« J’ai accepté de tuer pour renverser le despotisme. Mais derrière ce que tu dis, je vois s’annoncer un despotisme qui, s’il s’installe jamais, fera de moi un assassin alors que j’essaie d’être un justicier » (Albert Camus, Les Justes, 1952).
« L’Amour ne paraît plus essentiel aux mortels. C’est peut-être pour cela qu’ils restent mortels ! » (Jacqueline Kelen).
« Plus le cœur de l’homme est pur, plus la vue de celle qu’il aime le sanctifie. Elle est comme un talisman merveilleux qui l’initie aux enchantements de la vie immortelle. […] Comme l’artiste, la femme n’aspire qu’à réveiller en nous le Feu sacré. Elle se fait aimer pour porter le cœur de celui qui l’aime dans les abris éternels » (Antoine Blanc de Saint-Bonnet, De l’unité spirituelle, 1845).
« Aujourd’hui je n’ai rien fait. Mais beaucoup de choses se sont faites en moi.
Des oiseaux qui n’existent pas ont trouvé leur nid. Des ombres qui peut-être existent ont rencontré leurs corps. Des paroles qui existent ont recouvré leur silence.
Ne rien faire sauve parfois l’équilibre du monde, en obtenant que quelque chose aussi pèse sur le plateau vide de la balance »
Peux-tu nouer les liens des Pléiades ou desserrer les cordes d’Orion, faire apparaître les signes du zodiaque en leur saison, conduire l’Ourse avec ses petits ?
Connais-tu les lois des cieux, fais-tu observer leur charte sur terre ? Te suffit-il de crier vers les nuages pour qu’une masse d’eau t’inonde ?
Est-ce quand tu les lâches que partent les éclairs en te disant : nous voici ? Qui a mis dans l’ibis la sagesse, donné au coq l’intelligence ?
Qui s’entend à dénombrer les nues et incline les outres des cieux tandis que la poussière se coule en limon et que prennent les mottes ? » (la Bible, Livre de Job, 38,31-38).
Vive la course de l’ourse dans les airs, sur terre, en rivière…
« Les jugements que nous portons sur les autres sont l’expression tragique de nos besoins non satisfaits » (Marshall Rosenberg, Les mots sont des fenêtres (ou des murs). Introduction à la Communication Non Violente).
Étape 4 de la formation C-R-I-T-E-R-E : traduire tout J-R-E, en allant au trésor caché derrière.
3 familles de poison relationnel :
1) les jugements : rendre l’autre responsable du problème (« Tu es égoïste », « Tu ne comprends jamais rien »,…) ;
2) les reproches : rendre l’autre responsable de ce que je ressens (« Tu me déçois », tu me mets en colère »,…) ;
3) les exigences : les verbes au mode impératif qui ne laissent pas le choix à l’autre.
Les jugements dévalorisent.
Les reproches culpabilisent.
Les exigences intimident.
Au creux de toute parole-poison sur l’autre, se cache une parole de soi, un trésor. Une parole sur l’autre (tu-jugement, tu-reproche, tu-exigence) peut être recentrée comme une parole de soi-même et redevient alors un cadeau parfumé. Exemple : « Tu ne me comprends pas » => « Il y a là un point sur lequel je tiens à être compris. Je souhaite avoir un espace de parole sans interruption pendant 5 minutes. Es-tu d’accord ? Oui ! OK… Et serait-ce possible qu’après ces 5 minutes, tu redises dans tes propres mots ce que tu as compris ? »
(Étienne Chomé, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, p. 192-222).
« Fleuris là où tu es planté » (Saint François de Salle).
« Au-dessus de ce bout de route qui nous reste ouvert, le ciel s’étale tout entier. On ne peut rien nous faire, vraiment rien. On peut nous rendre la vie assez dure, nous dépouiller de certains biens matériels, nous enlever une certaine liberté de mouvement tout extérieure, mais c’est nous mêmes qui nous dépouillons de nos meilleures forces par une attitude psychologique désastreuse. En nous sentant persécutés, humiliés, opprimés. En éprouvant de la haine. En crânant pour cacher notre peur. On a bien le droit d’être triste et abattu, de temps en temps, par ce qu’on nous fait subir ; c’est humain et compréhensible. Et pourtant, la vraie spoliation c’est nous-mêmes qui nous l’infligeons. Je trouve la vie belle et je me sens libre. En moi des cieux se déploient aussi vastes que le firmament. Je crois en Dieu et je crois en l’homme, j’ose le dire sans fausse honte. La vie est difficile mais ce n’est pas grave. Il faut commencer par « prendre au sérieux son propre sérieux », le reste vient de soi-même. Travailler à soi-même, ce n’est pas faire preuve d’individualisme morbide. Si la paix s’installe un jour, elle ne pourra être authentique que si chaque individu fait d’abord la paix en soi-même, extirpe tout sentiment de haine pour quelque race ou quelque peuple que ce soit ou bien domine cette haine et la change en autre chose, peut-être même à la longue en amour ou est-ce trop demander ? C’est pourtant la seule solution. Je pourrais continuer ainsi des pages entières. Ce petit morceau d’éternité qu’on porte en soi, on peut l’épuiser en un mot aussi bien qu‘en dix gros traités » (Etty Hillesum, juive hollandaise emprisonnée et morte à Auschwitz en 1943, dans Une vie bouleversée, 1941-1943, p. 132 dans l’édition Points).