« L’état quasi extatique, ce vide d’une extrême densité, qui m’avait transi juste après qu’on m’eut annoncé que j’avais un cancer aura été la plus surprenante étape de mon aventure. Aucun état amoureux, aucun événement, aucun autre voyage ne m’a donné à vivre cet exotisme engendré par l’effroi de me savoir condamné : un exotisme qui rejette aux confins de toute singularité, sous la menace, au bord du morcellement. De quoi exactement avais-je fait l’expérience ? Je suis bien en peine de le dire. La peur, la volonté, tout désir étaient suspendus ; je subissais un vide qui m’emplissait totalement. Puisque je n’étais pas mort, je devais appartenir à la communauté des deux fois nés.
[…] Après la tempête, c’est la folie de vivre qui rejaillira.
Après, on voudra manger le soleil et les étoiles »
(Patrick Autréaux, Dans la vallée des larmes).
Auteur/autrice : É-tienne Chauds-mets
Merci !
« Vous réveiller à l’aube avec un cœur ailé
et rendre Grâce pour cette nouvelle journée,
où il vous est permis d’aimer »
(Khalil Gibran, agile vibrant Liban).
La paix de l’Europe
« En Europe, la tradition anglo-saxonne est un peu à la tradition latine ce que l’huile est au vinaigre. Il faut les deux pour faire la sauce, sinon la salade est mal assaisonnée » (Elisabeth II à Paris en juin 1992, professant son credo européen).
« L’Europe est trop grande pour être unie. Mais elle est trop petite pour être divisée. Son double destin est là » (Daniel Faucher).
« Et de l’union des libertés dans la fraternité des peuples naîtra la sympathie des âmes, germe de cet immense avenir où commencera pour le genre humain la vie universelle et que l’on appellera la paix de l’Europe » (Victor Hugo).
Penser des mots / panser des maux
170 nouveaux mots intègrent l’édition 2022 du Petit Larousse illustré, dont deux tiers liés à la crise du Covid. Dans les périodes d’épreuve collective, les groupes humains augmentent leur productions lexicales ; 3 records : les deux Guerres mondiales et l’actuelle pandémie.
La créativité linguistique sembler aider à moins subir passivement l’épreuve, à la traverser en mettant des mots sur les maux.
On crée des mots et on donne un sens nouveau à des mots existants, comme asymptomatique, comorbidité. Le masque servait à se déguiser, désormais à se protéger. « Aéroporter » & « confinement » se sont déconfinés de leur cadre jusque-là militaire ; avant l’arrivée du virus, « confinement » se définissait ainsi : « Ensemble des conditions dans lesquelles se trouve un explosif détonnant quand il est logé dans une enveloppe résistante » et « Ensemble des précautions prises pour empêcher la dissémination des produits radioactifs, dans l’environnement d’une installation nucléaire ».
« Coronapéro » (apéro par écrans interposés à cause du coronavirus) n’a pas été jugé assez pérenne pour entrer dans le dictionnaire : il semble qu’il n’y serait pas resté longtemps… Qui vivra, verr-à moitié vide ou plein !
Liberté
« Il y a des gens qui peuvent être ailleurs quand ils veulent, ils n’ont pas besoin d’avoir un passeport » (Jacques Prévert).
« La liberté intérieure, c’est quand le regard de l’autre ne nous détermine pas » (Alexandre Jollien).
L’esprit d’enfance à l’heure de la mort
« Si l’enfance existe encore en vous, gardez-la. Il est peu croyable qu’il vous en reste assez pour vous aider à vivre, mais ça vous servira sûrement pour mourir » (Georges Bernanos).
Instinct de soumission plus significatif que la volonté de puissance ?
Napoléon a créé la Légion d’honneur, en disant :
« Je sais bien que ces distinctions sont des hochets mais c’est avec des hochets que l’on mène les hommes, civils comme militaires.
[…] On gouverne mieux les hommes par leurs vices que par leurs vertus. »
Extrait de mon livre Le nouveau paradigme de non-violence, p. 96 :
« En 1962, s’ouvre le procès d’Adolf Eichmann, le haut fonctionnaire nazi chargé de la logistique de la déportation des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Il n’a cessé de proclamer qu’il n’a fait qu’exécuter les ordres. Hannah Arendt tira les leçons politiques de l’« instinct de soumission » qui fait de chacun de nous un tortionnaire en puissance, c’est-à-dire un exécuteur irresponsable des basses besognes commandées par le Pouvoir : « Nous pouvons constater que l’instinct de soumission à un homme fort tient dans la psychologie de l’homme une place au moins aussi importante que la volonté de puissance et, d’un point de vue politique, peut-être plus significative » (ARENDT Hannah, Du mensonge à la violence. Essais de politique contemporaine, Paris, Calmann-Lévy, 1969, p. 148). Tolstoï avait déjà mis en garde contre ce formatage qui fait perdre aux hommes « la liberté raisonnable » essentielle au discernement : « ils deviennent entre les mains de leurs chefs hiérarchique les armes dociles et machinales de l’assassinat » (TOLSTOÏ Léon, Rayons de l’aube, Paris, Stock, 1901, p. 373).
Biais cognitif : préférer compliquer plutôt que simplifier
Biais cognitif avéré : l’être humain croit améliorer en rajoutant des éléments, même dans les cas où il serait mieux d’en soustraire. Une expérimentation scientifique l’a mis en évidence, en faisant passer des tests du style : « Améliorez cette recette de cuisine », la solution optimum étant d’enlever les ingrédients farfelus. Seuls 20 % des 500 gens testés font le bon choix de simplifier, les autres cherchent à améliorer en compliquant ! Résultats identiques avec d’autres tests : « Améliorez ce texte, ce parcours de golf, cette structure, rendez cette figure symétrique en moins de clics possibles, etc. »
Ce biais cognitif éclaire le réflexe de rajouter une couche plutôt que d’en enlever une ; par exemple, une structure dans la bureaucratie institutionnelle, un sous-chef dans les hiérarchies en entreprise. Et le biais cognitif s’aggrave en cas de stress, de surcharge de travail, etc.
« Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? »
< > Less is more.
Leonard de Vinci disait que l’objet parfait est celui où on ne peut plus retirer quelque chose.
Cf. Gabrielle Adams, Benjamin Converse and colleagues, Less is more, in Nature, Volume 592 Issue 7853, 8 April 2021.
Je L’avise et Il m’avise
« Dans les premiers temps où je me trouvais à Ars, je voyais un homme qui ne passait jamais devant l’église sans y entrer : le matin quand il allait au travail, le soir quand il en revenait. Il laissait à la porte sa pelle et sa pioche. Et il restait longtemps en adoration devant le Saint Sacrement. J’aimais bien ça. Je lui ai demandé une fois ce qu’il disait à Notre-Seigneur pendant ces longues visites qu’il Lui faisait. Savez-vous ce qu’il m’a répondu ?
« Monsieur le Curé, je ne Lui dis rien, je L’avise et Il m’avise.
Je Le regarde et Il me regarde ».
Ainsi soit-il ! Lorsque nous sommes devant le Saint Sacrement, nous ouvrons notre cœur, le Bon Dieu ouvre le Sien. Nous allons à Lui, Il vient à nous, comme un souffle de l’un à l’autre » (Jean-Marie Vianney, Saint Curé d’Ars, 1786-1859).
Amour infini, dans les yeux des hommes du désert, je te lis
Merci, Abdallah, Ali, Ifa et Ahmed. Pluies de coeurs sur vous…
Merci, Juliette, pour ce chant qui me transporte tout droit au désert, là même où, ensemble, nous avons wagelé (fait des vagues, du style ressort souple d’amortisseur de tram)… Pluie de coeurs sur toi…
Unique prosodie que la tienne : le timbre et la musicalité de ta voix, tes modulations de tons, inflexions et accentuations qui ‘wagelent’ et font ‘wageler’, les colorations de tes intonations, ton débit vocal comme le tempo de tes pauses habitées et nourries… Le rendu de tes émotions et la clarté de tes intentions me plongent dans l’océan de vie que porte en creux le désert. Ta prosodie me fait vibrer et m’ouvre à la générosité de la vie…