Pourquoi les gens disent toujours « plus tard, quand tu seras grand » ? Moi qui grandis tous les jours, je suis là, et j’attends. J’attends que le jour se lève, de réaliser le rêve.
Sur les doigts d’une main seulement, tu peux compter les printemps On te dit que rien ne dure, que le temps file à toute allure Mais tu vois le temps qu’ça prend, une heure assis sur un banc…
D’un bout à l’autre de l’existence, si le temps passé, reste éphémère, le temps qui s’écoule est immense. Pourquoi les gens disent toujours « plus tard, quand on sera grand » ; on s’répète ça tous les jours, depuis la nuit des temps…
(Maxime Le Forestier & Guillaume Aldebert, chanson Plus tard quand tu seras grand).
« Rien ne vaut la peine d’être vécu qui n’est pas d’abord une œuvre d’imagination, ou alors la mer ne serait plus que de l’eau salée » (Romain Gary, Les cerfs-volants).
Bon-jour / bour-jon / bourgeons ! C’est encore l’hiver, certes, mais si l’on pénètre à l’intérieur, sous l’écorce, là où la sève s’active, elle est déjà là, la vie qui va gicler et, dans moins de deux mois, nous éclater en pleine face…
La Chandeleur chante l’heure des bourgeons en gestation, sortant très bientôt de l’incognito, émergeant du chaos, célébrant l’inchoatif du vivant hâtif, à poils ou à tifs…
Chaleureuse fête de la Chandeleur aux gens de l’hémisphère nord ! Et bonne traversée des Mauriciens et Réunionnais des pluies et des vents du cyclone Batsirai, en pleine été… Je vous rejoins dans 12 jours ! Signé : É tienne Chauds-mets
Dans Chanson pour L’Auvergnat, Georges Brassens décrit, avec gratitude, le concret de sa vie partagée avec le couple qui lui a offert refuge pendant la guerre :
Elle est à toi, cette chanson, Toi, l’Auvergnat qui, sans façon, M’as donné quatre bouts de bois Quand, dans ma vie, il faisait froid, Toi qui m’as donné du feu quand Les croquantes et les croquants, Tous les gens bien intentionnés, M’avaient fermé la porte au nez… Ce n’était rien qu’un feu de bois, Mais il m’avait chauffé le corps, Et dans mon âme il brûle encor’ A la manièr’ d’un feu de joi’.
Toi, l’Auvergnat quand tu mourras, Quand le croqu’-mort t’emportera, Qu’il te conduise, à travers ciel, Au Père éternel.
Elle est à toi, cette chanson, Toi, l’hôtesse qui, sans façon, M’as donné quatre bouts de pain Quand dans ma vie il faisait faim, Toi qui m’ouvris ta huche quand Les croquantes et les croquants, Tous les gens bien intentionnés, S’amusaient à me voir jeûner… Ce n’était rien qu’un peu de pain, Mais il m’avait chauffé le corps, Et dans mon âme il brûle encor’ A la manièr’ d’un grand festin.
Toi l’hôtesse quand tu mourras, Quand le croqu’-mort t’emportera, Qu’il te conduise à travers ciel, Au Père éternel.
Elle est à toi cette chanson, Toi, l’Étranger qui, sans façon, D’un air malheureux m’as souri Lorsque les gendarmes m’ont pris, Toi qui n’as pas applaudi quand Les croquantes et les croquants, Tous les gens bien intentionnés, Riaient de me voir emmené… Ce n’était rien qu’un peu de miel, Mais il m’avait chauffé le corps, Et dans mon âme il brûle encore A la manièr’ d’un grand soleil.
Toi l’Étranger quand tu mourras, Quand le croqu’-mort t’emportera, Qu’il te conduise, à travers ciel, Au Père éternel.
« Plus un homme dispose de pouvoir, de savoir et de richesse, plus il est capable d’habiller sa violence. Il peut s’offrir le luxe de lui donner des formes plus raffinées que le pillage, le vandalisme ou le terrorisme, qui sont les armes des pauvres. Le « méchant », dans les films, quand il en a les moyens, ne salit pas ses « propres » mains. Il confie à ses hommes de main l’exécution de sa violence trop criante. En fait, le plus souvent, les nantis (c’est-à-dire les puissants et/ou les intelligents et/ou les riches) peuvent éviter la violence directe car leurs armes ont pour noms classiques « domination politique », « exploitation économique », « oppression sociale et culturelle ».
Tout l’art des hommes est de déguiser les injustices dont ils profitent. Depuis la nuit des temps, les plus forts parviennent à transformer leur violence directe et interpersonnelle en violence structurelle, impersonnelle. Le truc, c’est de la faire passer dans les mœurs, de camoufler l’exploitation en la logeant dans les coutumes sociales, culturelles, religieuses. C’est comme cela que les hommes s’y sont pris pour dominer les femmes, à travers toutes sortes de coutumes et de règles qui, une fois établies, peuvent se perpétuer de génération en génération. De même dans le système des castes, dont la violence échappe le plus souvent tant à ceux qui en profitent qu’à ceux qui sont exploités. Autre camouflage de la violence : je vois l’horreur de l’exclusion du système de castes des autres, sans voir facilement celle du système dans lequel je vis moi-même. À l’échelle politique et économique, les mécanismes sont les mêmes : ceux qui en ont les moyens s’arrangent pour que leurs intérêts reçoivent des habits légaux, une caution légale, qu’ils se traduisent en règle normale, qu’ils passent inaperçus derrière des mesures présentées comme techniques et nécessaires » (extrait de l’article d’Étienne Chomé : À propos des violences première classe ; disponible dans
« De mon cœur, exerçant son métier de vivant, s’élève un feu qui ne sait brûler qu’en toi. Lorsque la nuit a tiré, l’une après l’autre, les poignées d’alarme des visages, la rue s’arrête de marcher entre ses berges et je ne suis plus contre toi qu’une forme blanche. Les lampes deviennent autant de vivants, morts en gardant les yeux ouverts sur une ville où ton souffle est le seul rythme qui convienne au silence. Il me faut aller vite dans tous les sens parce que partout autour de moi, des femmes qui vont mourir se donnent à des hommes dont la mort est pour demain. Je dépense sans compter l’or de l’amour, je goûte à ton corps comme à un verre dont je n’ai pas le temps d’achever le contenu parce que j’ai la main de la mort sur la gorge » (Lucien Becker, 1911-1984).
Prendre un temps de retraite, se retirer en silence (au moins une heure par jour, un jour par semaine, une semaine par an), contempler Son rayonnement, Sa gloire (kabôd dans la bible : sa densité, son pesant d’or, sa manifeste présence) autour de moi et en moi, comment elle pénètre et éclaire tout : mes ombres et mes lumières… Descendre peu à peu dans cet ample espace où monte ma musique sacrée et s’activent mes pas de danse autour de mon axe de lumière… Respirer la joie d’‘être simplement’.
« Le Seigneur lui-même marchait à leur tête : le jour dans une colonne de nuée pour leur ouvrir la route, la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer ; ainsi pouvaient-ils marcher jour et nuit » (Exode 13,21).
« La nuée couvrit la tente de la Rencontre, et la gloire du Seigneur remplit la Demeure. À chaque étape, lorsque la nuée s’élevait et quittait la Demeure, les fils d’Israël levaient le camp. Si la nuée ne s’élevait pas, ils campaient jusqu’au jour où elle s’élevait. Dans la journée, la nuée du Seigneur reposait sur la Demeure, et la nuit, un feu brillait dans la nuée aux yeux de tout Israël. Et il en fut ainsi à toutes leurs étapes » (Exode 40,34‑38).
« Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer » (psaume 22).
« Lorsque vous entrez dans une forêt, souvenez-vous qu’une multitude de créatures sont là qui vont et viennent, occupées à différentes activités, et qu’elles vous voient. Essayez de vous mettre en relation avec elles, et même adressez-leur la parole pour leur montrer que vous appréciez leur travail.
Approchez-vous d’un chêne, d’un sapin… Appuyez votre main sur son tronc et dites-lui : « Que tu es beau ! Que tu es fort ! Donne-moi un peu de ta solidité et de ta résistance… Et je te charge aussi d’un message pour tous les autres arbres de la forêt. Dis-leur qu’ils sont magnifiques et que je les aime. Salue chacun de ma part, transmets-leur mon baiser », et vous embrassez l’arbre. Les entités qui l’habitent vont alors s’empresser de transmettre votre amour à toute la forêt et tandis que vous continuez à vous promener, les autres entités qui ont reçu votre message sortent des arbres pour vous saluer, elles dansent sur votre passage. Quand vous retournerez chez vous, vous serez heureux, comme si vous aviez rencontré des amis » (Omraam Mikhaël Aïvanhov).
« Car JE est un autre. Si le cuivre s’éveille clairon, il n’y a rien de sa faute. Cela m’est évident : j’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute : je lance un coup d’archet : la symphonie fait son remuement dans les profondeurs, ou vient d’un bond sur la scène.
Si les vieux imbéciles n’avaient pas trouvé du Moi que la signification fausse, nous n’aurions pas à balayer ces millions de squelettes qui, depuis un temps infini, ont accumulé les produits de leur intelligence borgnesse, en s’en clamant les auteurs !
La première étude de l’homme qui veut être poète est sa propre connaissance, entière ; il cherche son âme, il l’inspecte, il la tente, l’apprend.
[…] Tant d’égoïstes se proclament auteurs. […] Imaginez un homme s’implantant et se cultivant des verrues sur le visage. Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant. Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, — et le suprême Savant — Car il arrive à l’inconnu ! Puisqu’il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu’aucun ! Il arrive à l’inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l’intelligence de ses visions, il les a vues ! Qu’il crève dans son bondissement par les choses inouïes et innombrables : viendront d’autres horribles travailleurs ; ils commenceront par les horizons où l’autre s’est affaissé ! » (Arthur Rimbaud, Lettre à Paul Demeny, 15 mai 1871).