Il y a 33 ans, j’avais en charge un troupeau de brebis que je chérissais, en pleine brousse africaine (nous étions pile sur l’équateur). Et au moment de fermer l’enclos, avant la tombée de la nuit, quelle angoisse s’il en manquait une, vu les grands dangers alentours. Je courrais la chercher jusqu’à la trouver. Mais quel drame déchirant quand, déboussolée, la brebis s’enfuyait encore plus loin… Affolée, il lui arrive de ne plus reconnaître la voix du bon berger.
Auteur/autrice : É-tienne Chauds-mets
Soif
« N’importe quelle liqueur ne vaut la soif,
n’importe quel met ne vaut l’appétit.
L’homme a une soif qu’il éprouve sans la comprendre,
un désir qu’il ne sait ni définir ni contenter.
Il essaie de tout. Insatisfait, il cherche toujours.
Il croit aborder, il échoue.
Qu’est-ce, si ce n’est la soif de l’infini ?
(Anne Barratin).
« Quand la soif épouse la faim,
bien souvent l’amour s’en est mêlé »
(Victor Cherbuliez).
Après une longue nuit d’amour,
nous avons lampé
une grande gorgée
d’eau fraîche.
La loi du talion
Dans beaucoup d’esprits, la loi du talion a figure de pratique archaïque et barbare. En fait, nous péchons souvent par ignorance des civilisations antiques et notre appréciation commet alors plusieurs contresens. J’ai écrit toute une étude là-dessus reconnue pour sa qualité par plusieurs exégètes.
En bref, « œil pour œil, dent pour dent » (Mt 5,38) n’est pas d’origine biblique et les Mésopotamiens d’il y a 4000 ans ne l’employaient pas dans un sens littéral (cf. le § 218 du code d’Hammourabi). La loi du talion est un progrès juridique. Il s’agit de sanctionner la violence physique par un dispositif de droit pénal. Le défi est de mettre hors-jeu les représailles arbitraires et aveugles et enrayer l’escalade des violences. Le talion prescrit à l’homme offensé une limite à sa légitime défense : seulement une dent à la place d’une dent, « un œil (et non pas deux !) pour un œil ; une dent (et non pas la mâchoire !) pour une dent abîmée ».
« Œil à la place de œil, dent à la place de dent » (Mt 5,38), pour les civilisations bien antérieures aux Hébreux, ne demande pas du tout à être pris à la lettre. Outre un progrès juridique, bien plus tard, progressivement, la Bible témoigne que les Juifs étaient en chemin dans un double progrès supplémentaire :
1) sociologique : étendre les bienfaits d’un État de droit à davantage de catégories sociales, affirmer l’égalité de tous devant la loi ;
2) spirituel : la vie humaine n’a pas de prix et ne peut être mise en tarif. Une vie perdue, un œil perdu ne pourront jamais être validement compensés par de l’argent. La Bible affirme le « prix sans prix » de la vie humaine : « prends garde à ne pas blesser ton frère ou attenter à sa vie, car le seul prix imaginable pour son œil ou pour sa vie serait ton œil ou ta vie ! ». Ce genre littéraire de la dissuasion, de l’hyperbole amorce une preuve par l’absurde : « rien ne peut remplacer l’œil de ton frère, sinon par impossible ton propre œil ». Cela ne signifie pas : « on va te mutiler ». Cela veut dire : « ne crève jamais l’œil de ton frère ».
Pour les références exégétiques de cet article + plus de précisions notamment sur « taḥ’at » (à la place de), lire mon étude dans mon livre Tends l’autre joue, ne rends pas coup pour coup. Mt 5, 38-42, non-violence active et Tradition, Éd. Lumen Vitae & Sortir de la violence, 2008, p. 17-23.
La conscience écologique au Siècle des lumières
« Le Siècle des lumières voit naître une forme de conscience écologique, attentive à la place de l’homme dans la nature et à la préservation de celle-ci. On peut penser à Jean-Jacques Rousseau et à Bernardin de Saint-Pierre, ou à des personnages moins connus comme Pierre Poivre, qui a été administrateur de l’île de France (l’actuelle île Maurice). Des travaux récents nous permettent de redécouvrir ces débats et de comprendre que la réflexivité environnementale a une longue histoire. Plutôt que d’accuser les Lumières, nous pouvons essayer de réfléchir, aujourd’hui, à des formes de progrès respectueuses de l’environnement sans abdiquer le rôle émancipateur du savoir » (Antoine Lilti, Histoire des Lumières, XVIIIe-XXIe siècle).
Extrait de « Cartes particulières des Isles de France de Bourbon et de Rodrigue », par Rigobert Bonne, hydrographe de la Marine ; dans « Atlas de toutes les parties connues du globe terrestre… », 1780.
Tempus fugit…
« La patience moissonne la paix
et la hâte le regret » (Avicébron).
De la vie à la mort et de la mort à la Vie
Aujourd’hui, je vais marcher avec quelques amis de Rose-Hill jusqu’à Sainte-Croix, en cette grande fête mauricienne du Père Laval (qui coïncide cette année avec une autre grande fête (hindoue) : Ganesh Chaturthi).
Je me suis dit dans ma louange de ce matin :
J’aime vivre comme si c’est mon dernier jour.
J’aimerai mourir comme si c’est mon premier jour.
J’aime vivre l’instant comme s’il est mon dernier.
J’aimerai mourir comme si c’est le premier.
Espace intérieur sacré
« Votre espace sacré est l’endroit
où vous pouvez vous retrouver
encore et encore »
(Joseph Campbell).
Cet espace intérieur
dans lequel je me promène
entre 4 et 7 h. du matin,
où je ne m’ennuie jamais,
où le temps passe trop vite,
où il s’arrête parfois …
Ne me chasse pas
« Ne me chasse pas ! » (Ysa Ferrer) :
Tout ça ne me dit rien qui vaille.
Tu sais que je ne suis pas de taille
à affronter tes représailles.
Un peu de peinture qui s’écaille,
ça n’est pas un train qui déraille.
Les autres n’étaient qu’un feu de paille
pour échapper à la grisaille.
Je sais que j’ai mis la pagaille.
Mais il n’y a que toi qui m’ailles.
Ne me chasse pas.
Ne me chasse pas.
Ne me chasse pas.
De chez toi, des chez moi, de chez nous
Ne me classe pas,
ne m’efface pas,
ne me casse pas.
Maintenant que je suis à genoux,
c’est sûr, je ne mérite pas la médaille.
Toi, tu as su rester sans faille.
Le temps n’est plus aux fiançailles
mais n’en faisons pas des funérailles
aussitôt après la bataille.
Il faudra bien qu’on débroussaille.
si tu veux de vraies retrouvailles.
Un amour, ça se ravitaille.
S’il y a une porte qui s’entrebâille,
je reprendrai le gouvernail.
Mais il y a un dernier détail.
Ne me chasse pas.
Ne me chasse pas.
Ne me chasse pas.
De chez toi, des chez moi, de chez nous.
Ne me classe pas,
ne m’efface pas,
ne me casse pas,
maintenant que je suis à genoux.
L’important est de participer !
« Tu mets de la lumière dans mes idées noires
et des rêves dans mes nuits blanches »
(Alex Bocat
– n’est pas beau-cat qui veut
au sein d’une vie de chien ? –).
Le don du pouce vert
Lors d’une leçon de jardinage sur le bon usage des graines, Tistou découvre qu’il a un don : celui de faire pousser des fleurs. Depuis lors, il use de son pouvoir de fleurir le monde qui l’entoure.
Cf. ‘Tistou les pouces verts’, conte fleuri de Maurice Druon.