Résister sans riposter, sans rendre coup pour coup

 « La vraie trahison est de suivre le monde comme il va et d’employer l’esprit à le justifier » (Jean Guéhenno).

Le vrai courage est de résister à l’envahisseur par d’autres moyens que les siens. « On vous a dit : Œil anti œil et dent anti dent. Moi, je dis : Ne vous anti-posez pas » (Mt 5,38-39a) ; ἀντιστῆναι / antistènai est un terme militaire : se placer en face pour lutter, se dresser contre, s’opposer à, comme deux fronts d’armées se faisant face. Moi, je vous dis de ne pas jouer le jeu du méchant, de ne pas le laisser vous enfermer dans ce face-à-face. Moi, je vous dis de résister mais sans riposter, sans rendre coup pour coup, sans utiliser les mêmes armes que celui qui vous fait du mal. Suivent en Mt 5,39b-41 trois exemples incisifs qui mélangent subtilement bon droit et abus de pouvoir. À chaque fois, Jésus propose une initiative déroutante qui retourne le système injuste contre lui-même, ce qui a pour effet de le subvertir de l’intérieur. Cocktail détonant  qui concilie amour des personnes ET fermeté de la justice ET dynamique d’une sortie Win-Win par le haut.

Pays sages, oyez, oyez…

Le luxe super flu

« Le luxe et la misère sont les enfants jumeaux de la civilisation.

Le luxe est une plante qui porte d’admirables fleurs et des fruits malsains.

Ceux qui déclament contre le luxe sont, à la première occasion, les plus empressés d’en jouir.

Tout luxe nouveau devient bientôt une nécessité de plus, aussi tyrannique que nos plus anciens besoins.

On donne satisfaction à sa raison en critiquant le luxe du voisin, et à sa vanité en le dépassant.

En goûtant au luxe, la femme dépouille plus vite que l’homme la grossièreté primitive de la nature ou de l’éducation »

(extraits de Gustave Vapereau, L’homme et la vie, publié en 1896).

Là où la blessure gît et saigne, l’amour s’élargit et règne

Au milieu des fausses rumeurs colportées,
expérimenter que la tendresse va jusqu’à
se mettre à genoux, pauvre et démuni, devant la liberté de l’autre. 
Devant les médisances et les calomnies, rester en silence ;
ne pas ravaler ce qui mord le cœur, les souffrances ;
plutôt faire et refaire le choix de les offrir à Jésus, dans la confiance,
en se tenant au pied de la croix, soutenu par le Paraclet (Jn 14-18).


Faire l’étonnante expérience, encore et encore,
que là où la blessure béante gît et saigne,
mystérieusement, l’amour s’élargit et règne,
plus fort encore que nos pourritures de mort.

Un outil thérapeutique de qualité

La psychothérapie de la ‘Libération du Ressenti par le dialogue tonico-émotionnel’ (École du Dr Jean Lerminiaux) offre un protocole par lequel le thérapeute dialogue avec le patient à partir de ses expressions tonico-émotionnelles, dans le but immédiat que le patient libère jusqu’au bout ses ressentis enfouis au plus profond de son corps et dans le but ultime qu’il recouvre toutes ses ressources et puisse s’épanouir dans toutes ses dimensions.

La formation de base commence dans 8 jours, en Belgique.
Renseignements et inscription :

https://sfp-formation.be/ ;

https://www.facebook.com/SFPasbl/.

Pénurie d’essence ?

Un bel atout en cas de pénurie d’essence : Jean-Paul Sartre explique aux Français qu’heureusement, l’existence précède l’essence !

Par ailleurs, Serge Koster avertit :
« Un dissident en essence
est un décédant en puissance »
(Une histoire qui ne finira jamais).

Pénurie d’essence ? Montaigne nous invite à cultiver nos choux de jardin(s) : « Je veux qu’on agisse, et qu’on allonge les offices de la vie tant qu’on peut, et que la mort me trouve plantant mes choux, mais nonchalant d’elle, et encore plus de mon jardin imparfait ».

Jardinons, même si
char dit non.
Jarres, dînons !

Faire le singe

« N’imitez rien ni personne.
Un lion qui copie un lion
devient un singe »
(Victor Hugo).

Si un chat qui copie un chat fait bien le singe,
un chat qui copie un singe devient-il un linge ?
Tel fut en ce matin mon grand remue-méninge…
Alexandrin, ‘Alex-entre-in’ : mon chant sèch’linge !

La logique téléologique du vivant

Je rends hommage ici à Bruno Latour qui est décédé ce dimanche 9/10, Il a dit : « Agir signifie faire venir son existence du futur vers le présent » (Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique). Et j’ajoute :

À chaque tournant de l’évolution, le vivant semble s’adapter non pas tant à partir de conditionnements passés qu’à partir d’une intelligence du futur. C’est parce qu’il représente un atout dans le futur qu’est retenu un comportement qui a réussi dans le passé. Ainsi, la logique de l’Évolution semble être de préparer l’avenir sur base des leçons du passé ; un changement advient parce qu’il est utile à préparer l’avenir.

Ces deux derniers siècles, les scientifiques avaient recherché la cause des adaptations successives des espèces dans l’origine, dans le passé. De nos jours, on la cherche aussi dans cette sorte de logique téléologique du vivant. L’exemple le plus frappant d’une telle vision m’a été donné par le Dr Jean Lerminiaux, à qui j’exprime ma profonde gratitude : un poisson échoué sur la berge développe un cancer des reins en vue de sa survie. Le cancer des reins augmente ses chances de survie, en lui donnant plus de temps pour attendre la vague salvatrice qui le ramènera dans l’eau.

Le nouveau paradigme, dont Teilhard de Chardin n’est pas loin, est apparu dans le champ des idées en même temps que la préoccupation nouvelle qu’a entraîné le pouvoir d’annihiler l’humanité et la planète. Ce pouvoir conduit à la lourde responsabilité d’organiser un futur viable à notre descendance, selon le slogan en vogue : « nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants ». Les choses ne sont plus seulement pensées en tant que résultats du passé mais bien en tant que « réalisées en vue de quelque chose », en fonction d’un futur.

Le défi contemporain est nouveau quant aux périls nucléaire et écologique mais, en fait, il n’a rien de nouveau dans le principe : survivre a été, est et sera le moteur de l’Évolution. Le vivant développe depuis toujours une série de processus lui permettant de survivre, en surmontant les difficultés rencontrées à chaque étape. Le vivant s’adapte perpétuellement aux situations nouvelles en instaurant des mécanismes d’autocorrection.

La préoccupation de l’avenir peut être vue à la base même de l’Évolution. La recherche scientifique ne consiste plus seulement à expliquer le présent à partir du passé, elle est de mettre en lumière « en vue de », « pour quoi » les évolutions se font. Ce nouveau paradigme qui considère le futur des choses et donne de l’importance au temps à venir peut profondément modifier divers champs, dont notre façon de concevoir la persistance et le changement à travers le temps, le fonctionnement biologique, la neurologie, l’épigénétique, la pathologie (la maladie vue comme un moindre mal, cadeau de l’Évolution), le rôle de l’émotion (qui permet une économie de temps en préparant au futur possible), les sciences de l’éducation…

Gâtée pourrie

« Il veut des sons et des couleurs. 
Il a des cris, il a des pleurs
et des colères.
Mais ses fureurs d’enfant gâté,
comme les orages d’été,
sont passagères »
(Eugène Manuel, La chose ailée, 1907, p. 15).

« Les filles étaient précoces, aux fosses. Il se rappelait les ouvrières de Lille gâtées dès quatorze ans, dans les abandons de la misère » (Zola, Germinal,1885, p. 136).

« Les plus cruels critiques des poètes sont encore les imitateurs : ils se mettent, comme les mouches, sur l’endroit gâté et le dessinent » (Sainte-Beuve, Tableau historique et critique de la poésie française,1828, p. 101).