« Et Poutine créa Trump… »

Dans la foulée du livre solidement documenté de Régis Genté ‘Notre homme à Washington. Trump dans la main des Russes’ (Grasset, 2024), Michel Eltchaninoff poursuit méthodiquement l’hypothèse d’un Donald Trump patiemment “cultivé” déjà par les services secrets soviétiques depuis la fin des années 1970 puis par la mafia russe de New York et enfin soutenu par Vladimir Poutine dans ses ambitions politiques quand il s’est mis à briguer le mandat présidentiel.

Faire advenir un président américain qui détruit la démocratie est bien plus habile qu’une attaque de l’extérieur ; c’est le génie dont parle Sun Tzu dans l’art de la guerre !

2 images parlantes : 1) Le poutinien : depuis longtemps, Poutine a créé un langage, celui de l’homme puissant, sans peur, figure de chef très viril et providentiel dont son peuple a besoin. Aujourd’hui, plusieurs dirigeants autoritaires qui se retrouvent dans cette langue aiment parler le poutinien !

2) Le couturier : pendant 50 ans, la force du KGB (dont Poutine, qui y faisait ses armes il y a déjà 50 ans) tient dans tout ce travail en sous-main pour faire de Trump un homme qui comprend de l’intérieur le Kremlin et pour, finalement, lui tailler un costume de président viril, que Trump a goulûment enfilé. Et plus l’alter ego américain du président russe en offre une version grotesque et carnavalesque (le terme vient de Mikhaïl Bakhtine qui applique à ce contexte l’esprit de carnaval au Moyen Âge), mieux c’est ! Car l’impulsivité vulgaire de Trump permet, par contraste, à Poutine de mener le bal, en dirigeant rigoureux, rationnel, raisonnable !

Pour lire ce point de vue de Michel Eltchaninoff (dans son édito sur Philosophie magazine du 25/2/2025) : https://www.philomag.com/articles/et-poutine-crea-trump.

Aujourd’hui, c’est Mardi gras, le jour où défilent en grande pompe les carnavals. Quels ‘carnes’-avale -t-on donc ?

NB : Carnaval vient du latin ‘carne’ (viande) et ‘levare’ (enlever).