« L’amour-désir, qui nous fait brûler d’une joie majuscule et nous conduit à la vie haute, qui crée un halo de beauté et de lumière autour de l’être élu, l’amour-désir généreux, quand l’autre requiert toute notre sensuelle et amoureuse attention et que notre cerveau devient une sorte d’organe érotique, cet amour-désir est adressé. Par d’obscurs mécanismes, il élit un être — celui-ci et nul autre —, et de cet être il perçoit et goûte ce que je ne sais nommer que son « aura » : plus qu’un ensemble de traits de caractère, de goûts et d’opinions, l’aura est cette dimension où se cristallise la totalité d’un corps-esprit. C’est elle, parce qu’elle nous est secrètement connivente, qui peut susciter notre amour. L’amour-désir est reconnaissance et assomption de l’altérité. Il n’enlève rien à l’autre, ne le dépouille ni ne le diminue, et le plaisir réciproque lui confère une beauté supplémentaire : ce désir en acte est création commune, comme une danse partagée, une œuvre à quatre mains, deux voix, deux corps – un accroissement de l’être. En ce sens, il se distingue de la pulsion sexuelle solipsiste : celle-ci, qui émane de moi-même, m’y reconduit instantanément au terme de son déploiement. La pulsion existe : nous portons une disposition à la rencontre sexuelle qui, lorsqu’elle ne trouve pas satisfaction, nous fait éprouver un manque. Mais elle est peu de chose face au désir adressé. D’une nature différente, celui-ci est mouvement transitif, orienté vers un autre, élection et bienveillance – au sens le plus radical : je peux le choisir contre moi-même. Ce grand désir, qui inclut aussi bien l’attirance sensuelle et le jeu charnel que le sentiment d’amour et l’excitation intellectuelle, a donc une valeur altruiste : tourné vers l’autre et par lui commandé » (Belinda Cannone, Le nouveau nom de l’amour).
« L’amour-désir, qui nous fait brûler d’une joie majuscule et nous conduit à la vie haute, qui crée un halo de beauté et de lumière autour de l’être élu, l’amour-désir généreux, quand l’autre requiert toute notre sensuelle et amoureuse attention et que notre cerveau devient une sorte d’organe érotique, cet amour-désir est adressé. Par d’obscurs mécanismes, il élit un être — celui-ci et nul autre —, et de cet être il perçoit et goûte ce que je ne sais nommer que son « aura » : plus qu’un ensemble de traits de caractère, de goûts et d’opinions, l’aura est cette dimension où se cristallise la totalité d’un corps-esprit. C’est elle, parce qu’elle nous est secrètement connivente, qui peut susciter notre amour. L’amour-désir est reconnaissance et assomption de l’altérité. Il n’enlève rien à l’autre, ne le dépouille ni ne le diminue, et le plaisir réciproque lui confère une beauté supplémentaire : ce désir en acte est création commune, comme une danse partagée, une œuvre à quatre mains, deux voix, deux corps – un accroissement de l’être. En ce sens, il se distingue de la pulsion sexuelle solipsiste : celle-ci, qui émane de moi-même, m’y reconduit instantanément au terme de son déploiement. La pulsion existe : nous portons une disposition à la rencontre sexuelle qui, lorsqu’elle ne trouve pas satisfaction, nous fait éprouver un manque. Mais elle est peu de chose face au désir adressé. D’une nature différente, celui-ci est mouvement transitif, orienté vers un autre, élection et bienveillance – au sens le plus radical : je peux le choisir contre moi-même. Ce grand désir, qui inclut aussi bien l’attirance sensuelle et le jeu charnel que le sentiment d’amour et l’excitation intellectuelle, a donc une valeur altruiste : tourné vers l’autre et par lui commandé » (Belinda Cannone, Le nouveau nom de l’amour).
« Le désir est grave, et grâce : non pas anodin ou une chose parmi d’autre, il est surrection de l’être, ce cri jeté à la face delà mort, rencontre et reconnaissance de l’altérité, hommage. Je me contente de prendre mon plaisir avec toi : je te fis objet. Je te désir: je te fais roi » (Belinda Cannone, Petit éloge du désir).