L’art du petit pas

« Apprends-moi l’art des petits pas.
Je ne demande pas de miracles ni de visions,
mais je demande la force pour le quotidien !
Rends-moi attentif et inventif pour saisir
au bon moment les connaissances et expériences
qui me touchent particulièrement.
Affermis mes choix.
Dans la répartition de mon temps,
donne-moi de sentir ce qui est essentiel
et ce qui est secondaire.
Je demande la force, la maîtrise de soi et la mesure.
Que je ne me laisse pas emporter par la vie,
mais que j’organise avec sagesse
le déroulement de la journée.
Aide-moi à faire face aussi bien que possible
à l’immédiat et à reconnaître l’heure présente
comme la plus importante.
Donne-moi de reconnaître avec lucidité
que la vie s’accompagne de difficultés, d’échecs,
qui sont occasions de croître et de mûrir.
Fais de moi un homme capable de rejoindre
ceux qui gisent au fond.
Donne-moi non pas ce que je souhaite,
mais ce dont j’ai besoin.
Apprends-moi l’art des petits pas ! »
(Antoine de Saint-Exupéry).

Différentes langues sentimentales ?

« Les différences linguistiques font partie intégrante de la culture humaine. Si nous voulons communiquer efficacement avec des personnes d’autres cultures, nous devons apprendre leur langue. Il en va de même dans le domaine de l’amour. Votre langage d’amour et celui de votre conjoint peuvent être aussi différents que le chinois de l’est et le français. Vous avez beau essayer d’exprimer votre amour en français, si votre conjoint de comprend que le chinois, vous ne saurez jamais que vous vous aimez. […] Il est rare que mari et femme aient appris la même première langue sentimentale. […] Notre besoin émotionnel le plus profond n’est pas de tomber amoureux, mais d’être authentiquement aimé d’autrui, de connaître un amour qui procède à la fois de la raison et de la volonté, et non d’un instinct.  J’ai besoin d’être aimé par quelqu’un qui a choisi de m’aimer, qui voit en moi une personne digne d’être aimée » (Gary Chapman, Les langages de l’amour).

En attendant Godot

L’œuvre célèbre de Beckett, En attendant Godot, qu’il écrivit au sortir de la deuxième guerre mondiale, fut souvent neutralisée. Jadis, l’homme de goût la neutralisait par l’ennui : pas d’histoire, pas de personnage, pas de drame à se mettre sous la dent. Aujourd’hui, il la neutralise par le divertissement : l’œuvre mal aimée est devenue chef d’œuvre hilarant de l’absurde. Respecter la charge problématique de l’œuvre consisterait, à l’inverse, à laisser l’œuvre d’art construire le sujet d’expérience qu’elle appelle, en d’autres termes, à donner le corps et l’esprit de l’homme nu pris dans l’expérience, plutôt qu’à lui faire barrage avec la subjectivité de l’homme de goût (qui plaque sur l’œuvre son ennui qui exclut et son divertissement qui inclut).

Le mot « inachevé » revient du début à la fin du drame. Dès le début, comment vivre après le mot « fin » ? Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Quand il n’y a plus rien, comment on vit après la fin ? Qu’est-ce qui nous unit quand il n’y a plus d’autre « nous » que la co-présence oscillant entre toutes les nuances de l’ennui au divertissement, quand il n’y a plus d’homme entier, quand il n’y a plus que des chiffonniers qui ramassent des lambeaux de civilisation, tout ce qui jadis faisait des hommes et des communautés ?

Godot, c’est peut-être une blague de catholique irlandais : ce God qui ne viendra jamais, la figure de l’espoir, des lendemains qui chantent ?

(J’ai repris ici ce que j’ai trouvé essentiel de l’analyse faite par Sébastien Barbion ; analyse bien plus complète : https://www.rayonvertcinema.org/beckett-en-attendant-godot/).

Elle était si jolie

Elle était si jolie
que je n’osais l’aimer.
Elle était si jolie,
je ne peux l’oublier.
Elle était trop jolie
quand le vent l’emmenait.
Elle fuyait ravie
et le vent me disait…

Elle est bien trop jolie.
Et toi, je te connais.
L’aimer toute une vie,
tu ne pourras jamais.
Oui mais elle est partie.
C’est bête mais c’est vrai.
Elle était si jolie

Je n’oublierai jamais.

Aujourd’hui c’est l’automne.
Et je pleure souvent.
Aujourd’hui, c’est l’automne.
Qu’il est loin le printemps.

Dans le parc où frissonnent
les feuilles au vent mauvais,
sa robe tourbillonne,
puis elle disparaît…
Elle était si jolie
que je n’osais l’aimer.
Elle était si jolie.
Je ne peux l’oublier.
Elle était trop jolie
quand le vent l’emmenait.
Elle était si jolie.

Alain Barrière, à l’Eurovision en 1963, pour la France !

Solide ancrage en terre

Alerte et tranquille,
sans besoin de fil,
elle vole en dansant.
Elle danse en fêtant !

Cet avènement tant attendu,
elle se prépare sans retenue,
parée de sa plus belle tenue,
celle de la terre et son contenu.

Jouer avec l équilibre,
tel est son fardeau.
Dans une harmonie libre,
son choix sera notre lot.

Ses vieilles étoffes délavées
s’évaporent dans l’espace
sans laisser de traces…
Le cycle suivant est ainsi achevé !

Franck Rosseeuw, Le voile de Gaia.

Cosmo-politesse !

« Je suis apte à l’émerveillement. Je veux toujours voir apparaître le soleil à travers les arbres » (Olivier de Kersauson).

Bien plus que nous indigner de la crise écologique, nous avons notamment à surmonter ce qui est à son origine : la crise de notre relation au vivant. Dans Manières d’être vivant, Baptiste Morizot parle de politiser l’émerveillement, en propageant une forme de cosmo-politesse, sorte de diplomatie fine d’égards pour chaque être vivant. Apprendre à se sentir vivants, au point de s’aimer comme vivants. Déployer des politiques d’interdépendances, dans la cohabitation et le respect des altérités.

Persévérance dans la confiance

« Il fait beaucoup pour le monde celui qui panse ses blessures et pacifie son histoire » (Christiane Singer).

« Dès que cesse l’agrément d’être ensemble, beaucoup prennent les jambes à leur cou, ignorant que le plus beau de l’aventure va tout juste commencer : la construction d’un amour d’adulte » (Christiane Singer toujours).