Maman…
Toi, dont l’amour se penche
Jusqu’à mon cœur d’enfant,
Dont l’aile douce et blanche
Me couvre et me défend,
Quand je fais ma prière,
Le soir et le matin,
Au ciel, à notre Père,
Oh ! répète-la bien.
On dit qu’à l’âme pure,
Tu parles quelquefois.
Rends-moi, je t’en conjure,
Attentif à ta voix.
Pour garder l’innocence
Je fuis mes ennemis.
Oh ! sois mon espérance,
Ange du paradis.
Quand, sur l’étroite route
Qui mène l’homme au bien,
Mon pied se lasse ou doute,
Tends-moi vite la main !
Ah ! de notre demeure
Éloigne la douleur,
Et si ma mère pleure,
Que ce soit de bonheur !
Que par ta vigilance,
Conservent leur fraîcheur
Les lis de l’innocence,
Sur mon front, sur mon cœur.
Des pas de mon jeune âge
Céleste conducteur,
Qu’un jour mon cœur partage
Ton éternel bonheur
(H. Gauthier).
« Pressentiez-vous qu’un jour ma voix,
assemblant vos rires, vos plaintes,
ferait de vos doux désarrois
une flamme jamais éteinte ? »
(Anna de Noailles, Les Forces éternelles, 1920, p. 202,
s’adressant à ses « poétiques grand’mères »).