Quand bien des blessures encombrent le corridor de notre relation,
il m’est précieux alors de porter toute mon attention sur ce qui
compte prioritairement entre nous deux. C’est ceci :
établir la connexion, nourrir le lien,
sentir ce qui est vivant ici et maintenant,
accueillir nos complicités spontanées,
apprécier ce qui vibre en moi, entre nous, en toi,
goûter à la joie d’être côte-à-côte, simplement,
savourer ce que je reçois, ce que je donne,
me régaler de notre profonde connivence,
me délecter de ce qui fait chanter nos cœurs et nos âmes,
jouir de nos parfums qui jouent comme des exaltateurs d’arôme,
en présence l’un de l’autre,
déguster les saveurs, exhausteurs de goût qui se dégagent alors,
rendre grâce pour ce qu’Il nous donne par cette présence l’un à l’autre,
cette joie de la communion qui me parle d’éternité.
Tout cela suppose de pouvoir rester dans l’ici et maintenant, pour profiter pleinement de ce qui est là : ne pas t’enfermer ni dans mes blessures du passé ni dans mes projets, dans mes attentes, ni dans ce que nous avons fait de mal ni dans tes propres projections. Accueillir ce qui vient et aussi accepter ce qui ne vient pas. Être présent avec suffisamment d’espace intérieur et de gratuité que je me réjouis de ce qui est donné + reçu ET que je suis aussi OK avec ce qui n’est pas donné + reçu…
Auteur/autrice : É-tienne Chauds-mets
Guerre et mensonge
« On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre » (Jean Jaurès).
En guerre, la première tuée, c’est la vérité. À partir de quoi la guerre diffuse des métastases de mensonges.
Le XXe siècle a eu raison d’une certaine déesse ‘Raison’
Éblouis par les Lumières du 18ème siècle,
beaucoup de penseurs, au 19ème siècle,
ont montré comment la Raison
allait offrir le Progrès, transformer le monde…
La suite ? En proie aux totalitarismes, le 20ème siècle
a eu raison d’une certaine déesse ‘Raison’…
« Que le Dieu véritable de paix vous habite tout entiers
et qu’Il vous sanctifie lui-même » (1 Th 5,23).
Prier, à la source
Ma part intelligente cherche à connaitre Dieu, assoiffée de savoirs sur lui. Elle construit ses images et ses concepts sur lui. Si elle opère seule, de manière isolée, elle s’embourbe dans ses fabrications d’idoles.
Ma part volontaire, à coups de résolutions déterminées, s’efforce de décider de rester fidèle aux formes de prière qu’elle se sent obligée d’honorer ! Et tant pis si c’est du bout des lèvres. Hélas, ses réserves d’énergie sont limitées et à force de trimer en étant coupée de la source, à la longue, sa batterie interne propre s’épuise peu à peu.
Mes parts intelligente et volontaire sont les seconds du navire, elles peuvent apprendre du capitaine, qui est alimenté par les sources inépuisables et surabondantes : déjà les tout simplement naturelles, l’aquatique et la terrienne qui montent du bas ; la lumineuse qui descend du haut ; l’oxygénante (dont l’inspire et l’expire combinent horizontal et vertical). Le capitaine du navire, lui, commence chaque aventure de prière par l’accueil interne de chaque membre de l’équipage tourmenté, activé d’une manière ou d’une autre. Il met toute son attention sur ce qui est présent, y compris le manque qui déstabilise et l’absence qui creuse le manque. Y compris ? À vrai dire, prioritairement. Car ce manque est l’eau fade de laquelle va jaillir le vin des Noces : ce manque est le verre à moitié vide du besoin qui s’y trouve en creux… En lui offrant toute mon attention, jusqu’à ma considération, je vais cheminer dans mes boyaux psychiques noués, jusqu’au moment – cadeau-surprise – d’une transformation intérieure : de hug en hug, avec chaque part en manque de quelque chose, viendra le moment béni où l’absence deviendra Présence inépuisable et surabondante…
Ainsi alimentées, mes parts intelligente et volontaire peuvent alors se déployer avec leur talent propre : la première me permet de rendre compte de l’expérience vivifiante, la deuxième est excellente pour demeurer fidèle au processus d’empathie envers chaque part tourmentée. Non pas décider d’aimer (à la force du poignet) tout qui ne va pas bien (avec le danger de me donner de bons points et de grimper sur un pied d’estale) mais décider de lui offrir ma curiosité bienveillante, jusqu’à ce que s’ouvre quelque chose, de l’ordre de la vie.
La joie de jeter les (c)rayons
« Toute âme est libre. Non pas toujours du choix des événements qui arrivent, mais toujours de la manière dont elle va y réagir. Si tu comprends que toute expérience peut te faire grandir, alors tu sauras donner du sens à tout ce qui t’arrive et tu progresseras de plus en plus en joie, en sérénité, en connaissance de toi-même et du monde, et surtout en amour, qui est l’énergie la plus forte et la plus élevée de tout ce qui est » (Frédéric Lenoir, La consolation de l’ange).
« À ta naissance, tu as pleuré et ta famille s’est réjouie.
Vis de manière qu’au moment de ta mort,
ta famille soit dans les pleurs et toi dans la joie »
(sagesse arabe).
Les 5 étapes du dialogue non-violent
présentées à la Conférence Church and Peace d’octobre 2022 en Croatie, en allemand, français et anglais :
5 Schritte eines gewaltfreien Dialoges
(nach Jean Goss)
5 steps to non-violent dialogue
(according to Jean Goss)
Towards a theology of just peace through new conflict management practices
Article (7 pages) published originally in French : Vers une théologie de la paix juste, grâce aux nouvelles pratiques en gestion des conflits, dans Actes du colloque Paix des Églises : paix du monde ?, ISEO, Paris, 2023, p. 205-214.
In German :
Mit neuen Methoden des Konfliktmanagements
auf dem Weg zu einer Theologie des gerechten Friedens
Douceurs en règles, sans attaque en règle
« Mes sœurs et moi retrouvons dans nos lunes la puissance autrefois accordée aux femmes qui saignent. Dans certains peuples, on leur vouait un culte. Si proches de leur intuition, elles recevaient les oracles des dieux. Dès lors, on leur foutait la paix. Aujourd’hui, nous reprenons conscience du trésor cyclique de notre nature. Nous nous délestons chaque mois, nous nettoyons nos intérieurs, nous lâchons par le sang ce qui n’est plus vivant, vibrant. Nous laissons couler la mort, et reprenons vie. Inlassablement. Ce cycle se révèle être un puits de joyaux inestimables » (Isabelle Schmidt, qui anime divers ateliers, dont des cercles de tambour vivifiants).
Don’t fall into the trap of those who want to separate you
Piece from my book Le nouveau paradigme de non-violence, p. 219 :
In Poland, the KOR (Komitet Obrony Robotników, Workers’ Defense Committee) and the Solidarnosc movement did not fall into the trap of the Soviet leaders, who expected violence from the Polish trade union and even sought to provoke it, in order to legitimize the dispatch of tanks massed at the border, whose orders were to crush the rebellion. After General Jaruzelski’s coup de force in December 1981, the official press of the Polish People’s Republic called Lech Walesa and the Solidarnosc activists « terrorists », but nobody was fooled about the origin of the terror. The entire art of the resistance was to fight in indirect confrontation, avoiding the mistakes of the spontaneous, open-air Budapest uprising of 1956. In the underground, for many long years, it was necessary to organize civil society, build citizens’ power, create solidarity, without ever offering the slightest pretext to justify the intervention of the forces of law and order of the Pax Sovietica. « If totalitarian power is perfectly armed to crush any violent revolt, it is largely helpless to confront the non-violent resistance of an entire people who have freed themselves from fear.[…] Thus, non-violence, that doctrinaire minds profess plays into the hands of totalitarian regimes, actually proves to be the most appropriate way of combating them » (Muller Jean-Marie, La nouvelle donne de la paix, 1992).
Don’t fall into the trap of the dominant
One Saturday evening, I’m sitting with three friends in a pub. At the counter, some U.S. Navy sailors are heckling each other, enjoying their shore leave. One of them, particularly muscular, is provoking some rough housing. He obviously needs to let off some steam. It’s clear he wants to fight. After half an hour, he comes up to us and insults our Belgian mothers, hoping for a gutsy response to finally start a fight. I’d seen the provocation coming and was well aware that I mustn’t let him draw me into his game, in which he’s the strongest. I rose to my feet, and began leading my friends and the other merrymakers in the pub in a popular local song and an exuberant dance that included all the sailors: a boisterous round dance, in true local fashion!
Cheers! Let’s drink together,
without letting the aggressor profit from his violence,
by inventing a way out of conflict!