « bon, vertueux, excellent », utilisé par exemple dans « mon bon ami ». Les deux termes sont très souvent confondus.

Témoignage : « je m’appelle Χρήστος et quand je me gourais en écrivant mon nom avec un iota (Χρίστος), ma marraine me reprenait chaque fois, en disant « Χρήστος » et non « Χρίστος » qui est réservé au Messie ». Plus de précisions : http://projetbabel.org/forum/viewtopic.php?t=20009

Faire peau neuve

L’hiver qui arrive à son terme
s’est inscrit dans mon épiderme
et j’ai perdu toutes mes plumes.
Voyagent mes cicatrices
comme une flamme dans les coulisses
qui me démange et me consume.
 
Qui pourrait me sauver, me saisir, me ressusciter ?
Faites qu’apparaisse une main tendue
car je ne peux me relever et voudrais tant laver
d’une caresse mon coeur à nu
 
Faire peau neuve, peau neuve
table rase du passé
pourvu qu’il pleuve un fleuve
des trombes d’eau et d’or sacré.
 
Je mute comme la saison.
Débute ma transformation.
Je ne suis plus tout à fait la même.
C’est l’heure de mes retrouvailles
sans armure et sans médaille,
dans mon plus simple appareil.
 
De tout mon être, je bascule
dans ce flot d’amour qui m’accule.
Je veux que ne cesse cette parade nouvelle.
Je m’engouffre dans la candeur
de ce souffle réparateur
qui me résolve et me révèle.
 
Sur ma peau neuve peau neuve
je veux renaître sous une pluie dorée.
Pourvu qu’il pleuve un fleuve
sur tout mon corps abandonné.
 
Dans les effluves d’un hammam,
deux dames s’entretiennent d’Abraham.
Et plus rien d’autre autour n’existe.
Elle est sauveuse, je suis sauvée,
parfum d’argan et d’oranger,
comme seul remède à toutes mes prises.
 
Je me réveille dans la fumée.
Et dans tous mes pores embués,
se fait sentir le doux présage
d’une nouvelle éternité
d’une pluie d’or étoilée.
La lune éclaire mon visage
 
(chanson ‘Peau neuve’ par Nach ;
https://www.youtube.com/watch?v=WglbBtC55X8).