Suite de mes engagements à l’Est-Congo. Ce jeudi, la ville de Goma est plus calme. La session que je devais animer ici depuis hier a finalement commencé ce matin mais nous avons changé de salle pour que je reste en sécurité : tous les gens viennent jusqu’à mon logement…Les gens sont choqués par l’inefficacité de la MONUSCO (Forces armées de l’ONU envoyées au Congo) qui laisse faire des massacres à quelques centaines de mètres de ses bases et les gens sont révulsés par ses dysfonctionnements (certains de ses militaires volent, détournent, fraudent ou commettent des violences sexuelles)… J’accompagne du mieux que je peux les consciences : il y a tellement mieux à faire que de s’en prendre aux ‘Forces de l’Ordre’ et de s’en prendre des balles : plus de cent sangs ont coulé ici dans les marches de protestation. À l’inverse, sans s’en prendre aux personnes, s’en prendre au mal et aux injustices, c’est la seule voie pour rompre la chaîne infernale des violences. J’aide les participants à mon séminaire D-I-A-P-O-S à utiliser la méthode notamment dans cette problématique de la MONUSCO. Nous cherchons ensemble comment aider les indignations légitimes à devenir des engagements constructifs pour augmenter la justice, et ainsi la paix. L’injustice peut être représentée comme une pyramide qui repose sur sa pointe. Ce n’est pas naturel qu’une telle pyramide se maintienne sur sa pointe, elle tient en équilibre parce qu’elle est soutenue par des piliers qui appuient sur les différentes faces. Nous repérons les piliers les plus à notre portée pour les faire tomber. Et, après analyse (A de D-I-A-P-O-S), nous employons notre créativité pour préparer une campagne d’action pertinente qui entraîne l’ensemble des citoyens désireux de changement.
Tout un chemin pour ne pas seulement pointer les défaillances et responsabilités de la MONUSCO mais aussi celles de l’armée et du gouvernement congolais et aussi celles des citoyens que nous sommes…